dimanche 25 octobre 2015

Contrejour

Ce jour, un beau dimanche






lundi 19 octobre 2015

Imagine all the people/Living life in peace

20 h 15 ce soir, j'entends ça à la radio et je me mets à chanter.
Ça ne m'arrive plus très souvent de chanter. Mais ça, c'est tellement de souvenirs qui ressurgissent : peace and love, and freedom.
Ô ma jeunesse enfuie, pourquoi ne te retrouverais-je plus jamais?
Mais je m'en fiche. J'arrête de manger, tant pis si ça va être froid.
J'écoute, je chante et même je me lève, j'abandonne mon dîner et je danse, je ferme les yeux. J'ai vingt ans. Pendant trois minutes quatorze secondes!


samedi 17 octobre 2015

Des tocs artistiques




Où trouvent-ils l'inspiration? Au lit, en promenade, sous la douche? Quels sont les rituels des génies créatifs?

A chacun ses habitudes, ses "tocs", sa routine et, sa solitude.

"Gustave Flaubert, par exemple, annonçait tous les matins son réveil à 10 heures précises en faisant sonner une cloche. Ses domestiques lui apportaient alors le journal, un verre d’eau, sa pipe et son courrier. Après avoir parcouru la presse, il toquait au plafond, signe qu’il était temps pour sa mère de le rejoindre dans sa chambre pour causer. En véritable forçat de l’écriture, l’auteur de Madame Bovary travaillait par ailleurs 12 heures par jour selon une routine bien réglée : après avoir tracé une phrase sur un manuscrit placé en hauteur sur un pupitre de musique, l’écrivain allumait sa pipe, se renversait sur son siège et contemplait les mots dans une atmosphère enfumée. Au bout d’un quart d’heure, il supprimait une virgule inutile. Au second quart d’heure, il remplaçait un mot inadapté. Après 45 minutes, il effaçait le tout et recommençait à zéro."
[...]
"Gustave Flaubert déclarait ainsi : «Bédouin, tant qu’il vous plaira; citoyen, jamais.» Pour Pablo Picasso, aucun travail sérieux n’est possible sans grande solitude. Goethe quant à lui était d’avis que l’on pouvait être instruit par la société, mais que seule la solitude était à l’origine de l’inspiration."

Pour connaître les rituels quotidiens d'autres génies, lire l'article complet 
(Source Le Temps.ch, Amanda Castillo).

D'après l'ouvrage de Mason Currey, Dailys rituals.



Je suis une bédouine... 




Dans le désert brûlant de ma solitude
Ont poussé
Des milliers d’arbres solitaires

*

Résultat de mes errances :
Quelques petits sentiers
Pour les marcheurs


*

J’hésite
Debout entre deux chemins
La seule route que je connaisse
Est celle du retour




Abbas Kiarostami, Un loup aux aguets




jeudi 15 octobre 2015

2014 : 50e anniversaire de la Fondation Maeght







(Photos du 3.10.14)

Il y a un an, je passai la journée dans ce beau domaine, pour le 50e anniversaire de la Fondation Maeght. Ce fut l'occasion unique en Bretagne de voir des œuvres d'artistes contemporains, tels que : 
Jean Degottex, Hans Hartung, Jean Messagier, Pierre Soulages, Antoni Tàpies, Raoul Uba, Bram Van Velde, Alberto Giacometti, Pierre Tal Coat, Paul rebeyrolle, Henri Michaux, Jean-Paul Riopelle, Simon Hantai, Sam Francis... et cette liste n'est pas exhaustive.  Un grand moment, pour moi.
Les photos étaient interdites dans le château. Je n'ai pu "voler" que celle-ci (recadrée) :


Pierre Tal Coat, Grand tracé II, 1955
Huile sur toile, 96 x 200 cm

et cette autre dans un bâtiment (anciennes écuries) 


Au centre : Pierre Tal Coat
A gauche : Pierre Alechinsky 

Après avoir visité les différentes salles d'exposition, un déjeuner léger sur la terrasse fut des plus délicieux sous un beau soleil. Nous étions le 3 octobre 2014 et, comme souvent en Bretagne, le début de l'automne est une sorte d'été indien! 






