mardi 29 novembre 2016

JOURNAL

Je me demande aujourd'hui comment j'ai pu poster mes derniers billets (sans intérêt) dans mon état vertigineux. Il est vrai que je m'obligeais, que je m'oblige toujours à faire quelque chose quand mon corps se dérobe comme si cela m'aidait à croire que je ne vais pas si mal; et pourtant... Peut-être est-ce cela La philosophie de l'effort, pensais-je en écoutant cette émission vendredi dernier.
Je pouvais écouter la radio et même lire un peu pendant ces trois dernières semaines éprouvantes. Assise tout allait mieux, mais debout j'étais comme sur un bateau, déséquilibrée, avec le mal de mer.
Je notais des phrases, des réflexions  que j'entendais à la radio, la plupart du temps sur France-Culture, parfois France-Inter, puis j'allais voir sur Internet la suite. Je notais tout ce qui me parlait... au gré de mon écoute, sans que les sujets n'aient aucune concordance :

Ange plein de gaieté, connaissez-vous l'angoisse,
La honte, les remords, les sanglots, les ennuis,
Et les vagues terreurs de ces affreuses nuits
Qui compriment le cœur comme un papier qu'on froisse ?
Ange plein de gaieté, connaissez-vous l'angoisse ?

Charles Baudelaire, Réversibilité (extrait)

"L'amitié en tant que telle peut faire battre le cœur.
L'amitié est la relation la plus nécessairement réciproque, ce qui n'est pas toujours le cas de l'amour."

"Je ne parle pas aux cons, ça les instruit." (Michel Audiard). 

Quand je n'écoutais pas la radio, je lisais un peu, pas très longtemps. J'avais emprunté un petit ouvrage dans une belle édition : Le Carnet du chat sauvage de Charles-Albert Cingria avec des dessins de Alechinsky. Reposant, j'en ai fait une bouchée. Commencé un roman d'un autre auteur Suisse : Justice de Friedrich Dürrenmatt, un écrivain et peintre dont j'ai déjà parlé ici.

Et puis, il y a huit jours, je n'en pouvais plus de ne pas bouger, de me confiner dans l'appartement, j'ai fait l'effort d'aller au cinéma. Mauvaise idée, non pas pour le film (quoique j'ai été un peu déçue : confus, mélo, long... ce n'est que mon avis) mais parce que la caméra bougeait sans arrêt et, dans mon état, il n'en fallait pas plus pour me donner la nausée. Bon, j'ai tenu le coup mais je suis sortie chancelante. Le film : Le client, du cinéaste iranien Asghar Farhadi.

Deux jours plus tard, vendredi dernier, déraisonnable, je décidais d'aller faire quelques trous au golf, en portant mon collier cervical!!! Je n'ai pas eu de vertiges, j'ai pu faire sept trous en swinguant comme une vieille, j'avais de plus le dos bloqué. J'avais pris l'air, je n'étais pas plus mal en point après qu'avant.

Le lendemain, samedi, j'allais de nouveau au cinéma mais cette fois pour un film de une heure et quart. Un film dont il faut connaître le sujet avant de s'y aventurer. Un film animé sur la "vieillitude" (=vieillesse/solitude). Un beau film doux, bouleversant, lent, des images comme des tableaux; parfois déchirant si l'on se sent impliqué par le sujet. Deux spectatrices ont quitté la salle (à moitié vide, séance de 14 heures) avant la fin (une âgée et une jeune). Cette vieille femme abandonnée (vivant d'espoir) qui ne baisse jamais les bras est délicieuse (j'ai trouvé cependant que le doublage de sa voix par Catherine Frot était un peu monotone et  manquait de vigueur alors que le personnage en débordait, même dans sa lenteur. (Ce qui n'est pas l'avis de G. Odicino dans le lien ci-dessous).
"Louise en hiver, le cinquième long métrage de Jean-François Laguionie, est le plus beau des voyages immobiles, à la fois invitation à la vie et flirt facétieux avec la mort." 
Synopsis : 
À la fin de l'été, Louise voit le dernier train de la saison qui dessert la petite station balnéaire de Biligen, partir sans elle. La ville est désertée. Le temps rapidement se dégrade, les grandes marées d'équinoxe surviennent condamnant électricité et moyens de communication. Fragile et coquette, bien moins armée que Robinson, Louise ne devrait pas survivre à l'hiver. Mais elle n'a pas peur et considère son abandon comme un pari. Elle va apprivoiser les éléments naturels et la solitude. Ses souvenirs profitent de l'occasion pour s'inviter dans l'aventure.
J'en suis sortie cette fois sans nausée, avec le sourire, l'impression d'être sur un nuage... enveloppée tout de même de mélancolie.
Je rentrais à pieds sous un ciel sombre, par la rive droite, côté Cap-Horn.




Le lendemain, dimanche, j'allais faire quelques trous, sans minerve. Je swinguais toujours comme une vieille, avec les bras, sans pivoter, comptant sur le paracétamol pour m'aider à jouer. Puis au quatrième trou, léger vertige. J'ai dû aller directement au 9 pour terminer, avec mal au cœur. Bien fait pour moi! Je croisais un ami qui était sur le 1. 

Il fallait que je bouge, je dois - je crois - apprendre à vivre dans cet état quasi permanent d'ébriété, me faire à cette idée, continuer de vivre comme si c'était normal.

Hier, lundi, le temps (comme aujourd'hui) était magnifique : sec, ensoleillé, vent d'Est cinglant.  J'allais prendre l'air au bord de la mer.



Ça caillait vraiment. Je pensais qu'un bon thé sur le port allait certainement me dégeler; mais cette fois, c'était bien la fin de saison. Il faudra attendre Noël ... pour se réchauffer, tous les bistrots étaient fermés.




Face au soleil, je "capturais" cette femme sur le banc...


... je retournais à ma voiture. J'avais froid. 
Nous étions le 28 novembre (*_*) et la circulation était fluide!