mercredi 31 août 2016

"Voir est le paradis de l'âme" *

* (site Marc Riboud)




Le photographe Marc Riboud est mort hier, à l'âge de 93 ans. (Lire ici)



"Maître du noir et blanc, grand reporter d'une actualité qu'il traitait avec sensibilité, Marc Riboud expliquait qu'il photographiait "comme un musicien chantonne"."

Souvenir, il y a déjà trente ans...

lundi 15 août 2016

Tout ce qui tremble et palpite...Pouvoir encore regarder, pouvoir encore écouter




De la Borie de Provence, en pierre sèche
 au Nid d'hirondelles de Bretagne, en... fiente sèche...
ce n'est qu'une question de volume! 

 

Les dégâts ont été nettoyés il y a quelques jours. Mais pas pour longtemps. Le nid est toujours là, photographié cette fois de l'extérieur. Un nid en béton pour ces poids-plumes! Pas le courage de le détruire, il est beau, me fait penser aux Bories de Gordes en Provence. A chacun son imagination et, ses souvenirs...

Donc, ce nid dans les voliges de notre toit est une espèce de mini borie à l'envers! Bon, quand les nouvelles fientes formeront une vraie borie sur le toit, on avisera. Mmm!



Cliquer sur l'image, puis clic droit pour "afficher l'image"  et + pour agrandir

Petit rappel des dégâts




J'écrivais tout ceci il y a quelques jours...

Et vlatypa que, vendredi dernier, 12 août, je fais une découverte.
Je démarrais mon parcours de golf à 13 heures sous un ardent soleil et ne tardais pas à mettre ma casquette.




Au trou n° 3, je faisais déjà une pause sous les arbres près de la rivière "enchanteresse", (souvenir parisien), rapidement, car deux joueurs me suivaient. 



En revenant vers le green, je sentais le soleil de plomb qui me liquéfiait autant qu'il me rôtissait. Je buvais un peu d'eau. Au trou suivant, j'enlevais ma casquette trouvant qu'elle empêchait l'air de passer sur mon crâne et je m'aspergeais le visage et les cheveux avec mon brumisateur; arrivée au green, cheveux secs. Je remis la casquette. Je devais être écarlate. Il faisait trop chaud et pourtant les températures n'étaient pas encore caniculaires, j'avais le souvenir d'une insolation au golf il y a quelques années. Je décidais alors de terminer mon parcours en passant du 6 au 9 et j'allais m'abriter un peu du soleil dans les ruines pour, une nouvelle brumisation rafraîchissante. Et là, que vois-je sur le sol de plus en plus cra-cra, ça :


Évidemment, ça me rappelait quelque chose. Je levais alors la tête et découvrais ce nid-mini-borie sur la poutre. Décidément, quelle coïncidence (il faut rappeler que mon bien-aimé m'appelait Sherlock). Je posais mon brumisateur et prenais ces photos.





Je m'étais bien rafraîchie, je devais avoir la mèche rebelle, la coiffure décoiffante, le visage ensoleillé décomposé mais je m'en fichais complètement, ça allait avec le reste. Je passais comme une flèche devant la terrasse du club-house.

[...]

Dans ma voiture... flottait un air de liberté. Je me sentais à nouveau disponible pour ma bien (mal) aimée, solitude. Je revenais à mes amours, fidèles, celles qui me donnaient autant de moments de joie que de grande mélancolie et d'angoisse. Je venais de faire un grand pas.

Je décidais au retour d'aller déposer quelques vêtements et accessoires chez Emmaüs; les "déposants" étaient très nombreux, j'étais étonnée, par cette chaleur.

In my sweet home je m'installais sur la terrasse, à l'ombre of course. Je regardais le ciel d'un bleu magnifique, deux oiseaux planaient au loin : deux points minuscules  avec des ailes, dans le ciel, un noir et un blanc. Je les enviais. Mes fleurs aussi avaient pris un coup de Penn Bazh.

