mercredi 29 avril 2015

Baisser le son pour mieux entendre

Deux femmes d'un certain âge  (le mien) dans la salle vide, séance de 14 heures. Deux femmes d'un certain âge, seules, elles ne se connaissent pas et pourtant, se reconnaissent. Seules dans cette salle, elles échangent un regard, complice. Sans doute attirées par le titre du film qu'elles sont venues voir : Une belle fin (Still Life).
Elle et moi sommes venues, c'est une évidence, appréhender ce qui nous attend, peut-être; nous conforter dans notre solitude, de ce que pourrait être notre fin... si nous n'avions pas de famille. En a-t-elle? Je ne sais pas, j'en ai. Ce qui fait toute la différence avec le sujet du film. Cependant, il ne suffit pas d'avoir une famille pour mourir seul(e).
Un film poignant de bout en bout, sur la solitude humaine. Une fin inattendue. Un hymne à la vie avec des séquences de chaleur humaine, émouvantes et généreuses. L'acteur Eddie Marsan pourrait jouer dans un film muet tant il est expressif. Je dirais : expressif-minimaliste.




Eddie Marsan, bouleversant

"Modeste fonctionnaire dans une banlieue de Londres, John May se passionne pour son travail. Quand une personne décède sans famille connue, c’est à lui de retrouver des proches. Malgré sa bonne volonté, il est toujours seul aux funérailles, à rédiger méticuleusement les éloges des disparus… Jusqu’au jour où atterrit sur son bureau un dossier qui va bouleverser sa vie : celui de Billy Stoke, son propre voisin."

Réalisé par Uberto Pasolini (sans lien de parenté avec Pier Paolo Pasolini mais avec Luchino Visconti dont il est le neveu).
Interview, extrait :

A y repenser, tous vos films ont un petit air de famille!

Parce que je reviens toujours au même genre d’histoire: des gens modestes confrontés à l’écart entre un rêve et la réalité. Les destins exceptionnels ne me parlent pas du tout. Ce qui m’intéresse, c’est trouver l’extraordinaire dans le quotidien. C’est trop facile de faire des films en poussant le volume à fond, l’action, le drame et la musique. Le spectateur sera secoué sur le moment mais n’en gardera pas grand-chose. En revanche, si vous baissez le volume, vous en perdrez bien sûr un bon nombre, mais vous aurez une chance de toucher vraiment certains. Le maître absolu dans ce style, c’est le Japonais Yasujiro Ozu. Sa grammaire est très simple. Résumés, ses films n’ont pas l’air très excitant. Et pourtant, il est difficile de trouver plus émouvant et universel. En toute modestie, Still Life lui doit beaucoup.
 
Comment avez-vous pensé à Eddie Marsan, qui est extraordinaire dans ce film?
 
Je ne voulais surtout pas d’une star, pour qu’on puisse vraiment croire à la réalité de ce personnage, à son job, à sa générosité, à son inconscience de sa propre solitude. Eddie a joué dans beaucoup de films, mais en général des seconds rôles plutôt outrés, y compris chez Mike Leigh. Je l’avais repéré en valet de Napoléon dans The Emperor’s New Clothes, mais il a dépassé toutes mes attentes. C’est un comédien fabuleux qui ne donne même pas l’impression de travailler. La vérité du personnage lui doit énormément.

 (Uberto Pasolini dans un entretien à lire :  Le Temps.ch)

Mostra de Venise 2013 : Prix Horizons du meilleur réalisateur (sélection « Orizzonti ») pour Une belle fin (Still Life)

dimanche 26 avril 2015

AVCésar



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Jules César


JDD du 19 avril 2015
(fin de l'article : "et même l'avoir poussé à la dépression.")

Migraines, vertiges, maladie de Menière et, "mini-AVC" voilà qui explique mes "sautes d'humeur"!
AVC...ésar!
Jules César avait-il aussi des acouphènes? Ecoutait-il de la musique pour ne plus les entendre? Quelle musique pouvait-il écouter?




Mmm'ouaips! pour faire la sieste. Pour supprimer les acouphènes, pas sûr!


