Je reviens donc sur ce Caravaggio (1986) de Derek Jarman que j'ai trouvé superbe d'un point de vue pictural, une suite de tableaux extraordinaires sur l'écran, la peinture en clair-obscur et "la vie passionnée du peintre lombard Michelangelo Merisi da Caravaggio, dit "Caravage" ou "Le Caravage" (1569-1609), protégé du Cardinal del Monte.
Jarman s'intéresse au triangle amoureux entre Caravage, Lena et Ranuccio.
Le film a reçu un Ours d'argent pour sa conception visuelle lors de la Berlinale en 1986.
Dans le coffret DVD (qui contient également un autre film de Derek Jarman, Wittgenstein et, c'est d'ailleurs ce titre qui avait attiré mon attention, étant depuis longtemps intéressée par ce philosophe (Ludwig) que j'avais eu envie de découvrir après avoir lu Le Neveu de Wittgenstein de Thomas Bernhard (ce "neveu" étant en fait Paul, le frère de Ludwig))....
(Sur ces deux films, lire critikat, un condensé bien mieux résumé que le bla-bla-bla que je pourrais en dire... et que je vais dire. Tsss!)
... dans ce coffret donc, il y a un petit livret avec une interview exclusive de Derek Jarman. Quelques extraits :
Dans le coffret DVD (qui contient également un autre film de Derek Jarman, Wittgenstein et, c'est d'ailleurs ce titre qui avait attiré mon attention, étant depuis longtemps intéressée par ce philosophe (Ludwig) que j'avais eu envie de découvrir après avoir lu Le Neveu de Wittgenstein de Thomas Bernhard (ce "neveu" étant en fait Paul, le frère de Ludwig))....
(Sur ces deux films, lire critikat, un condensé bien mieux résumé que le bla-bla-bla que je pourrais en dire... et que je vais dire. Tsss!)
... dans ce coffret donc, il y a un petit livret avec une interview exclusive de Derek Jarman. Quelques extraits :
"Tout a commencé en 1978, au cours d'une projection privée, lorsqu'on m'a demandé si tourner un film sur Caravage m'intéresserait. Je n'avais pas de notions très étendues sur ce sujet si bien que Nicolas Ward-Jackson, le marchand d'art, producteur du film, m'a envoyé quelques livres le jour suivant et passé commande du scénario. Je suis allé deux mois à Rome [...] et j'ai écrit le tout premier scénario de Caravaggio. A compter de ce moment-là, les versions se sont succédées [17 au total], envisageant toutes les directions possibles."
[...]
"Lorsque j'ai eu l'idée de ce film, très peu de gens savaient qui était Caravage. Pour ma part, je connaissais son nom, je pouvais aussi lui associer quelques œuvres, mais je ne savais rien de sa vie lorsque je me suis lancé dans cette entreprise. [...]
Aujourd'hui [en 1985], tout le monde connaît Caravage, en a entendu parler et songe (du moins je l'espère) à aller faire un pèlerinage esthétique à Rome pour contempler sa peinture. Je l'espère, dis-je, car son œuvre picturale est tout à fait extraordinaire et admirable, ce dont on ne se rend pas vraiment compte lorsqu'on n'a sous ses yeux que des photographies de ses peintures. (...) Il ne s'agissait pas pour moi de filmer une biographie fidèle de Caravage, de faire un documentaire. Il s'agissait de mettre en valeur, de reproduire des éléments reflétant sa/ma vie et ses/mes propres expériences, et de les mettre au premier plan. (...) J'ai montré Caravage comme faisant partie de la haute société. Il s'exprime dans la vie privée d'une manière toujours très polie. Je n'ai pas voulu en faire un rebelle. Mon Caravage doute de lui-même et de son œuvre. Et je l'ai fait en connaissance de cause, car cela reflète probablement ma propre situation. (...) La vie tourmentée du Caravage aurait pu être un bon prétexte pour réaliser un film plein de fureur. Le Caravage a été honni par la presse à scandale de l'époque parce qu'on le considérait comme un meurtrier, comme un homme monstrueux. [...] Dans ce contexte, ses peintures ne sont pas aussi violentes qu'on a bien pu le dire. Elles sont même paisibles. Ce mythe d'un Caravage voyou et impétueux dont les peintures seraient sanglantes trouve écho dans la façon arbitraire dont les censeurs voient mon œuvre. Caravaggio a été interdit aux moins de 18 ans parce-qu'il-est-réalisé-par-Derek-Jarman."
