mercredi 31 juillet 2013

Le liseur





Fernando Botero, La Liseuse*, 1932
(je préfère celle-ci)


Pierre-Auguste Renoir, Le Liseur** Claude Monet, 1872.


"Au commencement était le rêve. Tout liseur se souvient d'avoir rêvé à l'existence d'un livre qui aurait le pouvoir de vie et de mort. [...]
[...]
Tout lecteur devrait imprimer sur les livres de sa bibliothèque cet ex-libris emprunté à Hölderlin : "Nous ne sommes rien. C'est ce que nous cherchons qui est tout." Cherchons-nous le dernier mot ou le Livre perdu vers lequel tous les livres tendent et finissent par revenir, comme à leur ancienne source?
[...]
La lecture est sans doute l'espace imaginaire où la liberté est le mieux préservée, car si chaque auteur appelle le lecteur à une co-création, il laisse aussi à ce dernier la possibilité de s'intercaler entre les pages et de lire, derrière le livre écrit, le livre qu'il voudrait écrire, même s'il ne prend pas la plume. C'est ainsi qu'un livre, lu avec passion à différentes époques de la vie, ressemble à la femme idéale, jamais tout à fait la même, jamais tout à fait une autre. Aurélia ou Madeleine une deuxième fois perdue et pourtant toujours retrouvée aux portes du rêve. Les livres, comme les amours, qui laissent le plus de traces dans le sang sont ceux qui s'insinuent dans le quotidien et en modifient la substance, au lieu de frapper à coups lourds comme la statue du Commandeur.[...]
[...], le liseur se construit une utopie où, à côté des livres dont l'absence le ferait souffrir, vivent les livres qui ont disparu -la fin des Âmes mortes, le Robert Guiscard de Kleist, Le Messie de Schulz -, et les livres qui auraient pu être écrits. Combien de fois le liseur ne s'est-il pas dit, en parcourant un fait divers, que ç'eût été un sujet pour Dostoïevski ou, en voyant un flâneur timide et un peu égaré, que ç'aurait pu être la réincarnation du brigand de Robert Walser?
Pendant les vingt-trois années passées à l'asile de Heriseau, l'écrivain dont Kafka aimait tant les petites proses, celui qui ambitionnait d'être un ravissant zéro tout rond, n'avait rien écrit. Mais au cours de ses promenades avec son ami Carl Seeling à Saint Gall et au bord du lac de Constance, Walser en vint une fois à évoquer un fait divers. L'histoire, qui lui fut racontée à l'hospice, est celle d'Anna Koch, meurtrière de sa rivale. Elle avait accusé son amant, un maçon nommé 'Bisch", du crime. Arrêté, torturé, puis libéré, il resta infirme. [...]
Le liseur ne peut s'empêcher de rêver au petit livre que l'auteur, si discret, si humble, de La Rose, aurait écrit sur la meurtrière et le pauvre bougre. Il l'aurait fait avec l'humour, la fraternité et l'innocence diabolique qu'il a mis à parler de Kleist et du prince Mychkine. C'aurait pu être la dernière rose de l’idiot. Et cette rose qui n'a pas fleuri laisse une épine dans la chair du liseur, si avide de la compagnie de celui qui servait la littérature en simple commis, qu'il a conçu le rêve absurde de prêter au muet un livre non écrit."

Linda Lê, in Le complexe de Caliban, extraits du chapitre Le liseur.

* Je n'ai pas trouvé d'image de Liseur enthousiasmant. Mmm! Mais le livre de Linda Lê, (virgule) l'est!

** Image rajoutée le 4 août, qui m'a été transmise par un "liseur" de mon blog. Je le remercie.

lundi 29 juillet 2013

dimanche 28 juillet 2013

***

Dimanche 28 juillet.

9 h 30
Hier, elle m'a demandé de lui faire de la compote  : je manque de vitamines m'a-t-elle dit. J'étais contente qu'elle me demande quelque chose.
Les pêches cuisent doucement et dégagent l’odeur de fleur d'oranger que j'ai rajoutée.
Je vais aller la voir cet après-midi, elle ne me parle plus, que par textos ou mails interposés. Elle n'aime pas que je l'appelle au téléphone. J'appréhende presque d'aller la voir, je le sens si fermée; elle ne voulait pas que je vienne mais j'ai insisté. Jamais ce mur, cette pesanteur n'ont existé entre nous. Je suis inquiète.
Pendant que ça mijote, j'écoute Serge Tisseron sur France Culture interrogé sur son ouvrage  Rêver, fantasmer, virtualiser, sous-titré Du virtuel psychique au virtuel numérique. Intéressant.
Au même moment, des pluies torrentielles jouent du tambour sur les toits. Éclairs, tonnerre. Le défilé de clôture du Festival de Cornouaille va une fois de plus se dérouler sous les parapluies. Heureusement quelques éclaircies pour le Triomphe des Sonneurs. Mes pauvres oreilles ne me permettent plus de les écouter en live, ici je peux baisser le son!