"Quel était le plus grand compositeur grec au 4e siècle avant J.C ? « Timothée de Milet», répond sans hésiter Annie Bélis, directrice de recherche au CNRS, à l’Institut de Papyrologie de la Sorbonne, ancienne de l’École Française d’Athènes, et spécialiste de musique grecque antique."

jeudi 23 avril 2015

"Je ne peux dissocier des rêves et de l'enfance, le football" (Jean-Philippe Toussaint)

La naissance du football 

La naissance du football

"Le football est né en 1863, l'année de la mort de Delacroix 
(ça ne s'invente pas)."
http://www.arte.tv/fr/6714744,property=imageData,v=1,CmPart=com.arte-tv.www.jpg


http://www.arte.tv/fr/6741370,property=imageData,v=1,CmPart=com.arte-tv.www.jpg

 Une brève histoire du foot (en 4 épisodes)

"Vous n'avez rien vu à Séville, rien.
J'ai tout vu à Séville, tout.
L'arbitre en tout cas, lui n'a rien vu"
(épisode 4)

Il y a longtemps que je n'avais pas rendu visite à mon "chouchou". J'y découvre toujours quelque chose qui m'avait échappé comme ces vidéos qui intéresseront autant - et peut-être plus - les cinéphiles que les "footeux".

Jean-Philippe Toussaint aime le football, c'est sûr. Souvenez-vous :
 
"La Mélancolie de Zidane est ma mélancolie, je la sais, je l'ai nourrie et je l'éprouve. Le monde devient opaque, les membres sont lourds, les heures paraissent appesanties, semblent plus longues, plus lentes, interminables.* Il se sent fourbu, vulnérable. Et dans une ivresse de fatigue et de tension nerveuse, Zidane ne peut qu'accomplir l'acte de violence qui délivre, ou de fuite qui soulage."
La Mélancolie de Zidane, Jean-Philippe Toussaint. Ed. de Minuit.
Et pour les cinéphiles, découverte de ce site "sensass" (coucou maman chérie) qui, comme l'écrit Isabelle Régnier dans son blog du Monde en 2010 :

"... s'appelle Blow Up , comme le film d'Antonioni. Ce n'est pas un film, mais un programme web cinéphile et ludique d'arte.tv. Proposée par Luc Lagier (ancien rédacteur de l'émission Courts-Circuits sur Arte et auteur de livres sur Carpenter et De Palma, notamment), ce mini-site régulièrement actualisé se cale --mais pas seulement-- sur la programmation de la chaîne et propose toute une série de petits modules vidéo rigolos [...].
Sur les traces de l'indépassable émission Cinéma, Cinémas, mais en mode web, donc nécessairement plus modeste, plus bricolé, plus ludique et plus interactif, ça a le mérite d'être léger et plutôt inspiré."

La 100e de Blow Up a eu lieu en 2012. Isabelle Régnier en parlait ici.

Et je découvre cette pépite cinq après sa création! mais grâce tout de même à mon "chouchou" (qui me pardonnerait - j'en suis sûre - ma familiarité, s'il me connaissait).

Fan de foot moi? Jamais! Fan de Jean-Philippe Toussaint. Toujours!

vendredi 17 avril 2015

"La tristesse de la frivolité, la banalité des idées et des goûts à la mode"

Hier, au golf, ciel couvert, temps idéal pour faire un parcours, la chaleur des jours précédents m'avait déjà anéantie.
A l'heure du déjeuner... fairways quasi désertés, je jouais deux balles.
Il s'agit d'un golf 9 trous dans la campagne. Très charmant, si ce n'étaient ses difficultés techniques, ses vallons éprouvants quand on tire son chariot. Les moins courageux de ce club et la plupart des seniors ont opté pour le chariot électrique. Les plus courageux et finalement les plus sensés préfèrent porter leur sac.
Solitaire comme souvent mais encouragée par mon coach derrière les nuages, j'étais, non pas derrière mais sur un petit nuage de bonheur dans le silence de la campagne, les champs de vaches côtoyant les greens, silence seulement troublé par le coassement de quelques crapauds dans un petit étang, le chant des oiseaux et, les canards trottinant sur l'herbe après leurs ablutions dans l'étang aux crapauds, avant de prendre leur envol (c'était superbe et n'ai pas eu le temps de les prendre en photo).
Bref, divin! pour ce qui concerne le côté champêtre de l'environnement, mais parfois exaspération! quand les coups ratés font atterrir la balle dans un bunker à l'écossaise - dans lequel si vous ne mesurez pas 1m95 vous ne voyez plus le drapeau - ou dans un ruisseau, quand le trou sur lequel vous jouez vous rend fou par ses obstacles à franchir, voire infranchissables si vous n'êtes pas une championne.

