vendredi 2 septembre 2016

Ici est un ailleurs

Je rêvais d'un ailleurs en voyant ce superbe gréement, hier en fin d'après-midi en me promenant sur les pontons du port. AURORA.  Je tanguais légèrement en prenant mes photos, le ponton flottant était instable; je ne ferais pas un bon marin.





 De ce bateau émane le luxe, la beauté. Un esthétisme voluptueux.
Le petit vase rempli de roses épanouies près du pot de menthe 
faisaient battre mon cœur, sans raison.
Ce détail me touchait. J'aimais les propriétaires, sans les connaître.


Un port est un séjour charmant pour une âme fatiguée des luttes de la vie. L'ampleur du ciel, l'architecture mobile des nuages, les colorations changeantes de la mer, le scintillement des phares, sont un prisme merveilleusement propre à amuser les yeux sans jamais les lasser. Les formes élancées des navires, au gréement compliqué, auxquels la houle imprime des oscillations harmonieuses, servent à entretenir dans l'âme le goût du rythme et de la beauté. Et puis, surtout, il y a une sorte de plaisir mystérieux et aristocratique pour celui qui n'a plus ni curiosité ni ambition, à contempler, couché dans le belvédère ou accoudé sur le môle, tous ces mouvements de ceux qui partent et de ceux qui reviennent, de ceux qui ont encore la force de vouloir, le désir de voyager ou de s'enrichir.

Charles Baudelaire, Le port.

Je vais partir vers un ailleurs qui sera - si je le veux - aussi beau qu'ici, en espérant que mes tempêtes intérieures s'apaiseront :

La beauté des choses existe dans l'esprit de celui qui les contemple.
(David Hume)