   
Installée sur mon banc en sirotant un thé, je pensais à mille choses, mille souvenirs, jamais mon cerveau ne s'arrête de penser et, je regardais ces galets, de loin j'y voyais une paire de fesses. Ma foi, pourquoi pas... Des fesses en forme de poires, il y en a plein les rues, on passe de la pomme à la poire. Hi! On peut aussi être une pauvre pomme et une vraie poire. (o_0)


Le long week-end du 15 août commençait, je pensais (et oui encore) à toi maman... et j'ai peur j'ai peur... de mourir comme toi.
Je passe du rire au drame! Respirez, soufflez!

Ce soir je dînais sur la terrasse en compagnie des oiseaux qui avaient l'air de danser au son du piano que j'écoutais à la radio : La Bagatelle op 126 de Beethoven.



Il était 21 heures. Soudain une corneille (ou un choucas) fit son apparition sur le bord du toit et sautilla jusqu'à l'endroit exact où se trouve le nid d'hirondelles, au-dessus de ma fenêtre. Alors là tout s'éclaircit : les deux oisillons morts tombés du nid avaient été dénichés par l'un de ces oiseaux noirs! Conclusion peut-être hâtive de Miss Holmes...



J'ai enclenché la vidéo trop tard...



La lumière était belle au soleil déclinant. 




La vie pouvait-elle encore l'être aussi?






Dimanche 14 août  : promenade en fin d'après-midi après être restée enfermée dans une pièce à 22° quand il faisait dehors dans les 30° sous abri! Je n'avais que trois pas à faire pour une balade rafraîchissante le long de la rivière. Je rasais tout de même les murs et les arbres pour avoir un semblant d'ombre. 




Ils font déjà demi tour!
C'est sûr ils vont plus vite que moi et pour avoir de l'air
c'est mieux qu'un ventilateur!


  
Mais ils font plus de bruit que celui-ci avec son canoë!



J'ai moi-même fait demi tour après une demi heure de marche, il faisait encore très chaud. J'avais mis un vieux bob sur la tête et mes lunettes de soleil, mais j'étais loin de ressembler à Meryl Streep dans Out of Africa et j'aurais bien aimé être shampouinée par Robert Redford pour me rafraîchir la tête! 

Lundi 15 août : bonne fête ma petite maman chérie
Lecture du dernier livre emprunté à la médiathèque : Béton de Thomas Bernhard. Jamais déçue par cet écrivain.  J'ai l'impression quand je le lis qu'il n'a écrit que pour moi (prétentieuse)!

.../... Samedi et dimanche, écouté Michel Onfray, toujours aussi drôle, oui oui!
A propos des  Nématodes (vers parasites), imagé par M. Onfray :
"Barboter dans une piscine ça vous tue un nématode en deux secondes (le chlore, les poils humains, les crottes de nez etc.)"
A vous dégoûter d'aller dans les piscines.
Autres citations :
"Pas de paradis pour les blaireaux. Je parle des animaux..."
"Si vous avez mal au dos, c'est que vous en avez plein le dos" (Théorie de Groddeck). Je vous dis pas si vous avez mal au rectum..." Eh oui! c'est imagé je vous le dis!
"Le mulot a du toupet!" "Vous pouvez le twitter" dit-il en riant.
"J'ai connu des arrières-trains solaires" dit-il en contrepoint d'une citation où l'on parlait d'arrières-trains lunaires. Mmm!
Tout cela sorti du contexte de sa conférence n'est pas sérieux (shame on me), mais ça l'est (sérieux). A réécouter, on ne s'ennuie pas une seconde. Un intervenant en fin d'émission sur La théorie du fumier, n'a pas démonté Onfray.
Puis il revient sur Schopenhauer, le pessimiste positif, avec Le monde comme volonté et comme représentation. M. Onfray nous rappelle qu'il influença Nietzsche qui fut un disciple de Schopenhauer :

