samedi 28 avril 2012

vendredi 27 avril 2012

Quand je vous parle de moi, je vous parle de vous

Qu'est-ce que les Contemplations ? C'est ce qu'on pourrait appeler, si le mot n'avait quelque prétention, les Mémoires d'une âme.
Ce sont, en effet, toutes les impressions, tous les souvenirs, toutes les réalités, tous les fantômes vagues, riants ou funèbres, que peut contenir une conscience, revenus et rappelés, rayon à rayon, soupir à soupir, et mêlés dans la même nuée sombre. C'est l'existence humaine sortant de l'énigme du berceau et aboutissant à l'énigme du cercueil ; c'est un esprit qui marche de lueur en lueur en laissant derrière lui la jeunesse, l'amour, l'illusion, le combat, le désespoir, et qui s'arrête éperdu « au bord de l'infini ». Cela commence par un sourire, continue par un sanglot, et finit par un bruit du clairon de l'abîme.
Une destinée est écrite là jour à jour.
Est-ce donc la vie d'un homme ? Oui, et la vie des autres hommes aussi. Nul de nous n'a l'honneur d'avoir une vie qui soit à lui. Ma vie est la vôtre, votre vie est la mienne, vous vivez ce que je vis ; la destinée est une. Prenez donc ce miroir, et regardez-vous-y. On se plaint quelquefois des écrivains qui disent moi. Parlez-nous de nous, leur crie-t-on. Hélas ! Quand je vous parle de moi, je vous parle de vous. Comment ne le sentez-vous pas ? Ah ! insensé, qui crois que je ne suis pas toi !

Victor Hugo, préface des Contemplations, 1856.

De, la vieillesse


Louise Bourgeois 1911-2010.
78 ans sur cette photo et de la lumière dans le regard.


La vieillesse expliquée par Pierre-Henri Tavoillot, invité de Raphaël Enthoven dans "Philosophie".
Un entretien d'une demi heure en images, passionnant, en avant-première de l'émission sur Arte, avec un Bonus de dix minutes, à voir absolument!

"La vieillesse : un déclin et un épanouissement."

"On voit de la flamme dans l'oeil des jeunes gens mais dans l'oeil du vieillard on voit de la lumière."

"Vieillir, serait-ce mourir de son vivant?"

"Faire coïncider la mort avec le sommet de l'existence."

Une belle émission,  pour appréhender cette étape positivement, pour ceux qui souhaitent vivre longtemps.

Et, pour rire un peu :

Ailleurs sur le net spécial... Vieillesse. «Tout le monde veut vivre longtemps mais personne ne veut vivre vieux», avait coutume de dire Swift. Et sait-on même, sinon veillir, du moins vivre plus longtemps dans l’harmonie et la sérénité? Ces quelques liens saurons vous y guiderLe nouveau livre sur Mamika! La nonagénaire la plus fraîche et audacieuse sous le regard de son photographe de petit-fils, Sacha Goldberger. Et encore plein d’images sur son site, sachabada.com ( harpercollins.com)


«Si vieillir m’était conté», un webdocumentaire interactif où médecins, chercheurs et personnes âgées livrent leur vision de la vieillesse (sante.lefigaro.fr)

Voir ou revoir l’épisode tout en poésie de «Bref, je suis vieille» avec la magnifique Françoise Bertin (canalplus.fr)

«La minute vieille», une blague salace en vidéo racontée par trois vieilles dames. Ne manquez pas celle du générique de fin (arte.tv)

«On ne nous apprend pas à bien vieillir», l’interview d’Olivier de Ladoucette reprise sur le site du Temps

mercredi 25 avril 2012

Journal

Lundi 23 avril.

Migraine dès le réveil. Prise de la nouvelle molécule avec un grand bol de thé. Inefficace.
11 h. Une autre gélule avec un café.
Je réponds à un mail et j'éteins vite mon ordinateur.
Journée atroce. Pluie vent soleil à travers les vitres.
18 h. Ça s'arrête de battre dans mes tempes, pas dehors. Je me décide à aller prendre un bol d'air. Ce n'est pas un bol, c'est une lessiveuse que je me prends dans la tête mais ça me fait du bien. La mer est mauvaise, agitée, verte, sombre, comme mon cerveau.


Mardi 24 avril.

Nuit d'abrutie. Réveillée par un cauchemar. Je vivais avec un homme qui me détestait; j'étais sur le pas de la porte de mon appartement, il était à l'intérieur. Je tentais d'ouvrir la porte, ma clef ne rentrait pas; il avait changé la serrure. Je tambourinais sur la porte en criant; je me suis réveillée : 7 h 11 sur mon réveil. J'ai tenté de me rendormir mais je sentais que je poursuivais mon cauchemar, alors je me suis levée. Trop tôt pour moi. La journée sera longue.
Pourquoi ce rêve?

Après-midi : piscine d'eau de mer. L'eau est tiède, presque chaude, je nage sur le dos, dos crawlé un peu débridé, puis je fais la planche, tant pis pour mes cheveux, je ferme les yeux, je voudrais ne plus les ouvrir, jamais. Oui, je sais, tout est noir en ce moment. Noir c'est noir, il n'y a plus d'espoir chante Johnny...
Dans le salon de repos face à la mer, les gens somnolent. Déprimant? Non, c'est eux qui ont raison; je ne sais pas me reposer.  Je lis :

