mercredi 28 mars 2012

Journal

Mercredi 28 mars.

Je pars donc en Provence demain jusqu'à dimanche.

Je pense à celui qui rend mes journées plus vivantes depuis plus de deux ans. Je pense à lui particulièrement parce que ce qui nous relie n'est qu'épistolaire. Si je mourais demain il n'en saurait rien Pfuit! Et vice versa : s'il disparaissait du jour au lendemain, s'il ne répondait plus à mes mails, je ne saurais même pas s'il est mort ou vivant. Faut-il en rire, faut-il pleurer?
Et je me dis que c'est mon ami. C'est celui à qui je raconte ma vie, mon quotidien dans ses moindres détails. Quand je lui écris c'est un peu comme si j'étais dans les bras de mon père, oui c'est cela. je sais qu'il existe, qu'il m'écoute, je me sens moins seule. Evidemment, pas question de tenir ce genre de propos avec lui. Cette distance entre nous qu'il m'impose, me le rend encore plus précieux. Je me répète, je radote.
Je souris... à l'éternelle adolescente immature que je suis.






Journal

Nuit agitée. Migraine, coeur à l'envers ce matin alors que demain je dois prendre l'avion : ne pas oublier la Nautamine, Vogalib et tout le tintouin!
Je suis stressée.
Je ne sais pas si nous allons beaucoup parler de toi ce week-end.  Si oui, je vais sans doute découvrir un autre homme que celui avec lequel j'ai vécu mais ce que l'on me dira ne changera en rien celui qui m'a aimée, choyée, protégée.
J'ai hâte et j'ai très peur.

En attendant, m'activer, malgré la migraine, pour ne pas trop cogiter.
Écouter "Choeurs Éternels" en balayant, en époussetant : Nabucco - Choeur des Esclaves de Verdi, c'est beau; les Maîtres chanteurs - Éveille-toi de Wagner, écouter, à fond la sono, balayer en tournoyant... ne pas penser.
"Comparée à la musique toute phrase a quelque chose d'indécent; le mot affadit, abêtit; le mot dépersonnalise; le mot rend commun ce qui est rare".
Nietzsche, Maximes et Pensées : Esprit.

Dès que je m'absente - même peu de temps - je nettoie tout. Je pense toujours au pire (au meilleur?) : si je ne reviens pas, si je meurs en route, je veux que tout soit clean.



lundi 26 mars 2012

Quand l'amour s'en mêle

Vu un beau film sur la maladie d'Alzheimer qui me donne envie sur le champ de*******************
Pourquoi est-ce que je continue de regarder ces films? Celui-ci avait ceci de particulier d'aller au devant de la déchéance. Honnête. Julie Christie était belle et le mari (Gordon Pins), aimant, jusqu'au bout. On nous a épargné la fin indigne de tout être atteint de cette maladie qui me ramène, comme toujours, à l'euthanasie.
Le titre du film : Loin d'elle.




L'amour sublimait la douleur de celui qui n'était plus reconnu par l'être le plus cher à son coeur.

* Censure.

dimanche 25 mars 2012

Journal

Voilà déjà quinze jours que j'ai commencé une biographie de Frédéric Nietzsche.
Une passionnante découverte pour moi qui ne connaissais que ce que j'avais pu lire ou entendre dans des extraits de textes. J'avais craint une difficulté de lecture voire une incompréhension. Mais le biographe, Daniel Halévy, qui a mis cinquante ans pour peaufiner ce travail!!! oui cinquante années de recherches minutieuses et une traduction de la langue allemande que l'on dit être la meilleure, m'éclaire et me permet l'accès de cet ouvrage sans appréhension - à mon grand étonnement - et avec intérêt - sans étonnement.
J'y reviendrai bien sûr.

...
Je viens de vivre deux jours d'un stress épuisant. Pourquoi est-ce que le malheur des autres retentit à ce point sur moi? A vouloir jouer la médiatrice, bien mal m'en a pris, j'ai eu le droit aux doléances des deux intéressés et, bien évidemment aux deux sons de cloche différents. J'ai cru bien faire en donnant mon avis - puisqu'ils me sollicitaient -, en marchant sur des oeufs et avec beaucoup de réserve, en essayant de redonner à chacun de l'espoir et voilà que du coup ils m'ont assailli de mails, de questions. Ils ne dormaient plus et j'ai hérité de leurs insomnies.
Ce matin je ne savais plus si c'était eux  qui étaient en train de disjoncter ou moi, à vouloir trop bien faire. Lasse, j'ai pleuré tout mon soûl, seule évidemment, comme toujours. Puis j'ai écouté cette musique en essuyant mes larmes. Je me suis dit qu'il fallait aussi que je me préserve. Mes matins au réveil n'ont pas changé, je crois qu'ils ne changeront plus jamais, toujours cette phrase : combien de temps encore... ces matins sans joie? Plus rien ne me porte, ne me transporte et pourtant... je vis.