Reine du Festival 2013


14 h 45.
Les pluies du matin se sont arrêtées mais le vent se déchaîne. Je sens la légèreté de ma voiture sur la voie express et tiens le volant fermement.
J'arrive avec ma compote. On s'embrasse du bout des lèvres, son visage est crispé, j'essaie d'avoir l'air cool, je souris mais l'ambiance est tendue. Elle ouvre la boîte en plastique et la verse dans une soucoupe, la sent et me dit : j'espère qu'elle ne va pas me piquer la langue. Je lui dis : mais non, pas la compote de pêches c'est très doux, si je t'avais fait des abricots oui, peut-être, parce que c'est plus acide. Elle la goûte, ne manifeste rien et dit : tu as mis quelque chose dedans? Oui, de la fleur d'oranger. Pas de réaction. De toute façon, à son goût ou pas, en ce moment c'est bouche cousue.
J'ai l'estomac noué. 
Bon, on prend un thé et on y va me dit-elle. Elle coupe deux morceaux de son gâteau breton et nous allons dans le salon. 
Nous croquons chacune un morceau de gâteau, nous buvons notre thé et toutes les deux, laissons nos parts dans l'assiette. Ça ne passe pas me dit-elle. Moi non plus. Il sort demain me dit-elle. C'est bien, il sera mieux à la maison pour sa convalescence.
Je lui dis que je m'inquiète pour elle [...].
Je ne suis pas en dépression, je ne pleure pas, je suis seulement surmenée me dit-elle.
Justement, pleurer ça soulage, ça aide à décompresser. Moi, les larmes me sauvent. Mais je sais bien que les larmes ne suffiraient pas pour elle; c'est plus profond, plus sérieux.
Puis j'essaie de trouver les mots qui l'apaiseraient mais je suis maladroite, je ne fais qu'aggraver les choses. 
Je ne sais plus quoi faire, je ne sais plus quoi dire. Nous qui avons toujours été si complices nous n'arrivons plus à communiquer.
Et nous partons le voir à l'hôpital. Il allait bien, tout s'est bien passé, content de rentrer à la maison le lendemain. Nous avons ri lui et moi; elle, ne s'est pas détendue. 
Bon, je vous laisse en amoureux ai-je dit, je ne vais pas m'attarder.

En remontant dans ma voiture, j'étais oppressée et triste.

Ce soir j'ai fait des recherches sur le surmenage et la dépression...

samedi 27 juillet 2013

***

Je n'entends que gémissements, plaintes autour de moi.
Je me réfugie ici pour évacuer le trop plein et être stupide, quand je n'en peux plus, quand je veux, dans le silence, enfin.

Lady gaga (2), reine de la SPA

Suite : 

Hier soir, il devait être planqué quelque part et quand je suis allée me coucher il était dans ma chambre. Ouin ! Même pas peur. D’abord affolé il n’arrêtait pas de voler,



puis il s’est mis derrière le tableau qui est au-dessus de mon lit. Pas question de m'endormir avec un papillon de nuit au-dessus de ma tête!




Je l’ai chassé mais je ne voulais pas l’écraser. Il avait trouvé refuge au plafond et ne bougeait plus.



Je l'ai alors attrapé délicatement avec un chiffon et je l’ai secoué par la fenêtre. Je suis la reine de la SPA! Mais faut pas pousser, assez rigolé. Ça suffit!
Je ne voudrais pas passer mes nuits à chasser le papillon (vidéo)

vendredi 26 juillet 2013

Lady gaga

Une semaine avec Eric Rohmer dans les NCC, un délice! C'étaient des rediffusions mais philosopher avec Rohmer est un plaisir dont je ne me lasse pas.
Je crois que je pourrais tomber amoureuse sur le champ d'un homme qui me dirait : j'adore les films de Rohmer. Bon, tomber amoureuse n'est plus d'actualité depuis longtemps.
Je vais en ré-emprunter à la médiathèque cet été.
Hier j'ai emprunté deux DVD de Ozu :
Le goût du Saké (dernier film du cinéaste) et Dernier Caprice (avant dernier film du cinéaste).

Une semaine également avec "mon papillon de nuit". Hier soir en fermant mes rideaux et ma porte-fenêtre je le vois se cogner contre ma lampe et s'affoler. Je reste zen! Pas question de le laisser à l'intérieur pendant la nuit. J'ai réussi à le faire sortir par la fenêtre avec mon balai tête de loup, sans l'écraser. A la campagne je poussais des cris quand j'en voyais un rentrer dans ma chambre mais ils étaient énormes et plutôt dégoûtant avec leur gros corps. Celui-ci est vraiment trop mignon. Je me demande si c'est vraiment un papillon de nuit, il commence à prendre ses aises chez moi. Avoir des chauves-souris dans son grenier c'est bon signe, parce que la maison est bonne dit-on; c'est peut-être pareil pour les papillons de nuit?
Mon nouveau papillon - je dis nouveau parce qu'il me semble plus petit que celui-là - aime aussi mes fleurs. Hier, il dormait dans celle-ci où perlait une goutte, non pas de rosée, mais de sécrétion de la fleur. N'est-ce pas sensuel?