"La preuve du philosophe? Sa vie. Une œuvre écrite sans la vie philosophique qui l'accompagne ne mérite pas une seconde de peine. La sagesse se mesure dans les détails : ce que l'on dit et ne dit pas, fait et ne fait pas, pense et ne pense pas. Réduisons donc la fracture schizophrénique postulée par Proust avec sa théorie des deux mois : elle permet en effet de séparer radicalement un philosophe écrivant Être et temps et un adhérant pendant toute la durée du nazisme au NSDAP. Dès lors, un grand philosophe peut être nazi, un nazi, grand philosophe, sans aucun problème : le moi qui rédige un volumineux traité d'ontologie phénoménologique n'ayant rien à voir avec celui qui soutient et cautionne une politique exterminationiste! Certes, affirmer l'engagement politique de Heidegger ne suffit pas pour s'interdire de le lire, de le critiquer, de le commenter et de l'apprécier. Mais il faut éviter le double écueil : faire comme si le réel n'existait pas et ne voir que lui.. Un Pour Sainte-Beuve mérite une plume avisée.
Le philosophe l'est vingt-quatre heures sur vingt-quatre, y compris dans ses notes de blanchisserie pour reprendre l'argument habituel... Platon l'est quand il écrit contre l'hédonisme dans Le Philèbe, mais tout autant quand le vendeur d'idéal ascétique meurt au cours d'un banquet; dans la rédaction de son Parménide et pareillement dans son désir de brûler les œuvres de Démocrite; dans sa fondation de l'Académie et dans son passé d'auteur dramatique et de lutteur; il l'est en publiant La république et  Les Lois, au même titre qu'en courtisan chez Denys de Syracuse; etc. L'un et l'autre, l'un est l'autre.
D'où la nécessité d'une intime relation entre théorie et pratique, réflexion et vie, pensée et action. La biographie d'un philosophe ne se résume pas au seul commentaire de ses œuvres publiées, mais à la nature de la liaison entre ses écrits et ses comportements. L'ensemble seul se nomme une œuvre. Plus qu'un autre, le philosophe se doit de tenir liés ces deux temps si souvent opposés. La vie nourrit l’œuvre qui elle-même nourrit la vie : Montaigne en fit le premier la découverte et la démonstration, il sait qu'on fait un livre et que celui-ci est d'autant plus remarquable qu'il nous constitue lui aussi en retour."

Pages 77-78, chapitre III : Une vie philosophique.
Michel Onfray, in La puissance d'exister, manifeste hédoniste, éditions Bernard Grasset 2006.

Je referme mon livre, il n'y a plus que moi  dans le salon de repos. Je pense à ces phrases que j'ai soulignées en gras... J'ai un peu moins envie de fermer les yeux pour toujours, même si...
Je finis ma tisane insipide. Je me demande pourquoi je ne parviens pas à trouver la sérénité, à me mettre au diapason de mon âge, à accepter de ralentir le rythme, à ne pas m'énerver quand quelque chose me résiste, à accepter ce que certains acceptent sans rechigner : vieillir. La seule chose réjouissante dans cet abîme,  c'est la liberté que j'ai, de plus en plus grande, pour dire sans masque, sans tricher (mais je ne dis pas tout) ce je ressens. Je ne cherche plus à séduire, d'ailleurs je ne le pourrais pas puisque je ne m'aime plus.

Mercredi 25 avril.

Il est tombé des cordes cette nuit et le vent fouettait mes vitres. Ce matin c'est le rinçage total de ma terrasse, j'ai bien fait de ne pas nettoyer mes vitres, c'était au programme des corvées la semaine dernière, le vent de sud-ouest avec la pluie les a lessivées.  Elles sont carrément propres; merci la tempête.



10 h 15. J'écoute les NCC, une semaine consacrée à la préparation du bac philo. Je me régale. Si ma vie était à refaire, je ferais des études littéraires et me dirigerais peut-être vers la philosophie. Il ne suffit pas de lire de la belle littérature ou des philosophes, ce que je fais; il faut comprendre ce qu'on lit pour pouvoir partager, discuter avec les autres - plus érudits - des réflexions qui naissent de nos lectures. Je lis beaucoup, j'apprends aussi mais je sens qu'il me manque toujours quelque chose d'essentiel : le fondement. On ne construit pas une maison sans fondations.
Ce matin, le sujet étudié était : Peut-on être heureux dans un monde injuste? Voir le plan d'attaque (0_0) sur ce lien. J'ai retenu cette phrase de conclusion de la prof de philo qui était épatante et d'une clarté dans ses explications, son analyse (ses élèves ont de la chance) :
"Nous ne devons pas chercher à être heureux mais nous rendre digne du bonheur."
C'est sûr, j'en suis indigne avec mes idées noires et mon pessimisme! Mais je me soigne en ce moment avec Nietzsche. Mais oui, il ne faut pas croire, Nietzsche est un faux pessimiste, comme moi d'ailleurs.


dimanche 22 avril 2012

JULIET


Duelle, Juliet Berto

"Viva et Léni, filles du Soleil et de la Lune, s'affrontent pour gagner la pierre magique qui les délivrera de l'immortalité. Dans cette quête semée d'obstacles, d'énigmes et de fausses pistes, les déesses se mêlent aux mortels, la réalité à l'imaginaire en une féerie ésotérique."

Je me souvenais de quelques scènes de Duelle de Jacques Rivette, ce film là je l'avais donc déjà vu. J'en gardais un bon souvenir mais flou. Je fus donc surprise de mon manque d'enthousiasme en le revoyant. Mes goûts de cinéphile auraient-ils changés en vieillissant? C'est possible. Néanmoins je l'ai regardé avec intérêt, pour l'interprétation. J'avais complètement oublié que Elisabeth Wiener était dans la distribution. Mais celle qui m'a bluffé une fois de plus, par son jeu, c'est Juliet Berto. J'ai filmé cette scène, dans le dancing désuet; j'aurais voulu la trouver sur Internet pour qu'elle soit moins floue. Pas trouvé. On ne comprend pas bien le texte mais qu'importe, le visage de Juliet Berto est magnifique et toujours cette bouche boudeuse qui la caractérise. On la retrouve aussi ici.

Je supprime ma vidéo car elle dirige vers de la pub. C'est insoutenable! On peut la visionner ici.

J'ai eu un vrai plaisir de revoir Bulle Ogier, Nicole Garcia, Elisabeth Wiener mais ces deux films Noroît et Duelle ne sont pas les meilleurs de Jacques Rivette. Avis très personnel.

Photos ici.

Juliet Berto 1947-1990.
Révélée par Jean-Luc Godard dans La Chinoise.
En 1973, le chanteur-écrivain Yves Simon lui dédie sa chanson Au pays des merveilles de Juliet.

Aujourd'hui, qui connaît Jacques Rivette?... si je me fie au nombre de vues de cette vidéo!

vendredi 20 avril 2012

GERALDINE



Je me suis trompée, je n'avais pas vu Noroît de Jacques Rivette, j'ai dû confondre avec un autre film avec Géraldine Chaplin. Je l'ai visionné ce soir. J'ai eu du mal à rentrer dedans. J'aurai dû regarder le "Bonus" avant le film, j'aurais mieux compris l'histoire. Je l'ai perçu comme une pièce de théâtre d'avant garde, avec des scènes proches de la danse. C'était pour Jacques Rivette un film expérimental.

