mercredi 20 janvier 2016

De Kurosawa à Kiarostami... cherchez l'erreur

voici quelques extraits de, Et la vie continue
de Abbas Kiarostami

Farhad Kheradman



"Après le tremblement de terre de 1990 qui a ravagé le nord de l'Iran, un cinéaste et son fils tentent de rejoindre le village de Koker situé au centre de la catastrophe. L'homme s'inquiète de savoir si les deux enfants qui avaient joué dans Où est la maison de mon ami ? sont encore en vie. Il interroge les passants en leur montrant une photo du film de Kiarostami. Le cinéaste réalise alors que la vie continue... ".



J'ai capturé ces quelques images qui m'ont touchée et fait ce montage.


"L'homme" c'est Farhad Kheradman. Une présence qui crève l'écran. Le film date de 1991. Si j'ai ressenti de la tendresse et de l'empathie pour les enfants du film Où est la maison de mon ami? je l'ai ressentie tout autant pour cet homme, ses silences qui expriment l'inquiétude, les souvenirs, comme dans cet extrait (à la fin de la vidéo 6:15). Le "cinéaste" ne dit rien, mais son regard dit tout, quand il revoit cette maison (maison que l'on retrouve dans le troisième volet de la Trilogie), ce drap qui vole au vent... (à vrai dire, je vois ce qu'il voit, je ressens ce qu'il ressent... Étrange). Quand j'ai terminé de regarder un film de Abbas Kiarostami, j'ai besoin de ce silence, d'une espèce de méditation, de m'arrêter, me poser, de rester imprégnée de ces paysages, de cette musique intérieure, de ces visages, de cette générosité, de cette humanité. Je voudrais que tout cela continue de m'habiter... longtemps. J'en dis trop et, mal.

"Abbas Kiarostami est un des réalisateurs de la Nouvelle Vague iranienne (Cinemay-e motafavet ou « cinéma différent »), un mouvement du cinéma iranien qui commence vers la fin des années 1960 qui se caractérise par l'utilisation du dialogue poétique et de la narration allégorique pour traiter les séquences politiques et philosophiques. Il a reçu de nombreux prix dont la Palme d'or à Cannes en 1997 pour le Goût de la Cerise. Kiarostami est connu pour filmer les enfants comme protagonistes de films documentaires à style narratif, ainsi que pour des innovations en termes de réalisation." (Source France Culture, Laure Adler).

C'était donc le deuxième volet de cette Trilogie de Koker, précédé par Où est la maison de mon ami ? dont j'ai déjà parlé et, suivi de Au travers des oliviers.

"Au travers des oliviers pourrait se contenter d'être un film intelligent. Mais c'est, avant tout, un film vibrant de sensualité, drôle et chaleureux. On pense, parfois, aux Renoir, père et fils, peintre et cinéaste. Du second, Kiarostami tient le goût de la comédie humaine, l'amour des « petites gens » et ce souci de ne laisser personne sur le chemin : « Je ne crée pas, je choisis », dit Kiarostami, qui choisit, peut-être, mais n'écarte jamais."
(Télérama)

Et, ce même plaisir, d'entrer dans ces personnages plus vrais que fictifs, dans ces images, belles comme des peintures... de Renoir?... de Monet? Non, de Kiarostami!

"La frontière entre fiction et non-fiction est sensiblement réduite dans le cinéma de Kiarostami. Le philosophe français Jean-Luc Nancy, écrivant au sujet de Kiarostami, et plus particulièrement de son film Et la vie continue, prétend que ses films ne sont ni tout à fait de la fiction ni tout à fait du documentaire. Et la vie continue, écrit-il, n’est ni représentation ni reportage, mais plutôt "évidence""



 Tahereh Ladanian
 Hossein Rezai

 (C'est Hossein qui lui parle)

  

Je continue d'emprunter les films de ce cinéaste que je trouve à la médiathèque. Hier soir j'ai regardé Expérience, un film en noir et blanc, le premier? second? (1970/1973) long-métrage de Kiarostami. Je ne vais pas en rajouter, c'est de la même veine que Récréation et Le Pain et la Rue (que j'ai vus il y a deux mois) : superbe.


Je découvrais en janvier 2013 un cinéaste, avec  Like someone in love, le film passait au ciné-club Gros Plan de ma ville. J'étais persuadée alors, de voir un film d'un réalisateur japonais (=_=); il était indiqué film franco-japonais. Kiarostami, je ne connaissais pas, j'avais zappé son prénom et ce nom sonnait à mes oreilles comme Kurosawa* ou Kyoto (^_^) (shame on me). Je trouvais le film très beau, nostalgique, puis j'oubliais le nom de ce réalisateur. Puis, c'est là que je le découvre vraiment, en 2015, avec des textes qui me donnent envie de connaître son travail de cinéaste. Je visionne alors des films plus anciens, tournés dans son pays, l'Iran et, je suis enthousiasmée; ensuite, de plus récents (10 on Ten, Five, Copie conforme). J'en ai encore d'autres à découvrir.

* J'apprends, à l'instant où j'écris ce billet - donc après avoir écrit le paragraphe ci-dessus - en lisant sur Wikipédia la "biographie" de Abbas Kiarostami, ceci :

"En 2000, à la cérémonie des récompenses du Festival du film de San Francisco, Kiarostami surprend tout le monde en offrant son Prix Akira Kurosawa pour sa carrière de réalisateur à l’acteur vétéran iranien Behrouz Vossoughi pour sa longue contribution au cinéma iranien."

Il existe un Prix Kurosawa!!! qui a été décerné à Kiarostami!!! Non mais! je n'ai plus honte de ma confusion, quelle coïncidence.