dimanche 5 février 2017

Clair-obscur énième

Dimanche 5 février 2017.

Matin.

Ecouté cette émission (deux heures) hier et aujourd'hui. Me suis régalée. Quelle liberté cette femme. Il y a des moments à se tordre de rire quand elle parle du corps des hommes. Il faut dire que la situation de ce qu'elle raconte (avec Paul Guimard, qui n'était pas encore son mari) est vraiment cocasse. Rarement entendu des mots aussi directs, aussi crus. Elle l'a fait dans ses livres - notamment Les vaisseaux du cœur - mais les entendre ainsi dans une émission de Charles Sigel (pas du tout déstabilisé par ses propos, un homme délicieux, d'une grande élégance), j'ai vraiment éclaté de rire. Peut-être faut-il attendre d'avoir 86 ans pour être aussi libre?
 
Après-midi.

En sortant de la médiathèque le ciel était sombre. 
C'était la première fois, je crois (je ne suis plus sûre de rien), que je venais à la médiathèque un dimanche après-midi. Beaucoup de parents, avec des enfants sur les consoles de jeux vidéos, ou courant dans les allées. Ambiance agitée, on dira vivante mais un peu soûlante. J'ai vite fait mes recherches, cette agitation me fatiguait. De plus, les ouvrages que je recherchais étaient tous, malheureusement, sur des étagères au ras du sol. Après une tentative pour attraper un livre, j'ai senti un vertige en baissant la tête. Laissé tombé. Je venais déjà d'attraper à l'étage au-dessus un DVD, également sur l'étagère au ras du sol, un Cassavetes : Love Streams, avec Gena Rowlands; et un Kiarostami (à bonne hauteur) : Le Goût de la Cerise.  J'étais dans les rayonnages des Correspondances et Journaux intimes. Je me suis dépêchée de prendre, un peu au hasard, un ouvrage à hauteur de mes yeux pour vite me remettre d'aplomb : Journal particulier de Paul Léautaud. Je ris, en pensant à mes choix...
Je rentrais à pieds, au pas de course, avant que le ciel me tombe sur la tête. Le vent était glacial. Arrivée à 50? 100? mètres de chez moi, de grosses gouttes commençaient à tomber; je n'avais pas pris de parapluie. Alors je me mis à courir, dans la rue pavée, - attention à ne pas te casser la binette me dis-je -, une averse de grêle se pointait. J'eus le temps d'ouvrir ma porte d'entrée et d'être à l'abri. Ouf! Un mur oblique de grêlons s'abattait sur le toit de zinc.
Je montais rapidement l'escalier, me fit un thé pour me réchauffer. J'avais une petite faim, je grignotais un financier. L'averse de grêle fut brève. Le soleil se leva aussitôt et éclaira un morceau de ma bibliothèque. Il était 17 h 20. J'adorai voir ce clair-obscur, une fois encore.


Ce fut un dimanche plein de rêveries, de pensées sans matière, disons qu'il n'y avait rien qui pouvait me donner à penser, particulièrement. Pourtant, je pensais un peu aux quelques mots échangés hier, rapidement, avec un ami. Que signifie d'ailleurs cette expression : il y a matière à penser. Et voilà, ce n'est pas un hasard si je tombe là-dessus.