En sirotant mon café je consultais le catalogue de l'exposition que je venais d'acheter pour la modique somme de 6 euros, car il faut préciser et le faire savoir : l'entrée dans ce magnifique domaine et les expositions sont gratuites. Rarissime pour ce qui est des lieux culturels. Je lisais donc sous la plume de Adrien Maeght :

Un anniversaire

C'est un bonheur, un bonheur amical et esthétique, que de retrouver les œuvres qui ont construit l'histoire de la Fondation Maeght dans ce lieu magnifique, au cœur de la Bretagne, qu'est le Domaine de Kerguéhennec. Avec son patrimoine, ses lieux d'exposition, son magnifique parc, j'y retrouve, à sa manière, l'alliance entre l'art et la nature qu'ont souhaité mes parents sur les collines de Saint-Paul-de-Vence. Il est émouvant de voir ici des œuvres que j'ai parfois connues dans des ateliers d'artistes ou dans de nombreuses expositions à travers le monde. Elles ont été choisies et présentées avec justesse par Olivier Delavallade et son équipe. Il est heureux de voir les jeunes générations accueillir ces œuvres qui les précèdent dans l'histoire de la modernité. Elles se les approprient pour en faire ainsi un héritage vivant.
Le choix du Domaine de Kerguéhennec privilégie celles qui sont issues de la donation de la Société des amis de la Fondation Marguerite et Aimé Maeght. C'est un bon choix qui permet de donner toute sa dimension au travail accompli, pendant quarante ans, par nos Amis qui ont réuni tableaux, dessins et sculptures, attentif à la création tout au long des décennies écoulées.
Pierre Tal Coat est à mes yeux un des grands artistes du XXe siècle. Avec Olivier Kaeppelin, avec l'aide de tous ceux qui partagent notre conviction, nous devons, dans les années qui viennent, contribuer à le faire mieux connaître, tout particulièrement aux plus jeunes qui le découvriront.
En pensant à Tal Coat, tant de souvenirs ressurgissent, notamment ceux liés à la construction du mur d'enceinte de la Fondation, dont il a fait un magnifique exemple d'art pariétal contemporain.
L'architecte Henri Gaudin dit de lui que "Tal Coat nous fait comprendre que sa peinture n'a pas besoin d'objets, plutôt nous montre-t-il les conditions de leur présence. Il montre les conditions pour que l'oiseau migrateur traverse le ciel, pour que la respiration se fasse, pour que l'arborescence ait lieu".
[...]

Je refermai alors le catalogue, il était temps que je poursuive ma visite et je me dirigeai vers la "bergerie" du Domaine, pour voir les œuvres de Pierre Tal Coat. J'y suis restée plus de deux heures, qui méritent un billet consacré uniquement à cet artiste (j'y reviendrai donc).

Je terminai cette belle journée, riche en découvertes, par une longue promenade solitaire(quel bonheur) dans le parc et je fis même quelques autoportraits auprès de sculptures. Malheureusement, Tal Coat avait épuisé ma batterie et je ne pus photographier que celles-ci :


Je pensais en parler plus tôt mais si l'intérêt est moindre, je le fais parce que Tal Coat est à l'honneur en exposition permanente du Domaine et ça vaut vraiment le déplacement, pour voir ses oeuvres et aussi pour une jolie promenade dans le parc.


(Billet incomplet, laissé en l'état)









mardi 13 octobre 2015

Passion, montagne

J'écris le mot Journal.
Je ne sais que dire.
Trop ou pas assez.
Et puis, toujours la même chose : balades, lectures, ménage, golf, expos, cinéma, écoute radio.
Je pensais mettre le clap de fin sur mon précédent billet et voilà que j'écris à nouveau. Du rien.
De plus en plus énervée par la publicité, France Inter s'y met, pénible et leur propre pub qui passe à la télévision devient aussi agaçante que celles qui passent sur leurs ondes. Je zappe France Inter.

Samedi 10 octobre.
Commencé à nettoyer mes vitres, ai fait l'extérieur des deux porte-fenêtres et de la chambre.
Écouté cette émission. Évasion. Le livre : Cervin absolu de Benoît Aymon. 

