Balzac en 1842 sur un daguerréotype de Louis-Auguste Bisson.
Portrait de Balzac vers 1825, Sépia attribué à Achille Devéria
Chantilly, Coll. Lovenjoul
Balzac jeune, à l'âge où naît sa passion pour Laure de Berny
Balzac à 20 ans.
"Jules de Pétigny, châtelain de Clénor, près de Blois, qui fut membre libre de l'Académie des Inscriptions, nous a laissé de Balzac à vingt ans, un portrait piquant.
" Balzac avait dès lors une spécialité de laideur remarquable, malgré ses petits yeux étincelants d'esprit. Une taille grosse et courte, d'épais cheveux noirs en désordre, une figure osseuse, une grande bouche, des dents ébréchées et sa mise ne l'éloignait pas moins que sa figure de l'homme de bonne fortune ". "
"Henry Monnier et Balzac se rencontrent pour la première fois au café de la Minerve, en présence de Raisson et de Pierre-Joseph Rousseau.
" Je vis entrer, raconte Monnier, un homme jeune encore, mais d'un embonpoint déjà très apparent, l'œil vif, la figure ronde et souriante, les mains dans les poches, la démarche nonchalante, l'air d'un moine ou d'un paysan. " "
Venons-en maintenant à l'évocation de la passion de Balzac racontée par Charles Sigel.
"Je n'ai que deux passions : l'amour et la gloire, et rien n'est encore satisfait mais, toutefois côté amour, quelque chose est en train de se dessiner."
Il y avait à Villeparisis une dame qui s'appelait Laure de Berny, qui avait 45 ans, 9 enfants, un vieux mari grognon qui paraissait un vieillard. Elle était née à Versailles, d'un père allemand harpiste et d'une mère femme de chambre de Marie-Antoinette d'Autriche. Elle était caustique, spirituelle, moqueuse, avec des grâces d'ancien régime et Honoré donna des leçons aux enfants de Madame de Berny.
Elle sera son premier amour (il avait 23 ans). Un jour il lui envoie un lettre ; il en a gardé le brouillon, l'original fut brûlé après la mort de Laure de Berny.
Laure de Berny (1777-1836)
Mars 1822.
"Songez madame que loin de vous il existe un être dont l'âme par un admirable privilège franchit les distances, suit dans les airs un chemin idéal.
[...] La première fois que je vous vis mes sens furent émus. Vos quarante cinq ans n'existent pas pour moi ou, si je les regarde, je les aperçois comme une preuve de ma passion. Ainsi votre âge, qui vous rendrait ridicule à mes yeux si vraiment je ne vous aimais pas, est au contraire un lien, une chose piquante qui par sa bizarrerie et son contraste avec les idées ordinaires, attache. C'est moi qui suis le seul juge de votre beauté."
Laure de Berny tentera de résister mais un soir, début mai 1822, elle finira par céder à cette passion. Il lui écrira encore :
" Ô Laure,
C'est au milieu d'une nuit pleine de toi, au sein de son silence, et poursuivi par le souvenir de tes baisers délirants que je t'écris. Et quelle idée puis-je avoir, tu les as tout emportées, oui mon âme toute entière s'est attachée à la tienne et tu ne marcheras désormais qu'avec moi.
Ô, je suis environné d'un prestige tendrement enchanteur et magique; je ne vois que le banc je ne sens que ta douce pression, et les fleurs qui sont devant moi toutes desséchées qu'elles soient, conservent une odeur enivrante.
Tu témoignes des craintes et tu les exprimes d'un ton déchirant pour mon coeur. Hélas, je suis sûr maintenant de ce que je jurai car tes baisers n'ont rien changé.
Je suis changé.
Je t'aime à la folie."
À la mort de Madame de Berny, Balzac désemparé écrivait :
« La personne que j’ai perdue était plus qu’une mère, plus qu’une amie, plus que toute créature peut être pour une autre (…). Elle m’avait soutenu de parole, d’action, de dévouement pendant les grands orages. Si je vis, c’est par elle. Elle était tout pour moi. »
Honoré de Balzac (1799-1850)
Maxime DASTUGUE
(Cette reproduction est médiocre)
Pour une meilleure qualité voir ci-dessous :
"Rodin eut-il connaissance de ce portrait quand il commença à concevoir la statue de Balzac, qui allait l’amener à de longues recherches et qui, bien qu’inachevée, fut cependant fondue en bronze et orne aujourd’hui le boulevard Raspail à Paris ?"
Balzac écrivait la nuit, emmitouflé dans sa robe de chambre, buvant café sur café pour soutenir son inspiration.
Le Balzac de Rodin