J'ai donc eu le droit, hier, au fameux bunker, duquel je n'ai pas réussi à sortir avec mon club (sandwedge). Après cinq! oui cinq coups infructueux, j'ai honteusement (personne ne m'a vu (0_0)) ramassé ma balle et je l'ai balancée sur le green... à 50 cm de drapeau. Ah ah! quelle championne. J'ai ratissé le bunker comme il se doit et remonté les escaliers. J'ai enguirlandé mon coach qui ne m'a pas aidé d'un pouce derrière ses nuages. Pfff! Petit montage photo (cliquer sur l'image, puis afficher l'image pour voir la balle dans le bunker et la première, réussie (non mais), sur le green. Il faut une loupe pour voir la balle dans le bunker, première image, à gauche à côté d'un petit tas d'herbe).


Trois trous plus loin, j'ai rattrapé une équipe de 4 joueurs. Ils étaient sur le trou fatidique, un PAR 5 d'enfer, celui au ruisseau, à l'étang, au rough effrayant mais qui n'aurait pas perturbé un Ballesteros et aujourd'hui un Jordan Spieth.
Je les ai discrètement doublés et j'ai donc pu faire ces photos (montage) où l'on voit deux d'entre eux qui cherchent leur balle dans le rough avant le ruisseau, un autre qui semble avoir trouvé la sienne avant le ruisseau et le meilleur qui attend, devant, entre le ruisseau et l'étang. Ils ne sont pas sortis de l'auberge... Montage deux photos (comme pour la précédente, cliquer... afficher... pour voir les pôv' gars (0_0)). J'avoue, encore honteusement, avoir occulté ce trou...


... j'en profitais pour photographier les canards et les vaches au green du 8...





... avant d'aller récupérer ma balle que je venais de driver au 9 dans le ruisseau. Eh oui! le ruisseau traverse quatre trous : le 1, le 7, le 8 et le 9. Il ne faut pas jouer petits bras et, ce n'était pas mon jour, mon coach m'avait laissé tomber.

Cela n'a pas entamé ma joie d'être là...



Et soudain je repensais à ces pages de Georges Borgeaud que j'avais récemment lues dans Le voyage à l'étranger et je me trouvais alors futile, voire coupable (de quoi? de vivre?) et ne voulais pas être de "ces gens-là" :

"Je ne cacherai pas que des vacances, passée dans la compagnie de gens pour qui la dépense n'était pas un souci, me révélèrent la tristesse de la frivolité, la banalité des idées et des goûts à la mode, enfin la routine des loisirs. C'est que je croyais encore au pouvoir des moyens matériels pour préserver de l'ennui, pour éveiller l'imagination, combler les nobles désirs, effacer les heures creuses, bref empêcher le bâillement de nos âmes, comme la mienne s'était décroché les mâchoires à subir la platitude de mon milieu. Mais le bâillement des riches est pitoyable. De quoi les accuserais-je, moi, qui ai aussi sommeillé dans ma pauvreté.
[...]
Sans doute, je le reconnais, j'étais entré dans un monde snob, disons le mot, parisien, qui est une  nuance de plus. Intelligent, insaisissable et négatif.
[...]
Enfin, j'ai eu le temps de me persuader de la grande fantaisie de la nature, qui a dispersé ses dons et ses travers sur toutes les classes de la société. La vraie hiérarchie est celle qui ne tient jamais compte de la situation de quelqu'un mais de sa nudité morale."

mercredi 15 avril 2015

***

Ce soir sur Arte à 23 heures un documentaire  : Günter Grass, un écrivain engagé. Apparemment, il n'y aura pas de rediffusion.