Dimanche 11 octobre.
Vitres : fait extérieur et intérieur de deux fenêtres.
Cinéma : vu EVEREST. Pour les amateurs et admirateurs des sommets qui semblent inatteignables.
"Le scénario s'inspire du livre autobiographique Tragédie à l'Everest (Into Thin Air: A Personal Account of the Mt. Everest Disaster) écrit par l'écrivain, journaliste et alpiniste Jon Krakauer et publié en 1997. Il revient sur une catastrophe survenue en mai 1996 sur le mont Everest. Jon Krakauer avait été envoyé par le magazine Outside pour participer à cette expédition."

Lundi 12 octobre.
Vitres : fait intérieur des deux porte-fenêtres et de la chambre. Terminé.
Golf : 9 trous. Pour finir de m'achever physiquement.
Commandé : Escalades dans les Alpes de Edward Whymper.

Je suis une fille de la mer fascinée par la montagne et surtout par les alpinistes. Pourquoi? Je n'ai jamais "fait" de montagne, sauf quelques balades - c'est le mot qui convient - quand je séjournais à Chamonix Puis à Evian. L'Aiguille du Midi, j'y suis allée en téléphérique, solitaire mais je n'étais pas seule, un couple de touristes m'a pris en photo, équipée comme une bourgeoise, avec un foulard H. C'est à pleurer de rire, plus nulle tu meurs. Totale inconscience. Ce qui est étonnant c'est que je n'ai ressenti aucun vertige en montagne mais j'y étais avant que Menière ne se manifeste. Si j'y retournais aujourd'hui, je ne sais pas si j'aurais des vertiges. Peut-être un vertige du bonheur d'y être à nouveau. Je serai mieux équipée, c'est sûr. Depuis, j'ai lu tant d'ouvrages sur la montagne, j'ai appris qu'elle pouvait être très dangereuse.




Mardi 13 octobre.
Corvée annuelle, après celle des vitres (bisannuelle), lessivage des sols (ma vie est passionnante). Ouf! Terminées les corvées. Et dire "qu'il y en a des"... qui font ça tous les mois voire toutes les semaines. Bouh! Pour mon prochaine anniversaire, je prends une femme de ménage. Je ne devrais donc plus en avoir pour longtemps à trimer comme ça.
Puis j'ai tenté - vainement - de faire "l’entretien courant" de mon lave-linge qui a déjà sept ans, qui ne me pose pas de problèmes. Cependant une petite vérification serait peut-être utile me suis-je dit. Instructions :
. Nettoyage du filtre de pompe (0_0)


Figure 13 : ok! Je retire la plinthe.
Je place un chiffon et un récipient plat comme indiqué.
Figure 14 :
J'ai un tuyau de purge (hum!). Je n'arrive pas à sortir le bouchon du tuyau, trop dur. Je laisse tomber, je crains de ne pouvoir le remettre et l'enfoncer à fond vue la difficulté pour l'enlever.
Je passe au bouchon du filtre. Je n'arrive par à le dévisser. Je mets un gant de caoutchouc idem, je n'y arrive pas. Il a dû être vissé par un robot balèze.
J'abanconne j'abandonne. Hop! Je remets la plinthe et vais déposer une plainte chez la mère Denis le fabricant. Non mais!
Pour ce qui est de "l'accès au fond de la cuve" et du "démontage de l'aube du tambour"... ça va pas la tête? Tsss! Il y a des choses que je peux faire et d'autres que je laisse aller à vau-l'eau en attendant la catastrophe qui m'obligera à appeler un pro.

