mardi 23 décembre 2014

"Soyez joyeux et plein de confiance"

23 décembre 1903. 

Mon cher Monsieur Kappus,

Mon salut ne doit pas vous manquer pour le temps de Noël, quand, au milieu de la fête, vous porterez votre solitude plus durement qu'en un autre temps. Si vous sentez qu'alors votre solitude est grande, réjouissez-vous-en. Dites-vous bien : Que serait une solitude qui ne serait pas une grande solitude ? La solitude est une : elle est par essence grande et lourde à porter. Presque tous connaissent des heures qu'ils échangeraient volontiers contre un commerce quelconque, si banal et médiocre fût-il, contre l'apparence du moindre accord avec le premier venu, même le plus indigne... Mais peut-être ces heures sont-elles précisément celles où la solitude grandit et sa croissance est douloureuse comme la croissance des enfants, et triste comme l'avant-printemps. N'en soyez pas troublé. Une seule chose est nécessaire : la solitude. La grande solitude intérieure. Aller en soi-même, et ne rencontrer durant des heures personne c'est à cela qu'il faut parvenir. Être seul comme l'enfant est seul quand les grandes personnes vont et viennent, mêlées à des choses qui semblent grandes à l'enfant et importantes du seul fait que les grandes personnes s'en affairent et que l'enfant ne comprend rien à ce qu'elles font.
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Soyez joyeux et plein de confiance.

Votre
Rainer Maria Rilke


 

Photo empruntée au Clown Lyrique

 © Helga Kneidl, Romy Schneider à Paris en mai 1973

"On s'éveille un beau matin et l'on brasse le vide autour de soi. Plus de conversation, plus de compagnie, plus de courage, impossibilité de donner encore parce qu'on a déjà tout donné. Tout ce qu'il était possible de donner."
(Romy Schneider)