Une heure plus tard, il a changé de fleur, celle-ci plus ombragée.



Et aujourd'hui - je crois que je deviens gaga avec les insectes - il rentre carrément dans la pièce. Il sent que je ne le chasse pas, alors il en profite le coquin (oui je suis lady gaga).



Maintenant il est sur le rideau. Sans doute en avait-il assez que je fasse des allées et venues sur la terrasse et que je l'enjambe.



Je vais finir par croire que mon appartement a de bonnes ondes. Il m'a apprivoisée, d'habitude c'est l'inverse avec les animaux et donc - je suppose - avec les insectes.

Il est resté scotché toute l'après-midi sur le rideau puis il a disparu. Vais-je le voir s'échapper du rideau ce soir en le fermant?

 "Le papillon de nuit est un pollinisateur, il se nourrit également de nectar, de fruits en décomposition, de cadavres, de fumier, de sécrétions végétales etc.
Il absorbe dans l'ensemble des éléments plutôt liquides par l'intermédiaire de sa trompe."
(Source Wikipédia

mercredi 24 juillet 2013

Je ne savais pas alors ce qu'était le bonheur...

Lundi 22 juillet.

RDV à Brest à 14 h 30 : tests vertiges puis consultation ORL. Arrivée avec un quart d'heure de retard, j'avais pourtant pris de l'avance. Mon GPS est nul, il n'a pas tenu compte du nouveau tramway qui empêche la circulation dans les artères principales. Nul nul nul! Arrivée stressée mais personnel de l'hôpital compréhensif. Je venais de loin pour cette consultation. Toubib épatant.
Je passe...
J'en sors trois heures plus tard après avoir bien macéré dans mes vêtements, chaleur étouffante à l'hôpital. 
Besoin urgent de prendre l'air, de sentir l'air, de le respirer. J'avais à peine déjeuné, j'avais faim et soif. Je reprends la voiture, je traverse la ville, je passe devant la maison de mon enfance, je vais au Tour du Monde. J'avais envie d'une glace pleine chantilly, ils n'en font pas. Ils me proposent un Magnum. Je dis OK et vais m'installer là, pour le déguster. Bonheur de l'instant.



Je suis bien, pas envie de décoller. J'aperçois le Pont de Plougastel à travers les mâts des bateaux à droite; il me vient une idée. Au lieu de rentrer directement à Quimper, je vais prendre la bretelle après le Pont pour aller au Passage, là où tu m'emmenais papa quand j'avais entre 10 et 15 ans. En y pensant j'en gardais un souvenir un peu flou. Quelle bonne idée! me dis-je.  J'ai fini mon Magnum; j'ai réussi à le manger sans que ça dégouline.  Je regarde le port de plaisance, tout est si calme à cette heure, l'air est vivifiant, la chaleur supportable; je ne suis pas pressée de reprendre la route. Le cimetière est à deux pas; j'y fais un arrêt pour arroser les plantes que nous avions déposées, avec ma soeur,  début juillet, avant la canicule. Je m'attendais à la  catastrophe; pas besoin de les arroser, elles étaient mortes. Hop! à la poubelle. Salut mes chers disparus...

Oui, c'est décidé je vais m'arrêter au Passage. A la sortie par la bretelle il y a un rond-point qui bien sûr n'existait pas. Tout change... mais Le Passage est bien indiqué et le chemin  pour y arriver est toujours aussi pentu et fleuri. J'avais peur de cette descente en voiture avec toi papa, peur que les freins lâchent mais j'appréhendais encore plus la remontée, peur que ta voiture n'y arrive pas; il fallait pousser le moteur. J'imaginais que tu calais et que tu ne pouvais plus remonter la côte. J'ai un peu gardé cette phobie quand je conduis sur des chemins ou des petites routes étroites très pentus;

J'arrive, la petite chapelle Saint Languis est toujours là.




J'ai le coeur qui bat. Je suis excitée et sereine. Rien n'a changé. Ô papa, tu es là près de moi.
Rien de surfait, ni de superficiel ici; même pas un bistrot pour se désaltérer, tant mieux. Dans la petite anse, quelques baigneurs, il est 19 heures, la mer est haute, calme comme un lac. 



Quelques pêcheurs... La belle villa existait déjà. L'école d'aviron aussi. 