Il est temps que je passe à autre chose de plus agréable. Poursuivre ma lecture en cours : L'angoisse du roi Salomon de Romain Gary (Emile Ajar). La plume d'Emile Ajar n'a rien à voir avec celle de Romain Gary, même si... 
Je suis fan des deux : avec Ajar je me détends, je m'évade, je suis dans le roman, la fiction et avec Gary je suis dans le je, l'autobiographie, l'autofiction. Je suis moi. Enfin, un tout petit peu moi, je veux dire qu'il me touche profondément. Je jubile avec L'angoisse du roi Salomon, je retrouve l'humour mélancolique de Gros-Câlin. C'est le dernier Emile Ajar.


lundi 12 octobre 2015

samedi 3 octobre 2015

De l'infiniment petit au monumental

http://www.ville-landerneau.fr/var/ptic/storage/images/bienvenue-a-landerneau/en-ville2/actualites/exposition-giacometti-aux-capucins/164960-1-fre-FR/Exposition-Giacometti-aux-Capucins_zoom_colorbox.jpg 



Pour celles et ceux qui passeraient par Landerneau, vous avez encore un mois pour voir cette exposition qui vaut le tour et le détour : Aux Capucins.



"Le problème pour moi est de savoir pourquoi il m'est impossible de faire ce que je veux faire. Tous les soirs je tente de savoir ce que je vois et pourquoi je n'arrive pas à me le représenter."
Alberto Giacometti, entretien avec Marie-Thérèse Maugis, 1964.

Si je tarde à parler de cette exposition que j'ai vue il y a un mois, c'est parce que je m'en sens incapable, je ne sais par où commencer. J'ai passé un temps fou dans cet espace magnifique ! Il faut dire que j'ai passé aussi un peu de temps, assise, à regarder film et vidéo, par intérêt mais - ne le cachons pas - pour me reposer. J'aurais bien fait parfois comme ces enfants (pas du tout perturbateurs cette fois) et me serais assise par-terre si j'avais été sûre de pouvoir me relever. Hi!

Bref, j'ai envie de dire aux lecteurs de ce blog billet : ne vous attardez pas sur la suite mais cliquez directement sur ce lien pour y découvrir l’œuvre de Giacometti avec de superbes reproductions en images (cliquer sur les photos du lien pour avoir les légendes) et une bibliographie complète plus intéressante que tout ce que je pourrais rédiger ou recopier ici!  


La Jambe, 1958. Plâtre.

Je sens que je vais y aller dans le désordre, tant pis. Allons-y pour La Jambe puisqu'on la voit ici. Mais si je vais être désordonnée, l'accrochage lui ne l'est pas et les différentes périodes du travail de l'artiste sont bien définies. L'"accrochage" est très esthétique (je l'avais déjà remarqué pour Miró) mais également didactique avec des affichages de textes explicites pour éclairer notre lanterne!
 


Que dire de cette jambe, qui me soit personnel et pas du copié/collé (je vais en faire pas mal) trouvé quelque part? Tiens, il n'y a d'ailleurs pas de notice sur cette jambe. La jambe est frêle et le pied au contraire lourd, massif, bien ancré sur son socle. Une petite parenthèse justement sur les socles. Il faut savoir qu'ils font partie intégrante des sculptures de Giacometti, on voit leur importance dans les sculptures ci-dessous et parfois le contraste saisissant entre la taille imposante du socle et la fragilité, la finesse des figurines.

"Le problème du socle est une de ses interrogations récurrentes tant pour des raisons pratiques qu'esthétiques. A de nombreuses reprises Giacometti transforme ses sculptures en en modifiant le socle [...]." (Christian Alandete)


Femme au chariot, vers 1945. Plâtre




Buste d'homme, 1956. Bronze
(Ou comment le corps devient socle ou vice versa)


Le thème de la tête est très présent dans l'exposition.

"Pour Giacometti, toute l'humanité se concentre dans la tête. C'est à la fois le lieu où s'exprime, la vie - le regard -, et où se devine la mort potentielle - le crâne." (Catherine Grenier).


 Grande tête, 1958. Plâtre peint (état de 1965).

"Lorsqu'il emploie ses outils de sculpteur pour dessiner sur les têtes, il le fait comme un pinceau le ferait sur une toile. Plus tard il peint les plâtres comme s'il créait des incisions. [...] Dans ce cas, la peinture sert à "animer" la sculpture. Le résultat évoque parfois les peintures corporelles tribales, ce qui rappelle l'intérêt qu'il a porté à l'art africain. D'autres fois, ses sculptures colorées rappellent plutôt les tanagras, ces figurines peintes dans l'Antiquité, ou encore l'art funéraire égyptien." (C.G.)


