dimanche 24 juin 2012

S'il suffisait de voir le soleil et la mer pour aller bien...

Samedi 24 juin.

On s'est donné rendez-vous en bas de chez moi à 13h45.
Je l'attends et j'en profite pour regarder les vieilles pierres de l'abbatiale.



Je me demandais si elle serait dans un bon jour. La voilà qui arrive. Elle va se garer sur ma place de parking, elle prend ses affaires et vient me rejoindre à ma voiture. On s'embrasse. Non, ce n'est pas un bon jour, je le vois tout de suite quand elle me dit :
- Je suis sûre que j'ai oublié quelque chose, j'avais plein de choses à faire que je n'ai pas eu le temps de faire.
Elle fronce les sourcils, elle a l'air perturbé.
- Ne t'inquiète pas, le peignoir et la serviette sont fournis, ton maillot de bain et tes tongs tu les as?
- Oui.
Elle n'a pas besoin de bonnet de bain, elle ne va pas dans la piscine; elle préfère le jacuzzi, le sauna et le hammam pendant que moi je nage ou barbote dans la piscine d'eau de mer.
Nous partons. On ne s'est pas vues depuis plusieurs semaines. Je lui dis que mes vacances m'ont fait du bien mais je n'insiste pas trop. Je culpabilise un peu de dire quand j'ai été heureuse, donc privilégiée, surtout quand elle a l'air triste.
Pendant la route je la laisse parler. Elle ne sourit pas. Peut-être tout à l'heure? J'étais en vacances pour son anniversaire alors je lui offre la thalasso cet après-midi.

Nous y voilà.
Hop, les peignoirs, le vestiaire (quelle chaleur là-dedans). Maillot, tongs, direction la piscine. Elle va dans le jacuzzi où il y a deux jeunes femmes. Je rentre dans la piscine, mmm! elle est trop bonne. Je l'aperçois dans le jacuzzi, je lui fait coucou; elle me regarde sans sourire, elle a même l'air crispé. Bon, je l'oublie un peu, je pense à moi, je me sens bien dans cette eau à 31°. Je trouve un petit canard dans la piscine, je lève le bras et le lui montre, elle est vraiment ailleurs aujourd'hui. Je le montre au maître nageur qui me le prend en me disant : c'est celui du bébé nageur qui est venu avec sa maman tout à l'heure. Un peu plus tard je la vois sortir du jacuzzi et rentrer dans le hammam puis douche puis sauna puis douche. Quand elle a fini je sors de l'eau et la rejoins. Elle a les pommettes rouges, ça lui redonne vie.
Je lui demande si tout va bien :
- On se touchait les pieds dans le jacuzzi me dit-elle, c'est énervant.
Elle n'a pas tort, ils sont petits leurs jacuzzis, je n'aime pas non plus, je n'y vais plus.
- Allons mettre des maillots secs, on se retrouve à la tisanière.
Nous avons un soin toutes les deux une heure plus tard.
Il fait beau, profitons-en pour aller boire notre tisane au solarium.
On s'installe sur les transats.


Je sens qu'elle n'a pas envie de parler. Je lui demande si elle est contente d'aller voir son fiston à la fin du mois?
- Je ne suis plus sûre d'y aller me dit-elle.
Elle se redresse, s'assoit sur le côté, la tête dans ses mains.
- Regarde comme il fait beau, la mer est calme comme un lac. Allonge-toi, regarde.
- Je ne sais pas me détendre.
- Tu t'allonges, tu fermes les yeux, on se tait et tu écoutes le bruit de la mer qui monte et descend. Tu vas voir comme on est bien.
Elle le fait, je l'observe, je garde les yeux ouverts pour voir la baie magnifique. Je pense à Evian, au lac. Je me lève pour faire quelques photos.


Et je la prends de dos, enfin (d)étendue, les yeux fermés.



Je tente sans bruit d'aller la prendre de face mais elle m'a vue et cache son visage. Tout de même elle a souri. Mon transat est derrière, je me planque à l'ombre,  mon dermato m'a interdit le soleil.


Je la prends une dernière fois de dos, elle a ouvert les yeux, s'est étirée, regarde la mer, semble enfin avoir lâché prise.


Elle me dit, sans sourire : on est bien quand même, je te remercie.

Il est l'heure de notre soin.

Au retour, en voiture, je savais que cet après-midi à la thalasso était loin d'être suffisant pour qu'elle aille mieux. Elle m'a parlé du dernier film qu'elle a vu et de ceux qu'elle a envie de voir, de son job où elle a de plus en plus de responsabilités; elle a peur parfois de ne pas être à la hauteur. Son travail lui plaît, elle appréhende d'être un jour à la retraite. Le retour fut moins silencieux mais je ne sais pas pourquoi elle était si lointaine, si indifférente à tout aujourd'hui. C'était une belle après-midi ensoleillée et sombre


Le bonheur est en soi... ou pas.


Dimanche 24 juin.

Pluie toute la journée.
Lecture : Entre Fantoine et Agapa de Robert Pinget (Editions de Minuit). Pas du tout aimé. Je ne resterai pas sur cette déception, j'en lirai un autre.
Commencé une biographie de Paul Gadenne par Didier Sarrou (Collection Silhouettes Littéraires).