Vu hier soir :
PROMESSE (DVD) de Kijû Yoshida, 1986.
Yoshio Morimoto vit dans les nouveaux quartiers de Tamashi, dans la banlieue de Tokyo, avec ses parents, sa femme et ses deux enfants. Un matin, le corps de sa mère, Tatsu, est retrouvé sans vie. Lorsque l'inspecteur en charge de l'enquête en vient à se demander s'il ne s'agit pas d'un meurtre, Ryôsaku, le mari de Tatsu, se désigne comme coupable...
PROMESSE (DVD) de Kijû Yoshida, 1986.
Yoshio Morimoto vit dans les nouveaux quartiers de Tamashi, dans la banlieue de Tokyo, avec ses parents, sa femme et ses deux enfants. Un matin, le corps de sa mère, Tatsu, est retrouvé sans vie. Lorsque l'inspecteur en charge de l'enquête en vient à se demander s'il ne s'agit pas d'un meurtre, Ryôsaku, le mari de Tatsu, se désigne comme coupable...
"En faisant ce film sur l'euthanasie des personnes âgées dans une société vieillissante, je n'avais pas pour objectif d'en questionner le bien-fondé. L'image récurrente de l'eau, cette eau sans cesse changeante, entendait ainsi refléter la petite existence ignorante des hommes, incapables de connaître même leur propre mort."
Kijû Yoshida
Captures d'écran
Ce film date de 1986. Le thème de l'euthanasie était alors un sujet bien plus tabou qu'aujourd'hui et Kijû Yoshida l'aborde de façon très crue(lle) du moins dans son geste final. L'euthanasie aujourd'hui peut être abordée de manière plus "douce" si j'ose dire. Oui, j'ose le dire, de plus c'est la définition même du mot euthanasie : mort douce. Or ici, le geste est violent. D'où pour moi, l'importance de légaliser l'euthanasie pour ne pas laisser la personne se suicider, avec des moyens barbares. Un film beau et fort... pour âme forte et, aguerrie.
"Lorsque le plus bergmanien des cinéastes japonais aborde le thème de la
vieillesse et de la disparition, il le fait avec un tel aplomb qu’il
offre l’un des portraits les plus saisissants de la "mort au travail".
Crument. Sans artifice. La découverte de la mort de Tatsu Morimoto par
la police, soupçonnant son mari Ryosaku d’avoir mis fin à ses jours,
nous conduit quelques années en arrière dans la vie d’un vieux couple
que le temps a rongé lentement et que la sénilité atteint
progressivement. Certes, Yoshida n’a jamais brillé par un optimisme
béat, mais, à l’opposé de Kurosawa qui dans ses dernières œuvres
abordait la mort avec sérénité, sa vision reflète la peur et le
désespoir, l’horreur de la fin de vie. Troublante coïncidence, ce sera
cette même Sachiko Murase, la Tatsu de Promesse qui incarnera la magnifique vieille dame de Rhapsodie en Août
cinq ans après. Ici, pas de recueillement, pas d’acceptation stoïque,
mais un sentiment de panique croissant, de l'appréhension individuelle
au cauchemar des chambres d’hôpital hantées par des séniles se
chamaillant, ou répétant en riant à l’envi des « je veux mourir ». Le
couple Morimoto vit ses dernières années d’amour fou dans une douleur
intense, faite d’escarres, d’incontinence et de maladie d’Alzheimer. Ils
retournent tous deux en enfance, perdent la mémoire, mais conservent
intacts jusqu’au bout leurs sentiments sublimes et déchirants. Toute
certitude s’évanouit dans l’angoisse de la dislocation.
Le moi disparaît dans
un brouillard ou la conscience de l’autre et de soi menace de s’éteindre
d’un instant à l’autre, s’efface du monde, non pas dans une forme de
sérénité, mais dans l’horrible conscience de sa dislocation. Tout n’est
que souvenir pour les Morimoto. La vie est derrière eux. « Laisse moi
mourir, je t’en prie » supplie Tatsu à son mari. Promesse aborde
frontalement la dégradation des corps, le sentiment de dégénérescence
inéluctable. Yoshida rend ouvertement hommage aux horloges sans
aiguilles des Fraises Sauvages - autre grande œuvre sur le vieillissement, mais c’est plus encore de Cris et Chuchotements qu’on pourrait rapprocher Promesse.
Il s’attache pareillement à observer la lenteur d’une agonie
contaminant progressivement tout l’entourage, bouleversant son
fonctionnement quotidien et mettant en évidence toutes les failles
morales, les non-dits, le dysfonctionnement familial."
Olivier Rossignot, Culturopoing.com
Lire la suite ici (une belle et complète analyse)