"La sexualité de Caravage, bien sûr, est affaire de supposition, mais je pense qu'il ressort de toute évidence de ses œuvres qu'il était homosexuel. Il se peut que les licences que notre récit prend avec l'histoire du personnage de Tomasoni relèvent du mythe. Pourtant, je pense qu'il est possible de tirer de ce mythe une leçon, même si c'est une leçon fragile issue de mon propre travail.
Caravage a signé sa Décapitation [Décollation] de Saint Jean, sa seule toile signée connue, à l'endroit précis du tableau où coule du sang. Sur le plan émotionnel, c'est un choix d'une incroyable puissance. Cette signature n'a d'ailleurs été découverte qu'à l'occasion de la restauration du tableau."
Derek Jarman, le cinéaste, metteur en scène, réalisateur, a choisi pour interpréter le Caravage, Nigel Terry (1945-2015) qui ressemble il est vrai au portrait de Caravage, que j'ai reproduit dans mon précédent billet.
Nigel Terry, Michelangelo Merisi, dit Caravage
Nigel Terry, décédé en avril 2015 est surtout connu pour son rôle dans Excalibur : le Roi Arthur. Lors de mes recherches, je n'ai guère trouvé d'articles sur cet acteur faisant mention de sa magnifique interprétation dans celui de Caravage. Ceci pourtant, dans Le Figaro, après sa mort:
"En 1986, il joue le génial et fantasque peintre Michelangelo Merisi da Caravaggio dit Le Caravage dans le film Caravaggio de Jerek Jarman. En 1991, toujours sous la direction du même réalisateur, il campe Le baron Mortimer, l'amant de la Louve de France, la reine Isabelle d'Angleterre et fille de Philippe le Bel dans Edward II. On le retrouve en 1992, au côté de Marlon Brando et Catherine Zeta-Jones dans Christophe Colomb : la Découverte de John Glen"
Le Figaro écrit Jerek Jarman au lieu de Derek Jarman et, je ne vous dis pas les erreurs de dates, de noms que j'ai pu noter sur différents sites au cours de mes recherches. Il faut vraiment vérifier ses sources. Peu d'articles également sur ce film qui n'est même pas toujours mentionné dans la filmographie des acteurs-interprètes.
A propos du choix des acteurs, ce qu'en dit Derek Jarman :
"J'ai toujours pensé que Nigel Terry ressemblait étrangement à Caravage. Mais ce n'est pas parce qu'il lui ressemblait que je l'ai d'abord choisi. C'était juste une raison de plus. J'ai choisi les autres acteurs à mesure qu'ils venaient me rendre visite. [...] J'ai choisi les gens qui me semblaient avoir une sorte d'indépendance, qui exprimaient un sentiment d'insatisfaction vis-à-vis de leur carrière théâtrale, et qui avaient des idées bien arrêtées et tranchées sur leur situation en dehors du monde du théâtre. J'ai aussi sélectionné des gens qui avaient des visages fascinants."
(Textes extraits d'un entretien réalisé au National Film Theatre en 1985 quelques jours avant la sortie du film en salles en Angleterre).
Dexter Fletcher , Caravage jeune
Sean Bean, Ranuccio Tomasoni
"Shaun Mark Bean, plus connu sous le nom de Sean Bean, est un acteur britannique de cinéma et de télévision, né le à Sheffield, au Royaume-Uni. Après avoir été diplômé de la Royal Academy of Dramatic Art, il fait en 1983 ses débuts professionnels au théâtre avec Roméo et Juliette."
Spencer Leigh, Jerusaleme sourd-muet qui restera
le fidèle compagnon de son maître Caravage, qu'il vénère.
L'actrice Tida Swinton (née en 1960) est magnifique. Elle avait 23 ans lors du tournage, commencé en 1983.
Nigel Terry et Tina Swindon, Lena
Dans le bonus du DVD, (sorti en 2007) elle parle du film, du tournage et, du charisme de Derek Jarman. Selon Tida Swinton, les films de Derek "racontent une même histoire, la sienne".