"Noroît tourné en 1975, 1976 n'est jamais sorti en salle. C'est le troisième volet de la tétralogie des filles du feu ou Scènes de la vie parallèle. C'est une adaptation de la pièce de Cyril Tourneur, dramaturge anglais, écrite en 1607, La tragédie du vengeur de. Rivette découpe son film suivant les actes et groupes de scènes du dramaturge :
acte 1 : scènes (1), (2,3) (4) (5,6,7,8,9)
acte 2 : scènes (1,2) (34,5)
acte 3 : scènes (1,2) (3,4,5,6)
acte 4 : (1,2) (3,4,5) 6, 7
acte 5 : (1 2), (3 4 5)

La musique est improvisée et enregistrée en direct par les frères Coen. Première apparition du trio dans le plan séquence de deux minutes à travers les cuisines du château. La musique, le déplacement des acteurs proche de la chorégraphie, texte littéraire avec des citations nombreuses (Que d'effort ma pauvre, que de bruit pour remplir vos poches...) éloignent le film d'une résolution par un cheminement psychologique. Cette version féminine du film de pirates mais aussi assez proche de Hamlet avec sa pièce dans la pièce, empoisonnement et duels a été tournée en Bretagne. Les costumes psychédéliques des années 70, sa vie communautaire qui dégénère en guerre mortelle sont aussi en phase avec la fin des utopies des années 70."
(Source Ciné-club de Caen).

Je l'ai regardé sans ennui mais sans passion et si je suis allée jusqu'au bout c'est pour Géraldine Chaplin. Quand je regarde un film des années 70, je revis cette époque, je me revois, j'abolis le temps; c'est une illusion bien sûr. J'ai toujours aimé son visage dégagé, son grand front, son sourire, son rire juvénile, sa gravité, ses yeux avec son grain de beauté sous chaque oeil, sa présence. Un résumé du film et d'autres images sur le site de Jacques Rivette.

Capture d'écran de Noroît.

Aujourd'hui, elle a toujours ce regard intense et elle est toujours la même,
naturelle avec ses rides, sans botox ni lifting.


Tel père,


Telle fille!




Ci-dessous captures d'écran.
Ouverture du 44e Festival de Cannes, 1990.


Journal

Vendredi 20 avril.

Tout commence à se déglinguer, c'est cela vieillir.
Il y a maintenant deux mois qu'on ma retiré un carcinome épidermoïde.
Ma thyroïde semblait aussi poser question il y a un mois mais l'échographie n'a rien révélé d'inquiétant et à la dernière prise de sang  il y a une semaine, tout est redevenue normal, sans traitement.
Cet après-midi examen de Densitométrie Osseuse; le dernier remontait à cinq ans et montrait une très légère ostéoporose qui ne justifiait pas de traitement. Aujourd'hui les résultats sont mauvais. Malgré mon traitement hormonal on constate une ostéoporose sévère au niveau du rachis lombaire et de la hanche gauche, à haut risque de fracture. Je comprends mes douleurs récurrentes. Il va falloir que ma toubib me prescrive un traitement. ce qui est dingue c'est que c'est moi qui aie insisté pour qu'elle me prescrive cet examen, elle disait qu'il n'y avait pas urgence et qu'on pouvait encore attendre un an.
J'ai une hygiène de vie presque parfaite pourtant : nourriture, sport, golf, thalasso.
Je ne veux pas finir ma vie pliée  en deux parce que ma colonne vertébrale sera foutue.
Je veux VRAIMENT mourir avant tout ça, tout ce merdier de la vieillesse.

jeudi 19 avril 2012

Je vote pour...

 Ce "je" me rappelle quelque chose!

Candidats du premier tour de l'élection présidentielle.
Faut que... Moi je... Blablabla.

Je me dirigeais hier après-midi vers la médiathèque et ce "je vote donc j'existe" a attiré mon regard sans vraiment m'interpeller, sauf qu'à ce moment-là je me suis demandée si j'allais trouver le livre de Michel Onfray : La puissance d'exister, dont j'avais lu une belle critique sur la Toile et le sujet m'intéressait. Je n'ai toujours pas terminé la biographie de Nietzsche mais cela ne m'empêche pas concomitamment de lire Onfray, ce dernier ne m'éloignant pas vraiment de Nietzsche.

A la médiathèque je me dirige vers le rayon Philosophie, je m'y perds un peu, ouf! je trouve le livre que je cherchais. Un petit tour  à l'étage supérieur pour emprunter un DVD : deux films de Jacques Rivette : Noroît et Duelle, que j'ai vus (c'est si loin) et qui datent de 1976! J'ai envie de les revoir, j'avais une passion alors pour Géraldine Chaplin, Bulle Ogier, Juliet Berto....

Je suis à l'étage des livres d'art. Je prends  deux ouvrages pour les consulter sur place, un de Hans Hartung et un de Kasimir Malevitch. Je m'assois à une table où se trouvent deux étudiants, il n'y a pas d'autre place de libre; j'entends la jeune fille dire au jeune homme : "ne va pas dans ce restau c'était dégueu..."; malheureusement je n'ai pas su de quel endroit il s'agissait. Peut-être préparaient-ils une dissertation sur la "mal-bouffe"? Je m'attarde sur le bel ouvrage de Malevitch et je découvre de superbes peintures figuratives comme celle-ci :

Jeune fille sans emploi, 1904. Huile sur toile, 80 x 66 cm.

Cette autre déjà plus abstraite... je l'aime beaucoup.

Paysage avec cinq maisons, 1928-1932. Huile sur toile, 83 x 62 cm. 


On est bien loin cependant de son Carré noir sur fond blanc
et du Suprématisme.

"Malevitch développa en autodidacte son œuvre plastique qu'il déclina au cours de sa vie dans une dizaine de styles différents : réalisme, impressionnisme, symbolisme, cézannisme, fauvisme, néo-primitivisme, cubo-futurisme, cubisme alogique, suprématisme, supranaturalisme."