Tu venais le dimanche laver ta voiture ici; je t'aidais; je ne savais pas alors ce qu'était le bonheur : c'était cela. La vue sur le Pont de Plougastel est belle; le pont est maintenant "doublé" avec le Pont de l'Iroise et, vu d'ici c'est très beau, les haubans ne déparent pas avec les arches, c'est harmonieux. Il y a de la brume de ce côté-là et je prends les photos en contrejour. 



Il faudrait savoir raconter, décrire, écrire tout cela : simplicité, authenticité, beauté. Je souris, je suis là, seule avec mes souvenirs et c'est magnifique. La petite fille sur cette photo n'oubliera jamais j'en suis sûre cet instant avec son père.


Je suis restée quarante cinq minutes à regarder la mer, c’eût été un beau moment pour mourir. Mais il fallait rentrer. Au retour j'étais emplie de ce passé et enveloppée d'un bien-être que je n'avais ressenti depuis longtemps. Je n'allumais pas la radio, la musique était intérieure.

samedi 20 juillet 2013

***

Plus je lis, plus je prends conscience de mon ignorance.

vendredi 19 juillet 2013

Dans la chaleur de l'été, je...

Les plages doivent être noires de monde avec cette chaleur. (Les pauvres. Mmm!)
Et je glandouille devant mon écran avec mon ventilateur!
Sur les conseils d'un ami, j'ai rempli ma baignoire d'eau froide. 
Au lieu de prendre des douches tous les quarts d'heure je trempe dedans toutes les heures.
Je glandouille et je me mouille.
J'observe...


Un pigeon "dans sa cage"


Hier il était là...


 ... et c'est lui qui m'observait!


Après avoir voleté toute la nuit, le papillon se repose, c'est le matin.
Laissons-le tranquille. A midi, il est toujours là.


Allons poursuivre ma lecture : Au fond de l'inconnu pour trouver du nouveau de Linda Lê, avec un dictionnaire à portée de main. C'est fou le nombre de mots, de verbes que je ne connais pas sous sa plume. Je suis vraiment ignare!

"Il s'amuït". S'amuïr : rendre muet.
"Les homoncules du bolchévisme". 
Homoncule :  
1    petit homme imaginaire doué d'un pouvoir surnaturel  

2    familier   petit homme  
"L'héautontimorouménos qu'il était s'efforçait de se libérer des imagos..." (0_0)
Héautontimorouménos : Bourreau de soi-même.

Qu'on se rassure, la plupart des chapitres peuvent se lire sans dictionnaire. Je rappelle qu'il s'agit d'un essai :

Linda Lê rend un hommage exaltant à ses seize écrivains de prédilection, qui l'ont tant aidée à vivre.
On aime passionnément
Ils sont seize, quinze hommes et une femme. Seize flammes littéraires entretenues par une gardienne de temple bienveillante, consoeur de plume ayant consacré toute son oeuvre romanesque à la question de la survie par l'écriture. Linda Lê, chuchoteuse cinglante et réfléchie, nous présente ses écrivains de chevet dans une série de portraits brefs, denses et aimants, où affleurent, avec la même urgence nerveuse, ­l'essence profonde de ses auteurs de prédilection et sa vérité intime à elle. Citons-les, pour que les connivences ou appétits de découverte soient de suite éveillés. Il est, parmi ces noms, des sésames pour un indéfectible lien de papier, à la vie à la mort : Ghérasim Luca, Georges Perros, Stig Dagerman, Robert Walser, Louis-­René Des Forêts, Felisberto Hernández, Ladislav Klíma, Osamu Dazai, Hanokh Levin, Sándor Márai, Karel ­Capek, Tommaso Landolfi, Juan Rodolfo Wilcock, Louis Calaferte, Stanislas ­Rodanski et ­Simone Weil.
(Télérama)

 L'héautontimorouménos

A J. G. F.

Je te frapperai sans colère
Et sans haine, comme un boucher,
Comme Moïse le rocher !
Et je ferai de ta paupière,

Pour abreuver mon Sahara,
Jaillir les eaux de la souffrance.
Mon désir gonflé d'espérance
Sur tes pleurs salés nagera

Comme un vaisseau qui prend le large,
Et dans mon coeur qu'ils soûleront
Tes chers sanglots retentiront
Comme un tambour qui bat la charge !

Ne suis-je pas un faux accord
Dans la divine symphonie,
Grâce à la vorace Ironie
Qui me secoue et qui me mord ?

Elle est dans ma voix, la criarde !
C'est tout mon sang, ce poison noir !
Je suis le sinistre miroir
Où la mégère se regarde.

Je suis la plaie et le couteau !
Je suis le soufflet et la joue !
Je suis les membres et la roue,
Et la victime et le bourreau !

Je suis de mon coeur le vampire,
- Un de ces grands abandonnés
Au rire éternel condamnés,
Et qui ne peuvent plus sourire !
  
