mardi 6 novembre 2012

"Montrez-moi une seule blessure sur terre guérie par l'amour"

9 h.
J'ouvre ma boîte mail. Rien, que des indésirables.
Ah si, la médiathèque m'avertit que c'est le dernier jour pour rendre les livres empruntés : Lettres à Louise Colet de Flaubert et L'usage de la photo de Annie Ernaux (et Marc Marie). Pas aimé du tout ce dernier; j'ai failli ne pas le terminer, j'ai voulu aller jusqu'au bout de ce livre écrit "à quatre mains". J'aime pourtant cet écrivain et tout ce que j'ai lu d'elle. Après lecture, j'ai lu quelques avis sur la Toile, tous positifs. Tant pis -ou tant mieux - je maintiens ma déception.
Par la fenêtre, un désirable : le ciel bleu.
Petit déj. Pas envie d'écouter les infos. Le silence.

10 h.
Les NCC, je prends quelques notes, on y parle justement du silence, de la solitude avec une analyse des textes de Thoreau. C'est passionnant, j'y reviendrai...

11 h.
Le ciel toujours aussi bleu, pas un nuage. Ce serait bien d'aller au golf à l'heure du déjeuner, il n'y aura personne. La pause déjeuner est sacrée en province; je suis restée parisienne. Allez, j'enfile un pull à col roulé, il ne fait que 10° et j'y vais.

11 h 45.
Personne au départ, personne à l'horizon. Le pied. Les fairways sont humides mais pas détrempés, les greens ne sont pas interdits donc pas gelés. Je porte mon sac avec seulement trois clubs et un putter. Après neuf trous j'enlève un pull, la marche, le soleil m'ont bien réchauffée, je redémarre un deuxième neuf trous.
Le golf m'appartient, il est 13 heures, je suis la seule joueuse. Bonheur. Je pense à Thoreau, au sauvage solitaire, au silence. Un parcours de golf est loin d'une nature sauvage mais tout de même, en longeant la forêt sur les trous 4 et 5 j'entends les oiseaux, je sens l'odeur de l'herbe, des feuilles, de la terre humide, je me tords les pieds sur les châtaignes. Je longe le talus, j'ai raté mon coup, je ne vois pas ma balle mais soudain je m'arrête : un jeune lièvre ou lapin (il avait de grandes oreilles) près du talus. Je ne bouge plus, je le vois de dos mais il semble me regarder de son oeil gauche. J'ouvre la fermeture éclair de mon sac tout doucement pour prendre mon appareil de photo et pfuitt, la peluche s'enfuit. Zut! C'est la seconde fois que je voie un lapin sur ce trou. Il ressemblait à celui-ci, en moins gros :


De retour à la maison à 14 heures, je meurs de faim. Je déjeune, j'allume la télé : je tombe sur une opération de la mâchoire. Au secours! Je l'éteins. Je repense au petit lapin. C'était divin ce non-déjeuner au golf.

Un peu de repos avant d'aller rendre mes bouquins.

17 h.
Médiathèque. Emprunté un Jim Harrison : Lettres à Essenine et un Romain Gary : Charge d'âme.
Colum McCann rend un bel hommage à Jim Harrison pour ces Lettres ici. Je crois avoir fait un bon choix pour mon premier ouvrage de Jim Harrison. Essenine, poète soviétique fut "le chantre de la révolution d'Octobre" et l'époux de la danseuse américaine Isadora Duncan. Pour Charge d'âme je ne sais pas si mon choix est bon : conte philosophique ou science fiction? De toute façon, le jour où je serais déçue par un ouvrage de Gary il fera nuit!
En attendant, la lumière sur l'Odet en cette fin d'après-midi était magique.

Il n'aura manqué qu'une chose à cette journée pour qu'elle fût merveilleuse. Elle fut seulement formidable, ce n'est pas si mal.

"Hier soir j'ai bu une flasque d'alcool à cent degrés en regardant une photo de ma soeur. Morte depuis dix ans. Montrez-moi une seule blessure sur terre guérie par l'amour. J'ai donné une livre de boeuf à ma chienne mourante et je l'ai enterrée heureuse dans la cour de la grange."
Jim Harrison, in Lettres à Essenine.