Vendredi 13 juin.
Je rumine, pire je broie du noir. Il fait très chaud dans l'appartement. La terrasse : un four. A 15 heures je prends ma voiture direction Sainte-Marine. Les places à l'ombre sont recherchées au Café de la cale, j'en trouve une; une table inoccupée mais accolée à deux autres, occupées. Je demande si je peux m'asseoir là : avec plaisir (et un grand sourire) me dit le client qui, avec deux amis, semble sorti tout droit de son yacht!
La serveuse arrive, je lui demande un chose; elle me demande de répéter : vous ne faites pas de chose? lui dis-je (sans rire). Elle ne sait pas ce que c'est. Le yachtman à côté de moi, en riant dit : bien sûr qu'elle sait faire des choses et lui donne la recette : jus de pamplemousse et Schweppes. La serveuse sourit, s'en va puis revient avec mon chose. Elle avait compris, au bar on avait dû lui expliquer puisqu'elle me dit : voilà, avec de gros glaçons mais pas de balles de golf!
Vu mon spleen, j'aurais dû commander un Truc, jamais essayé!
Ce petit port est un havre de paix. Mon cocktail bu je pars faire une petite marche le long de la côte près du Fort. Je fais une pause, je m'assois sur un muret de pierres, je regarde l'eau claire gîter sur les roches, je pense à mes escapades avec nostalgie, avec le sentiment que je n'en ferai plus. Désir annihilé par l'angoisse de la solitude. Je reprends ma promenade, je ne vois que beauté du paysage, je me console, qu'irais-je voir ailleurs? Oui, bien sûr... mais cet ailleurs-là je ne le retrouve que là et là, je n'ai même plus cette impression de solitude.
Samedi 14 juin.
Rien fait. Lecture qui m'enthousiasme, en parler une autre fois, longuement : Sylvia de Emmanuel Berl. Une belle découverte. Merci à l'ami qui me l'a conseillé.
Dimanche 15 juin.
Une journée entière à rêver du Léman. Ça devient une obsession. J'attendrai les résultats de... mardi et selon, me déciderai à partir ou pas, là ou ailleurs.
A 18 heures, je lis sur la terrasse, un avion commence sa descente vers l'aéroport, j'envoie un texto à ma soeur : ça y est, ta fille arrive! C'était bien son vol; elle devait être épuisée de ce long voyage avec sa petite fille et cette fois, il y a en plus un petit frère... et les bagages!
Lundi 16 juin.
Après un week-end épuisant à rien faire : se bouger, penser à rien, jouer au golf. Pratiquement personne sur le parcours après les compétions du week-end. Génial. Je parle à mon coach, je lui dis : t'as vu, j'ai acheté des nouveaux clubs! M'a pas répondu, j'ai inventé une réponse : ma ti... j'espère que t'as acheté les meilleurs. Tsss! Ils sont plus légers, moins rudes pour mon dos mais pour le moment je ne les maîtrise pas parfaitement. Là, je l'ai entendu, il m'a dit : concentre-toi, bouge pas la tête! J'ai ri, là je le voyais vraiment, à côté de mon chariot, sa clope roulée scotchée sur sa lèvre.
Mardi 17 juin.
Réveillée tôt, pas de stress, se dire que le temps passe vite et qu'à deux heures ce sera fini. A dix heures moins cool, mal au ventre, je vais quand même en prendre un quart. A midi, salle d'attente puis perfusion. Je lui demande si je peux mettre des boules Quiès pour atténuer le bruit de marteau-piqueur (la dernière fois - il y a dix ans - je ne l'avais pas supporté), elle me dit : ça risque d'être pire avec la pression mais faites comme vous voulez. Et oui, je veux! Direction le tunnel, j'enfonce les boules bien ramollies dans mes doigts, à fond dans mes oreilles. Elle me met le casque, je lui dis que je ne veux pas de musique, la dernière fois c'était pire avec la musique puis me met une poire dans la main pour prévenir si j'avais un problème.
Tout s'est bien passé, super les boules Quiès, beaucoup plus supportable le marteau-piqueur!
Résultats avec la radiologue (glaciale, c'est un nouveau genre les médecins réfrigérants) : rien d'anormal = on ne peut rien faire contre vos vertiges. CQFD!
Jankélévitch a donc raison :
"Lorsque l’homme veut conjurer l’angoisse, il tombe bien souvent dans le vertige, car qu’est-ce que le vertige sinon une sorte de précipitation de l’homme impatient qui, pour lever l’hypothèque de l’angoisse, se jette tête baissée au devant de l’instant qui vient, afin de l’exorciser et de lever l’hypothèque de l’instant en instance."
Alors, je projette une escapade ou pas? La nuit porte conseil, attendons.