"Nietzsche, le plus grand des disciples de Schopenhauer, célébrera toute sa vie le génie de  son éducateur qui lui a ôté des yeux « le voile de l'optimisme ». Dans ses Considérations inactuelles, il écrit au sujet de son maître : 
« Je suis, dit Nietzsche, un de ces lecteurs de Schopenhauer qui, après avoir lu la première page de lui savent avec certitude qu'ils iront jusqu'à la dernière, et qu'ils écouteront chaque parole sortie de sa bouche. Ma confiance lui a été acquise dès l'abord, et après neuf ans écoulés elle est encore la même. Pour tout dire en un mot et avec un sentiment peut-être outrecuidant, je le compris comme s'il avait écrit pour moi."
(Source)
   C'est sûr, il devait y avoir plus de monde sur les plages à "barboter" - dans des eaux moins parasitées espérons-le que dans les piscines -, qu'à l'écoute de France Culture.

Fin de ce long week-end. Chaleur étouffante, les 22° à l'intérieur sont passés à 26. A l'extérieur il fait encore 32°, pas un souffle de vent pour faire courant d'air. Mal de gorge, sans doute à cause des douches et du ventilateur. Faut faire des choix : crever de chaud ou attraper une angine... Allons prendre une énième douche de toute façon le mal est fait. Il est 23 heures...

dimanche 14 août 2016

***

"Un grand nombre de journées se passe donc sans que je dise un mot à personne que pour demander à dîner ou un café. Et cela a été ainsi dès le commencement."

Vincent Van Gogh (1882).

vendredi 12 août 2016

***


A vrai dire nous n'avions rien à nous dire.
C'était  désormais d'une évidence implacable. 
Nous ne faisions que remplir les temps morts.

mercredi 10 août 2016

Interlude...


... en attendant plus inspiré...


Photo de ce mercredi 10 août au golf, dans le rough.
Champignons Siamois (=_=)

dimanche 7 août 2016

Nicolas de Crécy

Dimanche 7 août.

Le 7 août fut donc ma dernière visite au Centre d'Art Contemporain - qui fermera ses portes définitivement (par manque de subventions) le 31 août 2016 - pour voir l'exposition consacrée à Nicolas de Crécy

Comme d'habitude quand je viens au QUARTIER, je prends connaissance de la brochure pour suivre le cheminement proposé pour la visite  (et comprendre quand c'est trop hermétique, ce qui n'était pas le cas, je n'étais pas réceptive à tout par manque de connaissance mais j'ai pu apprécier quelques dessins, gravures) .

"Depuis 1990, Nicolas de Crécy a construit un univers à la fois étrange et poétique à l'humour absurde et souvent acerbe*. Dans ses livres nourris par le surréalisme et la mélancolie, il détourne les codes narratifs de la bande dessinée en explorant différents genres et techniques, tout en réalisant en parallèles des œuvres en peinture, sculpture ou gravure."
*(il n'est que de regarder l'affiche de l'exposition et l'on devine cet humour exacerbé!)

L'exposition au Quartier était conçue en deux parties. La première proposait un parcours rétrospectif présentant une sélection de travaux en lien avec ses bandes dessinées. Ses différents dessins : illustrations, couvertures, planches colorées, encres de grand format... La brochure de l'exposition est assez explicite et détaillée, je ne vais pas la recopier à lire donc sur le lien ci-dessus "affiche de l'exposition". Je ne suis pas du tout experte aux techniques de la bande dessinée. J'ai pour ma part apprécié nombre de dessins au fusain, en grand format.  

Quelques (mauvaises) photos prises lors de ma visite


Le Déjeuner sur l'herbe, 2016

"Ce dessin de grand format met en scène une situation étrange qui associe les différents éléments et techniques qui composent le style de Nicolas de Crécy. En rendant visibles ses hésitations, ses inspiration, ses modifications de perspectives et d'échelle, mais également l'emploi particulier de la couleur, cette œuvre concentre les expériences d'une pratique qui échappe aux procédés habituels d'une planche de dessin".



