dimanche 28 octobre 2012

S.F.C.D.T.

S'arrêter de s'activer. Se poser. Juste écouter Glenn Gould jouer du piano. Essayer de trouver de la légèreté à la solitude pesante. Ne pas la fuir. Ne pas s'imposer de programme pour l'occulter. Apprendre à vivre avec. Apprendre à ne rien faire, dans le silence.
Je sais le faire. J'ai appris.
Mais je me mets à penser. A penser à ceux que j'aime. Je voudrais que jamais ils ne soient seuls, que jamais ils ne subissent la solitude.
L'apprentissage est si long. Ne pas désespérer d'y arriver.

Ces pensées me viennent alors que je prends un bain de pieds avant de me couper les ongles. Eh oui! personne n'échappe à la trivialité du quotidien. De mon canapé, les pieds dans l'eau chaude, j'écoute le Concerto italien de Bach par Glenn Gould. Je regarde la terrasse inondée de soleil, l'ombre des plantes sur le mur, les oiseaux qui se nichent dans les ouvertures du clocher de l'église. Un seul nuage dans le ciel bleu, il avance au rythme des doigts du pianiste sur le clavier.

Puis, les pas de mon voisin du dessus viennent troubler ma rêverie. Il a fait la grasse matinée. Les cloches qui sonnent l'heure de la messe ont dû le réveiller.
J'éponge mes pieds et je vais mettre un autre CD dans le lecteur. Je coupe mes ongles. J'ai mal au dos. Mon voisin passe l'aspirateur, j'augmente le son avec la télécommande. La voix de Callas couvre le bruit. Je ne sais pas pourquoi en cet instant je repense à ces mots entendus hier dans l'émission sur Stendhal que celui-ci écrivit un jour... : "SFCDT : Se Foutre Carrément de Tout".

“NICHT MEHR NEAPEL”.
IMPORTANT EXEMPLAIRE ANNOTE par STENDHAL QUI VOYAIT EN MADAME DE STAEL : “LE PREMIER TALENT DU SIECLE”. SECONDE EDITION.

Stendhal fut l’un des premiers acquéreurs de De l’Allemagne, dix jours avant que l’ouvrage ne soit annoncé dans la Bibliographie de la France. Le 23 mai 1814, il écrit à sa soeur Pauline, alors dans le Dauphiné :

Je t’ai envoyé le troisième volume de Mme de Staël. J’ai eu la bêtise de prêter les deux premiers. Sitôt qu’ils rentreront, tu les auras. C’est bon à lire en province. Malgré une enflure exécrable, il y a des idées, surtout sur les moeurs des dames allemandes ... Rappelle-toi ce que j’écrivis sur ta cheminée en te quittant à Thuellin : M.F.T. [Me Foutre de Tout]. Après avoir lu Mme de Staël, fait la passer à M. Plana à Turin, par la poste ... Ne le garde pas longtemps ... cet exemplaire courra tout Milan.