samedi 15 octobre 2016

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Samedi 15 octobre.

La pluie était annoncée mais je m'étais dit qu'une fois de plus la météo ne serait pas celle prévue. (Eh bien si!).
J'arrivais au golf à 11 heures sous un ciel noir mais sans pluie. Je passais à l'accueil et en sortant, je tenais la porte - surprise - à un de mes toubibs, que je voyais ici pour la première fois. Il me salua d'un "Bonjour madame" un peu précieux et je lui répondis : Bonjour monsieur. Je n'allais tout de même pas lui donner du "Docteur" voire du Professeur.
J'arrivais au départ et croisais des joueurs qui rentraient et me souhaitaient "Bon courage". Je n'en avais pas vraiment, je voulais vérifier si ma motivation était aussi forte, sans état amoureux, que lorsque mon cœur battait la chamade en sachant que j'allais le voir. Je pouvais alors affronter les éléments les plus déchaînés, je n'avais plus de douleurs, plus d'articulations fragiles, plus de tendinites, plus de migraines, mon corps n'existait plus, du moins, il ne me faisait plus souffrir : je ne sentais même pas la pluie, le vent me réjouissait, j'étais alors sur une autre planète, la planète des bienheureuses.
J'attaquais le trou n° 1 sous une pluie légère mais un ciel bien plombé. Je poussais mon chariot d'une main, de l'autre je tenais mon parapluie, trop lourd pour ma tendinite. Je terminais le trou sans putter, il tombait des cordes. 
J'allais m'abriter dans une allée près du départ du 2. C'était le déluge. J'allais voir s'il y avait des balles perdues dans le ruisseau. Il n'y en avait pas. Je revenais sous les arbres. Sous mon parapluie, j'aimais le son de ce déluge. Je ne pensais à rien ou presque. Je pensais juste que j'étais un peu folle et, un peu triste. Je pensais je pensais je pensais...
Je pensais que la pluie allait s'arrêter, elle ne s'arrêtait pas et c'était maintenant un mur de pluie qui s'écrasait sur les fairways. Personne à l'horizon. Oui, j'étais folle d'avoir démarré.
Le déluge semblait sur la fin mais la pluie continuait. Je décidais aussi de continuer. Je posais mon parapluie, posais ma balle sur mon tee, j'avais mis deux vieux gants troués, ils étaient déjà trempés et glissaient sur mon grip. J'avais deux pulls, celui du dessus était bien imbibé. 
Je finissais le trou, sans plaisir, ouvrir, fermer, ouvrir, fermer le parapluie pour jouer sous la pluie qui tombait bien, ce n'était pas drôle et de plus, il y avait des bourrasques de vent. Au 3 j'apercevais un couple sur le 4. Je décidais d'arrêter après le 4. Je ne puttais pas non plus au 3, mon pull était trempé, j'avais enlevé mes gants, j'en avais assez. Ma casquette protégeait mes yeux (mais j'avais mis du waterproof (*_*)). Au deuxième coup sur le 4, je devais attendre que les deux joueurs quittent le green pour jouer. Hop! Je ramassais ma balle et je rentrais dare-dare. Je ne savais plus avec quel bras tenir mon parapluie, j'avais mal dans les deux. Pfff!
Je saluais le couple qui était sur le green et je passais mon chemin. 
Enfin à l'abri, je grimpais sur le chemin caillouteux. J'étais très très loin de la planète des bienheureuses et ce que j'avais pu faire l'hiver dernier par des temps aussi affreux, JE NE POUVAIS PLUS LE FAIRE!

Je rangeais mon matériel archi-trempé dans mon coffre. Le couple qui était sur le green du 4 avait aussi abandonné. "Trop c'est trop" me dit-il.
Et je rentrais chez moi en me maudissant car je devais monter mon sac de golf pour le faire sécher avec les clubs dans mon appartement. Quel bintz!
Il était 13 h 30. Je me préparais des toasts de saumon fumé puis un potage... Le soleil fit son apparition, le temps s'était calmé, moi pas vraiment.
J'allais m'apaiser en poursuivant mon interminable (mais passionnant - si, si) billet sur Chagall.