"Ce documentaire suit l'écrivain allemand en 2005 et 2006, jusqu'à la parution de ses mémoires "Beim Häuten der Zwiebel" (Pelures d'oignon). Au-delà de la polémique qu'a déclenchée ce récit et plus encore les révélations de Günter Grass sur son enrôlement dans les Waffen-SS, le documentaire met avant tout l'accent sur l'omniprésence de l'écrivain : conférences, campagne électorale pour les élections au Bundestag, remises de prix… il est partout. Entre deux apparitions, il rencontre ses traducteurs à Gdansk, sa ville natale, et assiste à une représentation théâtrale à Paris avec sa fille Helene, elle-même actrice. Hormis les entretiens avec Grass lui-même, d'autres intervenants nous racontent l'homme : son éditeur Gerhard Steidl, les écrivains Amos Oz et Salman Rushdie, ainsi que l'ancien chancelier allemand Gerhard Schröder. Loin de condamner les erreurs de jeunesse de Grass, les deux documentaristes montrent combien ce comportement coupable motive aujourd'hui son travail artistique et son engagement politique."

A lire dans la Revue des Ressources : Günter Grass : avoir le dernier mot.

"La nuit immense et noire aux déchirures blondes"








C'est une chose étrange à la fin que le monde
Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit
Ces moments de bonheur ces midis d'incendie
La nuit immense et noire aux déchirures blondes

Rien n'est si précieux peut-être qu'on le croit
D'autres viennent Ils ont le cœur que j'ai moi-même
Ils savent toucher l'herbe et dire je vous aime
Et rêver dans le soir où s'éteignent les voix

Il y aura toujours un couple frémissant
Pour qui ce matin-là sera l'aube première
Il y aura toujours l'eau le vent la lumière
Rien ne passe après tout si ce n'est le passant

C'est une chose au fond que je ne puis comprendre
Cette peur de mourir que les gens ont chez eux
Comme si ce n'était pas assez merveilleux
Que le ciel un moment nous ait paru si tendre...

Malgré tout je vous dis que cette vie fut telle
Qu'à qui voudra m'entendre à qui je parle ici
N'ayant plus sur la lèvre un seul mot que merci
Je dirai malgré tout que cette vie fut belle

Louis Aragon, Les Yeux  et la mémoire.

lundi 13 avril 2015

"Nous sommes tous les témoins passifs d'une barbarie sans cesse renouvelée" (Günter Grass)

Günter Grass est mort
 (16 octobre 1927- 13 avril 2015)


Günter Grass

 Günter Grass receiving his Nobel Prize from His Majesty King Carl XVI Gustaf of Sweden at the Stockholm Concert Hall, 10 December 1999.
Copyright © FLT-Pica 1999,
 Photo: Anders Wiklund

"L’auteur du Tambour, peut-être son livre le plus célèbre, ferrailleur à gauche, romancier engagé, conscience morale de l’Allemagne d’après-guerre, avait reçu le Prix Nobel de littérature en 1999. Il avait 87 ans, et est décédé dans une clinique de Lübeck, a annoncé son éditeur." (Le Temps)

Günter Grass fut également peintre, graveur, sculpteur.
Quelques oeuvres (Source) :

 http://masmoulin.blog.lemonde.fr/files/2010/08/1943.1281332682.jpg 

Mon siècle 1943


1955-guerre-froide.1281332743.jpg

Mon siècle 1955, Guerre froide

1961-mur-de-berlin.1281332821.JPG
  
Mon siècle 1961, Construction du mur de Berlin
 

http://rue89.nouvelobs.com/sites/news/files/assets/image/2009/10/IMG_0001.jpg

Mon siècle 1989

"Au dessus du piano, le portrait du sombre Beethoven, cadeau de Greff, fut ôté de son clou et, au même clou fut exposé un Hitler au regard pareillement sinistre. Matzerath, qui n'avait pas le goût de la musique grave, voulait bannir sans rémission le musicien sourd. Pourtant maman, qui aimait beaucoup les phrases lentes des sonates beethovéniennes, les avait étudiées sur notre piano deux ou trois fois plus lentement qu'il n'était indiqué et les faisait s'égoutter de temps à autre, obtint à force d'insistance que le Beethoven prît place non pas au-dessus du divan, mais au-dessus de la desserte. Ainsi commença cette confrontation sinistre entre les plus sinistres : Hitler et le génie, suspendus face à face, se regardaient, se perçaient à jour et pourtant n'éprouvaient aucune sympathie réciproque."