Bon, mon choix est fait : je vote pour Malevitch!





mardi 17 avril 2012

Un bon prétexte

Je n’avais aucun prétexte pour ne pas aller jouer au golf et le vent ne suffisait pas à en être un. Le soleil fit son apparition. Je me mis à espérer que le ciel allait s’assombrir et peut-être même qu’il allait pleuvoir ? Je pourrais alors me dire : tiens, v'là la pluie, j’ai bien fait de ne pas sortir.
En quelques minutes mes espérances se réalisèrent et, comme pour me conforter dans ma paresse quelques gouttes se mirent à tomber sur le toit de zinc, pour sécher aussi rapidement qu’elles étaient apparues, par une nouvelle percée d’un soleil insolent. Nonobstant je me pelotonnai un peu plus dans mon canapé et poursuivis ma lecture sans culpabilité, en poussant un profond soupir de contentement.



ET UN SOURIRE

La nuit n'est jamais complète
Il y a toujours puisque je le dis
Puisque je l'affirme
Au bout du chagrin une fenêtre ouverte
Une fenêtre éclairée
Il y a toujours un rêve qui veille
Désir à combler faim à satisfaire
Un coeur généreux
Une main tenue une main ouverte
Des yeux attentifs
Une vie la vie à se partager.

Paul Eluard, Le Phénix.

Je fermai mon recueil de poèmes d'Eluard pour écrire ici ces quelques pensées et je vis avec une joie non feinte qu'il y avait eu une ondée. Oui, décidément j'avais bien fait de rester là, j'avais cette fois un bon prétexte.



lundi 16 avril 2012

Plus beau que l'arc-en-ciel

Le plaisir des promenades solitaires est incomparable.
Impossible d'apprécier un paysage, de s'attarder sur un canard qui va au fil de l'eau, de se réjouir de la perfection de l'alignement de ces barques sur un ponton au milieu de l'étang, d'entendre le ruisseau qui coule sous le petit pont ou le gazouillis des oiseaux,  de regarder le ciel, quand, tout au long de la promenade, elle marchait à mes côtés sans rien voir, dans un débit de paroles soûlant où il était question de tout ce qu'elle avait regardé à la télé ces derniers jours. Je m'arrêtais un instant pour lui faire voir le morceau d'arc-en-ciel qui venait de colorer le ciel anthracite, elle leva son nez trente secondes puis repartit dans son sujet favori : les émissions de télé où les couples viennent parler de leur quotidien.
- Tu devrais regarder l'émission me dit-elle (j'ai oublié le nom de l'émission dont elle me parlait, je m'en fichais complètement).
A ce moment-là j'observais une mouette qui atterrissait sur l'étang en faisant une glissade très gracieuse, puis elle s'immobilisa, j'aperçus alors ses pattes palmées qui pédalaient sous l'eau.
Je ne lui en voulais pas d'être insensible à la nature, comme je ne lui en voulais pas de ne pas aimer la musique classique. J'ai remarqué que ces désintérêts vont souvent de pair. En revanche je m'en voulais un peu de ne pas arriver à m'intéresser à ce qu'elle me racontait parce que, je l'aimais tout de même; je la trouvais émouvante mon aînée de huit ans. Quelle importance qu'elle n'aimât pas la nature et la musique; elle avait l'air heureuse de se promener avec moi, je lui importais plus que ce qui nous environnait j'en suis sûre et ça c'était beau, plus beau que l'arc-en-ciel.

Quand je me promène seule je m'imprègne de ce que je vois, de ce que j'entends, parfois du silence; il m'arrive alors d'entendre une musique. Je respire l'air, le vent, la liberté.

***

Ma sucrerie du jour :

"Je feins de ne pas remarquer qu’Agathe me colle une gommette dans le dos. Mais, pour que ce soit vraiment drôle – difficulté de la farce –, elle voudrait à la fois que je le sache et que je l’ignore, que je la félicite pour la discrétion et l’habileté dont elle a fait preuve tout en restant dupe cependant. Or le langage d’une petite fille permet ce double et paradoxal triomphe :
– Tu t’es pas rendu compte que je t’ai rien collé dans le dos ? "

Eric Chevillard, L'autofictif.



L'errant

"Quiconque aspire à quelque liberté de pensée, doit se priver pour un long temps du droit de se sentir autre chose qu'un errant sur la terre. Je ne dis pas un voyageur, car l'homme qui voyage se propose un but final. Or, un tel but n'existe pas. L'errant doit bien observer, tenir ses yeux bien ouverts sur le train du monde, il doit donc interdire à son coeur toute attache un peu forte aux choses particulières, et toujours maintenir en lui cette humeur de vagabond, qu'amuse tout ce qui change et passe. Il aura ses mauvaises nuits, qu'il s'y attende! Au soir d'une lassante journée, il trouvera fermées les portes de la ville sur laquelle il comptait pour prendre du repos.[...] la nuit épouvantable s'abattra sur lui comme un désert dans un désert, et il sentira dans son coeur la lassitude d'errer. L'aube enfin se lèvera, brûlante comme un dieu de colère, et la ville ouvrira ses portes. Peut-être alors l'errant verra-t-il sur les visages des habitants plus de désert encore, et plus de saleté, et plus de fourbe et d'insécurité qu'il n'en avait subi devant les portes, et peut-être que le jour sera pire que la nuit. Tout cela est possible, que l'errant s'y attende. Mais voici les compensations, voici ces délicieux matins chaque jour différents; l'errant y voit, dès le matin dans la brume des monts, les muses dansantes venir à sa rencontre. Rasséréné par le bel équilibre des matinées mûries, l'errant se promène à l'ombre des arbres, et voit tomber de leurs cimes et feuillages, et bientôt foisonner à ses pieds, les fruits savoureux qu'aiment à prodiguer les libres esprits qui sont chez eux dans les hautes forêts. Partagés entre l'humeur plaisante et l'humeur réfléchie, ils vivent, eux aussi, en philosophes errants, rêvant à ce qui donne au jour, entre le dixième et le douzième coup de cloche, un visage si pur, si pénétré de lumière, si joyeusement clair. Ce qu'ils cherchent, c'est la philosophie d'avant-midi."

Friedrich Nietzsche, in Humain, trop humain*.

"Nietzsche, écrivain, est parvenu à la maîtrise : pour traduire ses pensées il a trouvé son style. L'errant que nous venons d'entendre s'appellera demain Zarathoustra, le philosophe du grand midi; [...]."
Daniel Halévy, in Nietzsche.

