samedi 30 janvier 2016

Quand le tu tue...


Dionys Mascolo et Marguerite Duras



Au moment de sa rupture avec Dionys en 1956, celui-ci lui demande :

- Mais qu’avez-vous contre moi ?

Marguerite répond sèchement :
- Tout à l’heure vous m’avez tutoyé.

(Témoignage de Maurice Nadeau qui assistait à la scène et raconté par Charles Sigel dans son émission L'humeur Vagabonde)

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Jacques Rivette (1928-2016) est mort hier. 


(Photo, Le Figaro) 

mardi 26 janvier 2016

"Dieu ne joue pas aux dés"


Le hasard fait-il bien les choses?






Des droites parallèles ne se croisant que par le plus petit des hasards.


"Il faut [alors] distinguer plus clairement le hasard et la contingence : un fait est hasardeux s’il échappe à toute prévision humaine, sans pour autant échapper aux lois de la nature ; tandis qu’un fait contingent est reconnu comme pouvant aussi bien être que ne pas être. Tout ce qui est hasardeux n’est pas contingent car pouvant posséder des causes déterminantes et résultant d’un nombre indéfini de conditions. Le hasard serait ici non pas l’absence de nécessité mais plutôt l’ignorance des nécessités qui font se réaliser les choses. Gagner au loto par hasard, cela signifie que personne ne pouvait le prévoir, mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de causes déterminantes ni que dans la roue de la loterie nationale l’enchaînement de ces causes n’était pas nécessaire. En revanche tout ce qui est contingent est hasardeux car imprévisible du fait qu’on ne peut a priori pas prévoir si A se réalisera plutôt que non-A, étant donné que A est tout aussi possible que non A.
[...]
Le génie intuitionnel d’Einstein qui, bien que sachant que « Dieu ne joue pas aux dés », prévoyait que théorie et pratique  sont comme des droites parallèles ne se croisant que par le plus petit des hasards 
"La théorie c’est quand on sait tout et que rien ne fonctionne. La pratique c’est quand tout fonctionne et que personne ne sait pourquoi.""


"Ce que nous appelons le hasard n'est que notre incapacité à comprendre un degré d'ordre supérieur."
(Jean Guitton)

Anecdote du jour :
Elle m'envoie un SMS : "Il vaudrait peut-être mieux qu'on reporte à la semaine prochaine. Tu risques d'être bloquée sur la voie express avec des manifs d'agriculteurs."
Ô mon Dieu, merci de me donner, ENFIN, l'occasion de prendre des risques. Je lui réponds :
"Non, je maintiens pour jeudi. Depuis le temps qu'on doit fêter toutes les deux nos X0 ans. Pour la route... Inch Allah! Mektoub".
(Nous avons appris quelques mots arabes;-) en croquant des pépites (graines de tournesol) au Maroc).

A moi de vérifier si, le hasard fera bien les choses... Sachant que bien, ici, n'a sans doute pas le même sens pour elle que pour moi. Tenir à la vie, n'est-ce pas, ne rien laisser au hasard? J'ai envie, aujourd'hui, de laisser toute la place au hasard. Je ne tiens plus à rien de vital. J'étais un peu dans cet état d'esprit quand je t'ai rencontré. Ce fut un heureux hasard.
Il faudrait peut-être que j'aille acheter un steak (0_0)?

En tout cas, c'est sûr, jeudi je vais prendre des risques. Youpi! 

Et le golf, comment ça va? Mal, très mal, très très mal. Je ne soulève plus une balle. C'est déprimant. Je suis épuisée. Un break s'impose!