"Tilda Swinton a étudié à la West Heath Girls' School [...]. Diplômée de l'Université de Cambridge en sciences politiques et sociales, elle intègre la Royal Shakespeare Company en 1984, qui la lance sur la scène théâtrale."En bonus également une interview, passionnante, du décorateur Christopher Hobbs qui explique qu'il aura fallu sept ans pour mener à bien le projet de ce film, réalisé en studio, le budget étant trop limité pour le tourner en Italie. Nicholas Ward-Jackson (le marchand d'art et producteur du film) a tenté quelques contacts pour tourner dans de grands palaces italiens, sans succès, cela dépassait leur budget.. Il a fallu à Jarman une ingéniosité extraordinaire, un travail immense pour faire ce film, en studio.
Quelques captures du film Caravaggio ci-dessous
qui m'ont rappelé quelques souvenirs (*_*)
(L'abstraction dans le détail de la figuration...)
La
scène finale du film représente une des œuvres majeures
de
Caravage et se trouve au Musée du Vatican :
Déposition de Croix
(Scène du film ci-dessous)
L’œuvre originale, pas de photo ici, reproduction interdite,
à voir sur le site du Musée du Vatican.
à voir sur le site du Musée du Vatican.
Michelangelo Merisi, dit Le Caravage (Caravaggio),
(Milan 1571 - Porto Ercole 1610)
Déposition de Croix, 1600-1604 environ
Huile sur toile, cm 300 x 203
Inv. 40386
Huile sur toile, cm 300 x 203
Inv. 40386
Petite vidéo de quelques scènes du film capturées sur mon écran
Conclusion :
Un coffret réunissant deux des films les plus aboutis du cinéaste anglais Derek Jarman, Caravaggio et Wittgenstein, en DVD dans la collection J’aime le cinéma! agnès b. de l’éditeur Cinemalta, qui a pour vocation de rendre visibles des films introuvables ou méconnus. À ce titre a déjà été publié un coffret renfermant deux films de Cassavetes, Love Streams et A Child Is Waiting.(Source critikat, avril 2006)
On devrait trouver ce coffret dans les bonnes médiathèques...
J'avais bien sûr entendu parler de Caravage et du Caravagisme caractérisé par le clair-obscur. Je ne suis pas sûre d'avoir appris beaucoup de choses sur la vie de Michelangelo Merisi, dit Caravage bien que ce film soit un "Biopic". Qu'importe, il m'a donné l'envie d'en savoir plus et sur le peintre et sur Derek Jarman. C'est un beau film dont l'intérêt va au-delà de la représentation picturale avec une mise en scène magnifique et surtout, j'ai découvert Jarman, un homme gai, gay et tourmenté (j'ai fait de nombreuses recherches sur sa vie), brillant, comme un diamant... Aujourd'hui, ce diamant est une étoile dans le ciel...
J'avais bien sûr entendu parler de Caravage et du Caravagisme caractérisé par le clair-obscur. Je ne suis pas sûre d'avoir appris beaucoup de choses sur la vie de Michelangelo Merisi, dit Caravage bien que ce film soit un "Biopic". Qu'importe, il m'a donné l'envie d'en savoir plus et sur le peintre et sur Derek Jarman. C'est un beau film dont l'intérêt va au-delà de la représentation picturale avec une mise en scène magnifique et surtout, j'ai découvert Jarman, un homme gai, gay et tourmenté (j'ai fait de nombreuses recherches sur sa vie), brillant, comme un diamant... Aujourd'hui, ce diamant est une étoile dans le ciel...
"Les étoiles sont les diamants du pauvre. Les riches cachent leurs diamants dans leurs caves, confus de les comparer aux richesses du Bon Dieu qui scintillent aux cieux." (Dixit une vieille femme dans Caravaggio. Traduction française).
© Iconic IMages/Terry O’Neill
Derek Jarman photographié par Terry O'Neill
Derek Jarman (1942-1994) (aurait eu 75 ans le 31 janvier 2017).
Je réitère, avec Françoise Giroud :
"C'est épatant, les artistes. Ils sont fous, mais pas vraiment comme tout le monde. J'ai un faible pour eux."
"C'est épatant, les artistes. Ils sont fous, mais pas vraiment comme tout le monde. J'ai un faible pour eux."
(Toutes mes photos sont des captures d'écran du film Caravaggio, sauf reproductions de tableaux).