Tête d'homme sur socle, vers 1949-1951. Plâtre peint.



 Têtes, vers 1960-1966. Stylo bille



Simone de Beauvoir, tête, vers 1941-1945. Bronze

Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir croisent Giacometti au Dôme dès 1936, ce dont rend compte Simone de Beauvoir dans La Force de l'âge :

"Nous étions particulièrement intrigués par un homme au beau visage raboteux, à la chevelure hirsute, aux yeux avides, qui vagabondait toutes les nuits sur le trottoir, en solitaire, ou accompagné d’une très jolie femme ; il avait l’air à la fois solide comme un rocher et plus libre qu’un elfe : c’était trop. Nous savions qu’il ne faut pas se fier aux apparences et celle-ci avait trop de séduction pour que nous ne la supposions pas décevante : il était Suisse, sculpteur et s’appelait Giacometti."


Alberto Giacometti, 1957
Photo : Franz Hubmann
Source Leopold Museum

Ce n’est qu’en 1939, lorsque Sartre et Beauvoir firent, probablement chez Lipp, la connaissance de Giacometti, que ce fragment laissé en attente se trouve complété. C’est alors un long développement sur le sculpteur et l’état de ses recherches dans ces années où tous les trois se voient souvent. Ces rencontres sont interrompues en 1941 par le départ de Giacometti pour la Suisse où il reste bloqué jusqu’à la fin de la guerre.

« Pour une fois, la nature n’avait pas triché ; ce que promettait son visage, Giacometti le tenait ; à le regarder de près, d’ailleurs, il sautait aux yeux que ses traits n’étaient pas ceux d’un homme ordinaire »

(Source et suite)

 

"Pour comprendre la figure humaine, Giacometti se focalise uniquement sur la tête pendant de nombreuses années. Puis il sculpte et dessine aussi des mains, des jambes, des yeux et des nez, toujours guidé par la même volonté de saisir l’universel à travers le particulier. [...] Il a été très tôt marqué par Rodin, et Bourdelle a été son professeur à la Grande Chaumière. Mais s'il faut chercher les influences de la maturité de Giacometti, elles sont plutôt du côté de Cézanne. Dans l'Homme au gilet rouge, Cézanne étend démesurément les bras de son personnage parce que, nous dit Giacometti, c'est ce qu'il a vu de plus important. 

Giacometti procède sensiblement de la même manière, étirant d'abord des fragments de corps, un nez, un bras, une jambe, puis la figure entière.

- Deux peintres ont influencé Giacometti, Cézanne et Derain. Il y a des parallèles dans leur travail. Peut-on dire qu'ils ont une perception et une représentation du monde sensiblement proches? (MEL

Cézanne est un maître pour Giacometti, Derain un ami. Ce qu'il admire en lui c'est sa capacité de résistance, son affranchissement des mouvements et des mots d'ordre de l'époque. Dans l'un et l'autre cas, c'est la liberté irréductible des artistes qui le touche [...] dans l'indifférence des jugements extérieurs. C'est la consigne qu'il s'assigne aussi à lui-même.

Par ailleurs, ses maîtres, s'il en a, sont plutôt des anonymes originaires d'Afrique, d'Océanie, d’Égypte, du Mexique, de Byzance." (C.G.)


 Le Nez, 1947 version de 1949. Bronze


(0_0) Un peu d'humour...



 Femmes de Venise VIII et V, 1956. Plâtre peint

Restaurées avec le concours du 
Fonds Hélène et Édouard Leclerc
présentées pour la première fois au public.

"C'est un projet très important qui nous réjouit beaucoup. La Fondation Giacometti possède une collection exceptionnelle de plâtres originaux, souvent peints, mais dont beaucoup ne sont pas en état d'être présentés. Restaurer deux des Femmes de Venise, c'est remettre au jour des œuvres qui sont restées invisibles depuis plus de cinquante ans." (C.G.) 

