dimanche 24 mars 2013

"C'était un punk*..."

* Voir la bande annonce vidéo.

"L'art existe pour nous empêcher de mourir de la vérité."
Friedrich Nietzsche

Je voulais donc parler de Otto Dix, que j'ai découvert lors d'une émission sur Arte :



Otto Dix (1891-1969) est un peintre allemand expressionniste, antimilitariste profondément marqué par les deux guerres mondiales auxquelles il a participé.

"Son œuvre appartient au courant  artistique de l’ « expressionnisme » : il s’agit d’un courant artistique caractérisé par une vision émotionnelle du monde. Ce courant fait consister la valeur de la représentation dans l’intensité de l’expression. Otto Dix exprime ses sentiments de révolte face à la guerre et aux souffrances des hommes, en s’appuyant sur la réalité mais aussi en la caricaturant." 

L'horreur de la guerre le marque énormément. Elle devient la base de ses œuvres. D'après un entretien de 1961, il déclare :

« C'est que la guerre est quelque chose de bestial : la faim, les poux, la boue, tous ces bruits déments. C'est que c'est tout autre chose. Tenez, avant mes premiers tableaux, j'ai eu l'impression que tout un aspect de la réalité n'avait pas encore été peint : l'aspect hideux. La guerre, c'était une chose horrible, et pourtant sublime. Il me fallait y être à tout prix. Il faut avoir vu l'homme dans cet état déchaîné pour le connaître un peu.»"


Photo : source FIFA

Les œuvres de l'artiste illustrent l'horreur des combats, les gueules cassées d'anciens soldats réduits à la mendicité et la misère morale des prostituées, victimes d'un ordre social déboussolé. C’est suite à cette terrible expérience qu’il peint en 1924 le fameux triptyque La Guerre.


Panneau central


La vidéo n'est plus visible, bande annonce ci-dessous :





Ce portrait d'artiste (le troisième d'affilée dans la filmographie de Jennifer Alleyn) revisite en dix chapitres l'oeuvre et la vie d'Otto Dix, figure de la nouvelle objectivité dans l'Allemagne de l'entre-deux-guerres.

«J'ai imaginé un film autour de dix aspects de son oeuvre. Puis l'idée de dix citations a pris place. On entre dans l'esprit du peintre par ses mots pour comprendre sa démarche de manière très in-time».

Elle fut bouleversée par les tableaux d'Otto Dix, qu'elle découvre d'abord à New York, puis inspirée par l'exposition Rouge cabaret : un monde effroyable et beau.







 L'assaut sous les gaz (1924)

"Marqué par la pensée de Nietzsche et par son expérience traumatique de la Première Guerre mondiale, fin observateur d'un monde "effroyable et beau", le peintre allemand Otto Dix (1891-1969) a laissé une oeuvre puissante où l'horreur la plus absolue est souvent indissociable d'une grande beauté formelle. Par ses techniques et son trait, celui qui sera professeur à l'Académie des beaux-arts de Dresde s'inscrit dans la lignée de grands maîtres comme Dürer ou Cranach. Pourtant, ses thématiques, emblématiques du mouvement de la Nouvelle Objectivité, offrent un fort contraste avec ce relatif conservatisme : éclopés, charognes et prostituées hantent ses tableaux, qui sont autant de critiques féroces de ses contemporains. La montée du nazisme va bouleverser son travail : déchu de son poste et mis au pilori comme bien d'autres pour son "art dégénéré", Dix délaisse ses thèmes de prédilection pour se tourner vers le paysage et l'iconographie religieuse, toujours avec autant d'audace.
À l'occasion de la rétrospective que lui a consacrée le Musée des beaux-arts de Montréal, l'année dernière, ce film explore la vie et l'oeuvre de ce peintre phare de l'Allemagne de Weimar. Les témoignages des ses enfants, ainsi que des extraits de ses écrits viennent compléter les analyses de collectionneurs et restaurateurs, qui témoignent de la grande modernité de cet artiste aussi dérangeant que captivant."
(Source Arte)


Un lien pour visionner d'autres oeuvres de Otto Dix.

Lever de soleil (1933)

"Je n'étais pas si avide de peindre la laideur, tout ce que j'ai vu est beau".


Les 7 péchés capitaux (1933)


"Ce fut pour moi une volupté que tout ne fut pas rose et beau. Lorsque j'ai peint les 7 péchés capitaux, c'était prémonitoire".

"Ce n’est pas flagrant à première vue, mais cette toile est une critique de l’Allemagne nazie. En connaissance de cause, vous avez peut-être remarqué cette petite moustache rappelant le führer portée par le personnage en jaune, masqué au centre de la toile... Lire la suite...

J'ai été impressionnée par ce documentaire de Jennifer Alleyn, mais surtout par les oeuvres, crues, d'un réalisme brutal mais fascinant. J'ai aussi vu de la beauté dans la laideur (il faut s'attarder sur toute sa production). Les nazis ont détruit plus de 250 de ses oeuvres le considérant comme un artiste dégénéré. Voir ici un documentaire de 56 minutes :
Degenerate Art - 1993, The Nazis vs. Expressionism.