vendredi 23 mars 2012

De, la croyance

"Le désemparé qui va se pendre croit encore à l'amélioration de son état."
Blaise Pascal

Les NCC, après une semaine avec Eric Rohmer nous parlent ce matin de la croyance avec Frédéric Boyer, auteur de Personne ne meurt jamais, éditions P.O.L., invité pour parler de son christianisme.

"Qu’est-ce que croire ?
La croyance est humaine : les animaux n'en savent pas assez, et les dieux en savent trop pour croire. L'absence de croyance est impossible : la thèse du monde est une croyance, rappelle Husserl. Et puisque l'on ne peut croire à rien, il faut définir le nihilisme autrement.
Dans « De l'esprit géométrique » l’auteur des Pensées fait cependant remarquer que les hommes « sont presque toujours emportés à croire non par la preuve mais par l'agrément » - ce qui est une manière de dire que la clé de la croyance n'est pas du côté de ce qui est cru mais de celui qui croit. Le sujet qui croit est toujours plus important que l'objet de la croyance : celui-ci peut même être donné comme une simple occasion."

La phrase de Pascal m'a troublée. Des passages aussi très intéressants dans l'émission : Dali donnant une explication mystique à ses "montres molles" et, de nombreuses références aux Confessions de Saint-Augustin. On peut la réécouter ici.
Mais oui je suis athée!




jeudi 22 mars 2012

Brûler d'amour


 Original de l'affiche du film de Eric Rohmer

Affiche du film en anglais!

- Je crois que vous vivez seule d’après ce que vous avez dit non ?

- Oui ! Mais… pour moi ce n’est qu’un état d’attente.

- Attente de quoi ?

- Tout simplement, de cette chose imprévisible qu’est l’amour. Oui, je n’ai jamais rencontré le grand Amour jusqu’ici. Je veux le rencontrer. Je me suis laissé mener par un homme qui m’a persuadée qu’il m’aimait et que je l’aimais, je l’ai cru, mais ce n’était pas de l’amour, c’était de la fidélité. J’accordais du prix à la fidélité, j’en accorde toujours d’ailleurs, je crois même qu’il n’y a pas d’amour, sans la croyance qu’il est éternel ; mais, on a le droit de se tromper.

- Et, tu ne te tromperas plus ?

- Ah je ne sais pas, mais je ne prendrai plus pour de l’amour ce qui n’en est pas. L’amour est une chose brûlante, moi je veux brûler d’amour.

- Mais à bon escient j’espère. Et pour qui ?

- Ah je ne sais pas, cela viendra je ne sais pas quand… d’une façon inattendue… peut-être jamais ?… j’espère que non ! Mais je brûlerai.

- Mais cette fois-ci tu le sauras où diriger ta flamme ?

- Non ! Je t’ai dit que ça arriverait d’une façon totalement imprévue.

- Bon ben alors tu te tromperas encore.

- M’oui, effectivement, je pourrais me tromper.

- Pour le moment vous êtes libre, alors profitez-en, ne vous laissez pas confisquer votre liberté ?

- Ça dépend par qui ? Ce n’est pas la liberté qui m’intéresse, enfin, je ne raisonne pas comme vous. Oui, ce qui me gênait, si je peux m’exprimer ainsi, enfin ce n’est pas d’être attachée mais, attachée à un homme pour qui je ne brûlais pas. Je… je n’ai jamais brûlé d’amour sauf, sauf en rêve, comme toutes les filles pour un acteur, un prince, un champion, un visage aperçu et jamais revu… mais c’était pas de l’amour. J’ai… sans doute allumé des feux en des gens, mais des gens qui ne me plaisaient pas, alors je ne l’ai même pas remarqué. Il y a peut-être même des hommes qui se sont suicidés pour moi ? (Elle rit) J’espère que non. Non mais s’ils l’ont fait je n’en ai rien su. Bon, écoutez, aussi étrange que cela puisse paraître, une chose ne m’est jamais arrivée : allumer un amour, en moi et en un autre être, instantané et réciproque, mais… je ne désespère pas. Un jour l’étincelle jaillira et je serai tout à coup, comme un immense brasier.

Une scène du film de Eric Rohmer (Marion, Arielle Dombasle), Pauline à la plage.