Charles Baudelaire
 

jeudi 18 juillet 2013

***

Hier matin, sur les berges de l'Odet...







mercredi 17 juillet 2013

Chaque je est une outrecuidance (Robert Walser) 2.

 



Funambule sur la corde raide, il savait qu'écrire, c'est témoigner de son existence, or il était à ses propres yeux nul et non avenu. Il se serait de bonne grâce fait comédien : il devait à cette vocation contrecarrée un penchant pour les ahuris vulnérables, doubles de lui-même. Il leur attribuait quelques-uns de ses traits distinctifs - l'humilité, l'ambition d'être "un zéro tout rond". [...]
Le je caméléon de Walser est un je volatil : pronom négligeable, il s'amuït, se délite. Jamais un je n'aura été aussi peu emphatique - chaque je est une outrecuidance, avait-il noté dans un de ses microgrammes. Il regardait sa tâche avec la réticence de qui rechigne à se mettre en avant, tout en faisant de sa mission un apostolat. Si des gens aimables, avertissait-il, proclamaient qu'il était un poète, il le tolérait uniquement par esprit de conciliation et par politesse. Qu'était-il au bout du compte? Un habitant des limbes? Un passant considérable trouvé mort dans la neige? Un explorateur des confins qui était allé jusqu'à cette extrémité où sa raison le trahissait?
Oiseau hagard aussi indomptable que Bartleby, le copiste de Melville, dont l'attitude de résistance tranquille provoque la confusion et la stupéfaction, il aurait pu faire sienne cette devise : "Je préfèrerais ne pas." Le Bartleby au désespoir blafard, qui gît recroquevillé au pied du mur des Tombes, la tête reposant sur des pierres froides, est le héraut des exilés de Walser, lequel flâne peut-être encore, le nez au vent, l’œil aux aguets, à travers les rues de Zurich. Mais nul ne le voit, car il va à pas de loup, et c'est aussi subrepticement que les dits de ce vagabond entrent dans nos bibliothèque pour y propager un influx magnétique : ses livres, aussi évanescents que des silhouettes furtives, sont très discrets au premier abord, mais leur influence est à la mesure d'une vie vouée à élever la vétille au rang de grandeur.

Linda Lê, in Au fond de l'inconnu pour trouver du nouveau, éditions Christian Bourgois.

(Les caractères gras sont de mon fait).

mardi 16 juillet 2013

J'ai raté ma B.A.

A la caisse de l'hypermarché ce matin j'étais derrière une femme. Son caddy n'était pas plein mais elle avait pas mal de victuailles. Elle portait un pantalon trop grand, un peu crasseux, il plissait sur ses baskets éculés; ses cheveux étaient gras, longs et tenaient par un élastique en queue de cheval. Elle sort tout de son caddy et se penche pour demander quelque chose à la caissière. "Est-ce possible de..." Je n'entends pas la suite. La caissière lui dit : oui. Et elle commence à passer les codes barres sous sa machine. Elle passe d'abord tout ce qui est frais (charcuterie, yaourts etc) et vient même les chercher au fond de ce qui est étalé sur le tapis roulant. Je me demande ce qu'elle fait, puis je l'entends dire à la cliente : "je suis obligée de commencer par ça, je n'ai pas le droit de garder des aliments frais à la caisse". Je ne comprends toujours pas. Je regarde la femme qui place les aliments dans son caddy, elle reluque l'affichage et demande à la caissière : ça ne fait pas encore le compte? La caissière lui répond : là, ça fait 39 euros. La cliente lui dit : arrêtez-là, ça ira. Et je vois la caissière retirer du tapis ce qui restait. Je réalise alors que la femme (je ne pouvais lui donner un âge tant elle portait le poids de sa pauvreté sur son visage abîmé) avait dû demander à la caissière d'arrêter de passer les aliments quand elle atteindrait une certaine somme. Il ne restait pas grand chose à vrai dire : un petit sachet de pommes de terre, un paquet de chips, un long saucisson "premier prix", un produit d'entretien, deux ou trois petites choses dont je ne me souviens plus.
J'étais décontenancée et je n'ai même pas eu le réflexe sur le moment de dire à la caissière : remettez-les sur le tapis avec mes courses, pour les offrir à la pauvre femme. Je m'en veux. C'est la première fois que j'assistais à ce genre de scène; la caissière avait l'air habituée. C'est dans ma voiture que j'y repensais, oui je m'en voulais de n'avoir pas réagi sur le champ; j'étais stupéfaite, triste. Je sais pourtant qu'il y a encore de pires situations, que la paupérisation ne cesse d'augmenter. J'ai été nulle là. J'avais raté ma B.A.

lundi 15 juillet 2013

***




 Une barque prête à couler... Quid?


Hier en fin d'après-midi, je regardais ces enfants tenter d'atteindre la barque avec leur galet; je me revoyais avec mon frère et ma soeur, plus d'un demi siècle plus tôt, faisant des ricochets.

dimanche 14 juillet 2013

Résignation, acceptation... Sublimation

Dimanche 14 juillet 2013.