 (J'ai omis de noter les références à ce dessin dont j'aimais les fenêtres de la salle d'exposition se reflétant sur le verre du cadre avec cette inscription qui reflétait (si j'ose dire encore) l'état d'esprit du Quartier qui allait disparaître : LA FÊTE EST FINIE).




Léon la Came
"Cette série, écrite par Sylvain Chomet, qui fait découvrir sur plus de 300 pages, l'histoire familiale d'une entreprise ultralibéral fondée par un patron communiste, Léon, devenu adepte centenaire de marijuana, a été publié en épisodes dans la revue (A Suivre) entre 1993 et 1996." 



Là, je laisse mon imagination délirer, je vois des Pokemons (0_0)
Il y en partout - paraît-il - dans mon Quartier!



Vernissage à Trieste, 2014

Encre de Chine, aquarelle et acrylique sur papier



Les Carnets de Gordon McGuffin, 2009

William Faulkner
Encre de Chine sur papier

J'ai été particulièrement intéressée par la seconde partie de l'exposition intitulée LE MANCHOT MÉLOMANE qui s'inspirait de la vie de Paul Wittgenstein (1887-1961), pianiste virtuose que la Première Guerre mondiale a amputé de sa main droite. Fils d'un industriel viennois et frère du célèbre philosophe Ludwig Wittgenstein. (Je me souvenais d'une lecture en 2011 du Neveu de Wittgenstein de Thomas Bernard)

(Il faudra que j'en reparle, là ma tendinite m'impose l'arrêt, en attendant, quelques photos, étranges pour certaines - le piano. Toutes ces photos demandent des explications, j'y reviendrai).


Quelques explications tout de même, tirées de la brochure de l'exposition : 

Le manchot mélomane
Le manchot, ce petit animal joueur d'un étrange piano-véhicule, se trouve relié par une association d'idées, à l'histoire d'un personnage à l'existence bien réelle, celle du célèbre pianiste Paul Wittgenstein qui, amputé de la main droite pendant la première Guerre mondiale, continue pourtant la pratique de concertiste après la guerre. L'association de ces deux personnages dans un jeu de double signification a fait émerger la représentation de la main comme l'outil d'un savoir-faire, d'une dextérité et parfois d'une virtuosité. Elle constitue le fil conducteur d'une narration qui nous plonge au coeur de la pratique du dessin et de celle de la musique, tout en retraçant l'histoire de deux frères Wittgenstein : leurs doute, obstination, exigence et radicalité dans le dépassement de leurs limites - celle de la diminution physique de Paul et celles du langage décrit par Ludwig.
Le visiteur entre dans un univers imaginé par Nicolas de Crécy comme une bande dessinée mise en espace. On y trouve les objets aperçus auparavant dans les dessins, mais matérialisés cette fois-ci en volume. Des portraits et des paysages à l'huile, des fusains sur des formats et supports divers, des gravures et des aquarelles qui côtoient des exemplaires du Tractatus logico-philosophicus de Ludwig Wittgenstein mis à la disposition du visiteur.
Ces oeuvres partagent l'espace avec les textes, dans une composition qui renvoie à la fois à l'organisation spatiale des cases d'une planche de dessin et à celle d'un musée personnel en hommage aux deux frères."


 Ludwig Wittgenstein


 

(Cliquer pour agrandir puis clic droit "afficher l'image" pour lire)



Instrument de musique avec moteur somato-sensoriel



Les Alpes Autrichiennes, Fusain
Tractatus pour piano 

 


Explosion d'obus, Fusain
(Superbe dessin) 



 En octobre 1930, Paul Wittgenstein commande une œuvre à Serge Prokofiev pour une somme particulièrement élevée (lire ci-dessus)



vendredi 5 août 2016

Ils se rencontrèrent souvent au cours de cet hiver...