Je note ce vouvoiement qui passe au tutoiement… Difficile de retranscrire les textes de Rohmer qui ne prennent tout leur sens que dans le ton si particulier qu'il demande aux acteurs. Ici, toute la scène repose sur le JE.
Toute la semaine est consacré aux films de Eric Rohmer dans les NCC.

Bof!

 

Je

Graphique des pages vues 27125 pages vues - 1000 messages, dernière publication le 20 mars 2012

Tout de même, faut le faire!
Quoi? Euh...
Ok, c'est moins performant que ça!



La TimeWriter II a été réalisée par l’horloger espagnol Bartomeu Gomila dans les ateliers de Montblanc à Villeret sous l’égide du maître horloger Demetrio Cabiddu.

Pour les connaisseurs en Haute Horlogerie (moi, ça m'a toujours fascinée cette précision de certains mécanismes) :
"Montblanc vient de présenter aux professionnels, en ce premier jour du SIHH* 2012, son Chronographe Bi-Fréquence 1.000, second opus de sa ligne TimeWriter. Le dossier de presse est éloquent: il s’agit pour MontBlanc et la manufacture Minerva rien de moins que de défier les lois de la physique. La Timewriter II est elle à la hauteur des espérences** des horlogers de Villeret?
Pour mesurer le temps précisément au 1/1000ème de secondes, les manuels d’horlogerie nous apprennent qu’il faudrait un mouvement dont le balancier bat à 3,6 millions d’alternances par heure, soit une fréquence de 500 Hertz. Montblanc semble avoir trouver** le moyen de mesurer ce millième avec un balancier à la fréquence de 50 Hertz seulement… De quoi laisser perplexe!"

Par Martin Péneau dans les catégories COMPLICATIONS Chronographe Exception.

* Salon International de la Haute Horlogerie.
** Je laisse les fautes. Pfff!
(Je ne mets pas le lien - facile à retrouver via Google - sinon je vais être assaillie par des pubs de montres).



mardi 20 mars 2012

Ma cousine, c'est Bécassine



Je me suis bidonnée hier soir avec Tintin au Congo. Pfff!

"M. Mbutu Mondodo, qui vit en Belgique, avait estimé que Tintin au Congo était une "BD raciste, faisant l'apologie de la colonisation et de la supériorité de la race blanche sur la race noire".
Il réclamait l'interdiction de la vente de cet album d’Hergé, ou à défaut l'imposition d'un bandeau d'avertissement ou d'une préface expliquant le contexte de l'époque, comme c'est le cas pour l'édition anglaise.
[...]
La demande a été jugée non fondée, le tribunal de première instance de Bruxelles ayant estimé que la loi belge contre le racisme ne peut s'appliquer que s'il y a une intention discriminatoire.
[...]
On ne peut que se féliciter de cette décision du tribunal de Bruxelles, qui remet un peu de sens dans cette histoire. Faudrait-il interdire à la vente les aventures de Bécassine, au prétexte qu’elle donne des bretons une image simpliste, pour ne pas dire idiote et arriérée, tout en leur reconnaissant une certaine innocence naïve, propre à faire rire le lecteur. Les mêmes clichés sont à l’époque véhiculés sur toutes les cultures, et l’exposition universelle de Paris offrait une représentation édifiante des points de vue d’alors, quand à la supériorité des blancs sur les autres.
[...]
Le procès intentée à cette vieille bande dessinée [...] pose néanmoins une question commune : Peut-on revisiter le passé en fonction de notre sensibilité et des valeurs de l’époque dont laquelle on vit?
Le danger est bien sur d’être partisan, lié aux idées en cours, et d’expurger tout ce qui nous déplaît en vertu évidemment de grand principes moraux, mais tout autant simplistes que les vues qu’elle critique ainsi.
[...]
Témoignage d’une époque et de ces valeurs ! C’est un des intérêts indéniables de cette bande dessinée, dont on aurait bien tort de ce priver. Les enfants ne sont pas des imbéciles, et ont tout le loisir de se construire une opinion, sans qu’un adulte vigilant, plein de soi-disant bonne intention, ne vienne interdire ce qui les charme.
[...]

Il est bien loin ce petit garçon noir, baptisé « Coco » qui surgissait de derrière un fourré dans « Tintin au Congo », trente et un ans plus tôt.

Et pourtant c’est le même enfant.
Mais l’évolution du regard d'Hergé a retransfiguré la rencontre.
Encore faut-il avoir le premier maillon de la série pour saisir la chose !
Car on ne peut arracher un panneau d’un triptyque, sans détruire l’œuvre entière."

