Mes premiers mots dans ma tête ce matin au réveil :
jepensejepensejepensejepensejepensejepensejepensejepensejepensejepense
jepensetrop.
Puis j'ai compté les années de non-solitude : mes années d'enfance, d'adolescence et le début de ma vie de jeune femme. De un à vingt-cinq ans donc. De vingt-cinq à trente ans, apprentissage de la solitude avec un sentiment de liberté, celle de 68 et des années 70. De trente à quarante ans, mes plus belles années, avec toi, si intenses qu'elles valaient bien le double. De quarante à aujourd'hui : solitude totale. Bien sûr, il y eût des jours heureux, des sentiments amoureux, partagés, des jours où cette solitude fut salvatrice mais le bilan est désastreux.
Qu'est ma vie?
Il était temps que je me lève, je ne voulais pas faire surgir les réponses à cette question, elles seraient trop déprimantes.
Le ciel était bleu, deux lignes blanches le traversaient, une tourterelle venait de se poser dans une ouverture du clocher de l'église...