Erika se rendit dans sa chambre et lentement commença à se dévêtir. Ce soir-là, il était encore tôt. D'ordinaire, elle passait la moitié de la nuit à lire, ou bien elle goûtait la douceur de s'accouder à la fenêtre, laissant son regard errer au-dessous d'elle sur les toits que la clarté de la lune baignait d'un léger flot d'argent. Elle ne pensait alors à rien de particulier, de précis, c'était juste un vague sentiment de tendresse, pour le chatoiement, le miroitement et le doux ondoiement du clair de lune dont mille carreaux de fenêtre renvoyaient la lueur et derrière lesquels s'abritaient les secrets de la vie. Mais ce soir elle se sentait délicieusement lasse, l'âme lourde du désir de s'abandonner à la chaude, à la douce et enveloppante caresse des couvertures. Une envie de dormir, qui n'était rien d'autre  que le désir de doux rêves heureux, comme un poison anesthésiant, avec un léger frisson qui engourdissait tout son corps. Elle se ressaisit, jetant presque à la hâte ses derniers vêtements, éteignit la bougie. Un instant encore, puis elle étendit ses membres dans le lit...
Comme un jeu d'ombres fugaces, une fois encore, les souvenirs heureux de la journée dansèrent devant ses yeux. [...]
Les images défilaient de plus en plus vite, elles la ramenèrent chez elle, à la maison, pour la reconduire, rapides, dans le passé, jusqu'à ce jour où elle avait fait sa connaissance. Elles se précipitèrent bientôt hors des limites étroites du temps et des événements vécus, vives images de kaléidoscope. [...] Et quelques minutes plus tard, un sommeil sûr la portait vers des rêves heureux.

A son réveil, elle trouva une carte postale sur son lit. Elle ne contenait que quelques mots, jetés d'une écriture ferme, énergique, du genre de ceux qu'on adresse aussi bien à des étrangers. Mais Erika les reçut avec bonheur et gratitude parce que c'était lui qui les avait écrits; elle avait ce don béni de découvrir sous des riens insignifiants toute la richesse réelle qu'ils recelaient. Si bien que cet amour n'allait pas devenir pour elle une douce lumière qui illumine toute chose, la baigne de sa clarté, mais un sentiment transfiguré qui allait s'infuser si profondément en elle qu'il deviendrait comme cette flamme qui brûle de l'intérieur et semble croître en se nourrissant de tout objet qu'elle habite. [...] Les livres, les tableaux, les paysages et les œuvres musicales lui parlaient, à elle qui avait conservé la faculté poétique de l'enfant qui voit dans les images, dans des objets inertes, une réalité mouvante, joyeuse et colorée. [...]
C'est ainsi que les quelques traits d'encre noire sur le carton furent pour elle tout un événement. Elle lut les mots à la façon dont il avait l'habitude de les prononcer, avec la tendre et musicale intonation de sa voix, elle s'efforçait de mettre dans son nom le doux charme secret que seul peut dispenser le langage de la tendresse. [...] elle en aurait presque manqué le contenu, qui n'était pourtant pas si banal : il la priait de lui confirmer l'excursion prévue pour le dimanche. [...] Mais elle relisait sans cesse ces lignes, croyant y percevoir un puissant, un fort sentiment qui n'était en fait que l'écho du sien.

Il n'y avait pas si longtemps que cet amour était entré dans la vie d'Erika Ewald, [...]
Ils s'étaient rencontrés lors d'une soirée dans une maison où elle donnait des cours de piano [...]
[...]
[...]
Elle habitait assez loin du centre de la ville, et ils firent un long chemin par une limpide nuit d'hiver éclairée par la lune. Il y eut un moment de silence entre eux; non par manque d'aisance, mais à cause d'une sorte de crainte qu'ont certaines gens cultivées de commencer une conversations par des banalités. [...]
[...]
Le long chemin solitaire de cette nuit d'hiver les avait rapprochés. Lorsqu'ils se donnèrent la main au moment de se quitter, ses doigts pâles et froids restèrent longtemps, comme oubliés, indécis, dans sa forte main. Et ils se séparèrent comme de vieux amis.
[...]
Ils se rencontrèrent souvent au cours de cet hiver. D'abord ce fut par un heureux hasard, puis, bientôt, il se donnèrent rendez-vous.