 (Cliquer pour lire)

dimanche 24 janvier 2016

***

"Mieux vaut une vraie tristesse qu'une fausse joie."
(André Comte-Sponville dans Répliques)

vendredi 22 janvier 2016

***

C'est la troisième fois que nous jouons ensemble en dix jours.
Il joue vraiment bien.
Évidemment, j'aimerais être une partenaire à sa hauteur (et je peux l'être (*_*)).
Mais c'est la troisième fois que je n'en touche pas une avec lui et que je joue comme un pied!
La honte!
Il est charmant, calme, souriant, galant : il récupère mes balles dans l'eau et dans la gadoue, il se baisse pour remettre le drapeau dans le trou. Il ne joue pas avant son tour. Un adorable partenaire de golf.
J'avais oublié que ça pouvait exister.
Je devrais avoir toutes les raisons de bien jouer.
Au dernier trou, nous nous serrons la main (c'est la tradition) :
- Je suis désolée, je n'ai fait que des coups pourris.
(Il rit).
- Vous jouez ce week-end? me demande-t-il.
- Non, je joue rarement le week-end.
- A la semaine prochaine alors?
- OK. Selon la météo. J'essaierai de faire mieux. Merci pour cette partie.
On n'a pas pris de rendez-vous. Au Hasard Balthazar!




Le besoin de tout dire

 

Rousseau - Les Confessions, Launette, 1889, tome 1, figure page 0039

"Quoique né homme à certains égards
j'ai été longtemps un enfant."

Jean-Jacques Rousseau, Les Confessions

"Je forme une entreprise qui n’eut jamais d’exemple, et dont l’exécution n’aura point d’imitateur. Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature, et cet homme, ce sera moi.
Moi seul. Je sens mon cœur, et je connais les hommes. Je ne suis fait comme aucun de ceux que j’ai vus ; j’ose croire n’être fait comme aucun de ceux qui existent. Si je ne vaux pas mieux, au moins je suis autre. Si la nature a bien ou mal fait de briser le moule dans lequel elle m’a jeté, c’est ce dont on ne peut juger qu’après m’avoir lu."

Livre I.

"Je voudrais pouvoir en quelque façon rendre mon âme transparente aux yeux du lecteur ; et pour cela je cherche à la lui montrer sous tous les points de vue, à l'éclairer par tous les jours, à faire en sorte qu'il ne s'y passe pas un mouvement qu'il n'aperçoive, afin qu'il puisse juger par lui-même du principe qui les produit.
 
Si je me chargeais du résultat et que je lui dise : tel est mon caractère, il pourrait croire, sinon que je le trompe, au moins que je me trompe. Mais en lui détaillant avec simplicité tout ce qui m'est arrivé, tout ce que j'ai pensé, tout ce que j'ai senti, je ne puis l'induire en erreur, à moins que je ne le veuille ; encore, même en le voulant, n'y parviendrais-je pas aisément de cette façon. C'est à lui d'assembler ces éléments, et de déterminer l'être qu'ils composent : le résultat doit être son ouvrage; et s'il se trompe alors, toute l'erreur sera de son fait. Or il ne suffit pas pour cette fin que mes récits soient fidèles, il faut aussi qu'ils soient exacts. Ce n'est pas à moi de juger de l'importance des faits ; je les dois tous dire, et lui laisser le soin de choisir. C'est à quoi je me suis appliqué jusqu'ici de tout mon courage, et je ne me relâcherai pas dans la suite. Mais les souvenirs de l'âge moyen sont toujours moins vifs que ceux de la première jeunesse. J'ai commencé par tirer de ceux-ci le meilleur parti qu'il m'était possible. Si les autres me reviennent avec la même force, des lecteurs impatients s'ennuieront peut-être, mais moi je ne serai pas mécontent de mon travail. Je n'ai qu'une chose à craindre dans cette entreprise : ce n'est pas de trop dire ou de dire des mensonges, mais c'est de ne pas tout dire et de taire des vérités."

Livre IV, Texte final. 

Jean-Jacques Rousseau, Les Confessions.

 
« Que de riens, que de misères ne faut-il point que j’expose, dans quels détails révoltants, indécents, puérils et souvent ridicules ne dois-je pas entrer pour suivre le fil de mes dispositions secrètes, pour montrer comment chaque impression qui a fait trace dans mon âme y entra pour la première fois. »

Pourquoi Rousseau éprouve-t-il le besoin de tout dire, de dire toute sa vérité ?

