Dimanche 13 janvier 2019.
Après un réveil difficile (je m'étais décidée hier soir à prendre ce somnifère que l'on trouve en vente libre à la pharmacie, après deux nuits d'insomnie, d'angoisse et d'idées noires) avec la tête lourde, je prenais un petit dèj. salvateur, en alternant les masques gel réfrigérés sur mon front pour atténuer le mal de tête, quotidien.
Le ciel était gris. Qu'allais-je faire de cette journée ? Je n'avais pas envie d'aller au cinéma.
En tartinant mes toasts, je repensais à cette émission que j'avais regardée à la télévision la veille : Le French Bashing je l'avais trouvée excellente et elle m'avait souvent fait sourire, rire (j'en avais besoin). On peut revoir l'émission en cliquant sur le lien et voir également les prochaines rediffusions :
"Lâches, fainéants, efféminés, infidèles et grévistes de père en fils : les clichés sur les Français ont la vie douce. Les Anglo-Saxons, qui affectionnent tout particulièrement ces idées préconçues, se font un plaisir de les faire circuler de par le monde. [...]"
Perdue dans mes pensées, je tapais dans Google : Vieillesse ! Ben oui, quand tout va mal dans ma tête, j'enfonce le clou. Quelle bonne idée ! Je tombais sur un site de France-Culture (ma radio adorée) et mon choix était vite fait : écouter l'émission sur Simone de Beauvoir. En voyant la première émission proposée dans cette série sur la vieillesse et la tête de Jeanne Calment, j'ai vite zappé, faut pas exagérer. J'avais déjà écouté il y a quelques semaines les émissions : La vieillesse ce joyeux naufrage (éclat de rire), je pouvais passer mon chemin.
Je finissais mon petit dèj rapidement, avalais un Doliprane pour mes genoux qui se déglinguent (quelle misère de vieillir) et j'emmenais ma tablette (quel pied ces tablettes) dans ma salle de bains pour commencer à écouter cette émission.
Et là, en voyant ce beau visage, en écoutant mon Castor, j'oubliais tout le reste - ma vie, le futur angoissant - en me disant tout de même que l'Internet c'était merveilleux, que je ne pourrais plus m'en passer et que nous avions une chance inouïe de pouvoir ainsi, entendre, voir, des reportages, des documentaires que nous choisissons. Cette émission des Nuits Magiques Magnétiques (Tsss! me suis trompée, mais sont magiques aussi) date de 1979. J'étais exaltée et ça, c'est épatant : être exaltée à ... ans. On n'y parle pas que de vieillesse dans ce documentaire. A un moment Simone de Beauvoir dit, à peu près ceci : je me suis rebellée bien sûr sur cette vieillesse à laquelle je n'échappais pas, mais j'ai compris qu'il ne fallait pas en faire une obsession, sinon la vie devenait insupportable (c'est pas du tout comme ça qu'elle l'a dit, tant pis, écoutez-la). Et là, je me suis dit : moi je n'y arrive pas. C'est une obsession ! Je n’accepte pas de ne plus me reconnaître et de vivre avec ces douleurs, ces acouphènes et j'en passe et, je sais que je n'y arriverai jamais, à l'accepter. Cela ne m'empêche pas de vivre des moments que je trouve intenses et parfois délicieux. Ce qu'elle dit sur sa propre vieillesse :
"Il n'y a plus comme avant la pleine lumière ou l’obscurité. Ça serait un peu plus dans les gris, dans des gris teintés de rose, mais ce n'est plus cette chose tranchée entre, précisément, le bonheur et le désespoir [...] inquiet. On pourrait dire que je suis un peu éteinte. Je suis vivante certainement dans la mesure où j'ai encore des projets auxquels je tiens assez fort. J'ai des grandes joies et des grands plaisirs et je déteste toujours l'ennui [...] Mais il n'y a plus vraiment cette espèce de dédoublement de ma vie en des espoirs quasi-fous et des joies débordantes et puis les angoisses.