samedi 10 janvier 2015

"Des types qui ne rêvent que d'étendre l'ombre sur le monde"

Comment rendre le sens des mots plus clair?

Il faudrait, à chaque fois, faire abstraction de sa subjectivité personnelle, autant que faire se peut. Tâche éminemment difficile pour beaucoup. En sus de leur définition officielle, les mots ont une connotation particulière à chacun, qui dépend de notre histoire personnelle. Est-ce toujours si souhaitable, d'ailleurs, d'abolir toute subjectivité ?

Réflexion inspirée par un mail reçu ce matin au sujet de mon billet d'hier, dans lequel j'ai  noté quelques réflexions écrites par d'autres que moi mais qui me "parlaient" et avec lesquelles je me sentais aussi en accord. Il est vrai que je cite souvent des textes qui sont le reflet de ce que je pense et que je ne saurais pas toujours si bien dire.
Je dois donc préciser - comme si ce n'était pas une évidence - que je suis aussi profondément atteinte par l'horreur de ce qui vient de se passer cette semaine, que j'ai - aussi - été émue (émotion du cœur et pas celles des tripes comme essaient de faire passer les images, les débats en boucle à la télévision, que je ne regarde pas* mais je le sais par les réactions de ceux qui en parlent autour de moi) par la mort de ces hommes et femmes, artistes, policiers et inconnus, révoltée par la cible visée : Charlie Hebdo et la liberté d'expression. Je me suis aussi sentie Charlie mais je n'éprouvais pas le besoin de le dire. Comme je n'ai pas besoin de dire (c'est déjà fait) que je me sens aussi musulmane, arabe, juive ou rien quand on attente à ces hommes (et pas seulement) ou à leur confession.
Bref, j'en ai assez dit Le mieux dit (sans mots) est ici et ailleurs...

* J'ai tout de même regardé l'hommage sur Arte le soir de l'attentat.

Par le plus grand des hasards* j'écoutais ce matin cette émission
* D'habitude le samedi à cette heure j'écoute Répliques. Mais écouter Eric Zemmour chez Alain Finkelkraut, non merci.

"Le 28 novembre 2008 vit Bombay s’embraser, tombé entre les mains assassines de terroristes décidés à tuer quiconque ne penserait pas comme eux, et quiconque croiserait leur chemin ce soir-là."

" 173 personnes, dont au moins 26 ressortissants étrangers ont été tuées et 312 blessées. L'équipe terroriste était composée de 10 militants islamistes entrainés au Pakistan."
 
"Le 26 novembre 2008, Michèle Fitoussi est à Pondichéry, avant de retrouver Loumia Hiridjee et sa famille à Bombay. Quelques heures plus tard, Bombay est touché par une série dʹattentats qui mettent la ville à feu et à sang.
Le lendemain, Michèle Fitoussi apprend que Loumia et son mari Mourad ont fait partie des premières victimes du massacre qui compte 166 morts et 304 blessés. Loumia aurait dû se trouver à Dubaï, elle a annulé son voyage à la dernière minute."

Michèle Fitoussi s'entretient avec Mélanie Croubalian sur ce sujet, celui de son livre : La nuit de Bombay. Je note ce passage  :

"J'ai raconté l'histoire des terroristes parce que je voulais comprendre comment elle était morte.
Je voulais raconter à quel point cette femme était vivante, à quel point elle était drôle, amusante, créatrice, à quel point c'était injuste qu'elle soit morte.
Je voulais aussi qu'elle revive, je ne voulais pas qu'ils gagnent.
Je ne voulais pas que ces terroristes gagnent.
Je ne voulais pas que la mort gagne sur la vie.
Je ne voulais pas que la liberté, la folie, la féminité, la frivolité soient définitivement balayées par des armes, par des intégristes, par des types qui n'aiment pas la vie mais la mort, par des types qui n'aiment pas les femmes, qui ne rêvent que d'étendre l'ombre sur le monde.
Je crois que c'est un combat qu'il faut mener."