Cette semaine dans les NCC : en immersion dans Les Confessions de Jean-Jacques Rousseau.


mercredi 20 janvier 2016

De Kurosawa à Kiarostami... cherchez l'erreur

voici quelques extraits de, Et la vie continue
de Abbas Kiarostami

Farhad Kheradman



"Après le tremblement de terre de 1990 qui a ravagé le nord de l'Iran, un cinéaste et son fils tentent de rejoindre le village de Koker situé au centre de la catastrophe. L'homme s'inquiète de savoir si les deux enfants qui avaient joué dans Où est la maison de mon ami ? sont encore en vie. Il interroge les passants en leur montrant une photo du film de Kiarostami. Le cinéaste réalise alors que la vie continue... ".



J'ai capturé ces quelques images qui m'ont touchée et fait ce montage.


"L'homme" c'est Farhad Kheradman. Une présence qui crève l'écran. Le film date de 1991. Si j'ai ressenti de la tendresse et de l'empathie pour les enfants du film Où est la maison de mon ami? je l'ai ressentie tout autant pour cet homme, ses silences qui expriment l'inquiétude, les souvenirs, comme dans cet extrait (à la fin de la vidéo 6:15). Le "cinéaste" ne dit rien, mais son regard dit tout, quand il revoit cette maison (maison que l'on retrouve dans le troisième volet de la Trilogie), ce drap qui vole au vent... (à vrai dire, je vois ce qu'il voit, je ressens ce qu'il ressent... Étrange). Quand j'ai terminé de regarder un film de Abbas Kiarostami, j'ai besoin de ce silence, d'une espèce de méditation, de m'arrêter, me poser, de rester imprégnée de ces paysages, de cette musique intérieure, de ces visages, de cette générosité, de cette humanité. Je voudrais que tout cela continue de m'habiter... longtemps. J'en dis trop et, mal.

"Abbas Kiarostami est un des réalisateurs de la Nouvelle Vague iranienne (Cinemay-e motafavet ou « cinéma différent »), un mouvement du cinéma iranien qui commence vers la fin des années 1960 qui se caractérise par l'utilisation du dialogue poétique et de la narration allégorique pour traiter les séquences politiques et philosophiques. Il a reçu de nombreux prix dont la Palme d'or à Cannes en 1997 pour le Goût de la Cerise. Kiarostami est connu pour filmer les enfants comme protagonistes de films documentaires à style narratif, ainsi que pour des innovations en termes de réalisation." (Source France Culture, Laure Adler).

C'était donc le deuxième volet de cette Trilogie de Koker, précédé par Où est la maison de mon ami ? dont j'ai déjà parlé et, suivi de Au travers des oliviers.

"Au travers des oliviers pourrait se contenter d'être un film intelligent. Mais c'est, avant tout, un film vibrant de sensualité, drôle et chaleureux. On pense, parfois, aux Renoir, père et fils, peintre et cinéaste. Du second, Kiarostami tient le goût de la comédie humaine, l'amour des « petites gens » et ce souci de ne laisser personne sur le chemin : « Je ne crée pas, je choisis », dit Kiarostami, qui choisit, peut-être, mais n'écarte jamais."
(Télérama)

Et, ce même plaisir, d'entrer dans ces personnages plus vrais que fictifs, dans ces images, belles comme des peintures... de Renoir?... de Monet? Non, de Kiarostami!

"La frontière entre fiction et non-fiction est sensiblement réduite dans le cinéma de Kiarostami. Le philosophe français Jean-Luc Nancy, écrivant au sujet de Kiarostami, et plus particulièrement de son film Et la vie continue, prétend que ses films ne sont ni tout à fait de la fiction ni tout à fait du documentaire. Et la vie continue, écrit-il, n’est ni représentation ni reportage, mais plutôt "évidence""



 Tahereh Ladanian
 Hossein Rezai

 (C'est Hossein qui lui parle)

  

Je continue d'emprunter les films de ce cinéaste que je trouve à la médiathèque. Hier soir j'ai regardé Expérience, un film en noir et blanc, le premier? second? (1970/1973) long-métrage de Kiarostami. Je ne vais pas en rajouter, c'est de la même veine que Récréation et Le Pain et la Rue (que j'ai vus il y a deux mois) : superbe.