Quelques sculptures en bronze qui ont retenu mon attention


Femme debout, 1957

 

 Buste d'homme sur socle, vers 1947



Femme assise sur socle




Quatre femmes sur socle,  1950

"La question de l'échelle est étroitement liée à celle de la distance : les mêmes choses nous apparaissent plus grandes ou plus petites en fonction de la position d'où on les regarde. D'où l'importance pour Giacometti, d'assurer à ses sculptures un mode de présentation qui ne trahisse pas cette impression d'optique. [...]
Mais il se sert aussi des dispositifs les plus divers pour placer chaque œuvre à la bonne distance et à la bonne hauteur par rapport au regard du spectateur : des plateaux, des hauts piédestaux, un chariot, des stèles, des colonnes, des tiges en métal, des cages...
Les Quatre femmes sur socle et les Quatre figurines sur piédestal*, par exemple, représentent les mêmes femmes vues de près ou de loin." (Cécilia Braschi)

*(J'ai omis de les photographier mais on peut les voir ici, au chapitre Une femme comme un arbre, une tête comme une pierre, en cliquant sur les images). Et pour un plus rapide aperçu cette photo :


 

La Clairière, 1950

"Au début des années 1950, Giacometti réalise des compositions qui, bien qu’éloignées de celles de l’époque surréaliste, en reprennent néanmoins l’esprit, opérant la rencontre improbable d’un tête et d’une figurine dans une cage, ou réunissant sur un même plateau plusieurs sculptures formant un paysage.

Ces œuvres, qu’il associe au souvenir d’une clairière ou d’une place, se proposent comme un paysage animé où les arbres sont figurés par des silhouettes de femmes et les rochers par des têtes."

La Cage, première version, 1945-1950

Quelques objets


Objet désagréable, 1931



Objet Surréaliste, 1932-2015. Bois et cuivre
Oeuvre complétée par l'artiste Martial Raysse en 2015
avec la collaboration de Francis Garcia


"En 1932, Giacometti réalise un « objet surréaliste » appartenant à la série des « Objets mobiles et muets ». Celui-ci est constitué d’un objet en bois d’apparence utilitaire, sans doute réalisé par un menuisier, adapté par l’artiste. Cet « outil » est surmonté d’un dispositif suggérant la mise en mouvement d’une roue étoilée en cuivre, placée à son extrémité.
L’œuvre est créée au même moment que Fil tendu (Fleur en danger) et Pointe à l’œil, auxquelles l’artiste l’associe dans ses carnets. Giacometti, après que l’œuvre ait été accidentée, a conservé la partie en bois dans son atelier, dans l’intention (non réalisée) de la restaurer. Il s’agit en effet d’une œuvre qu’il considère importante, comme l’attestent les nombreux dessins qui la documentent. En l’absence de documents précis pour engager une restauration fidèle, la Fondation Giacometti a demandé à l’artiste contemporain Martial Raysse de proposer une interprétation de la partie manquante, à partir des documents disponibles dans les archives. Avec la complicité de Francis Garcia, Martial Raysse a ainsi généreusement donné une nouvelle vie à ces pièces remarquables."

 Quelques photos, au fil de l'exposition


Alberto Giacometti dans la chambre de l'hôtel de Rive à Genève
avant octobre 1944
Photographie de Eli Lotar


Petites figurines dans l'atelier
octobre 1947
Photographie de Brassaï 
 

"Paris sous l’occupation, Giacometti quitte la France en 1940 pour trouver refuge en Suisse, à Genève où, dans une chambre d’hôtel transformée en atelier, il réalise des sculptures minuscules. Cette réduction du format restitue l’expérience vécue de la vue d’une figure se tenant au loin. « Je diminuais la sculpture pour la mettre à distance réelle où j’avais vue le personnage. Cette jeune fille à quinze mètres ne mesurait pas quatre-vingts centimètres, mais une dizaine. En outre, pour appréhender l’ensemble, pour ne pas me noyer dans le détail, il fallait que je sois loin. Mais les détails me gênaient toujours… Alors, je reculais de plus en plus jusqu’à disparition. »"



  
Michel Leiris alité
1957-1958

"En 1921, Giacometti est confronté de manière directe à l’expérience traumatisante de la mort, lorsqu’il assiste au décès brutal de Pieter van Meurs pendant un voyage en Italie.
Dès lors, la mort restera omniprésente dans son travail de manière plus ou moins explicite, qu’il creuse les traits d’un visage au point d’en révéler le squelette ou qu’il dessine son ami Michel Leiris alité après une tentative de suicide, tel un gisant, vivant mais pourtant presque mort."