* "Menschliches, Allzumenschliches. C'est-à-dire "choses humaines, choses humaines". Il ne s'agit pas d'un adjectif (humain) mais d'un substantif neutre."
(Note par Georges Liébert et Georges-Arthur Goldschmidt).

vendredi 13 avril 2012

Science fiction? Robolution!

La "robolution" est en marche!

Crédit photo (Eric Dessons / JDD)

Je veux un Nao pour faire du taï-chi... 




... et un Roméo pour quand je serai très vieille!

"Comment apprendre à un robot à reconnaître de nouveaux objets ou à cerner l'état émotionnel de son interlocuteur ? Peut-on le rendre capable d'une communication par les gestes ou l'attitude ? Plusieurs laboratoires de recherche ont fait de Nao leur cobaye préféré".

12000 euros pour un Nao!
C'est cher mais le futur Roméo c'est mieux qu'un déambulateur (0_°)!
Roméo serait opérationnel dans une dizaine d'années. Génial.

jeudi 12 avril 2012

Merci, c'était bien, ça suffit

Ce matin 11h.

Je prépare toujours une liste de choses à lui dire, de médicaments à lui demander, je prévois de lui parler de tas de petits maux qui me minent.
Puis quand je suis en consultation, j'occulte ma liste, sauf tout de même pour mes migraines, il me fallait lui demander de me prescrire un médicament qui remplacerait mon cher Propofan désormais interdit.
Vint le moment de la prise de tension, je l'appréhendais, ce matin après mon réveil elle était normale, voire plutôt basse mais je savais qu'elle devait avoir bien remontée. Effectivement, elle était limite pour la prescription d'un hypotenseur : mes questions sur les résultats de l'anapath m'avaient un peu stressée et mes joues en feu  en étaient la cause j'en suis sûre. Je le lui dis, elle a souri, c'est ma nouvelle généraliste, c'est la troisième fois que je la vois, elle avait fait refaire la décoration de son bureau, changé le mobilier depuis ma dernière visite, tout était superbe, je le lui dis. "Je peux enfin l'agencer comme je veux" me dit-elle; (elle partage le cabinet avec un autre médecin), elle a très bon goût,  j'y accorde de l'importance, les cabinets médicaux sont souvent si déprimants. Elle est jeune, elle devrait donc pouvoir me suivre jusqu'à ma mort (0_0). Je n'ai pas encore osé lui parler de l'ADMD, de mes déclarations anticipées et tout ça, j'avais pourtant préparé une photocopie pour elle. J'attends qu'elle me connaisse un peu mieux. Allons-y doucement... ne pas la bousculer avec mes sujets favoris.
Je m'en voulais en sortant de ne pas lui avoir demandé tous les médicaments que j'avais listés et surtout les somnifères. Pas pour en prendre (je n'en ai jamais pris de ma vie), juste pour en avoir sous le coude!
A la pharmacie je regarde la composition de ma nouvelle molécule pour les migraines, youpi : paracétamol, opium et caféine, c'était aussi ce qu'il y avait dans les optalidons, mes petites pilules roses, celles que prenaient mon père, ma tante puis moi pendant des années, les seules qui dissipaient mes maux de tête instantanément. Une merveille interdite depuis longtemps.

15 h. Au golf. Au trou numéro 3 je rattrape un couple; lui me propose de jouer avec eux puisqu'ils attendent aussi, la partie devant eux est lente. J'acccepte volontiers; présentations : ils sont en vacances dans la région. Elle, très BCBG , pas souriante, lui plus cool. Après quelques trous, elle s'est détendue. Au final, ce fut agréable.

Retour at home. Silence...

21 h 45. Je viens de regarder Jean d'Ormesson invité dans La Grande Librairie avec Jean-Didier Vincent et Jean-Bertrand Pontalis. Jean d'Ormesson a toujours de l'humour, de l'esprit, de l'élégance et ce soir il nous parle de sa mélancolie. Je ne sais pas si c'est un homme délicieux dans la vie privée mais à écouter il l'est.  Je n'aurais pas attendu d'avoir son âge (sans doute ne vivrais-je pas aussi longtemps) pour parler de la mort :
"A mon âge il faut se décider à aimer la mort" et plus loin il rajoute : "Si Dieu me proposait de recommencer une nouvelle vie, je refuserais. Une vie suffit. C'était bien". C'était exactement les termes de Bernard Kouchner l'autre jour dans Empreintes,  qui déclarait être pour l'euthanasie, en précisant que c'était un mot horrible (cest vrai), que nous devrions avoir le droit de décider de notre mort et que le suicide n'était pas interdit. "Il arrive un moment où on doit pouvoir dire : merci, ça suffit, cétait bien". J'applaudis très fort.

mercredi 11 avril 2012

Journal

Je savais pourtant que je ne devais rien attendre mais j'avais malgré tout espéré que ce livre fut l'occasion d'un échange, d'un partage.
En fait il ne voulait partager avec moi que le superficiel. Dès que je dépassais cette limite et que - maladroitement - j'essayais des échanges plus personnels, qui restaient cependant réservés et du domaine de l'amitié, il se retranchait dans un mutisme qui m'attristait profondément, ou pire encore, il entamait un autre sujet particulièrement futile qui me faisait comprendre que notre amitié - mais était-ce alors de l'amitié? - devait rester dans l'indifférence mutuelle, en quelque sorte dans l'apesanteur.
Je répondais bien sûr car j'aimais beaucoup plaisanter et rire avec lui, de tout, mais au fond de moi je me sentais blessée par ses non-réponses , je trouvais cette attitude (ce jeu?) cruelle.

En transcrivant hier (précédent billet) ce texte magnifique de Friedrich Nietzsche sur l'amitié je comprenais à quel point ce mot était trop souvent utilisé mal à propos. Je lisais aussi sur un blog un billet que l'auteur destinait :
"À l'adresse spéciale de mes 1948 amis de Facebook".
Même si dans le nombre il en a quelques vrais... je souriais, sans y croire. L'auteur semblait en être flatté; j'aimais ce qu'il écrivait mais je ne pouvais m'empêcher de douter soudain de l'authenticité de son billet.

mardi 10 avril 2012

Et n'est-ce pas une oeuvre d'art, espérer encore


Je reprends donc cette phrase (je pensais à un ami*) et un extrait de correspondances de Nietzsche, tirés de l'ouvrage de Daniel Halévy : Nietzsche, éditions Bernard Grasset, Livre de Poche, collection Pluriel, 1977.

