vendredi 1 novembre 2013

"La nostalgie c'est le désir d'on ne sait quoi..." Saint-Exupéry

Mardi le ciel était encore clément. Soudaine envie de revoir le lieu où j'avais passé de nombreux étés dans les années 60/70! Je n'y étais jamais retournée et je m'attendais à des changements, voire à ne plus rien reconnaître au Cabellou, près de Concarneau.


vueaerienne.jpg 

Que nenni! Pas de grands changements, la plage de La Belle Etoile est toujours là - évidemment! La Belle Etoile! Je voulais revoir cet hôtel, j'avais appris qu'il était fermé depuis de nombreuses années et s'était transformé en résidence. A l'époque dont je parle, je passais mes vacances au terrain de camping. Eh oui! J'étais très jeune et fauchée. Ce n'est que des années plus tard, en 1977 je crois, que j'y suis allée avec toi mon aimé, prendre un apéritif sur la terrasse. J'en avais ramené un souvenir palpable!!! Chut! Ma cuillère à confiture aujourd'hui.


J'allais donc illico me garer devant La Belle Etoile et, bien sûr, là je ne retrouvais pas vraiment le charme dont mon souvenir était empreint. Tout était clos, ce n'était plus un hôtel, ce n'était plus l'été non plus! Cependant je me souvenais de cette architecture, de cette avancée qui faisait penser à un paquebot avec une grosse cheminée.




Mon souvenir c'était déjà plutôt ça, enfin pour l'hôtel. Pour les automobiles, celles de ma jeunesse, étaient tout de même moins "anciennes"; mon père devait avoir alors une Peugeot 404 :


"Pendant la guerre 39-45 les Allemands avaient choisi de se loger au Cabellou dans les belles propriétés (La Belle Etoile, Kermingham et la Bonne Auberge,..) et dans les fermes. Il est possible de voir encore la prison des Allemands chez Monsieur et Madame Le Bihan à la Bonne Auberge.
Mme MOREAU : son nom est lié à La Belle Etoile, achetée à Monsieur Leboucq en 1946, avec la chapelle, le calvaire et l’enclos : elle en fera un hôtel réputé, fréquenté par une clientèle chic et célèbre comme Pierre Fresnais, Yvonne Printemps et Michèle Morgan Tino Rossi qui aimait se promener dans les landes du Cabellou, Edith Piaf,..... Après 90 et la disparition de sa propriétaire, La Belle Etoile sera transformée en résidence."

(Photos du Cabellou d'antan ici)

Donc, je me suis garée là, exactement et je suis allée me balader sur la plage de La Belle Etoile qui n'a pas changé de nom. Je me souvenais des nombreux rochers de la pointe, des pins qui longeaient le rivage et l'hôtel côté plage. Là je fus un peu déçue de voir ce qui était devenue une résidence. Une résidence de quoi, pour qui d'ailleurs? Pour des vacances d'été de comités d'entreprises?


Plus de traces des terrasses de l'hôtel qui donnaient sur la plage (où nous avions pris un apéritif)



Positivons. Le reste est intact et le temps agréable. Je fais quelques photos. 









J'aperçois trois petites filles. J'envie leur légèreté, leur assurance pour gambader courir sauter sur les rochers tandis que j'avance prudemment.






L'une d'entre elles, rieuse, me demande pourquoi je prends des photos. Je lui réponds : pour avoir des souvenirs. Elle me dit : prends-moi, tu auras un souvenir de moi. (C'est la plus grande ci-dessous, cheveux au vent). Clic-clac! Je les prends rapidement, la troisième se cache derrière elle.





Je lui demande si elle est en vacances et j'apprends que ce sont des petites parisiennes. Elle me montre sa maison! 



Puis elles s'en vont en sautillant. Celle qui voulait que je la prenne en photo m'a dit : promenez-vous bien et faites de belles photos. Trois minutes avant, elle me tutoyait! Elle était vive, pétillante, un visage ouvert aux autres. Épatante. 

J'étais arrivée à la pointe; je voulais aller de l'autre côté lequel, dans mon souvenir, était plus sauvage; il me fallait reprendre ma voiture. Je fis demi tour et revins par la plage, cette plage pour laquelle aussi j'étais venue ce mardi...

 

... cette plage où nous avions été photographiées par le journaliste du coin, l'été 1970! Il ne manque que Bernard Lavilliers sur la photo; il venait souvent nous rejoindre. Le soir nous allions l'écouter chanter en solo avec sa guitare, dans le petit bistrot du Cabellou. Il n'était pas encore célèbre et nous l'aimions déjà. Il chantait pour nous, pour notre petite bande, gratuitement, je ne l'ai jamais vu faire la manche!

"Son premier album sort en 1968, avec en titre son prénom et un énigmatique « Lavilliers » qui deviendra son nom de scène. Pendant les événements de mai 1968, il chante dans les usines occupées de la région lyonnaise. Sillonnant alors la France et éprouvant des difficultés à percer dans la musique, il joue quelques mois dans des cabarets de province ; au mois de juin, il fait la manche en Bretagne." 
(Source Wikipédia).



Je suis toujours la même. Non mais! Bon, aujourd'hui j'ai des rides et des cheveux gris. Tsss!

L'heure tourne, je reprends ma voiture, je passe devant la chapelle, je prends l'avenue des Dunes (il y avait là une discothèque où nous passions une grande partie de la nuit; le lendemain nous dormions sur la plage, nous jouions au volley, nous nous baignions, ça nous remettait d'aplomb pour la folle nuit suivante).
Au bout de l'avenue ce paysage, plus sauvage :





C'est là que j'aimais venir en début de soirée, solitaire, voir le coucher de soleil, méditer, parfois le cœur battant d'un amour de jeunesse que j'allais retrouver le soir... à la discothèque.

Il était temps que je reprenne la route, j'avais envie d'aller prendre un thé mais le seul bistrot ouvert ne m'attirait pas.

Une autre personnalité (à part moi - [Rires]) qui venait en villégiature au Cabellou : Sir William Golding, prix Nobel de Littérature en 1983.

Au retour je m'arrêtais à Sainte Marine pour prendre un thé. La lumière était divine.



Je pensais à cette journée. Je me sentais nostalgique. Je ne savais pourquoi.