(Article complet ici)

lundi 19 mars 2012

***

Les nouvelles catastrophiques se succèdent : accidents de cars mortels, tuerie de Toulouse dans une école juive. C'en est trop.

J'ai même lu ici ou là que Hergé était raciste. Tsss! Je veux en avoir le coeur net, je n'en crois pas un mot, je vais me coucher avec missié Tintin et Milou! Je plaisante mais le racisme plane, comme un oiseau de malheur.


"Des jeunes gens antisémites, ça existe donc, cela ? Il y a donc des cerveaux neufs, des âmes neuves, que cet imbécile poison a déjà déséquilibrés ? Quelle tristesse, quelle inquiétude, pour le vingtième siècle qui va s'ouvrir !"

Emile Zola, extrait de Lettre à la jeunesse.

***

"Un jour dans ce monde on ne saura plus si on est dans la fiction ou dans la réalité".
Entendu de matin à la radio alors que le miroir me renvoyait une image cruellement réelle que j'aurais aimé être fictive.

dimanche 18 mars 2012

***

Dimanche de 5 à 7, je m'attarde sur le blog de Philippe Annocque (Hublots) dont j'ai apprécié les ouvrages.
J'en ai parlé ici à plusieurs reprises. J'aime son style, si particulier, ses interrogations existentielles : suis-je ou ne suis-je pas?
Je redécouvre ce billet : Je ne suis je qu'à cause de vous,
en cliquant sur son Tu.

J'attends toujours avec impatience ses nouvelles publications.

vendredi 16 mars 2012

Je t'aime moi non plus

Vendredi 16 mars.
On lui a retiré un petit crabe il y a un mois. Ça n'avait pas l'air de l'inquiéter. Elle avait raison, pourquoi serait-elle inquiète puisqu'on l'a retiré. Elle ne se demande pas si par hasard on aurait pas oublié une patte ou, si le petit crabe aurait pondu quelques oeufs déjà disséminés ici ou là? Bien sûr je ne lui ai pas posé ces questions idiotes.

Cette journée fut étrange. Après le crabe, une autre femme qui m'est très proche m'a parlé au téléphone, c'est elle qui m'a appelée. Il y a quatre jours elle me disait : je déteste le téléphone (je venais de l'appeler), il ne m'en a pas fallu plus pour savoir qu'elle avait dû hésiter à décrocher. Je lui ai dit aussitôt : moi non plus je n'aime pas le téléphone, je raccroche et je t'envoie un mail. Elle préfère les mails ou les textos. Mais ce midi, c'est elle qui m'a appelée. Elle n'a pas dit : allô, je suis bien chez le Docteur Freud? Non non. Elle m'a dit : je viens de lire ton mail de ce matin, si tu veux venir, ne viens pas lundi ni mardi mais mercredi. Ok ok! Et puis elle a parlé et sans préambule elle me dit : je sais que je suis égoïste, je peux même être méchante mais je m'en fiche. Je ne peux plus aimer personne, je ne l'aime plus. Ok ok! Mais lui, t'aime-t-il? Il dit qu'il tient à moi. Ben voyons c'est possible et pourquoi tient-il à toi? Parce que ça lui facilite la vie. Ok ok! Et quand tu dis que tu ne peux plus aimer personne, moi non plus tu ne m'aimes plus? (Elle tousse) Je te dis que je ne peux plus aimer personne. Et je l'ai laissé parler, de lui, d'elle, de sa retraite qu'elle attend comme une bénédiction dans... deux ans! Je l'écoutais et je ne pensais qu'à cette phrase : je ne peux plus aimer personne. Pour moi, je ne lui en voulais pas et la peine que j'avais c'était pour elle. D'ailleurs je suis sûre que ce n'était pas vrai, mais dans le fond je n'en sais rien. Qu'importe, moi je l'aime.  C'est terrible de ne plus être capable d'aimer, c'est la pire des choses qui puisse vous arriver. J'ai entendu dans tout ce qu'elle me disait un appel au secours. J'avais envie de la prendre dans mes bras; c'est cela dont elle avait besoin, que quelqu'un la touche,  l'embrasse, la serre dans ses bras, mon petit Bézo.
A vrai dire moi aussi j'ai besoin de tout cela. Chienne de vie! Cependant je parviens à me satisfaire de ma vie intérieure, enfin, ça dépend des jours...

J'ai re-regardé Marie Bonaparte (Princesse Marie) interprétée par Catherine Deneuve ce soir, la première partie, j'enregistre la deuxième. Je pense que je serais incapable de me faire psychanalyser sans tomber amoureuse du psychanalyse. Parler à quelqu'un qui vous écoute, patiemment, comment ne pas succomber, ne pas avoir envie de tomber dans ses bras, même s'il est très vieux. Oui, je sais, si c'est cela que l'on recherche dans l'amour : être écoutée, c'est qu'on est bien fragile...