Günter Grass, Le Tambour.

Mon hommage :
J'avais enregistré cet extrait tiré d'un documentaire sur Max Frisch.

Mardi 14 avril.

Au lendemain de sa mort, de nombreux articles parlent du côté sombre de sa jeunesse, les hommages se multiplient, l'ambiguïté, la polémique persistent mais le talent de l'écrivain, de l'artiste est incontestable, comme celui de L.F. Céline.

Augusta : deuxième en 2014, vainqueur en 2015, Jordan Spieth le nouveau tigre

Jordan Spieth


Masters 2014. Photo Getty images 


"Enorme coup de tonnerre au Masters, où un jeune Texan de 21 ans gagne avec le sang-froid d’un tueur à gage. La sensation Jordan Spieth rappelle furieusement l’avènement de Tiger Woods et ne laisse pas de place au doute : il est la future très grande star du golf mondial."



Jordan Spieth, révélation du Masters à Augusta (Géorgie), jubile en enfilant sa veste de champion. (Reuters)

Masters à Augusta (Géorgie) 12 avril 2015
Jordan Spieth remporte la victoire
Photo Reuters/ Jim Young

"C’est entendu: le choc de la victoire de Tiger Woods à Augusta en 1997 restera unique pour toujours. Une victoire pour son premier Majeur en tant que professionnel, ses douze coups d’avance, l’annonce d’une révolution à venir: on ne trouvera jamais d’équivalent. Mais la victoire de Jordan Spieth ce dimanche vient se poser juste à ses côtés dans l’histoire du Masters. Un score final de -18 lui aussi, une domination entamée dès le premier tour jeudi, et une sérénité sans égal au moment d’accueillir son premier Majeur: «C’est le plus beau jour de ma vie, ça ne fait aucun doute.
[...]
«Il a le QI golf le plus élevé sur le circuit. Son âge, c’est une blague», pour le caddie de Phil Mickelson, un expert en cerveaux développés. Pour preuve de sa maturité, on prendra sa gestion du tournoi. En pleine lumière depuis le début de la semaine, il a su garder en permanence la tête dans le frigo, et avait prévenu dès après son 64 inaugural: «Gagner ce tournoi, c’est laisser son nom dans l’histoire. Et le plus dur, c’est de mettre cette idée de côté dès qu’on prend le départ.» Il a aussi parlé de patience, la vertu la plus recherchée dans cette discipline de dingo, et qui semble innée chez lui.

Et que dire de la hauteur qu’il a su prendre le dimanche, pour passer au-dessus de l’événement et non pas à côté? Il avait Tiger Woods deux parties devant lui, et Phil Mickelson à portée de drive toute la journée. Et les fameux roars d’Augusta, ces rugissements de la foule quand il se passe quelque chose de spécial, ne sont en rien une légende. Du fairway du 2, Spieth a ainsi vu et entendu Phil Mickelson rentrer son putt pour birdie deux cent cinquante mètres plus bas. De même qu’il a perçu les clameurs comme une éruption quand Woods a planté son eagle au 13. Mais au final, c’est lui qui a provoqué les cris les plus assourdissants, avec ses birdies à répétition.
[...]
«Il a déjà la force mentale de Jack Nicklaus», jugeait Nick Faldo, trois fois vainqueur ici..."

(Source Le Temps.ch)

jeudi 2 avril 2015

Faire le vide...