"Il y avait tant d'indicible en lui : le silence était donc la règle la plus sage. Nietzsche, philosophe de la connaissance désespérée, écrira un jour une théorie du masque.
Lettre à son ami Gersdorff :

Cher, fidèle ami, si seulement tu pouvais m'estimer beaucoup moins! Je suis presque sûr que tu perdras ces illusions que tu te fais sur mon compte et je voudrais être le premier à t'ouvrir les yeux en t'expliquant en toute conscience que, de tes louanges, je ne mérite rien. Si tu pouvais savoir combien je suis radicalement découragé, quelle mélancolie j'éprouve en moi-même! Je ne sais si je serai jamais capable de produire. Désormais je ne veux plus chercher qu'un peu de liberté, un peu d'atmosphère réelle de la vie, et je m'arme et je me révolte contre tous les esclavages, nombreux, indiciblement nombreux, qui m'enserraient... parviendrai-je jamais? Doute sur doute. Le but est trop loin et si je réussis jamais à l'atteindre, alors j'aurai consumé le meilleur de moi-même en longs efforts, en longs combats. Je serai libre et languissant comme un éphémère au crépuscule. Voilà ma vive crainte. C'est un malheur que d'être si conscient de ses luttes, si clairvoyant!...

Ceci est daté du 1er avril 1874; le 4, une lettre à Malwida** toute mélancolique, mais non désespérée :

Chère mademoiselle, quel plaisir vous me faites, combien vous me touchez! C'est la première fois qu'on m'envoie des fleurs, mais je sais maintenant que ces couleurs innombrables et vivantes, toutes muettes qu'elles sont, nous parlent très bien. Ces annonciatrices du printemps ont fleuri dans ma chambre et j'ai pu jouir d'elles pendant plus d'une semaine. Dans nos vies si grises, si douloureuses, il est grand besoin que les fleurs nous viennent divulguer un mystère de la nature : elles nous empêchent d'oublier qu'il est toujours possible, qu'il doit toujours être possible de trouver, quelque part au monde, de la vie, de l'espoir, de la lumière, des couleurs.  Combien souvent on perd cette foi! Et c'est un beau bonheur, quand les combattants se confirment mutuellement dans leur courage, et par l'envoi de symboles, fleurs ou livres, se rappellent leur foi commune.
Ma santé (excusez-moi d'en dire un mot) est satisfaisante depuis le nouvel an; n'était ma vue à ménager. Mais vous savez qu'il est tels états de souffrance physique qui sont parfois presque un bienfait, car il font oublier ce qu'on souffre ailleurs. Ou plutôt : on se dit qu'il existe peut-être des remèdes pour l'âme comme il en existe pour le corps. Voilà ma philosophie de la maladie : elle donne espoir pour les âmes. Et n'est-ce pas une oeuvre d'art, espérer encore?
Souhaitez-moi la force d'écrire les onze "Inactuelles" dont la tâche me reste. Enfin j'aurai dit tout ce qui nous oppresse; et peut-être nous sentirons-nous, après cette confession générale, un tant soit peu libérés.
Mes voeux les plus cordiaux vous accompagnent, chère mademoiselle et amie.

Il travaille; il veut consacrer à Schopenhauer sa troisième Inactuelle."

Pages 209-210-211.

** La correspondance entre Malwida von Meysenbug et Nietzsche couvre une longue période (1872-1889) et ne s’achèvera qu’avec l’effondrement psychique de Nietzsche. Wagner y est très présent, et dans une moindre mesure Schopenhauer, les Grecs, les paysages de l’Italie et de la Haute Engadine. [...].

"Aux premiers jours de juin, Nietzsche acheva son Schopenhauer comme éducateur, troisième Inactuelle. Intellectuellement, tout était assaini. Restaient les autres souffrances. Lisbeth Nietzsche raconte que son frère ayant un jour exprimé son dégoût des romans et de leur monotone amour, quelqu'un lui demanda quel autre sentiment pourrait lui être substitué.
(Cette réponse que je trouve sublime, tellement juste).

L'amitié répondit-il avec vivacité. Elle détermine absolument les mêmes crises que l'amour, mais dans une atmosphère plus pure. D'abord une attraction réciproque déterminée par des convictions communes; l'admiration, la glorification mutuelles; puis, d'une part, la méfiance, et, d'autre part, des doutes sur l'excellence de l'ami et de ses idées; la certitude qu'une rupture est inévitable et que pourtant elle sera douloureuse... Dans l'amitié*, il y a toutes ces souffrances, et d'autres encore, impossibles à dire."

Pages 213-214.

* (Ne jamais galvauder le mot AMITIÉ).

Les amis de Nietzsche  : Rohde (à gauche), Gersdorff (au milieu).


Franz et Ida Overbeck

Franz Overbeck, un autre ami de Nietzsche. Ils eurent également une correspondance régulière que l'on peut découvrir via ce lien

lundi 9 avril 2012

The winner is...

Bubba Watson a remporté dimanche le premier titre du Grand Chelem de golf de sa carrière en s'adjugeant la 76e édition du célèbre Masters d'Augusta (Georgie, sud-est).


"A 33 ans, le fantasque Américain Bubba Watson - certains le traitent même de barjot - a remporté le Masters d'Augusta. Signe particulier: il n'a jamais pris une leçon de golf... (David Cannon/Getty Images/AFP)"

***

Vraiment épatant ce Eadweard Muybridge dont Google nous rappelle le 182e anniversaire aujourd'hui. Mais les dates ne correspondent pas!

Eadweard Muybridge, né Edward James Muggeridge, à Kingston upon Thames, dans la banlieue de Londres, le 16 juin 1756, mort le 4 décembre 1849 à Paris, est un photographe britannique ayant une lointaine origine espagnole, célèbre pour ses décompositions photographiques du mouvement, et son célèbre cliché « le galop de Daisy ».


Femme descendant des escaliers (1887)

Voir aussi
Séquence en mouvement du Galop de Annie G.

dimanche 8 avril 2012

Je crois que j'en suis

Vendredi 6 avril.

