dimanche 21 février 2016

"Un robot chirurgical ça ne picole pas"




J'écoutais hier une des émission de René Frydman, Révolutions médicales et son invité : Laurent Alexandre, Chirurgien, expert en nouvelles technologies et intelligence artificielle et président de DNA Vision, société spécialisée dans le séquençage du génome humain. 

Le professeur Guy Vallancien (également invité, était absent), chirurgien, professeur de médecine, membre de l’Académie de médecine et président de l’école européenne de chirurgie à l’université Paris-Descartes, auteur de La médecine sans médecin ? Le numérique au service du médecin (Gallimard, 2015), accepte ce qu'il nomme le progrès médical :
"[...] dans cette nouvelle médecine où l’outil informatique prend de plus en plus de place. Libéré par la technique, le médecin pourra se consacrer au dialogue, au lien, à la personnalité du patient, lequel sera devenu acteur à 100% de la gestion de son trouble."


"En médecine on voit déjà les robots, en particulier en chirurgie, mais il reste un chirurgien derrière la console, derrière l'écran du contrôle du robot.
La révolution pour les chirurgiens c'est dans 15 à 20 ans, quand il n'y aura plus de chirurgien pour contrôler le robot chirurgical, et que le robot chirurgical fera mieux que le chirurgien en toutes circonstances. Ça, ça va être un choc, extrêmement violent., et on n'y prépare pas du tout les étudiants en médecine qui se préparent à faire chirurgie.
Nous sommes sans doute à 15, 20 ans où le robot chirurgical opèrera sans chirurgien. La Google Car, pour revenir à elle, et demain les autres voitures qui se conduisent toutes seules, nous montrent que nous ne sommes plus très loin, une à deux décennies maximum, d'avoir une robotisation intégrale de l'acte chirurgical.
Aujourd'hui nous sommes à l'enfance, la première enfance de la robotique chirurgicale. Demain on va robotiser comme dans tous les secteurs d'activités, de larges pans de l'activité médicale; les gens vont s'y habituer progressivement. On réalisera que le robot chirurgical opère mieux que les mauvais chirurgiens, puis dans un deuxième temps, opère mieux que les moyens chirurgiens, puis mieux que les bons chirurgiens et puis mieux  que les meilleurs chirurgiens. Et puis un jour on réalisera que les robots, contrairement aux chirurgiens, ne picolent pas - alors que certains chirurgiens picolent -, qu'ils ne tremblent pas, qu'ils ont en mémoire le million de dernières [...] qu'ils ont la capacité en temps réel d'examiner les vaisseaux..., de faire des dissections mille fois plus précises qu'un chirurgien n'est capable et là encore, le chirurgien sera "bouté" en dehors de l'acte technique. Ça ne va pas se faire en cinq minutes, ça va se faire sur 15 à 25 ans; ça va être un traumatisme pour les chirurgiens, et quand vous prenez les jeunes chirurgiens qui sont en internat aujourd'hui, personne n'a été averti de cette évolution-là. On fait croire aux jeunes chirurgiens qu'il y aura toujours un chirurgien pour accompagner le robot chirurgical. [...]". (Laurent Alexandre).
Émission fort intéressante, à l'ère d'Internet où foisonnent les sites et forums sur la médecine. Laurent Alexandre fut le fondateur du site DoctissimoEn réécoute ici :