mercredi 29 juin 2016

Veiller à ne jamais faire pitié

Ce soir en sortant du cinéma, à 18 h 20,  je n'étais pas éblouie par la lumière, comme ce 20 novembre quand je sortis de la même salle, à peu près à la même heure. Ce soir, le ciel était gris sous le crachin et pourtant, je trouvais encore à cet instant que le paysage était beau. Il convenait parfaitement à ce que je ressentais, depuis des jours et des jours. Oui, la grisaille était en harmonie avec mes pensées, la grisaille m'était douce, elle me réconfortait, je ne déparais pas, je me confondais avec elle, peut-être même je me fondais en elle. Une lumière vive, éblouissante m'aurait agressée et puis, je n'aime pas l'été. Après le film que je venais de voir (avec eux, pour être près d'eux, uniquement) - il va faire un "carton" a-t-il dit en sortant du cinéma (hum!) - c'est de-cette-grisaille-là exactement dont j'avais besoin. Eux, n'y ont pas fait attention à la beauté de cette grisaille en sortant de la salle. Ils sont vite retournés à leur voiture. Arrivée à la mienne je leur ai fait un petit signe quand ils m'ont dépassée, c'est alors que j'ai pris mon appareil et que je suis retournée devant le cinéma prendre ces photos : ce que j'ai vu en sortant du cinéma. Cette brumisation sur mon visage était jouissive. Je me sentais bien, dans cette grisaille, sous ce crachin. C'est l'été depuis huit jours (*_*).











Il était trop tôt pour dîner au restaurant mais je n'avais pas envie de rentrer, faire cuire des pâtes, faire mes courgettes et mon poivron, cuire mon poisson, puis faire la vaisselle. Oh non je n'en avais pas envie mais il n'était que 18 h 45! Je remontais dans ma voiture et je m'arrêtais à Sainte-Marine où le ciel était aussi sombre et le crachin aussi dense. Il y avait de la lumière à la crêperie, vu de l'extérieur pas un pékin, je rentre. Un couple était attablé. On me dit que les tables près de la baie vitrée sont réservées, on me propose une table d'où, tout de même, je domine le petit port; épatant. On me précise que le service ne commence que dans un quart d'heure. Pas de problème, je peux patienter avec cette vue dont je ne me lasse pas, dans le silence et sans musique. Ouf!




J'avais eu le temps de prendre ces deux photos, en une demi heure la salle était pleine, en bas et sur l'estrade. J'étais, comme d'habitude la seule cliente seule. Je me demandais quel effet ça pouvait faire de voir une femme seule au restaurant. Et je repensais à ces mots lus le matin dans un JDD, qu'un père avaient prononcés avant de mourir en s'adressant à sa fille* : "de veiller à ne jamais faire pitié". Je les ai fait miens depuis toujours.

* Marie Dabadie, secrétaire générale de l'académie Goncourt.