Samedi 17 mars.
13 h 52. Elle m'envoie un texto : "Demain tu es chez toi je passerai?". Elle met un point d'interrogation mais pas de conditionnel et bien sûr, je lui réponds : "Oui, tu peux venir".
Je vais l'écouter, je serai son Docteur Freud. Je pense que j'aurais pu faire un bon psychanalyste:))... mais il faut d'abord se faire psychanlyser. Problème!


jeudi 15 mars 2012

Grâce féline

Que ceux qui n'aiment ni le luxe ni la beauté ni la futilité ne regardent pas ce film.

mardi 13 mars 2012

The old lady

Photos du jour.

Je cherchais un nuage où j'aurais pu t'apercevoir mon coach
et à ce moment-là je n'ai vu que cette traînée blanche traverser le ciel.



 Puis j'ai croisé "The old lady", de retour sur les fairways.
Je suis allée la saluer.
Je lui ai fait part de mon inquiétude de ne pas l'avoir vue depuis longtemps.
J'étais heureuse de la revoir.
Elle me répondit qu'elle allait bien; je le constatais.
Ses yeux me paraissaient moins vifs mais son regard intense.
  Son sourire était toujours radieux et son accent délicieux.
Elle tirait encore son chariot, à deux mains, comme ici
 et me dit qu'elle avait trop chaud avec son pull-over.
Il est vrai qu'aujourd'hui le soleil était resplendissant, j'avais ôté le mien.
Puis je l'ai laissé poursuivre son parcours, sans lui proposer de continuer ensemble,
je sais qu'elle préfère jour seule, elle me l'avait dit.
 Je l'ai photographiée rapidement et discrètement quelques trous plus loin.
Elle est maintenant dans sa 90e année et je suis sûre qu'elle, n'a pas envie de mourir.


lundi 12 mars 2012

***

Je viens de voir Stupeur et tremblements, le film d'Alain Corneau tiré du livre de Amélie Nothomb.
Sylvie Testud a remporté le César de la meilleure actrice pour ce film. Elle est extraordinaire.
Je n'ai rien lu de l'auteur...



***

Chaque jour je cherche un texte, exceptionnel, d'un auteur qui pourrait clore ce blog/journal.
Il y a de nombreux textes qui correspondent à cette attente mais je veux trouver celui qui m'anéantira, par sa beauté, sa puissance, celui qui me fera comprendre à quel point : tout est dérisoire.
Je ne l'ai pas encore trouvé. Enfin, si je l'ai trouvé mais puisque je suis là c'est qu'il ne m'a pas anéantie.
Je  continue de chercher.
Je pourrais alors, enfin, arrêter de déblatérer ici.

dimanche 11 mars 2012

Journal

Mardi  6 mars.
Elle a envie de me voir.
Je lui dis : OK je viendrai passer quatre jours chez toi.

Mercredi 7 mars.
Allez, je réserve mes billets pour un week-end prolongé. Je m'interroge tout de même; je pense à toi papa, tu disais toujours : jamais plus de deux jours chez les autres! Comme tu avais raison. Hop! J'enlève une journée pour la réservation, trois nuits et deux jours pleins suffiront amplement.
Avion : deux à trois fois moins cher que le train! 1h40 de vol au lieu de 9 heures de voyage avec les changement de trains. Y a pas photo. Mmm! Compagnie low cost : le prix annoncé gonfle au fur et à mesure des options proposées. Bientôt il va falloir réserver et payer le siège des toilettes! Je clique OK pour l'aller, sans les options, je vais sans doute le regretter, tant pis! Retour, moins compliqué avec Air France mais plus cher : OK aussi et je me retrouve avec une facture totale du tiers du prix en train. Je n'en reviens pas. Mais quel binz! Je n'ai pas d'imprimante, zut. Je vais trouver une solution, évidemment.

Jeudi 8 mars.
Je lui confirme ma venue et mes dates en précisant que je n'ai pas réussi à avoir de vol de retour le lundi et que je rentrerai donc le dimanche (c'est vilain de mentir).
Elle me répond :
Dommage, une journée en moins, mais c'est bien.
Ah ah! Dans le fond elle apprécie, youpi! J'ai déjà hâte de rentrer. Suis de plus en plus sauvage, invivable. Elle rajoute : je préviens la tribu de ton arrivée pour qu'elle ne prévoie rien ces jours-là. La tribu : le fils, la bru, le petit fils, le chien. Mmm! Je m'attendais à un week-end calme, je crains le pire. Pas de panique, wait and see et puis c'est pour deux jours, merci papa.