 Je ne peux plus envoyer ni recevoir de mails avec mon mobile. A vrai dire je m'en sers peu mais j'aime l'idée que ça marche. Je tente sur mon "espace client" un "tchat" avec un conseiller.
"Vous êtes en position 10 sur la liste d'attente" (0_0).
Je patiente, je fais autre autre chose. Quinze minutes plus tard "Vous êtes en position 6..."
Au bout d'une demi heure : Vous êtes en position 2.
A quarante cinq minutes : Vous êtes en position 1, puis Un conseiller va répondre à votre demande!
Enfin, Votre Conseiller est Simone (0_°)!
Après quelques questions auxquelles je réponds, Simone me demande si "je suis prête" pour la configuration.
- Ok Simone (en voiture:)), non je n'ai pas dit ça.
Bref, un quart d'heure plus tard, rien n'a marché et, pour terminer : Prenez contact avec le service client ou appelez le 3970.
Je ne réponds rien, je reste perplexe, un nouveau message arrive :
"Merci de votre fidélité, merci de fermer la fenêtre de l'E-tchat".
Pfff! Une heure pour tout ça.

Samedi 7 avril.

Le long week-end commence.
Matin : centre ville. Les touristes sont là. Je me décide à aller chez mon fournisseur pour mon problème de mails sur mon mobile . Pas de queue pour une fois, il est 11 h 45. J'explique mon problème. Je lui dis également que "l'assistant de configuration" est désactivé depuis le tchat que j'ai eu, sans succès. Il me dirige vers le technicien. Je réexplique. Il m'annonce avant de faire quoi que ce soit que c'est payant. Ben voyons! Je demande le prix : 9 euros. OK mais seulement si le problème est résolu. Il vérifie toutes les données, tout est normal. Je lui dis : pourquoi "l'assistant de configuration" s'est désactivité!
- Qu'entendez-vous par l'assistant de configuration?
Non mais je rêve! Je lui montre sur mon téléphone : paramètres - applications - messages - emails - ASSISTANT DE CONFIGURATION.
- Ah oui! Je ne sais pas pourquoi. Je ne peux rien faire, ça ne vient pas de votre téléphone, ça vient du serveur, appelez le service client. Aaaarrrgggrrr!
- Merci.

Il est 12 h 25, je vais aller déjeuner au Petit Gaveau. C'est plein, file d'attente.  Majorité de touristes. La patronne me reconnaît et me trouve une table près du piano. Génial.

En rentrant, idiote, j'ai appelé le service client : tapez 1 si...; tapez 2 si... je tape 4 pour avoir un conseiller : tous nos conseillers sont occupés. Et puis m..... zut! Je raccroche. C'est le week-end, ce mobile est nul de toute façon, je le changerai quand plus rien ne fonctionnera, ce qui ne saurait tarder!

Dimanche de Pâques 8 avril... aux tisons!

Sur la route j'écoutais Brigitte Fontaine sur France Inter. Dans ses élucubrations il y a toujours un moment où sa folie me touche. Ce matin ce fut quand elle déclama un poème de Rimbaud.

Arrivée à bon port. Le jardin était bien nettoyé, impeccable, rien à voir avec l'état d'abandon de ma dernière visite, pour moi c'était la preuve qu'elle reprenait le dessus. Pourtant son visage était toujours défait, et son regard reflétait une profonde désespérance.

Je lui ai apporté un oeuf de Pie en chocolat (c'était son appellation chez le chocolatier). Elle m'a montré fièrement ses travaux des dernières semaines : nouveau papier peint dans le hall d'entrée; dans le jardin : les cyprès qu'elle a déracinés, ils avaient jaunis; les buis qui étaient en pot et qu'elle a mis en terre. Je trouvais que c'était dommage mais je me suis tue.
Elle m'a dit en me montrant tous ces changements : j'espère qu'il serait content. L'essentiel c'est que elle soit contente.
Elle s'active jusqu'à l'épuisement. Elle dit qu'elle ne peut pas lire depuis des mois (depuis qu'il est mort) et que cette hyperactivité est sa seule échappatoire pour ne pas pleurer.
Elle refuse toutes les invitations et n'a pas envie de sortir de chez elle. Là, je la comprends. Besoin de rester là où ils étaient tous les deux, au plus près de lui. Je me souviens combien j'avais ce besoin d'être dans l'atelier quand tu es mort. Il n'y avait que là que je me sentais bien. Quand un être cher vous quitte l'entourage est mauvais conseiller : "tu devrais déménager". Quelle folie! Non, c'est là qu'on se ressource, on a besoin de se raccrocher encore à cette présence, le lieu où on mangeait à deux, ou on regardait la télé à deux, ou on écoutait de la musique à deux, ou on riait à deux, ou on s'engueulait à deux, ou on marchait sur ses pieds pour ne faire qu'un seul corps. C'est notre cocon, notre refuge. Pas de précipitation, pas question d'oublier tout ça, le temps se chargera de nous faire prendre conscience que nous sommes seuls et qu'il va falloir surmonter l'épreuve lentement, laisser les points de suture se résorber... Puis la vie reprend le dessus. Et des jours heureux renaissent. Tout cela est si loin pour moi...

On a pris l'apéritif et blablabla...
Je lui parlais de Brigitte Fontaine que j'avais écoutée à la radio sur la route. Elle me dit : elle est cinglée, droguée, s'est fait trente-six liftings et j'en passe. Je lui accorde le "elle est cinglée", pour le reste c'est un jugement qui ne m'intéresse pas, je m'en fiche, j'aime sa folie, j'aime quand elle délire, quand elle dérape. De toute façon j'aime tout ce qui est excessif. Et là pour le coup je suis servie. C'est vrai, elle est complètement déjantée!
Dans ma famille on est trop bien-pensant. On n'aime pas ce qui est hors-norme. Moi si. D'ailleurs je n'aime que les cinglés; je crois que j'en suis (0_0)!

Son plat de pâtes fraîches avec des pétoncles était délicieux.

Balade digestive sous un ciel gris. Tea-time devant la cheminée, oui Pâques aux tisons!
Elle me parle de lui...