Je lui ai dit que ce qu'il écrit est sublime. Vraiment sublime. Je le pense, sincèrement.
Il m'a répondu : c'est vous qui êtes sublime.
Que sait-il de moi? Ce que j'écris ici? Deux (fugaces) rencontres qui lui auront laissé ce souvenir... sublime au point de me "magnifier" quatre ans plus tard?
Moi je sais que ce sont ses mots qui sont sublimes que ce qu'il écrit c'est de la vraie littérature. Ses écrits sont toujours d'actualité et en quatre ans n'ont jamais perdu leur puissance, leur beauté et ce n'est pas à moi qu'il les écrit, d'où la véracité de ce que j'en dis.

Cela m'inspire cette réflexion : il est plus facile de se tromper sur les êtres que sur les mots. (Il me pardonnera). Et pourtant les mots mentent aussi parfois.

Ce matin j'observais cet être dit "sublime", je m'"introspectais", je pensais à ces gens, à des proches, qui vieillissent bien. Moi je vieillis mal parce que je ne me résigne pas, je n'accepte pas, je ne veux pas faire avec.

Et je ne suis pas sublime, évidemment.

jeudi 11 juillet 2013

Chaque je est une outrecuidance (Robert Walser)

Résumons ce pauvre Journal qui se délite au fil du temps... et qui va finir par sentir le merlan pourri.
... J'achète tout de suite du poisson comme celui-là.

Moi donc, Je, devais partir le 1er juin à Evian. Contretemps - le mot est faible - escapade annulée et qui - je le pense - ne sera jamais reportée. Vertiges...
Nouvelle option, dernière semaine de juin, cette fois satisfaite mais sans grande satisfaction, à Saint-Palais-sur-Mer.
Un retour sans nostalgie, bien au contraire, au sweet home en écoutant sur la route une de mes émissions favorites du dimanche : Le Gai savoir il était question de philosophie bien sûr et, en cet instant,  de la différence (et de la similitude) entre le « bonheur et la joie ». Ça tombait bien et c’était jouissif. Et là je me suis dit qu’être seule chez moi était bien plus supportable qu’être seule parmi les autres. Je sentais que j'allais retrouver mon rythme, mon quotidien, mes lectures, mes émissions, ma lenteur, que c'était là ma vie et que j'étais bien mieux dans ce quotidien qu'à arpenter des trottoirs à touristes, en essayant de les éviter et en y parvenant, malgré tout.

Début juillet : mes vertiges semblent n'être plus qu'un mauvais souvenir, attendons les prochains tests pour savoir ce qu'il en est exactement.
J'ai terminé mes lectures en cours de Christian Oster : Sur la dune et Trois hommes seuls, éditions de Minuit. Je ne saurai dire à quel point  je me sens proche de ses "vagabondages" romanesques.
Repris le golf, tout doucement, à l'heure où le parcours est désert.

L'été tant attendu est donc là. Je reste à l'ombre, merci le carcinome. Pfff!

Hier matin, médiathèque. Après avoir entendu Linda Lê, passionnante - une inconnue pour moi - dans l'émission de Laure Adler Hors-Champs, j'ai eu très envie de lire Lame de fond.  Il était emprunté et je l'ai réservé. En attendant j'ai trouvé du même auteur deux essais : Le complexe de Caliban et Au fond de l'inconnu pour trouver du nouveau (un titre qui m'enthousiasme! et qui semble inspiré par Baudelaire), aux éditions Christian Bourgois,

"En entremêlant des confidences sur la lecture et des extraits de livres – ceux de Stevenson, d’Hugo, de Walser, de Salinger, pour ne citer qu’eux -, Linda Lê invite à une exploration de ces étranges contrées où l’on s’avance à la rencontre des fantômes, des doubles, pour tirer de ces flâneries sur les rives de l’imaginaire matière à rêverie et à méditation. Livres de chevet, livres dans lesquels on cherche sa raison d’être, livres qui posent l’énigme de la présence au monde : par leur truchement, la lectrice tente de dire l’importance vitale que revêt la littérature et la foi en la possibilité de trouver un texte qui sèmerait le doute et laisserait l’esprit intranquille."
Source France Culture, Le complexe de Caliban.

"Lire c’est être lu par ce que nous lisons. La lecture est le temps dérobé à la mort. Le livre peut être le compagnon le plus secret, celui qui a des pouvoirs démiurgiques. Des lectures d’enfance aux œuvres qui ont fait de l’auteur de cet essai celle qu’elle est, Le Complexe de Caliban retrace un parcours où le Je me souviens nostalgique est une manière d’être au monde. Interrogation sur la langue, sur l’identité et sur la place qu’occupe aujourd’hui la littérature, ce livre est aussi un hommage, des exercices d’admiration dédiés aux chers disparus." 
4e de couverture, Le complexe de Caliban.

