En écoutant France Culture et l'émission Sur les docks, j'ai appris un nouveau mot aujourd'hui : extimité!
Le journal intime manuscrit devient le journal extime sur un blog.
Mais le mot n'est pas nouveau :
"Le mot d’extimité est proposé par Jacques Lacan dans son séminaire XVI en 1969 (publié en 2006, page 249)."
"Après Lacan, l’extimité, par opposition à l'intimité, est, tel qu'il a été défini par le psychanalyste Serge Tisseron, le désir de dévoiler sa vie intime. Il est constitutif de la personne humaine et nécessaire à son développement psychique - notamment à une bonne image de soi. En cela, l'extimité doit être distinguée de l'exhibitionnisme qui est pathologique et répétitif, inscrit dans un rituel morbide."
"Je propose d'appeler "extimité" le mouvement qui pousse chacun à mettre en avant une partie de sa vie intime, autant physique que psychique. Ce mouvement est longtemps passé inaperçu bien qu’il soit essentiel à l'être humain. Il consiste dans le désir de communiquer sur son monde intérieur. Mais ce mouvement serait incompréhensible s'il ne s'agissait que "d'exprimer". Si les gens veulent extérioriser certains éléments de leur vie, c'est pour mieux se les approprier en les intériorisant sur un autre mode grâce aux échanges qu’ils suscitent avec leurs proches. L'expression du soi intime - que nous avons désigné sous le nom "d'extimité" - entre ainsi au service de la création d'une intimité plus riche."
Serge Tisseron. (Lire la suite Wikipédia).
Je ne sais quel nom donner à mon blog/journal puisque je ne "joue pas le jeu" d'ouvrir les commentaires. On ne peut donc dire qu'il s'agisse ici de "blog extime" puisque je ne partage pas mon moi avec les autres dans un échange commentaire/réponse et que je n'attends aucun retour. Je suis en marge, j'écris pour moi, "de moi à moi" (égotisme?). Mais je ne me cache pas le "pourquoi je n'ouvre pas les commentaires" : peur, faiblesse, incapacité à répondre avec intelligence, avec érudition. Il est plus aisé d'écrire, tranquillement, en prenant son temps, que de répondre rapidement, avec talent; sauf à le faire sur le ton de l'humour, presque obligatoire sur les blogs, ce que je ne saurais faire non plus.
"L'écriture de soi concerne l'auteur en particulier, c'est-à-dire en propre ; c'est un miroir dans lequel il cherche à se voir et à se trouver. Le lecteur, auquel pourtant s'adresse aussi le texte, est donc placé dans une position paradoxale, puisque ce texte ne semble pas lui être destiné prioritairement."
Si je retranscris ici cette phrase, bien entendu je ne parle pas de moi, mais de véritables écrivains qui s'auto-analysent dans leur journal ou leur autobiographie : Stendhal, Souvenirs d'égotisme.
Sur les docks : à réécouter absolument pour les amateurs de journaux intimes et de blogs extimes. Les blogs vont disparaître pour aller vers les réseaux sociaux où le partage de l'intime s'extériorise. "Ceux qui resteront, car il en restera, seront des aristocrates de l'écriture" (sic).