dimanche 21 septembre 2014

Elle était jeune et belle

 
Louise de Vilmorin (1902-1969)

J'écoutais ce matin l'émission de Charles Sigel : Louise de Vilmorin. Deux heures de gaîté, de drôlerie, de frivolités mais aussi de mélancolie. Un régal. A réécouter ici.

"Francis Poulenc disait joliment d'elle :
"Peu d'êtres m'émeuvent autant que Louise de Vilmorin : parce qu'elle est belle, parce qu'elle boîte, parce qu'elle écrit un français d'une pureté innée, parce que son nom évoque des fruits et des légumes, parce qu'elle aime d'amour ses frères et fraternellement ses amants. Son beau visage fait penser au XVIIème siècle, comme le bruit de son nom. Je l'imagine amie de "Madame" ou peinte par Philippe de Champaigne, en abbesse, un chapelet dans ses longues mains. Louise échappe toujours à l'enfantillage en dépit de sa maison de campagne où l'on joue autour des pelouses. L'amour, le désir, le plaisir, la maladie, l'exil, la gêne sont à la source de son authenticité.""

Et pour ceux qui ne prendront pas le temps de l'écoute et qui n'ont pas deux heures à "gagner", cette vidéo qui donne une idée de la personnalité de Louise de Vilmorin : une femme simple, pétillante, lucide et mélancolique, l'auteur du délicieux roman Madame de et qui parle de "l'âge" sans se voiler la face!





Je ne suis plus là pour personne,
Ô solitude ! Ô mon destin !
Sois ma chaleur quand je frissonne,
Tous mes flambeaux se sont éteints.

Tous mes flambeaux se sont éteints,
Je ne suis plus là pour personne
Et j’ai déchiré ce matin
Les cartes du jeu de maldonne.

Solitude, ô mon éléphant,
De ton pas de vague marine
Berce-moi, je suis ton enfant,
Solitude, ô mon éléphant.

Couleur de cendres sarrasines,
Le chagrin me cerne de près,
Emmène-moi dans la forêt
Dont les larmes sont de résine.

Si j’évite la mort, c’est que je veux pleurer
Tout ce qui me fut proche et ce qui m’a leurré.
Allons dans la forêt sous la sombre mantille
Que trame de tout temps la vertu des aiguilles.

Je ne veux plus revoir dans l’océan du ciel
La lune voyager en sa blondeur de miel,
Ni sa barque en croissant me priver d’une idylle
Qu’elle emporte à son bord parmi d’autres cent mille !

(Louise de Vilmorin, Solitude, ô mon éléphant, 1972)
Poème posthume.

Elle termina sa vie avec son amour de jeunesse, André Malraux.

Un entretien sur la RTS à voir et écouter...