jeudi 10 février 2011

Yin et Yang



Mon "Je" est en train de se dissoudre. Entrer dans l’intime deviendrait impudique maintenant, voire obscène. Je dois réserver cela à mon journal intime, mais ça fait des mois que je n’écris plus rien dans ce journal.

Vendredi dernier et durant deux jours, j’ai vécu une épreuve douloureuse. J’ai compris – comme jamais - ce que voulait dire le mot solitude ; ce "vertige", cet "abîme" dans lequel vous voudriez vous engloutir, sur le champ. Je relisais hier une des Lettres à un jeune poète de Rainer Maria Rilke dans laquelle il parle de cette solitude : "nous sommes solitude" et je me disais que, puisque j’avais résisté, c’est donc que je m’accrochais à la vie, malgré tout. Et puis, lundi, j'ai souri.Voilà ce que j'écrirais si je me laissais aller.
C'en est fait, de l'impudeur.

Mon dieu que je suis sérieuse ici, alors que je ris ailleurs. Je passe du rire aux larmes comme le soleil à la pluie. Mes deux "moi" sont authentiques, complémentaires."Cette notion de complémentarité est propre à la pensée orientale qui pense plus volontiers la dualité sous forme de complémentarité."


Je suis le Yin et le Yang.
"Dans la langue du Che king, le mot yin évoque l’idée de temps froid et couvert, de ciel pluvieux ; il s’applique à ce qui est intérieur et, par exemple, qualifie la retraite sombre et froide où, pendant l’été, on conserve la glace. Le mot yang éveille l’idée d’ensoleillement et de chaleur ; il peut encore servir à peindre le mâle aspect d’un danseur en pleine action ; il s’applique aux jours printaniers où la chaleur solaire commence à faire sentir sa force et aussi au dixième mois de l’année où débute la retraite hivernale. Les mots yin et yang signalent des aspects antithétiques et concrets du Temps. Ils signalent, de même, des aspects antithétiques et concrets de l’Espace. Yin se dit des versants ombreux, de l’ubac (nord de la montagne, sud de la rivière) ; yang des versants ensoleillés (nord de la rivière, sud de la montagne) de l’adret, bonne exposition pour une capitale."

Marcel Granet, in La pensée chinoise.