mercredi 7 janvier 2015

J'étais déchiré entre une envie de vivre et une obsession d'écrire



 Photo : Laurent Villeret/Dolce Vita/Picturetank/AGENTUR FOCUS

"J'ai beaucoup écrit. Il y avait toujours une décision à prendre, parce que j'étais tenté aussi de vivre dehors, physiquement; j'étais dévoré d'une vitalité sans borne. Et de l'autre côté j'avais tellement envie de capter quelque chose à travers des phrases, alors j'étais déchiré entre une envie de vivre et une envie ou une obsession d'écrire."



Le dernier tome de son Journal est paru aux éditions Actes Sud : Faux papiers

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Le journal qu'il dévoile aujourd'hui court entre 2000 et 2010. Comme dans tout son travail, de romancier ou de diariste, l'écriture conduit le bal, avec de longues phrases volcaniques et analytiques, ce mélange d'urgence et de distance, trois pas dans la vie, trois pas dans la tombe. Paul Nizon égrène les décès qui se multiplient autour de lui, et continue de se tenir debout comme un arbre qui perd ses feuilles. Preuve suprême de l'absence de cloison entre ses œuvres, voilà que nous revient en mémoire l'errance de son héros, son double, au début de L'Année de l'amour, l'un de ses plus grands romans peut-être : « Je me rends compte à présent que je suis au milieu d'une assemblée de défunts, à moins que ce soit moi le défunt parmi les vivants. »
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Paul Nizon revendique la marginalité comme le silence, indispensables à sa quête introspective, mais il y a chez lui un sens caché de l'autre qui rend son œuvre très lumineuse, offerte à tous. Un jour d'été 2005, un douanier de Roissy lui a demandé son passeport alors qu'il se trouvait dans l'espace Schengen. C'était pour vérifier qu'il s'agissait bien de l'écrivain qu'il aimait tant. Racontée brièvement en bas de page, l'anecdote soutient tout le livre, que l'auteur a peut-être appelé Faux Papiers en hommage à cet admirateur inattendu. Il y a chez tout le monde un lecteur de Nizon qui sommeille."

- Télérama.