Après-midi : golf.
Soirée : bonsoir tristesse.

Vendredi 9 mars.
Matin : vraie tristesse, angoisse.
Après-midi : je ne sais plus. Lecture c'est sûr. Et mon billet sur le roman de Fanny.

Samedi 10 mars.
"Quand je me mets à penser à ce que je veux, il me semble que je cherche des paroles pour une mélodie, qui est en moi, et une mélodie pour des paroles, qui sont en moi; et la mélodie et les paroles, toutes deux en moi, ne vibrent pas comme si elles émanaient d'une même âme. Tel est mon partage!"
Nietzsche avait 18 ans quand il écrivit cela dans son Journal.

Dimanche 11 mars.
Aujourd'hui donc!  Ce matin j'ai visité quelques blogs. J'entendais il y a quelques jours l'annonce de "la mort des blogs politiques". Il y a quelques mois on annonçait la mort des blogs en général remplacés par les réseaux sociaux : Facebook, Twitter...
"Nicolas Jegoun souligne que les blogs ne sont pas morts, mais qu'ils n'ont peut-être pas été aussi « influents » qu'on a pu le dire. Pour lui, les blogs (pas forcément politiques) ont de beaux jours devant eux."

Après-midi : mortel. Acheté deux petits pots de primevères chez Truf. Achat compulsif (0_0), besoin immédiat de printemps. Mauvaise idée : foule,  familles au complet avec des enfants braillards et hyperactifs. J'ai filé à la caisse dare-dare pour fuir ce lieu. Oui, vraiment une idée stupide d'aller chercher des plantes le dimanche quand j'ai toute la semaine pour le faire. Mais dans la semaine je ne m'ennuie pas.

J'écoutais Le masque et la plume en écrivant ici. Merveilleuse nouvelle : Jean-Philippe Toussaint publie enfin deux nouveaux livres : L'Urgence et la Patience et une réédition augmentée de Autoportrait (à l'étranger). J'étais impatiente de le lire à nouveau, ça urgeait!

vendredi 9 mars 2012

De, la mélancolie des éoliennes



"" Le travail des nuages", c'est l'histoire des destins cahotiques, du long travail du deuil, quand les amours, les parents, la vie, se réunissent en un ciel où les nuages, indispensables, sculptent ce que sera demain. Il ne faut pas avoir peur des nuages, c'est là la morale de l'histoire: car d'eux naissent les ombres d'où jaillit, malgré tout, l'incandescence d'une lumière que l'on n'attendait plus." (Anne Duprez)

Extraits :

"Milan année zéro est bien tranquille dans sa maison liquide et sombre. Il va bientôt naître et il n’en sait rien. Il ne sait pas non plus que ce sera un petit peu trop tôt. Il n'a pas conscience du temps qui passe, des cellules qui se multiplient, de l’être qu’il devient.

Les secondes et les mois n’existent pas, il flotte entre moins l’infini et l’infini, en pensant que tout restera absolument identique jusqu’à la fin des temps.
Il remue ses doigts d’amphibien, il les regarde sans savoir qu’il en a dix, il plane au ralenti, c’est un cosmonaute. Il ne souffre de rien car il ignore tout et il est bien content. Imbécile et heureux, le fœtus orange entend certaines choses derrière le mur de sa maison.
Il entend les voix d’Hélène, Marcus et Eloïse, il ne connaît par leurs prénoms il ne sait pas ce qu’est une famille, mais il les aime déjà beaucoup et il a envie de leur faire plaisir. Quand ils mettent de la musique, Milan danse, alors il entend de petits cris joyeux et des mains qui se posent sur sa maison. Il peut presque les toucher.
Il entend des pleurs parfois, il sent qu’il se passe quelque chose de terrible, mais il ne sait quoi en faire, il pousse ses petits doigts contre le mur avec autant de compassion que possible et ça ne change rien. Il apprend vite ce qu’est l’impuissance. Il l’oublie aussitôt.
Il entend Solal qui ronronne contre le mur. Il essaie de ronronner aussi mais il ne sait même pas faire de bulles. Il entend des « princesse » qui lui sont adressés de l’autre côté du mur. Milan ne s’appelle Milan, il n’a pas encore de prénom et tout le monde pense que c’est une fille. Tout le monde se trompe mais Milan s’en fiche, il ne sait pas ce que sont les hommes et les femmes, il ne sait pas encore à quel point c’est la même chose. A quel point ce n’est pas important.
Il entend la vie dehors comme si ça ne le concernait pas mais il ignore que la vie l’attend de pied ferme, que ça va être bientôt son tour. Il considère son existence de petit roi éternelle et mouillée alors qu’elle n’a même pas encore commencé.