Stefan Zweig, in L'Amour d'Erika Ewald. Bibliothèque de la Pléiade, (Traduction, Nicole Taubes)

Lu cette nouvelle de Stefan Zweig hier.  Il n'avait que 24 ans quand il l'a écrite. Ce sont les premières pages... 

"Erika Ewald est une jeune femme convenable, l’âme artiste, pure et rêveuse. Elle enseigne le piano et vit la musique. Une existence simple et sans effervescence en dehors des moments passés avec ce violoniste, qui partage sa passion du langage musical. Instants dont l'intensité dépasse sa sensibilité de jeune fille candide et ouverte au grand amour. La flamme grandit, mais pour lui, le sacrifice de la musique au profit du mariage est inconcevable. Sensualité virile et mots tendres amènent Erika au bord de l'abandon, du don de soi au-delà des convenances. Et pourtant. Elle résiste, refuse ce sort de femme libre de son corps qu’elle pourrait offrir au risque d'être abandonnée ensuite.
C'est l'angoisse et la solitude.
Mais voilà que l’amour revient, lancinant. Engourdissant, aveuglant, anesthésiant, euphorisant. Il faut en retrouver l’objet… Mais sera-t-il toujours là, présent à l'attendre ??
L'amour d'Erika Ewald, c’est une histoire sans histoire. C’est l’amour sans aboutissement, c’est la rencontre avec un destin auquel on laisse porte close. C’est une existence vécue en quelques semaines. Et puis plus rien.
Poésie, sensibilité, atmosphère réservée mais enveloppante, vérité, vies humaines décrites avec la subtilité d’un œil vif qui peut décortiquer le banal sans lui ôter charme et crédibilité. Zweig aurait tout autant trouvé sa place à notre époque…"

jeudi 4 août 2016

Journal

Lundi 1er août.

Après-midi : golf. Je n'avais aucune raison d'y aller le cœur battant et pourtant il battait encore plus fort que d'habitude. Il était encore possible que je l'aperçoive au practice. Je l'ai aperçu...
Joué potablement à partir du trou n° 3. Au 5 j'ai enquillé un joli coup de sandwedge pour faire le PAR.  J'aurais aimé qu'il fut là... Toi, tu m'as vue (*_*).
Pris un café au bar, seule. Deux joueurs sont arrivés, sont venus me serrer la main (sympathique). L'un d'eux me connaissait (de vue), à l'époque lointaine où je jouais dans un autre golf. En fait, tout le monde me connaît, me repère - peut-être parce que je joue tout le temps seule - et je ne connais personne. Ils se sont assis pour prendre un café, je suis restée au bar, debout, et nous avons parlé : 
- du parcours que je trouvais physique et fatigant (pour mon âge. Hum!). L'un avait un chariot électrique.
- de chariot électrique, de local à chariot (qui n'existe pas)
- de mon index (ils me l'ont demandé). Non, je ne fais plus de compétitions
- d'un joueur de cet ancien club où j'étais membre. Son nom ne me disait rien (je ne retiens pas les noms et puis, ça remontait déjà à... 1992/93).  Ils m'ont dit son âge, j'ai répondu : le même que le mien. Poli l'un a dit : vous ne le faites pas et l'autre s'est marré en disant : oh le flatteur!, et on a ri tous les trois.
- de cette femme âgée qui a fait une crise cardiaque sur le petit parcours il y a quelques semaines. Qu'elle avait un chariot électrique. Que ça s'était passé quand elle était dans un bunker (0_0) (je repensais à mon rêve), en compétition. Qu'il y avait trois médecins sur le parcours qui sont intervenus tout de suite + défibrillateur + SAMU. Qu'elle avait été trois jours dans le coma et que là, à cet instant elle était à nouveau sur le petit parcours et que c'était leur amie. Ouf! Ah Que...
Ah Que j'en ai profité pour dire que j'aimerai faire une attaque et mourir sur un golf, ma passion. Ils étaient d'accord mais pas pour demain. Et moi si, j'ai dit : même pour demain (et ils n'imaginaient pas - heureusement - à quel point j'étais sincère); l'un m'a demandé : et pourquoi? J'ai éclaté de rire en disant : parce Que. Non mais! Et l'autre (çui qui disait que je faisais pas mon âge, tsss!) a dit : allez, reprenez un café je vous l'offre. Vous voulez que je fasse une crise cardiaque? ai-je dit. Je n'ai pas le temps, mais je vous remercie, ce sera pour une autre fois. J'ai réglé mon café et je suis partie en les saluant; ils étaient très sympathiques, comme je dois le dire tous les joueurs de ce club dont j'aime vraiment l'ambiance décontractée.
Soirée : Film DVD , Woody et les Robots. A l'heure où on ne parle que robotique, Woody Allen en 1973 avec ce film était un précurseur :  En 2173, un homme congelé est ramené à la vie par des chirurgiens révolutionnaires. Complètement fou, burlesque, très amusant. Woody chaplinesque.

