dimanche 1 février 2015

"Sur ces brisants le flot déferle avec un bruit incessant..."

5° et un vent impressionnant à Penmarc'h au Phare d'Eckmühl près du Sémaphore. Pourtant la mer paraissait calme.
Tenir debout pour faire des photos était pour mon poids plume un exploit. D'ailleurs celle-ci a été prise alors que je perdais l'équilibre. Elle n'est pas floue, étrange.


 



Le phare d'Eckmühl

 « Dans les brumes de l'Atlantique, une terre plate, faisant à peine saillie au-dessus du flot, effilochée pour ainsi dire par la tempête. Tout autour de cette pointe avancée, une meute hurlante d'écueils : les Étocs, Poul-Bras, Villers-Bras, Nona, Bassé-Névés, Feloir. Sur ces brisants le flot déferle avec un bruit incessant que domine, à intervalles réguliers, le cri étrange, l'espèce de respiration monstrueuse de l'Anse de la Torche. (...) Sur la terre râpée par la fougue des vents, point d'arbres ; à peine quelques champs de pommes de terre et de vagues pâtures, où l'eau reste stagnante. La végétation est remplacée par une étrange poussée de granite : des clochers, des tours, des ruines. Dans la commune, il y a six églises : Saint-Nonna, Sainte-Thumette, Saint-Pierre, Notre-Dame-de-la-Joie, Saint-Fiacre, Saint-Guénolé ; de nombreuses maisons-fortes du XVe siècle ; deux anciens phares déclassés et le phare le plus puissant de France : Eckmühl. »

Henry Reverdy, 1903.


Le Vieux Phare à droite et le Sémaphore à gauche

Tout paraît calme sur ces photos, on n'imagine pas le vent hurlant dans mes oreilles (fragiles). Un aperçu dans cette vidéo. Ça donne une idée de ce que ce doit être un jour de tempête, tandis qu'aujourd'hui c'est relativement calme. Je ne m'y aventurerais pas, sauf si je veux être emportée par un Éole diabolique!


Mais pourquoi suis-je venue voir cette  pointe du bout du monde ce dimanche? Le hasard. Une B.A. à faire au Guilvinec : préparer la maison des parisiens qui ne vont pas tarder, mettre du chauffage, balayer les bestioles mortes qui prolifèrent quand la maison est vide et un "chouia" humide. Et là, ce n'était pas du luxe pour le chauffage, il faisait 5° dans le séjour. Ouille!
J'ai voulu faire de cette B.A., d'une pierre deux coups et, je suis allée déjeuner dans un bistrot sans prétention mais sympathique avec un patron à l'accueil chaleureux.
En dégustant mon steak de thon parfaitement cuit, rosé et tendre, j'aperçus sur la vitre une affiche : exposition du 31 janvier au 8 mars 2015 au Vieux Phare de Penmarc'h, le titre me plaisait : SOUFFLE et SILENCE. Chouette, je vais faire d'une pierre non pas deux coups mais trois en allant voir cette expo. De plus, ça faisait des années que je n'étais pas allée à Penmarc'h... en hiver.
Et me voilà donc sur le site à prendre ces photos -bien campée sur mes deux jambes pour ne pas basculer - avant d'aller voir cette exposition, dont je ne savais rien, au Vieux Phare.


Allons-y, allons-o... au premier étage du phare (dommage que ce ne soit pas plus haut, pour la vue, me disais-je).




Je passe rapidement sur cette exposition de peinture et de photographies de Stéphane Butet, que je ne connaissais pas. Une découverte qui ne m'a pas fait vibrer ni intéressée. Mais bon, les phares et le site de Penmarc'h valent le déplacement.


Cliquer sur l'image pour lire 

 Le seul tableau qui a retenu mon attention, celui-ci,
par son titre plus que par sa facture : Le dernier jour.


Va-t-il se jeter à l'eau? 

Mais je n'étais pas venue pour rien, je préférais regarder par la fenêtre...


... j'étais venue pour ça :


Le SOUFFLE était à l'extérieur et le SILENCE, intérieur.
Il y avait une projection d'un documentaire de 17 minutes, de Stéphane Butet - "rompu aux voyages solitaires" - au Groëndland, plus parlante si j'ose dire. Extrait :


  


Le Phare d’Eckmühl est une grosse lanterne.
   Si tu as perdu ta route sur la lande tu regardes à droite ou à gauche et tu vois où est Saint-Guénolé.
   Depuis que je vous connais, Marie Guiziou, j’ai cherché vos yeux sur toutes les mers de cette terre-ci.
   Mais vos yeux tournent de côté et d’autre partout où il y a des amoureux.
   Marie Guiziou, Marie Guiziou ! La vie est comme la lande pour moi et vous êtes pour moi comme le phare d’Eckmühl.
   Marie Guiziou ! Ma vie est comme l’océan autour de Penmarch ! et si je ne vois vos yeux, je suis un naufragé sur les rochers. 

Max Jacob, Le Phare d'Eckmühl.