Richard Dindo (né le 5 juin 1944)
Cinéaste Documentariste Suisse
"Né en 1944 à Zurich, petit-fils d’immigré italien, Dindo se sentira
longtemps un étranger en Suisse. Fils d’un père « muet » et « absent »,
il sera en permanence à la recherche d’une figure paternelle à même de
lui transmettre l’héritage fondateur de la parole. Enfant d’ouvrier, il
sera marxiste, autodidacte, et revendiquera haut et fort le droit à la
parole que la société lui refuse.
Au départ donc, un problème aigu d’identité : qui suis-je ? quelle est
ma patrie ? Toute l’œuvre de Dindo ne sera, au fond, que l’élaboration
d’une réponse à ces deux questions. Une manière d’être au monde. Film
après film, le cinéaste va se créer un vaste « roman de famille »,
univers peuplé de résistants, de rebelles, d’artistes et de prolétaires.
Se constituant comme « fils des sujets qu’il filme », il va s’inventer
et se choisir des « pères », qui vont lui permettre de découvrir,
d’imaginer une autre société à travers laquelle il pourra se réconcilier
avec la Suisse.
De tous ces pères, le plus important sera le grand dramaturge Max Frisch. A travers la réflexion de cet écrivain qu’il considère comme le « premier intellectuel suisse », le jeune Dindo découvre deux choses. D’une part, l’expression puissante et critique de tout ce qu’il pense, ressent et ne cessera de dénoncer dans ses films : l’étroitesse d’esprit de la société suisse, l’arrogance de la bourgeoisie, le manque d’utopie, l’oppression intériorisée du consensus. D’autre part, une première réponse à son problème d’identité. A travers son écriture, l’auteur de Homo faber va le faire renaître à la parole et lui donner une patrie : le langage."
De tous ces pères, le plus important sera le grand dramaturge Max Frisch. A travers la réflexion de cet écrivain qu’il considère comme le « premier intellectuel suisse », le jeune Dindo découvre deux choses. D’une part, l’expression puissante et critique de tout ce qu’il pense, ressent et ne cessera de dénoncer dans ses films : l’étroitesse d’esprit de la société suisse, l’arrogance de la bourgeoisie, le manque d’utopie, l’oppression intériorisée du consensus. D’autre part, une première réponse à son problème d’identité. A travers son écriture, l’auteur de Homo faber va le faire renaître à la parole et lui donner une patrie : le langage."
Richard Dindo en 1968 (?)
(Photos : captures d'écran)
Des circonstances particulières m'ont amenée à m'intéresser à ce cinéaste méconnu - ou pas assez - en France. Pour ses 70 ans j'avais envie d'en parler, modestement, ici.
Depuis ma "rencontre" - disons plutôt ma découverte, il y a environ 6 ou 7 ans - avec cet artiste, terme qui prend tout son sens pour cet homme féru d'art, de littérature, amoureux des femmes, cinéaste engagé (?)* qui préfère dire qu'il filme des gens "engagés", depuis cette "rencontre" donc, j'ai fait pas mal de recherches sur son travail et pu ainsi prendre la mesure de son "œuvre".
* (Adèle, la jeune lycéenne qui interroge le réalisateur est assez croquignolette;-), Progrès à faire).
* (Adèle, la jeune lycéenne qui interroge le réalisateur est assez croquignolette;-), Progrès à faire).
J'ai aimé cette interview de 2005 que l'on peut écouter ici et noté ces quelques réflexions :
« Je
me définis moi-même avec mes choix ».
« J’aime
les gens qui perdent, je n’aime pas les gens qui gagnent ce sont des gens
dangereux, ceux qui perdent sont émouvants ».
« Je
suis optimiste par volonté, pessimiste par
intelligence ».
Il cite Primo Levi :
« Un homme qui a un projet dans la vie ne désespère pas ».
« Un homme qui a un projet dans la vie ne désespère pas ».
« C’est
après la mort que la vie se transforme en destin ».
« Le
lieu chez moi est toujours un lieu de mémoire » (cf. Rimbaud).
« Peur
de la mort, peur de l’avenir, de rater le temps, de n’avoir pas le temps, peur
de mourir trop jeune. J’ai atteint un point de non retour où je commence à
rentrer dans une espèce de maturité ».
Il regarde une photo, le visage
de Kafka et dit :
« Le langage est un objet de poésie ».
« Le langage est un objet de poésie ».
Et il termine avec la statue, le
visage de cette femme sumérienne, on comprend que peut-être la dernière partie
de son œuvre parlera des femmes « du continent
des femmes ».
« L’art
comme un objet de beauté et de mémoire ».
« C’est
nous, les artistes, les cinéastes, qui créons l’identité et donc la culture et
la mémoire ».
Et toujours à propos du visage de
cette femme sumérienne : « En tant que
biographe c’est sa vie qui m’intéresse, je voudrais connaître tout de sa vie,
son enfance, ses parents…. ».
Un jour, j'ai osé lui écrire pour lui dire que j'aimais son travail, que j'aurais aimé trouver son Max Frisch en DVD sous-titré français. Il m'avait alors aimablement répondu "je n’ai pas de DVD de la version française du Frisch, seulement encore une ou
deux très rares VHS.". Et, pour me remercier de mon intérêt il m'avait expédié ce documentaire qu'il avait réalisé : Aragon, le roman de Matisse. Superbe, avec la voix de Jacques Weber (extrait ici).
"Le film retrace la rencontre de ces deux géants de la culture française, à travers le magnifique texte d’Aragon et la splendeur des tableaux et des dessins de Matisse. Pour Aragon, Matisse représente pendant l’occupation et la tragédie de la guerre, « la liberté française qui n’est pareille à aucune autre. » « Quand la France était humiliée, et que Matisse peignait cette splendeur française. Le peintre du perpétuel espoir. »
Ce texte d’Aragon d’une rare beauté est admirablement servi par Jacques Weber."
J'ai poursuivi mes recherches sur ce cinéaste et fait quelques belles découvertes :
« Raconter la biographie d’un homme ne m’intéresse que si elle renvoie à quelque chose d’autre. L’importance de la vie d’un être est toujours au-delà d’elle-même. (Richard Dindo) »
A propos de Rimbaud
Film ici (2 h 20)
Film ici (2 h 20)
Actualité récente : Il vient de lui être attribué le Sersterce d'or,
Premier Prix Maître du Réel, attribué à un cinéaste du réel de renommée mondiale
BON ANNIVERSAIRE RICHARD DINDO !
(Avec un jour de retard, mais ça m'étonnerait qu'il passe par ici!)