dimanche 7 juin 2015

Un aller simple...




Sur la route
(Crédit photo : un ami, avec son autorisation)


"Je suis donc parti un mardi à 9 heures du matin, le vent était de force 6, la météo avait annoncé un ciel dégagé pour trois jours et moi j’avais le cœur léger pour cent ans. Après avoir quitté le port à deux trois miles du rivage je me suis mis à hurler comme un cor de chasse et à expurger toute ma joie ; j’ai crié pendant de longues minutes parce qu’il faut donner de la voix pour amener le bonheur à soi ; c’est une façon de se rappeler à lui et d’aller le chercher par la peau des fesses. J’avais bien l’intention de le saisir fermement et de le tenir en laisse, pour longtemps, à côté de moi.

Prendre la route, l’avion, la mer, sans prévoir de retour, c’est empoigner son destin, se persuader que nous sommes les tôliers de nos vies, c’est retrouver les illusions de l’adolescence qui font croire que ça va être facile et tel qu’on l’a décidé. C’est, exprimer un refus, un refus de la peur de l’avenir." 

David Thomas, in Hortensias, éditions Stock, 2015.  

(Écouté ce matin dans l'émission Entre les lignes).