Mardi 2 août.

Stress... familial. Ah oui! J'aurais préféré être morte que de faire de ce que j'ai fait cet après-midi! Mais je suis incapable de faire dans la demi-mesure. Je donne tout ou rien!
Soirée : pour me détendre, regardé DVD emprunté à la médiathèque : BARDOT La Méprise. Un film de David Teboul. Absolument magnifique.

Mercredi 3 août.

Golf prévu mais pluie le matin; ai annulé. Appelé un menuisier pour raboter ma porte d'entrée. M'a rappelée. Venu l'après-midi. Elle était complètement coincée. J'étais inquiète et me demandais s'il allait pouvoir la sortir, seul, de ses gonds. Youpi! Même pas eu besoin de la raboter, les rondelles ont suffi. Je ne pouvais pas l'aider et il a réussi à la porter et à la "regonder" tout seul. J'étais tombée sur un pro, sur un site où on trouve tout.
Elle, devait être dans l'avion du retour après avoir passé six semaines ici avec ses enfants, elle en a deux maintenant. Pour elle, un stage d'un mois qu'elle a terminé avec des "appréciations de stage" très élogieuses. Cette année je n'avais pas pu faire de photos, de vidéo de leur séjour, ni à l'aéroport. J'avais le cœur gros. Passons, évacuons. Reprenons notre souffle!



Soirée : film DVD, Zelig de Woody Allen (1983). En lisant cette critique sur la pochette, je m'étais dit que c'était ce qu'il me fallait en ce moment : "Woody Allen nous offre son film le plus optimiste". Encore une comédie burlesque : "Avec Zelig, Woody Allen invente un personnage fascinant qui lui permet d'explorer une multitude de facettes propres à l'animal humain, mais aussi de s'amuser avec ce cinéma qu'il aime tant. Zelig, l'homme-caméléon comme on le surnomme, épouse l'apparence physique et les pensées des gens qui l'entourent." Non seulement drôle, Woody Allen réalise une véritable prouesse technique en intégrant son héros dans d’authentiques images d'archives du monde des années 20. Excellent film en noir et blanc.

Jeudi 4 août.

Golf en fin de matinée, le petit parcours. Lorsque j'ai terminé, arrivait sur le practice l'un des sympathiques joueurs rencontré au bar lundi. Petit signe amical. Lui, n'était pas là. 
Après-midi : lecture d'une nouvelle de Stefan Zweig, L'Amour d'Erika Ewald.
19 h 30 : photos du jour.




Soirée : perdu mon temps à écrire ici. In my solitude...
Demain vendredi 5 août :  fin de matinée, golf!