mardi 26 août 2014

"L'aile délabrée, emblème du courage"



Et rebelote! Les années se suivent et se ressemblent...

Hier matin, en reposant mon plateau vidé du petit déjeuner, un papillon de nuit planqué ailleurs est venu s'y poser. J'attrape le plateau doucement, le pose par terre, je prends un chiffon, hop! sur le papillon. Enfermé délicatement je vais l'évacuer par la fenêtre. Ça y est, envolé!



L'après-midi, profitant d'un temps épouvantable, j'époussette mes meubles et je fais bouger un tableau. Que vois-je sortir de derrière le tableau? Un autre papillon de nuit qui vient se poser sur une étagère. Ras le bol des papillons de nuit dans ma maison! Même technique - pas question de l'écraser - je le recouvre d'un chiffon que je secoue par la fenêtre mais il reste scotché au bord.  Deuxième essai et il s'est envolé. Je parierai qu'il y en a d'autres. Ils sont plutôt repoussants ces papillons de nuit mais je les protège, même si je les agresse sans doute en les faisant s'envoler le jour. Je continue de me demander ce qui les attire chez moi. C'est vrai que mes fenêtres sont ouvertes même à la nuit tombée, et toute la nuit.


« C'est une soirée très ordinaire, dans un coin de la ville. Les papillons sont là. Ils tourbillonnent autour des lampadaires. Comme la lune est absente, les ampoules électriques s'emparent de l’idée de lumière : ils apparaissent alors mille fois plus fascinants. Les papillons s’en exaltent, s’en approchent, et en reviennent parfois. Le plus souvent, ils s’y brûlent les ailes. L’hécatombe est massive. Des centaines de dépouilles gisent au pied des pylônes.
Les survivants tourbillonnent encore autour des lampadaires, mais ils ont les ailes plus ou moins estropiées. Rares sont ceux qui n’arborent pas quelque chose d’abîmé. Pour les papillons de nuit, l’aile délabrée est l’emblème du courage : le signe d’un début d’expérience du grand secret de la lumière. »

Patrick Chamoiseau, Le papillon et la lumière.