"C’est décidé, Thomas B., fumeur impénitent, arrête la cigarette.
Le film suit le journal intime déjanté où il consigne ses états d'âme et ses réflexions philosophiques. Nous l'accompagnons dans les consultations tabacologiques où il cherche des conseils pratiques, et dans les labos où l'on teste la dépendance des rats.
En explorant avec un humour décapant ce qui l'attache encore au tabac, Thomas dédramatise l'arrêt et s'adresse à tous ses frères fumeurs encore dépendants..."
"Entretiens face caméra, confidences au dictaphone saisies au réveil et au coucher, confrontations avec amis et enfant, consultations médicales... : le réalisateur accompagne les doutes et les crises du héros en mal de tabac. À partir de ce fil narratif, le film organise une série d'allers-retours avec l'explication des mécanismes de l'addiction par un médecin, habilement mis en scène en laboratoire avec des souris - des séquences dont le ton décalé fait penser aux interventions du biologiste Henri Laborit dans Mon oncle d'Amérique, d'Alain Resnais. Le récit parcourt les différentes épreuves de l'arrêt du tabac dans le quotidien de Thomas ("Je suis très inquiet d'un truc, c'est de pas pouvoir travailler une fois que j'arrête. Si je peux pas travailler, d'ailleurs, j'arrête d'arrêter"), les changements dans ses relations sociales, la difficulté de maintenir un sens positif à cette décision. C'est un parcours subjectif, qui sans jamais prétendre valoir pour chaque histoire de fumeur, fait écho à toutes. Le film aborde sa thématique en conciliant sérieux et dérision, sans donner de leçon. Grâce à son personnage et à sa narration ironique, J'arrête dépasse le strict sujet du tabagisme pour dresser un portrait goguenard et tendre de Thomas. Par sa complicité avec son personnage, et le choix délibéré d'un ton de comédie - jusque dans son usage de procédés de fiction dans la mise en scène et le montage -, Andrés Jarach a réalisé un film réjouissant."
Une comédie documentaire qui montre qu’un film scientifique peut-être à la fois drôle et efficace.
Quelques notes relevées :
- Je suis un fumeur heureux, est-ce que je serai un non-fumeur heureux?
- Il y a deux sortes de gens, et Sergio Leone l'a bien compris : il y a d'un côté les Mexicains, ceux qui parlent avec leurs mains, marchent pieds nus, font mendier leurs enfants sur des routes désertes et volent des poulets. Et de l'autre côté, il y a Clint Eastwood, un gars qui parle peu, mais quand il parle, c'est efficace. Si ce personnage-là voulait s'arrêter de fumer, il le ferait seul. Une décision à la Clint Eastwood, mais que Clint Eastwood ne prendrait jamais.
- Au restaurant la serveuse lui demande : côté fumeur ou non-fumeur? (Ça fait trois semaines qu'il n'a pas fumé, même pas tiré une "taffe") et il répond : non-fumeur comme s'il allait passer à la guillotine. Il commente : c'est comme si on me demandait : Résistant ou collabo? Collabo!
- Un autre passage, Thomas lit un extrait de Dom Juan de Molière :
"SGANARELLE, tenant une tabatière : Quoi que puisse dire Aristote et toute la philosophie, il n'est rien d'égal au tabac: c'est la passion des honnêtes gens, et qui vit sans tabac n'est pas digne de vivre. Non seulement il réjouit et purge les cerveaux humains, mais encore il instruit les âmes à la vertu, et l'on apprend avec lui à devenir honnête homme. Ne voyez-vous pas bien, dès qu'on en prend, de quelle manière obligeante on en use avec tout le monde, et comme on est ravi d'en donner à droite et à gauche, partout où l'on se trouve? On n'attend pas même qu'on en demande, et l'on court au-devant du souhait des gens : tant il est vrai que le tabac inspire des sentiments d'honneur et de vertu à tous ceux qui en prennent. Mais c'est assez de cette matière. Reprenons un peu notre discours."
J'avoue que ce film m'a enchantée et que le comédien* (?) est excellent; j'aurai presque envie de me remettre à fumer. Pas question de me retrouver du côté des collabos.
Avant le film, un reportage : La fumée vous dérange?
"... où les clichés contre la cigarette volent en fumée et les dangers, prouvés médicalement, de la cigarette sont intelligemment confrontés à l'obsession grandissante d'une vie toujours plus saine dans une société de plus en plus restrictive."
Aujourd'hui je l'avoue j'ai du mal à supporter la fumée, l'odeur du tabac et pourtant, souvent j'aimerais faire partie de ces fumeurs et fumeuses que je vois sur les pas de portes des magasins et des bistrots. Je me sens solidaire. Les interdictions, on en a marre.
Dommage, il n'est pas prévu de rediffusion.
* Après vérification, il n'y aucun comédien dans la distribution. C'est un documentaire ce n'est pas une fiction.