Sur la route du retour j'écoute Jean d'Ormesson interviewé par Guillaume Durand sur Radio Classique.  J'envoie une giclée d'eau sur mon pare-brise pour bien voir au loin le bandeau de nuages dans le ciel redevenu bleu; ils sont beaux comme des sculptures ouatées aux formes étonnantes, j'ai envie de les croquer. Je te cherche, je t'ai trouvé, je te vois dans un de ces nuages. Je te dis : hello my love...

vendredi 6 avril 2012

***

"Il y avait tant d'indicible en lui : le silence était donc la règle la plus sage."

jeudi 5 avril 2012

De, l'Amour fou

Crève-moi les yeux et je pourrai te voir encore,
Crève-moi le tympan et je pourrai t'entendre encore.
Sans pieds, je puis aller vers toi.
Sans langue, je puis t'évoquer à volonté.
Arrache-moi les bras, je puis t'étreindre
Et te saisir avec mon coeur comme avec une main,
Arrête mon coeur, mon cerveau battra aussi fidèlement,
Et si tu mets en feu mon cerveau,
Alors dans mon sang je te porterai.

Rainer Maria Rilke, extrait du Livre d'Heures* (1894-1906).

* R.M.R., Sämtliche Werke, I, p. 313.

"Lou Andreas-Salomé fut émue par la splendeur mystique de ce poème, qu'il lui donna, dit-elle, en gage de son amour."

***

Je me demande qui peut me lire avec autant de constance. Mon blog est confidentiel, je n'autorise pas Blogger  à m'inscrire dans leur liste de blogs ni dans les moteurs de recherche, je ne vagabonde pas sur les sites avec mon URL et depuis un mois ou deux le nombre de pages lues quotidiennement est étonnant.

mercredi 4 avril 2012

***

Je sens que je passe un cap. Le Cap de Désespérance.

***

J'écoutais un CD ce matin. J'étais submergée par une bouffée de tristesse, de tendresse.

***

A vrai dire je ne savais rien de toi mais tu me suffisais.

Cartes postales. Fin

Le port de Cassis  au charme indéniable.
Une merveille.







"Cassis s'enorgueillit d'avoir vu naître en 1716 l'Abbé Barthélemy. Ce célèbre numismate fut le conservateur du cabinet des médailles du Roi Louis XVI pendant plus de 30 ans.
Érudit incomparable, il consacra sa vie à l'étude des langues anciennes, déchiffrant les inscriptions phéniciennes et ouvrant la voie à l'égyptologie. Il est l'auteur du célèbre " Voyage du Jeune Anacharsis en Grèce " qui fit redécouvrir à ses contemporains la civilisation de la Grèce Antique.

A partir de la fin du 19ème siècle, le charme et la beauté de Cassis attirent de nombreux écrivains : Alphonse Daudet, André Gide et Roger Martin du Gard, Paul Valéry et biend'autres en font leur villégiature de prédilection, de même que l'écrivain américain Henry Miller, Virginia Woolf ou encore Winston Churchill qui y exerça ses talents de peintre.

Une mention particulière doit être faite de Frédéric Mistral : Prix Nobel de littérature en 1905, l'écrivain a choisi Cassis et la Provence pour cadre de son grand poème épique " Calendal ", publié en 1867.

C'est Frédéric Legré qui en 1861 fit connaître Cassis à Mistral. Lors d'une promenade, ils empruntèrent le sentier des bergers qui mène au mont Gibal. Mistral découvrit un panorama sublime embrassant Toulon, le massif des Calanques, la Gardiole et la Sainte Baume, qui lui inspira son livre.

Les 12 chants retracent les aventures de " Calendal ", modeste pécheur d'anchois cassidain "humble parmi les humbles et plus fier que les fiers" qui accomplit une séried'exploits, triomphe des plus cruelles épreuves pour  conquérir l'amour de la belle Estérelle, mi-princesse, mi-fée, descendante de l'illustre famille des seigneurs des Baux.
Le poème évoque fidèlement la vie cassidaine et provençale à la veille de la Révolution avec ses coutumes ancestrales et ses fêtes. Mais par dessus tout, Calendal est un hymne d'amour à la Provence dont Mistral fut le plus ardent défenseur. Elle est présente tout au long de l'oeuvre dans la diversité de ses paysages baignés de lumière.

Au cours du 20ème siècle, Cassis continue à attirer écrivains et artistes, notamment grâce à la personnalité d'Emile Bodin.

Cinéastes, acteurs, metteurs en scène ont été nombreux à fréquenter le petit port qui servi de cadre à plus d'un film de cinéma ou de télévision : Marcel Pagnol et Fernandel réunis pour le tournage de " Naïs ", Annie Girardot et Philippe Noiret pour " La vieille Fille ", Alain Delon pour certaines scènes de " Fabio Montale ", tiré de la trilogie marseillaise de Jean-Claude Izzo.

La baie de Cassis, ses collines, sa lumière, ne pouvaient pas manquer de séduire les peintres. Ils ont été nombreux à l'immortaliser : dès le 19ème siècle, l'école provençale avec Raphaël Ponson, Marius Guindon, Monticelli, Ziem ou René Seyssaud. Plus tard, Braque et Derain, Picabia et Verdilhan, Signac et Dufy, plus prés de nous Ambrogiani, Rudolf Kundera, peintre d'origine tchèque, qui a choisi de vivre à Cassis et Chris Vivanti."





mardi 3 avril 2012

Cartes postales 2


La basilique Notre-Dame de la Garde est considérée par la population marseillaise comme la gardienne et la protectrice de la cité, d'où son appellation courante de « la Bonne Mère », également le surnom populaire de Marie (mère de Jésus).


Notre Dame de la Garde est un mât : elle oscille sur sa quille. Elle va prendre son vol, la basilique, avec la vierge qui lui sert de huppe… Ainsi la basilique juchée sur la colline de la garde, et la statue de cuivre dorée qu’ils ont hissé sur la basilique. Là, une fois de plus, ce style qui veut être à la vérité roman et byzantin, sans jamais réussir à être un style : ni la force du roman, ni la science byzantine."
André Suarès


"Celle qui préside aux routes de la mer
celle qui brille au-dessus des flots et du soleil
la géante debout au fond des heures bleues
la haute habitante d’or d’un long pays blanc
Pallas chrétienne des gaules."
Valérie Larbaud



C’est elle qu’on voit de la mer, première et dernière sur son sommet tout de lumière ourlé de bleu, dominant sa Provence grecque qui sait ou ne sait plus qu’elle l’est, mais le reste. Qui manquera, croyant ou non, de monter à la Bonne Mère."
Marie Mauron




lundi 2 avril 2012