dimanche 28 juillet 2013

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Dimanche 28 juillet.

9 h 30
Hier, elle m'a demandé de lui faire de la compote  : je manque de vitamines m'a-t-elle dit. J'étais contente qu'elle me demande quelque chose.
Les pêches cuisent doucement et dégagent l’odeur de fleur d'oranger que j'ai rajoutée.
Je vais aller la voir cet après-midi, elle ne me parle plus, que par textos ou mails interposés. Elle n'aime pas que je l'appelle au téléphone. J'appréhende presque d'aller la voir, je le sens si fermée; elle ne voulait pas que je vienne mais j'ai insisté. Jamais ce mur, cette pesanteur n'ont existé entre nous. Je suis inquiète.
Pendant que ça mijote, j'écoute Serge Tisseron sur France Culture interrogé sur son ouvrage  Rêver, fantasmer, virtualiser, sous-titré Du virtuel psychique au virtuel numérique. Intéressant.
Au même moment, des pluies torrentielles jouent du tambour sur les toits. Éclairs, tonnerre. Le défilé de clôture du Festival de Cornouaille va une fois de plus se dérouler sous les parapluies. Heureusement quelques éclaircies pour le Triomphe des Sonneurs. Mes pauvres oreilles ne me permettent plus de les écouter en live, ici je peux baisser le son!



Reine du Festival 2013


14 h 45.
Les pluies du matin se sont arrêtées mais le vent se déchaîne. Je sens la légèreté de ma voiture sur la voie express et tiens le volant fermement.
J'arrive avec ma compote. On s'embrasse du bout des lèvres, son visage est crispé, j'essaie d'avoir l'air cool, je souris mais l'ambiance est tendue. Elle ouvre la boîte en plastique et la verse dans une soucoupe, la sent et me dit : j'espère qu'elle ne va pas me piquer la langue. Je lui dis : mais non, pas la compote de pêches c'est très doux, si je t'avais fait des abricots oui, peut-être, parce que c'est plus acide. Elle la goûte, ne manifeste rien et dit : tu as mis quelque chose dedans? Oui, de la fleur d'oranger. Pas de réaction. De toute façon, à son goût ou pas, en ce moment c'est bouche cousue.
J'ai l'estomac noué. 
Bon, on prend un thé et on y va me dit-elle. Elle coupe deux morceaux de son gâteau breton et nous allons dans le salon. 
Nous croquons chacune un morceau de gâteau, nous buvons notre thé et toutes les deux, laissons nos parts dans l'assiette. Ça ne passe pas me dit-elle. Moi non plus. Il sort demain me dit-elle. C'est bien, il sera mieux à la maison pour sa convalescence.
Je lui dis que je m'inquiète pour elle [...].
Je ne suis pas en dépression, je ne pleure pas, je suis seulement surmenée me dit-elle.
Justement, pleurer ça soulage, ça aide à décompresser. Moi, les larmes me sauvent. Mais je sais bien que les larmes ne suffiraient pas pour elle; c'est plus profond, plus sérieux.
Puis j'essaie de trouver les mots qui l'apaiseraient mais je suis maladroite, je ne fais qu'aggraver les choses. 
Je ne sais plus quoi faire, je ne sais plus quoi dire. Nous qui avons toujours été si complices nous n'arrivons plus à communiquer.
Et nous partons le voir à l'hôpital. Il allait bien, tout s'est bien passé, content de rentrer à la maison le lendemain. Nous avons ri lui et moi; elle, ne s'est pas détendue. 
Bon, je vous laisse en amoureux ai-je dit, je ne vais pas m'attarder.

En remontant dans ma voiture, j'étais oppressée et triste.

Ce soir j'ai fait des recherches sur le surmenage et la dépression...