Depuis des semaines ma vie est remplie de vide. Je continue cependant à creuser ce vide. Je remplis des sacs poubelles de cahiers, de notes, de réflexions, de phrases d'auteurs que j'aime et que je transcrivais dans des carnets. Je commence à mettre "de l'ordre" dans mes affaires en éliminant tout ce que je ne souhaite pas que l'on découvre si je disparaissais brutalement (dans un accident d'avion par exemple). Tout ce qui est moi au fond, ce que je suis réellement et qu'on ne soupçonne pas (à part mes lecteurs, ces inconnus), un mixte de sérieux et de futile. Cependant je feuillette rapidement ces cahiers avant de les jeter; ce ne sont pas mes journaux intimes, ceux-là j'attends encore un peu pour les détruire, du moins ceux qui restent d'un premier tri. Ce faisant, je me dis que c'est dommage et que, à vrai dire, personne n'aurait idée de lire ces notes dans ces cahiers-pense-bête car c'est un vrai foutoir : des phrases, des émissions de radio écoutées ou à réécouter, des chiffres de carte bancaire virtuelle qui ne servent qu'une fois pour des achats sur Internet, des numéros de téléphone, des noms de gens que je dois appeler ou à qui il "faudrait" que j'écrive. Oui, que des choses sans intérêt en fait, pour qui tomberait sur ces notes.
Quelques-unes... au hasard de ce grand ménage, qui pour certaines n'ont vraiment plus aucun sens hors de leur contexte :

"La légèreté des hommes c'est un peu lourd pour les femmes." (Alain Tanner)

"Tu vas voir que je sais conclure" (?)

J'écris beaucoup. Quand j'écris j'entends le son de ma voix. L'écriture remplace la parole quand je reste des jours et des jours sans parler à personne.
A l'intérieur je suis proche de moi.
J'ai un faible pour l'introspection.
Écrire à Jacques... commander des photos...

"Le vide est fondamental dans la peinture chinoise. Le vide est lié à la notion de souffle (Taoïsme). La mort n'est pas un couperet fatal. La mort est partie intégrante de la vie."

Faire le test du neurostimaluteur migraine.

"Je ne le désire pas. Il ne me manque pas. Dans son absence je le perçois; il ne sera jamais plus proche de moi." (?)

Sollers chez Laure Adler. 22 h vendredi.

Silence, quiétude, isolement.

"L'écriture c'est le tutoiement de soi-même" (Laure Adler).

Michael Lonsdale lit Katherine Mansfield mercredi 20 h sur France Culture.

"Pas de jouissance d'écrire sans jouissance de lire" (Roland Barthes).

"L'expression ne devrait pas passer par les mots. Le langage pervertit."

Écrire à Genève... Résultats compète... Anniversaire D. ... Argus, reprise?

"Aux troubles de la mémoire sont liées les intermittences du cœur." (Marcel Proust, A la recherche...).

Faire le test Alzheimer.

Penser vérifier pression pneus et niveaux.

Câble de synchronisation pour B3410. (?)

"Nous on adore s'envoyer en l'air, mais pas avec n'importe qui." (Pub). 

"Quand je pense qu'on naît, qu'on meurt, qu'on se réjouit, qu'on s'afflige, qu'il y a des maris couchés avec leur femme et des gens qui rient à table, que l'on travaille à toutes sortes de métiers, et qu'on est très occupé, qu'on a des mines sérieuses!... Comme c'est bête, comme c'est bête! (Gustave Flaubert, La Tentation de Saint-Antoine).

Et ainsi de suite... ce sont des cahiers de 180 pages... Hop! dans le sac poubelle. 

Aujourd'hui j'ai fait trois conneries! (le 1er avril 2015).

mercredi 1 avril 2015

Auteurs suisses d'expression française

Lectrice régulière des auteurs suisses d'expression française, l'article de Sergio Belluz ce matin dans LE TEMPS (extraits ci-dessous) a retenu mon attention. J'ai toujours eu du mal à accepter ces "clivages" quand il s'agit d'art, de littérature, de création et, d'autant plus de francophonie. Il ne me viendrait pas l'idée saugrenue de dire que je lis un auteur romand en parlant de Jean-Jacques Rousseau ou de dire que je lis de la littérature valaisanne avec Georges Borgeaud, que j'ai découvert récemment et avec enthousiasme dans son Voyage à l'étranger. Ouvrage qui obtint le prix Renaudot, publié il y a quarante ans... mieux vaut tard que jamais! 