Elle débute le dernier jour de l’hiver, dans un grand vacarme. Les machines et les gens, tout le monde hurle que Milan ne va pas bien. Il se prend pour un trapéziste, il est à l’envers et il loupe de peu une pendaison, il s’emmêle, il se contorsionne, s’étouffe.
Milan ne simplifie sa naissance pour personne.
Finalement on le sortira par le toit, à l’aide d’instruments tranchants.
Il est dix-sept heures vingt, l’alignement des planètes à ce moment précis prévoit pour Milan un caractère combatif, un goût prononcé pour les études et une carrière dans la recherche ou l’enseignement. Ce ne sera pas le cas. Mais personne ne blâme les planètes."

P. 29 – 30.

"Eloïse, à trente ans, aimerait bien que sa vie soit une réussite. Mais comment le savoir, à quoi la comparer quelles sont les échelles de valeur d’une vie, est-ce que ça se note de zéro à dix ? De zéro à vingt, de zéro à cent ? Est-ce que la moyenne, c’est acceptable ? Est qu’il faut absolument avoir accompli quelque chose d’important, comment et avec qui et combien de temps ? Etre amoureux ? Etre heureux ? Comment ça se mesure, le bonheur ? Combien de points on gagne si on ne se suicide pas ? Si on attend son tour gentiment ? Avoir des enfants est-ce que ça compte ? Et ne jamais dire de mal des autres ? Travailler trop et sans se plaindre ? Apprendre à jouer d’un instrument de musique, se souvenir de sa table de 7, ne pas tuer d’animaux, être polie, apprendre le nom des plantes, surmonter sa peur des guêpes, ça vaut quoi ? Est-ce qu’on peut perdre des points ? Ca vaut quoi lire l’Odyssée, prendre l’avion, voir en vrai le Machu Pichu, économiser l’eau, monter sur un cheval, faire pousser ses légumes […], prier, croire en quelque chose, survivre sans croire en Dieu? Survivre. Est-ce que survivre ça suffit ? Jusqu’à quand c’est suffisant ?
Comment on calcule sa note existentielle ? Et qui nous la donne et quand ? Est-ce qu’on le sait trop tard qu’on a été un mauvais élève de la vie ? Et qu’est-ce qu’on fait de ce diplôme ? On l’emmène où ? On le montre à qui ? Qu’est-ce qu’on gagne ? Qu’est-ce qu’on a à perdre ?"

P. 137 – 138.

Fanny Salmeron, in Le travail des nuages, éditions Stéphane Million, 2011.

C’est le deuxième roman (voir ici pour le premier) de Fanny Salmeron, j’ai envie d’écrire c’est le deuxième poème en prose. A 30 ans Fanny Salmeron écrit avec la fraîcheur de l’enfance, une écriture très personnelle aux métaphores multiples, très jolies, la narratrice a une passion, observer le ciel, et les nuages :

« Elle peut rester des heures entières le nez en l’air à s’émerveiller de voir passer les nuages joufflus sans jamais se lasser. [ …] « Le ciel ne raconte jamais la même histoire, les nuages travaillent sans cesse pour nous sortir de l’ennui ». »

« … le soir est tombé. Les nuages sont gris foncés, ils ne font pas de dessins, trop occupés à faire de la pluie. »

« Un long silence s’en suit. Un silence de désert. Un grand silence de Gobi. »

« On lui dit que fumer, elle ne devrait pas, alors elle le fait en cachette. La même marque que toi […]. Sur sa langue, en cachette, elle te fume. »

« … tout ici respire la quiétude du perdu d’avance. »

« Elle peut rester des heures entières le nez en l’air à s’émerveiller de voir passer les nuages joufflus sans jamais se lasser. [ …] « Le ciel ne raconte jamais la même histoire, les nuages travaillent sans cesse pour nous sortir de l’ennui ». »

« Milan fronce ses petits sourcils et transforme sa figure barbouillée d’enfance en un visage sérieux, concerné. »

« Je ne voudrais jamais être le vent, j’aurais trop peur d’attraper la mélancolie des éoliennes. »

Un livre de 150 pages que j’ai lu comme une gourmandise sucrée qui vous donne envie d’en reprendre ! A dévorer donc, sans modération. Bon, moi je ne sais pas parler des livres d'une amie, peur de trop en dire ou pas assez. Mais là vraiment, amie ou pas, c'est un très joli roman.

