dimanche 1 janvier 2017

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J'avais beau me dire que c'était un week-end comme les autres, ça ne l'était pas même si j'ai tout fait (j'étouffais) pour faire comme si.
Quoique, déjà, vendredi, avec quelqu'un de ma famille (en vacances dans le coin) je passais l'après-midi (à Sainte-Marine) à faire part (comme un faire-part) de mes intentions (pour l'avenir). Nous étions bien, au chaud près de la cheminée au Café de la Cale, cela rendait l'atmosphère légère. Je n'aurais pu lui parler de ces choses-là chez moi; il fallait être ailleurs, dans le brouhaha des consommateurs, le va et vient des serveurs. Elle trouvait que c'était courageux d'en parler et approuvait... ma démarche. Je la rassurai tout de même sur mes intentions qui n'étaient pas encore à l'ordre du jour et que j'en parlerais également, rapidement, aux autres, concernés. Cet endroit dégageait une ambiance de Pub, intime, joyeux qui donnait envie de jouer aux fléchettes mais il n'y en avait pas! (Nous jouions aux fléchettes avec mon aimé dans le long couloir qui menait de l'atelier à la chambre. Cette lubie nous était venue après notre séjour en Irlande où ce jeu se pratiquait dans tous les Pubs).

Samedi j'allais au golf en fin de matinée : quelques joueurs. Pas de gel mais bien frisquet. A 13 heures j'avais un peu faim, tant pis j'attendrai, je m'arrêterai avant de rentrer, pour acheter du pain puis nouvel arrêt pour prendre quelques amuses-bouches apéritif pour mon réveillon (hum!)! At home à 14 h 15. Trop faim pour avaler un potage, je réchauffe le plat que j'avais prévu pour mon réveillon-con, mitonné par un traiteur et je me tape ma canette à l'orange à 15 heures. Trop bon! Tant pis, sans boire de vin, me suis régalée avec de l'eau pétillante.
Dans l'après-midi, je sentais le stress s'installer. Je cogitais. Allais-je lui déposer aujourd'hui ou demain matin mes cadeaux. Son anniversaire c'était demain, le 1er janvier. Il ne fallait pas qu'elle me voie. Je décidais que ce serait aujourd'hui, quand il ferait nuit. Tuer le temps en attendant : faire du repassage, tea-time at five o'clock. Je jetais un coup d’œil sur la météo sur ma tablette pour savoir à quelle heure se couchait le soleil. Je n'avais pas non plus envie d'y aller trop tard et rouler dans la nuit noire (j'aime de moins en moins). J'avais déjà le cœur battant, avec un peu d'angoisse voire un léger mal de cœur. Cela faisait maintenant sept mois qu'avait eu lieu la rupture (ma déchirure). Ce que j'allais faire je m'étais jurée de ne jamais le faire, c'était à elle de faire un premier pas, je savais qu'elle ne le ferait jamais. Les deux fois précédentes je l'avais fait, cette fois je ne pouvais pas, je ne pouvais plus, et  je ne voulais plus revivre un tel traumatisme. J'ai réussi à m'en relever.  Mais je n'arrive pas et je ne veux pas faire le deuil d'un être cher qui est vivant. Le deuil c'est pour les morts. Je décide donc de déposer mes petits cadeaux à la nuit tombée. Pas de blablabla dans mes mots sur les cartes d'accompagnement; superflus, le geste devrait suffire. Elle, a laissé passer mon anniversaire sans se manifester; c'était la première fois en trente, quarante, cinquante ans? Ce n'était souvent rien, seulement un coup de téléphone mais c'était. Elle est née le 1er janvier, cette date la déprime car on lui souhaite une bonne année et on oublie de lui souhaiter son anniversaire et l'important pour elle c'est son anniversaire. Je n'ai jamais oublié de le faire
J'étais de plus en plus stressée, j'avais presque la nausée, je me sentais même un peu vertigineuse en montant dans ma voiture. Sur la voie express peu de circulation à 18 heures. Je n'allais pas sonner à la porte, c'était impossible "elle ne voulait plus de contact avec moi, elle m'avait fermé sa porte". J'arrivais devant chez elle, il faisait nuit, la voiture de son compagnon était là devant la porte du garage, ils étaient là. J'allais me garer un peu plus haut pour qu'ils ne m'entendent pas. Mon paquet était bien enveloppé (il y avait aussi un petit cadeau pour lui) et pouvait rester dehors. Il y avait de la lumière dans le salon. Je marchais sans bruit, évitant le gravier, et je déposais le sac près du pignon, derrière les poubelles. J'étais dans un état second. Je repensais à cette phrase de son amie il y a sept mois après que la rupture ait eu lieue, me disant : "vas la voir, sans la prévenir et ne te gare pas devant chez elle, si elle te voit elle ne t'ouvrira pas". Ce jour-là j'ai pleuré comme jamais, je crois. J'ai acheté un gâteau et l'après-midi j'ai sonné à la porte. Élaguons élaguons élaguons. Son compagnon m'a ouvert, je lui ai dit : je veux la voir, lui parler. Il m'a fait entrer. Elle était dans son fauteuil relax en train de prendre sa tension (la mienne devait être aussi au summum); j'avais les yeux rougis ( élaguons élaguons). Elle ne voulait ni parler ni m'entendre, me voir faisait monter sa tension, j'ai entendu son "va dehors". Je tenais debout, j'ai pris la porte. J'ai pleuré jour et nuit pendant dix jours. Puis, les idées noires sont revenues, prégnantes. Etc. etc. Aujourd'hui, je tiens le coup... c'est un coup à prendre (0_0).
A 22h30 je leur ai envoyé un texto pour les prévenir de ce dépôt, je pensais qu'ils devaient réveillonner à l'extérieur. Mais non, ils étaient restés chez eux. Il m'a répondu, en me remerciant. Elle, rien, silence assourdissant. Je ne peux pas faire plus. Je n'ai plus envie de pleurer ni sur moi ni sur elle. J'avais écrit sur la carte d'anniversaire : je pense à toi et sur une autre carte d'un livre que je lui offrais :
"En page de garde de l'ouvrage, cette phrase de André Breton me parle de toi, me parle de nous : "Rien de ce qui nous entoure ne nous est objet, tout nous est sujet." Je pense à toi tout le temps. (J'avais d'abord écrit "tout le temps" puis j'ai réécrit une carte en le supprimant. Mais c'était bien la première carte la vraie). Tout le temps, tu me manques, je t'aime auraient été de trop et, c'était tellement évident.

Ce 1er janvier, je me disais qu'elle allait peut-être m'envoyer un texto (un coup de téléphone je n'y croyais pas) mais non, rien. Le trait était donc tiré. Solitude, mon amour.