Je découvrais en janvier 2013 un cinéaste, avec  Like someone in love, le film passait au ciné-club Gros Plan de ma ville. J'étais persuadée alors, de voir un film d'un réalisateur japonais (=_=); il était indiqué film franco-japonais. Kiarostami, je ne connaissais pas, j'avais zappé son prénom et ce nom sonnait à mes oreilles comme Kurosawa* ou Kyoto (^_^) (shame on me). Je trouvais le film très beau, nostalgique, puis j'oubliais le nom de ce réalisateur. Puis, c'est là que je le découvre vraiment, en 2015, avec des textes qui me donnent envie de connaître son travail de cinéaste. Je visionne alors des films plus anciens, tournés dans son pays, l'Iran et, je suis enthousiasmée; ensuite, de plus récents (10 on Ten, Five, Copie conforme). J'en ai encore d'autres à découvrir.

* J'apprends, à l'instant où j'écris ce billet - donc après avoir écrit le paragraphe ci-dessus - en lisant sur Wikipédia la "biographie" de Abbas Kiarostami, ceci :

"En 2000, à la cérémonie des récompenses du Festival du film de San Francisco, Kiarostami surprend tout le monde en offrant son Prix Akira Kurosawa pour sa carrière de réalisateur à l’acteur vétéran iranien Behrouz Vossoughi pour sa longue contribution au cinéma iranien."

Il existe un Prix Kurosawa!!! qui a été décerné à Kiarostami!!! Non mais! je n'ai plus honte de ma confusion, quelle coïncidence.


mardi 12 janvier 2016

Je suis Charlot !

J'écoutais ce matin L'humeur vagabonde de Charles Sigel consacrée à Charlie Chaplin : le rire au bord des larmes, (un régal de deux heures) et je me demandais ensuite où en étaient les travaux du Musée qui devait s'ouvrir en Suisse, dédié à son œuvre.

Printemps 2016... On y est! Le musée va ouvrir bientôt.





dimanche 3 janvier 2016

Popoff

Le 31 décembre 2015, contre vents et déluge, je retournais à l'Ile Tudy, je voulais déguster un autre thé celte Chez Pierre. Déception en arrivant au port, le café était fermé. Tant pis, profitons (me dis-je) d'être là pour sillonner les ruelles de l'île, protégées du vent. Il y avait une accalmie.
Je photographie ce bateau, Popoff, à marée basse. Je découvre ici son histoire.


 

(Cliquer pour agrandir)

Je l'imaginais toutes voiles dehors...

 
Soudain une pluie diluvienne, oblique, cinglante avec un vent fou se déchaîne. Je m'appuie contre un mur tentant d'ouvrir mon parapluie mais que nenni, impossible; ou il se retourne ou je m'envole avec!



http://www.jpm-copro.com/images/Becassine%20NF1.JPG


Je me réfugie dans une vieille cabine téléphonique abandonnée, la cage est branlante, le vent siffle dans les interstices, pas un chat dans les rues; je ne suis guère rassurée et pourtant, je jubile! Une voiture s'arrête près de la cabine, en sortent deux jeunes filles (non, elles n'attendent pas que ça se calme) qui crient de joie, elles dansent et rient d'être là, d'un bonheur qui me réjouit aussi. Le conducteur, un jeune homme, les rejoint, moins expansif. Je les regarde se diriger vers le port, la tête dans le guidon si j'ose dire, bien "encapuchonnés". Ils ne m'ont pas vue dans ma cage de verre.

Cinq bonnes minutes plus tard, je quitte la cabine et retourne vite fait dans ma voiture, direction Sainte-Marine, où j'ai pu déguster un cappuccino et me réchauffer près de la cheminée au Café du Port. Je n'avais plus envie de thé! Le nombre de places est limité et le café vite rempli. Cinq jeunes touristes entrent et s'exclament : "Oh! c'est trop mignon ici, quelle chance de découvrir cet endroit pour notre dernier jour" (de vacances je suppose). Eh oui! C'est trop mignon et vous avez eu de la chance, c'était la dernière table... Ensuite, ils ont parlementé pendant une heure pour décider de leur programme de réveillon; aucun n'était d'accord pour aller voir le même film, ça commençait mal. VIVE LA SOLITUDE? NON, CHIENNE DE SOLITUDE! Enfin, ça dépend des moments...