Je me suis accordé une petite pause,
en regardant cette vidéo. Extrait



 
Jacques Dupin, vers 1965
Huile sur toile


Puis, je suis revenue en arrière, au début de l'exposition, pour revoir plus tranquillement ces œuvres qui étaient l'objet d'une "leçon" pour un groupe d'enfants.



 Femme-cuillère, 1927
Pour la voir de profil (magnifique), c'est ici





Le Couple, 1927
"L'œuvre de Giacometti est marquée par l'influence de la sculpture africaine et océanienne. Il s'y intéresse en 1926. Les deux œuvres qui l'ont fait remarqué du public pour la première fois : La Femme-cuillère et Le Couple, exposés en 1927 au Salon des Tuileries à Paris."

L'exposition se termine par l'icône L'Homme qui marche I, 1960 et de  Femme qui marche I, 1932. 

"L'Homme qui marche est une œuvre emblématique, et l'équipe du Fonds Hélène et Édouard Leclerc en a utilisé l'image pour réaliser l'affiche de l'exposition. Mais évidemment, elle n'exprime pas - loin de là! - toute la variété de l’œuvre.
[...]
Quand Giacometti crée ses "objets mobiles et muets" de la période surréaliste, ou quand il crée L'Homme qui marche, il nous confronte à une représentation paradoxale du mouvement. Dans les deux cas, il s'agit d'un mouvement potentiel, qui n'exprime pas une dynamique, mais la mobilité comme principale caractéristique de l'esprit et de l'homme. A la différence de Boccioni par exemple, il ne cherche pas à créer l'illusion du mouvement de l'homme en marche. Il est plus proche de la représentation stylisée des figures égyptiennes." (Catherine Grenier).


Bronze 180,5 x 27 x 97 cm




Femme qui marche I, 1932 (version de 1936)
Bronze 150,3 x 27,7 x 38,4 cm 

"Je pense que j'avance tous les jours. [...] Je suis certain de faire ce que je n'ai jamais fait encore et qui va rendre périmé ce que j'ai fait en sculpture jusqu'à hier soir..."
Alberto Giacometti, entretien avec Pierre Schneider, 1961.

(J'ai élaboré ce billet en m'appuyant en grande partie sur la brochure de l'exposition, l'entretien de Michel-Edouard Leclerc (MEL) avec Catherine Grenier directrice de la Fondation Giacometti et commissaire de l'exposition, Cécilia Braschi historienne de l'art et chargée de recherche à la Fondation Giacometti et, le site de la Fondation Alberto et Annette Giacometti. Également quelques textes figurant dans l'exposition, en regard des œuvres, nombreuses; celles que j'ai photographiées et que l'on peut voir ici, ne représentent  qu'une part infime de celles exposées.  Toutes les photos sont personnelles (clic droit pour les afficher et les agrandir), sauf le bronze de Simone de Beauvoir et la photo de Giacometti que j'ai insérée dans mes recherches sur Giacometti et Sartre, pour concrétiser la description de Simone de Beauvoir. Ce travail plaisir - s'il en est - m'a replongée dans ce que j'avais vu et permis de m'imprégner un peu plus de l’œuvre de cet artiste).

Rajout du 19 décembre 2015 : j'écoutais sur France Culture Laure Adler dans Hors-Champs qui recevait Yvonne Baby et celle-ci racontait une de ses rencontres avec Alberto Giacometti (anecdote : la femme hystérique). Je trouvais très intéressant ce rapprochement du "papier" de la paille dont Giacometti fit une "sculpture" et dont Yvonne Baby voyait une ressemblance avec les sculptures miniatures de l'artiste.
A écouter ici à partir de la 39e minute.