Quant à Paul Nizon (un de mes chouchous) écrivain suisse de langue allemande (livres traduits en français), il est à peine plus connu en France que Frisch ou Dürrenmatt... voire en Suisse : j'ai fait découvrir Paul Nizon à un ami suisse - pourtant féru de littérature - qui ne le connaissait pas! Il m'a remercié.

"Pourquoi il faut en finir avec la «littérature romande»

Sergio Belluz
Les politiques culturelles de la Suisse francophone devraient laisser tomber Ramuz et ce vieux concept de «littérature romande» et mettre davantage l’accent sur des auteurs suisses d’expression française, estime Sergio Belluz, auteur de «CH. La Suisse en kit (Suissidez-vous!)», Ed. Xenia, 2012 et de «Fables» (à paraître)

Au Centre de recherches sur les lettres romandes de l’Université de Lausanne, on est très vigilant quant à la certification romande – c’est-à-dire ramuzienne, c’est une AOC – de la littérature produite dans la région [...]
[...]
 Et quand il s’agit de culture romande, donc de Ramuz, on ne lésine ni au Centre de recherches sur les lettres romandes, qui, il y a peu, avait budgété une édition complète de Ramuz à hauteur de 4,2 millions de francs, ni au Grand Conseil vaudois qui n’avait pas hésité à accorder 1 155 000 francs pour une publication en Pléiade, dans l’illusion d’une consécration suprême de la littérature romande.

On aurait tout aussi bien pu refiler l’argent directement à la Fondation Ramuz dont les présidents successifs dirigent aussi le Centre de recherches sur les lettres romandes, mais enfin le résultat est là: sur la page web de la Pléiade, en cherchant par nationalité d’auteur – pas d’entrée «Romandie» ni «Vaud (Pays de)» –, on tombe sur LA page suisse et ses quatre volumes: le Jaccottet (février 2014) et les trois volumes de romans de Ramuz (2005), le reste a paru ailleurs, faute d’accord avec les héritiers. Keller? Frisch? Dürrenmatt? Inconnus au bataillon, aucun canton suisse allemand n’a jugé bon de miser des millions sur eux. Quant aux autres Suisses romands pléiadés (Rousseau, Constant, Mme de Staël…), ils y sont en se faisant habilement passer pour des Français.
[...]
Les politiques culturelles des cantons francophones sont bloquées sur Ramuz, mort il y a près de septante ans, et sur ce concept de «littérature romande» né il y a plus d’un siècle pour se démarquer de la France et afficher une identité latine face à la Suisse allemande. On peut se poser la question: le moment ne serait-il pas venu d’enfin laisser tomber Ramuz et le Romandisme et de mettre l’accent sur la promotion des auteur(e)s suisses d’expression française? Parle-t-on de peinture romande pour Auberjonois? de cinéma romand pour Goretta? de musique romande pour Binet? Rousseau, Mme de Staël, Albert Cohen ou Nicolas Bouvier sont-ils des écrivains romands? C’est quoi, un écrivain romand?

Ce qualificatif de «romand» – le mot même est artificiel puisque, par parallélisme avec «suisse allemand», on avait rajouté un «d» final au terme «roman» utilisé dans une certaine terminologie historico-géographique jusqu’à la moitié du XIXe –, n’est-il pas devenu obsolète et stigmatisant? N’est-il pas confondu, hors de Suisse, avec un qualificatif régional de type «littérature provençale» qui range ses auteurs dans une catégorie terroir dont ils n’arrivent pas à se défaire? N’est-il pas une des raisons pour lesquelles la littérature suisse d’expression française a de la peine à s’exporter?
[...]
Kafka est défini comme «auteur pragois de langue allemande», Julien Green comme «écrivain américain de langue française», Samuel Beckett comme «auteur irlandais d’expression française et anglaise». Dans un monde connecté où les frontières s’estompent, n’est-il pas contradictoire de se réclamer d’une identité qui ne se définit que par un espace géographique, et de se plaindre en parallèle d’une discrimination culturelle et exiger à grands cris une reconnaissance nationale et internationale? Et si on mettait tout l’argent sur la promotion énergique des auteur(e)s suisses d’expression allemande, française, italienne et romanche, c’est-à-dire de la littérature suisse tout court?

«Besoin de grandeur», écrivait Ramuz…"