Je suis impatiente de les lire.

« Écrire, c'est aussi reconnaître sa dette d'amour envers ceux que René Char appelle les alliés substantiels, c'est lire des épitaphes cryptées, aborder des îlots de solitude, déserter l'ici et maintenant en glissant sur des luges de nuit pour gagner les frontières de l'invisible avec comme guides des émissaires de l'autre côté. Ces pages, roman d'une lectrice, sont des hommages aux maquisards qui ont fait oeuvre délictueuse, s'assignant le but de renverser les normes, de lancer des brûlots au flanc de l'académisme, d'exorciser les peurs et de proposer au lecteur un voyage où il se débarrassera de sa pusillanimité, de ses préjugés, et se laissera emporter par une bourrasque vers des territoires inconnus. »
4e de couverture, Au fond de l'inconnu pour trouver du nouveau .

Hier soir, la chaleur étouffante de mon appartement m'a fait prendre le large et dîner sur la côte. C'était délicieux de sentir le vent, chaud et pourtant rafraîchissant. Près de ma table, une vieille dame, disons plus âgée que moi, mmm! assez classe, s'est installée seule, avec son caniche. Lorsque le serveur est venu prendre sa commande elle lui a dit qu'elle attendrait son invité pour passer la commande. Quelques minutes plus tard, l'invité est arrivé, un jeune homme très bronzé, cheveux longs remplis de sel, l'allure sportive. J'ai cru comprendre qu'elle était la grand-mère de ce jeune garçon. Elle lui a demandé des nouvelles de la famille, de ses études, lui a montré des photos puis elle lui a parlé des spectacles qu'elle avait vus et, notamment d'opéra. Puis il a pris la parole à son tour. Ce n'était pas une conversation banale... A ce moment-là, une pensée - très fugace - me fit regretter de ne pas être grand-mère...



Aujourd'hui, cet après-midi, pendant qu'un courageux (que je payais tout de même) nettoyait ma terrasse sous un soleil de plomb, je commençais la lecture de Au fond de l'inconnu pour trouver du nouveau, première page, premier paragraphe, en exergue à l'ouvrage :

"Michel Leiris, dans Biffures, parle de l'indéniable plaisir qu'il avait à posséder des livres, satisfaction à laquelle s'ajoutait toujours une part de gêne devant les choses non lues qui tapissaient ses cloisons. Les laissés-pour-compte de nos bibliothèques gémissent, les livres de chevet sont des raretés encore à décrypter. N'empêche, nous continuons à écumer les librairies, passons le plus de temps possible à nous pénétrer des aperçus d'autrui, espérant beaucoup de ceux que René Char appelle les alliés substantiels, et tenant pour assuré que l'art est ce qu'il y a de plus réel, dès lors que nous mettons entre parenthèses notre non-croyance pour entrer de plain-pied dans un monde qui s'impose avec force. Ce sont ces alliés substantiels, dont l'absence ferait souffrir, qui viennent ici toquer à la vitre de l'homo lisens afin de l'accompagner le long d'un chemin hérissé d'obstacles, s'il sait, dirait Baudelaire, plonger au fond de l'Inconnu pour trouver du nouveau."

Puis commence le premier chapitre :

"Chaque je est une outrecuidance 

J'étais à Zurich pour une soirée de lecture. J'errais dans la vieille ville en me remémorant ce texte de Robert Walser où un organisateur de conférences conseille au poète invité d'apprendre d'abord l'allemand avant de se mêler de faire des vers. Dans quelques heures, pensais-je, on allait m'enjoindre, moi aussi, d'étudier le français avant de me poser en scribouilleuse. J'en étais là de mes ruminations quand mes pas me menèrent à une rue si petite qu'elle ressemblait à un couloir d'immeuble. Je levai les yeux vers la plaque : c'était la rue Robert-Walser. Elle correspondait à l'idée qu'on se fait du pensionnaire d'Herisau. Humble, dissimulée, elle semblait suggérer au curieux de ne lui prêter aucune attention. [...] Lui-même ne se serait jamais réjoui qu'une rue portât son nom - la notoriété n'aurait été qu'un désagrément pour ce taiseux peu liant, qui aurait pu dire, comme le photographe Saul Leiter, qu'être ignoré est un grand privilège."

Je crois avoir fait un bon choix!

"Dans une langue très recherchée, aussi ­cérébrale qu'enivrante, Linda Lê parvient à restituer le plaisir physique que procure toute incursion livresque. La lire offre une exaltation aussi joyeuse que celle qu'elle décrit. Elle excelle à saisir ce basculement intime, cet instant de métamorphose que connaît tout lecteur assidu. L'exact contraire d'un mouvement de fuite : juste l'acceptation de soi."
Marine Landrot, Télérama.

