samedi 19 juillet 2014

Mélancolique et drôle : vivre en "pré-deuil"

L'été c'est aussi le moment de lecture des magazines, d'articles de journaux sur lesquels je ne m'arrêterais pas a priori, je m'attends à du futile et, surprise, je lis parfois aussi de jolies pensées, avec lesquelles je me sens en phase, comme ici, dans un article signé Marie-Laure Delorme : Héléna Noguerra, Rester dans la marge.

Helena Noguerra en interview pour Non Stop People

Helena Noguerra

(Lien pour les lecteurs qui - comme moi - la connaissent à peine 
mais je doute qu'il y en ait (0_0))
"Mes parents étaient des anarchistes post-soixante-huitards. Mon père m'a élevée dans l'admiration de Bergman et de Pasolini. Il aurait aimé que je sois Marguerite Duras. Mon père n'est pas attiré par ce qui brille. Il n'aime pas être le sujet de la façon dont je me mets en avant. Car moi parlant de lui, c'est du spectacle : une manière de me mouvoir dans la lumière, d'enjoliver mon caractère, de réécrire mon histoire."
Elle aime qu'on dise d'elle qu'elle est folle. Les codes et les modes l'encombrent. Elle a posé nue et le regrette.
"J'ai posé nue après 40 ans pour montrer que la femme pouvait toujours être désirable à cet âge-là. Je me suis piégée moi-même et je ne le referai plus. Je lis les magazines féminins et je constate que les femmes en sont toujours au même point. On leur explique comment plaire aux hommes : rester jeunes et jolies ; tailler des pipes ; préparer de bons petits plats. J'attends qu'on demande à Vincent Lindon sa liste de produits de beauté pour la sortie d'un film."
Les formes sociales du succès sont l'argent et l'apparence. Elle connaît la vulgarité de l'un et la fragilité de l'autre. 
"Je peux gagner en une journée dix fois la retraite de mon père".
 "La beauté libère et aliène : comment vais-je vivre sans? J'ai peur de vieillir. La place de la femme reste liée à son sex-appeal. Je serai peut-être une belle vieille dame, mais au prix de quelle solitude? Les femmes âgées sont abandonnées comme de vieux chiens sur la route. J'en ai toujours eu conscience, mais je l'approche maintenant de manière organique. J'espère que le temps qui passe va, au moins, m'apprendre à lâcher des choses."
Helena Noguerra est mélancolique et drolatique à un point extrême. Elle avoue vivre en "pré-deuil" dans une boulimie et une énergie de choses à faire. 
"Chaque jour est un bon jour pour mourir. Ça va aller très vite. Alors, je veux vivre toutes les vies possibles."
Elle aimerait mourir, telle Françoise Giroud, qu'elle admire, à l'âge de 86 ans."*
* C'est étrange, c'est aussi ma référence d'une belle mort.