J’ai lu ce "petit" livre en jubilant. Il faut l’avoir sous les yeux pour comprendre ma jubilation ; je peux transcrire ici des extraits du texte mais, ce qui fait le bonheur de cette lecture, ce sont aussi les dessins qui ponctuent le texte et vous arrachent un vrai rire - cette jubilation donc - au moment où vous commenciez à prendre très au sérieux le « je » mélancolique du narrateur, Didier da Silva. Vraiment jouissif. Les auteurs sont en grande forme.
Un extrait, mais vraiment, j’ai honte de le sortir de son contexte, sans les merveilleux dessins de François Matton que je représente par ces signes, oOoOoOo, que l’artiste me pardonne :
Je corrigeais des romans d’amour.
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Des romans de trois cent cinquante pages, dits encore à l’eau de rose ou de gare – le pendant littéraire, si l’art est un homard, des bâtonnets de surimi.
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Qu’il vente ou pas, tous les quinze jours, depuis toutes ces années (la fleur de ma jeunesse), j’en recevais, par retour de mail, sitôt que j’en avais retapé un, un autre (le même).
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L’amour et les romans n’en sortaient que grandis.
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Et c’était là, tout de même, si on voulait bien y réfléchir cinq minutes, un métier bizarre, grotesque, improbable. Car enfin une telle chose ne se trouvait possible que par l’existence préalable de la cuculterie romantique, du mariage comme horizon indépassable, du machisme, de la psychologie de bazar, de l’imprimerie, des avides imprimeurs, du pléonasme, d’un lectorat féminin et vaste sommairement alphabétisé, de la grande distribution, de l’Internet, des tourniquets dans les maisons de la presse, du lieu commun, de la grammaire et de l’orthographe.
C’était se donner beaucoup de mal pour simplement m’empoisonner la vie.
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Ma mère quand je lui faisais part de mes douleurs dorsales, me vantait les mérites d’une ceinture médicale, dont j’étais d’autant plus bête de me priver quelle était, merveille des merveilles, « entièrement remboursée par la Sécurité Sociale » ; mais je rechignais un peu à l’idée de la rejoindre si benoîtement dans le troisième âge.
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Allons, n’y avait-il pas encore d’autres choses à tenter, comme ces exercices simplissimes dont un ami m’avait fait la démonstration
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ou ces longueurs de piscine que je m’essoufflais à additionner (plus que trois et le compte est bon !),
oOoOoOo (Je ne vous dis pas le fou-rire en voyant les dessins (0_0))
déterminé en quittant le bassin à y retourner au moins tous les jours mais détourné bien vite de cet honorable dessein par le premier prétexte venu (là aussi il n’y a qu’à se baisser, aïe) ?
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Si j’ose dire, le travail avait bon dos. J’aimais être assis, même lorsque la Nécessité (avec une grande haine) n’exerçait sur moi aucune contrainte par corps.Didier de Silva, François Matton, in Une petite forme, éditions P.O.L., 2011.
Ce livre est le résultat d'une belle rencontre via Internet de deux blogueurs qui ne se connaissaient pas. Internet fait parfois des miracles, pour notre plus grand plaisir. Il me reste maintenant à lire le dernier roman de Didier da Silva, L’Automne Zéro Neuf qui vient de sortir, auteur qui m’avait déjà séduit il y a un an avec ses deux romans : Hoffmann à Tôkyô et Treize mille jours moins un.
Ma collection personnelle de ces deux auteurs. Je suis fan et...
je ne possède pas d'actions chez leurs éditeurs.
Quand on aime, on ne compte pas et
dix euros pour ce petit bijou,
c'est donné!