Allez, vite au lit pour lire la suite...



mercredi 10 juillet 2013

La jeune fille et la mer

Photos du jour 



"Une jeune fille amoureuse de la mer et du silence
S'isole solitaire près du rivage..."



mardi 9 juillet 2013

Des êtres, des images... indélébiles

Il y a des êtres que vous n'avez connu que peu de temps et qui ressurgissent dans votre mémoire aussi vivement que si vous les aviez vu la veille.

J'écoutais ce matin dans les NCC* l'analyse de l’Émile de Jean-Jacques Rousseau et c'est elle que je revoie, cette jeune fille - j'étais alors en internat dans un lycée - dans la salle d'études, plongée chaque soir dans cet ouvrage. Elle était petite, les cheveux courts, bruns, touffus, frisés avec un visage joufflu, généreux, des yeux rieurs. Rien n'aurait pu la distraire de sa lecture. Plus tard elle entamera d'autres ouvrages, d'auteurs que nous étudiions ou pas. Je l'admirai, je trouvai ses lectures plus pointues que les miennes; je m'initiai alors à Simone de Beauvoir avec Les mémoires d'une jeune fille rangée.
Nous poursuivions les mêmes études, pas du tout littéraires mais c'était la première année où nous avions des cours de philosophie.
Un jour j'osais lui demander si cet Émile était intéressant. Je me souviens de ses joues roses qui s'enflammèrent en m'en parlant. Ensuite nous avons souvent parlé des livres que nous aimions.
Je n'en suis pas sûre mais je crois qu'elle s'appelait Suzanne.
Nous portions des blouses obligatoires; sur cette photo elle a les mains dans les poches, elle ferme les yeux et sourit. Je me demande si elle ne pensait pas à Emile en cet instant en se disant : je suis Sophie?


(Cliquer pour agrandir. Hum!)

* Toute la semaine dans les NCC est consacrée aux "Sophie" dans la littérature.

mercredi 3 juillet 2013

Chut... Droite Gauche, même bateau

Philippe Martin succède à l'éviction de Delphine Batho au Ministère de l'écologie!

"Député du Gers depuis 2002, membre de la commission du développement durable, Philippe Martin se fait remarquer par Laurent Fabius, dont il est très proche. Au côté de Claude Bartolone, il est l'animateur du courant de l'ancien Premier ministre, qu'il contribue à convertir à ce que son mentor en politique appellera "la social-écologie". Dans les contributions et motions de congrès du courant, il est celui qui rédige toute la partie consacrée aux questions d'environnement, de changement climatique.
Son entrée au gouvernement renforce par ailleurs l'influence des amis de Laurent Fabius [...]"

mardi 2 juillet 2013

La nuit j'écris... enfin, c'est ce que je crois



La nuit quand la lumière est éteinte et que le sommeil ne vient pas, je devrais avoir à portée de main un carnet où je noterais toutes ces phrases qui s'écrivent dans ma tête. Ma tête est si vide qu'elle en devient lourde de pensées dont je suis incapable de me souvenir au lever du jour. Seuls mes rêves, mes cauchemars restent ancrés dans ma mémoire lorsque je me lève.

Mon premier rêve de la nuit : j'étais allée dire bonjour à un écrivain, chez lui. (Cet écrivain a un blog, je le connais, je l'ai rencontré "en vrai"). Enfin, ce qui était son chez lui dans mon rêve. Un lieu étrange, ne correspondant pas du tout à un "espace" d'écrivain, une espèce de grand bistrot, si tant est qu'un bistrot puisse être grand. Il y avait deux salles, immenses. Il était là, dans la première et m'accueillit chaleureusement dans la froideur de cet espace. Je lui dis que c'était un bel endroit. J'étais intimidée. Je n'osais lui dire : mais que foutez-vous dans un endroit pareil? Il n'y avait pas de livres, nous n'étions pas dans une librairie et encore moins dans ce que j'imagine être un lieu d'inspiration pour l'écriture. Il m'offrit un verre d'un contenu dont j'ignorai le nom. Je le bus d'un trait et j'ai senti (en vrai à ce moment-là) une brûlure à l'estomac. Je me réveillai alors et me retournai dans mon lit. Puis je me rendormis.

Mon second rêve (juste avant mon réveil) : j'étais allée au cinéma voir je ne sais quel film. Et au lieu de regarder l'écran je m'installai confortablement, pour dormir. Et je dormais, profondément. Puis la lumière se ralluma, je voulais continuer de dormir, dormir éternellement, pour toujours (oui, j'insiste). Je m'enfonçais dans mon fauteuil, ma tête était lourde, je ne pouvais plus la soulever, je ne pouvais plus partir, je ne voulais plus partir, je voulais ne plus me réveiller. A ce moment-là, je me suis réveillée réellement. Ma tête était lourde, j'ai regardé l'heure, il était 8 h 44! Il était temps que je me lève. J'étais épuisée.