Vérification faite hier : Ils étaient toujours là.
Je ne m'étais pas complètement trompée!
Je me suis renseignée auprès du "propriétaire", en fait, il y en a un de chaque espèce : un âne et un poney.
Toujours aussi triste de les voir plantés là. J'aurais bien fait comme la merveilleuse Gena Rowlands dans le merveilleux film que je viens de voir de, et avec le merveilleux John Cassavetes : Love Streams (1984). Oui oui, trois fois merveilleux, dix fois cent fois merveilleux. Gena Rowlands me bouleverse dans tous les films de Cassavetes. Quand elle emmène les poneys chez elle, c'est moi qui les emmène. Je suis une femme sous influence, je suis aussi toquée qu'elle. Ô ce sourire, cet instant de bonheur éphémère, quand elle les voit galoper dans la nature, vers la liberté. J'ai capturé ces scènes parce qu'elles ont à voir avec la bienveillance que je porte aux animaux et à leur liberté mais, évidemment, ce n'est pas le sujet principal du film.
(Captures d'écran)
Je ne savais pas que ce film était ressorti en salles (sans doute à Paris), je l'ai vu en DVD. Love streams, en français traduit par Torrents d'amour. Dans le film, Gena Rowlands (Sarah) parle plutôt d'un flux qui ne s'arrête jamais, incontrôlable, de l'amour. Et le bel, le fol amour de ce film c'est celui de ces deux êtres : Robert et Sarah. Elle, fragile et toquée, paraît folle aux yeux des autres, mais cette folie n'en est pas, elle n'est que ce torrent d'amour qui ne tient qu'à un fil (comme celui du funambule) pour ne pas tomber dans l'abîme le plus profond. C'est beau, c'est tendre, c'est violent, c'est cruel, c'est doux. Ce sont tous ces sentiments, renversants, qui bouleversent dans Love Streams.
"Cinq ans avant de mourir d’un cancer, John Cassavetes signait son ultime film. Ours d’or à Berlin, jamais repris en France depuis sa sortie, Love Streams est la quintessence de l’art cassavetien : beaucoup de passion et de travail.
LOVE STREAMS
avec lui-même, Gena Rowlands, Seymour Cassel, Diahnne Abbott
En 1984, Love Streams remporte l’Ours d’or au Festival de Berlin. Pour tous les cinéphiles, la cause est entendue : depuis vingt-cinq ans et son premier film (Shadows), John Cassavetes, avec sa belle gueule et son enthousiasme communicatif, incarne presque à lui tout seul le cinéma indépendant américain."
[...] Pourquoi les gens que vous aimez ne vous aiment-ils pas forcément ? Elle ne monnaie rien, Sarah, l’amour qu’elle éprouve pour les autres est un torrent pérenne. De l’autre côté, il y a Robert (John Cassavetes), un très riche écrivain accro à la débauche, qui héberge des prostituées dans sa grande maison (celle de Cassavetes, souvent vue dans ses films).[...] Que sont-ils l’un pour l’autre ? On l’apprendra bientôt. A vrai dire, c’est important et, en même temps, ça ne l’est pas tellement. L’important, c’est que Sarah et Robert sont deux âmes égarées qui se régénèrent l’une auprès de l’autre, parce que l’amour qu’ils se donnent est gratuit, n’attend rien en retour. Soudain, le film prend une autre tournure, devient troublant, presque gênant. Cet homme et cette femme, ces personnages, forment un couple qui se confond avec le couple que formaient Cassavetes et Rowlands dans la vie. Il y a entre eux un flot continu d’on ne sait trop quoi, qui dépasse le sexe et l’amour, et qui ne s’éteindra jamais, même s’ils se séparent physiquement."
(Source Les Inrocks, 1984)
"Comme toujours chez lui [Cassavetes], les êtres se déchirent dès lors qu'ils se caressent, la douceur se mue en violence, et l'effroi est de tous les plans. Peur de vieillir. Peur de mourir. Peur de se retrouver seul aussi : un soir d'orage, coiffé d'un chapeau de paille ridicule, Robert contemple, éperdu, sa maison envahie par les animaux que lui a achetés sa sœur, sa cinglée de sœur qui s'en va, elle, telle une héroïne de Tennessee Williams, vers une autre vie, vers un nouvel espoir qui sera forcément déçu." (Télérama).