samedi 28 août 2010

Ethique et morale

Sur la route de Madison

"Faut-il distinguer entre morale et éthique ? A vrai dire, rien dans l'étymologie ou dans l'histoire de l'emploi des mots ne l'impose : l'un vient du grec, l'autre du latin, et les deux renvoient à l'idée de moeurs (ethos, mores) ; on peut toutefois discerner une nuance, selon que l'on met l'accent sur ce qui est estimé bon ou sur ce qui s'impose comme obligatoire.
[…]
La visée éthique.
Je définirai la visée éthique par les trois termes suivants : visée de la vie bonne, avec et pour les autres, dans des institutions justes. Les trois composantes de la définition sont également importantes.
[…]
"Puissé-je, puisses-tu, puissions-nous vivre bien !" […] souci de soi, souci de l'autre, souci de l'institution. Mais le souci de soi est-il un bon point de départ ? Ne vaudrait-il pas mieux partir du souci de l'autre ?
[...]
Estime de soi et sollicitude ne peuvent se vivre et se penser l'une sans l'autre. Dire soi n'est pas dire moi. Soi implique l'autre que soi, afin que l'on puisse dire de quelqu'un qu'il s’estime soi-même comme un autre.

La norme morale.
A la première composante de la visée éthique, que nous avons appelée « souhait de vie bonne », correspond, du côté de la morale, au sens précis que nous avons donné à ce terme, l'exigence d'universalité. […] On a pu être choqué par l'intransigeance kantienne. En effet, la position du formalisme implique la mise hors circuit du désir, du plaisir, du bonheur ; non pas en tant que mauvais, mais en tant que ne satisfaisant pas, en raison de leur caractère empirique particulier, contingent...
[…]"

Pour conclure (j'aimerais la faire mienne, mais...) :
Aristote observe "La raison en est que la loi est toujours quelque chose de général et qu'il y a des cas d'espèce pour lesquels il n'est pas possible de poser un énoncé général qui s'y applique avec certitude."

Quelques réflexions tirées d’un texte de Paul Ricoeur.

J’ai été amenée à m’interroger ce matin sur cette question : éthique/morale, "par souci de l’autre". Ne jamais faire souffrir, savoir se retirer, pour la quiétude de ceux qu’on aime. Savoir "ce qui est estimé bon pour l’autre et ce qui s’impose comme obligatoire pour soi."

Sur la route de Madison