Rousseau - Les Confessions, Launette, 1889, tome 1, figure page 0039
"Quoique né homme à certains égards
j'ai été longtemps un enfant."
Jean-Jacques Rousseau, Les Confessions.
"Je forme une entreprise qui n’eut jamais d’exemple, et dont
l’exécution n’aura point d’imitateur. Je veux montrer à mes semblables
un homme dans toute la vérité de la nature, et cet homme, ce sera moi.
Moi seul. Je sens mon cœur, et je connais les hommes. Je ne suis fait
comme aucun de ceux que j’ai vus ; j’ose croire n’être fait comme aucun
de ceux qui existent. Si je ne vaux pas mieux, au moins je suis autre.
Si la nature a bien ou mal fait de briser le moule dans lequel elle m’a
jeté, c’est ce dont on ne peut juger qu’après m’avoir lu."
Livre I.
"Je voudrais pouvoir en quelque façon rendre mon âme transparente aux
yeux du lecteur ; et pour cela je cherche à la lui montrer sous tous les
points de vue, à l'éclairer par tous les jours, à faire en sorte qu'il
ne s'y passe pas un mouvement qu'il n'aperçoive, afin qu'il puisse juger
par lui-même du principe qui les produit.
Si je me chargeais du résultat et que je lui dise : tel est mon
caractère, il pourrait croire, sinon que je le trompe, au moins que je
me trompe. Mais en lui détaillant avec simplicité tout ce qui m'est
arrivé, tout ce que j'ai pensé, tout ce que j'ai senti, je ne puis
l'induire en erreur, à moins que je ne le veuille ; encore, même en le
voulant, n'y parviendrais-je pas aisément de cette façon. C'est à lui
d'assembler ces éléments, et de déterminer l'être qu'ils composent : le
résultat doit être son ouvrage; et s'il se trompe alors, toute l'erreur
sera de son fait. Or il ne suffit pas pour cette fin que mes récits
soient fidèles, il faut aussi qu'ils soient exacts. Ce n'est pas à moi
de juger de l'importance des faits ; je les dois tous dire, et lui
laisser le soin de choisir. C'est à quoi je me suis appliqué jusqu'ici
de tout mon courage, et je ne me relâcherai pas dans la suite. Mais les
souvenirs de l'âge moyen sont toujours moins vifs que ceux de la
première jeunesse. J'ai commencé par tirer de ceux-ci le meilleur parti
qu'il m'était possible. Si les autres me reviennent avec la même force,
des lecteurs impatients s'ennuieront peut-être, mais moi je ne serai pas
mécontent de mon travail. Je n'ai qu'une chose à craindre dans cette
entreprise : ce n'est pas de trop dire ou de dire des mensonges, mais
c'est de ne pas tout dire et de taire des vérités."
Livre IV, Texte final.
Jean-Jacques Rousseau, Les Confessions.
« Que de riens, que de misères ne faut-il point que j’expose, dans
quels détails révoltants, indécents, puérils et souvent ridicules ne
dois-je pas entrer pour suivre le fil de mes dispositions secrètes, pour
montrer comment chaque impression qui a fait trace dans mon âme y entra
pour la première fois. »
Pourquoi Rousseau éprouve-t-il le besoin de tout dire, de dire toute sa vérité ?
Cette semaine dans les NCC : en immersion dans Les Confessions de Jean-Jacques Rousseau.