vendredi 17 avril 2015

"La tristesse de la frivolité, la banalité des idées et des goûts à la mode"

Hier, au golf, ciel couvert, temps idéal pour faire un parcours, la chaleur des jours précédents m'avait déjà anéantie.
A l'heure du déjeuner... fairways quasi désertés, je jouais deux balles.
Il s'agit d'un golf 9 trous dans la campagne. Très charmant, si ce n'étaient ses difficultés techniques, ses vallons éprouvants quand on tire son chariot. Les moins courageux de ce club et la plupart des seniors ont opté pour le chariot électrique. Les plus courageux et finalement les plus sensés préfèrent porter leur sac.
Solitaire comme souvent mais encouragée par mon coach derrière les nuages, j'étais, non pas derrière mais sur un petit nuage de bonheur dans le silence de la campagne, les champs de vaches côtoyant les greens, silence seulement troublé par le coassement de quelques crapauds dans un petit étang, le chant des oiseaux et, les canards trottinant sur l'herbe après leurs ablutions dans l'étang aux crapauds, avant de prendre leur envol (c'était superbe et n'ai pas eu le temps de les prendre en photo).
Bref, divin! pour ce qui concerne le côté champêtre de l'environnement, mais parfois exaspération! quand les coups ratés font atterrir la balle dans un bunker à l'écossaise - dans lequel si vous ne mesurez pas 1m95 vous ne voyez plus le drapeau - ou dans un ruisseau, quand le trou sur lequel vous jouez vous rend fou par ses obstacles à franchir, voire infranchissables si vous n'êtes pas une championne.

J'ai donc eu le droit, hier, au fameux bunker, duquel je n'ai pas réussi à sortir avec mon club (sandwedge). Après cinq! oui cinq coups infructueux, j'ai honteusement (personne ne m'a vu (0_0)) ramassé ma balle et je l'ai balancée sur le green... à 50 cm de drapeau. Ah ah! quelle championne. J'ai ratissé le bunker comme il se doit et remonté les escaliers. J'ai enguirlandé mon coach qui ne m'a pas aidé d'un pouce derrière ses nuages. Pfff! Petit montage photo (cliquer sur l'image, puis afficher l'image pour voir la balle dans le bunker et la première, réussie (non mais), sur le green. Il faut une loupe pour voir la balle dans le bunker, première image, à gauche à côté d'un petit tas d'herbe).


Trois trous plus loin, j'ai rattrapé une équipe de 4 joueurs. Ils étaient sur le trou fatidique, un PAR 5 d'enfer, celui au ruisseau, à l'étang, au rough effrayant mais qui n'aurait pas perturbé un Ballesteros et aujourd'hui un Jordan Spieth.
Je les ai discrètement doublés et j'ai donc pu faire ces photos (montage) où l'on voit deux d'entre eux qui cherchent leur balle dans le rough avant le ruisseau, un autre qui semble avoir trouvé la sienne avant le ruisseau et le meilleur qui attend, devant, entre le ruisseau et l'étang. Ils ne sont pas sortis de l'auberge... Montage deux photos (comme pour la précédente, cliquer... afficher... pour voir les pôv' gars (0_0)). J'avoue, encore honteusement, avoir occulté ce trou...


... j'en profitais pour photographier les canards et les vaches au green du 8...





... avant d'aller récupérer ma balle que je venais de driver au 9 dans le ruisseau. Eh oui! le ruisseau traverse quatre trous : le 1, le 7, le 8 et le 9. Il ne faut pas jouer petits bras et, ce n'était pas mon jour, mon coach m'avait laissé tomber.

Cela n'a pas entamé ma joie d'être là...



Et soudain je repensais à ces pages de Georges Borgeaud que j'avais récemment lues dans Le voyage à l'étranger et je me trouvais alors futile, voire coupable (de quoi? de vivre?) et ne voulais pas être de "ces gens-là" :

"Je ne cacherai pas que des vacances, passée dans la compagnie de gens pour qui la dépense n'était pas un souci, me révélèrent la tristesse de la frivolité, la banalité des idées et des goûts à la mode, enfin la routine des loisirs. C'est que je croyais encore au pouvoir des moyens matériels pour préserver de l'ennui, pour éveiller l'imagination, combler les nobles désirs, effacer les heures creuses, bref empêcher le bâillement de nos âmes, comme la mienne s'était décroché les mâchoires à subir la platitude de mon milieu. Mais le bâillement des riches est pitoyable. De quoi les accuserais-je, moi, qui ai aussi sommeillé dans ma pauvreté.
[...]
Sans doute, je le reconnais, j'étais entré dans un monde snob, disons le mot, parisien, qui est une  nuance de plus. Intelligent, insaisissable et négatif.
[...]
Enfin, j'ai eu le temps de me persuader de la grande fantaisie de la nature, qui a dispersé ses dons et ses travers sur toutes les classes de la société. La vraie hiérarchie est celle qui ne tient jamais compte de la situation de quelqu'un mais de sa nudité morale."