Fanny Salmeron que l'on aperçoit ici en "médaillon", masquée.
Collection particulière, reproduction interdite!

Année Zéro, Éloïse a quatorze ans et tombe amoureuse d’Andrea. Mais Andrea est fiancé à une autre. Ce sont des choses qui arrivent. De l’année zéro jusqu’à l’année seize, dans la vie d’Éloïse et de son petit frère Milan, il y aura des rencontres, des espoirs, un petit chat noir, une chanson de Barbara, des bonbons crocodiles, des voyages et des nuages par-dessus. Ils apprendront comment grandir le cœur serré sans jamais s’arrêter de regarder le ciel.
4e de couverture.

Fanny Salmeron écrit aussi dans la revue Bordel, éditions Stéphane Million. Dernière publication :
Bordel Made in China






***

Pensées.
Hier au golf :
Le seul moment qui me donne envie de vivre encore un peu, c'est quand je suis ici, foulant le fairway,  regardant le ciel et réussissant quelques jolis coups.
(Je mens, ce que je me disais : il n'y a que quand je joue au golf que je n'ai plus envie de mourir.).

Puis ce matin, en écoutant Glenn Gould jouer le Concerto n°2, Op.19 de Beethoven, j'étais emportée par l'Allegro, bercée ensuite par l'Adagio, au Rondo je succombais  et je me disais que non, il est vraiment encore trop tôt pour mourir.

Penser à écouter de la musique quand tout va mal.

jeudi 8 mars 2012

Revue de presse

Quelques perles du Journal du mois de Philippe Sollers. Joie!
Culture générale

La suppression de l’examen de culture générale à Sciences-Po a fait couler beaucoup d’encre. Mais enfin, assez d’hypocrisie : lorsque Sarkozy s’est laissé aller à traiter par-dessus la jambe La Princesse de Clèves, j’ai vu beaucoup d’indignés qui n’avaient jamais ouvert ce chef-d’oeuvre de leur vie. On sait que la formation des étudiants doit être avant tout pratique, et leur adaptation aux marchés financiers automatique. Pourquoi les embêter avec la culture ? Ils ont leur culture à eux, et vous n’allez pas leur faire perdre leur temps avec l’histoire, la peinture, la musique, la littérature.

Je propose autre chose aux médias, radios et télévisions : toute personnalité politique sera interrogée pendant cinq minutes en direct sur des oeuvres incontournables. Que Bayrou réponde sur l’Olympia, de Manet, Hollande sur les Mémoires de Casanova. On sera curieux d’entendre Eva Joly sur Les Fleurs du mal, de Baudelaire, avec récitation de deux vers qui vibreront sous son charmant accent. Marine Le Pen sera étonnante à propos de Guernica, de Picasso. On pourra juger de l’ouverture d’esprit du laïcard Mélenchon en lui demandant ce qu’il pense de Sainte Thérèse d’Avila. Le triste François Baroin devra s’exprimer sur André Breton, et la sémillante Valérie Pécresse sur Sade.

Nadine Morano improvisera sur Un bar aux Folies Bergères de Manet, et Sarkozy sur Les Demoiselles d’Avignon de Picasso. On osera demander à Anne Sinclair ce qu’elle éprouve en relisant Les Liaisons dangereuses. Marielle de Sarnez, avec son beau visage de martyre, se confiera sur La Religieuse, de Diderot. On piégera Villepin avec une citation particulièrement tordue de Rimbaud. Christine Boutin fustigera Céline, et Jean- François Copé, Aragon. Le pro-chinois Raffarin devra expliquer rapidement les moments forts de l’érotisme asiatique. François Fillon, enfin, dira en quelques mots ce qu’il pense de Marx, Rachida Dati de Freud, et Carla Bruni de Nietzsche. Alain Juppé confessera, pour finir, son goût pour les vins du Médoc et Jean-Louis Borloo son addiction à l’eau minérale.


Réfractaire

J’ai beaucoup choqué un animateur de télé en me réjouissant que le yuan, la monnaie chinoise, soit devenue une monnaie mondiale, exhibant sur ses billets de banque roses ou bleus le visage d’un jeune Mao. Je disais simplement qu’aucun billet de banque n’était encore à l’effigie de Staline, Hitler, Mussolini, Franco ou Pétain. Dans l’ordre criminel, on a eu successivement une thèse, Staline, une antithèse, Hitler, et une synthèse, Mao. Seul ce dernier a encore son portrait un peu partout. C’est effrayant, mais c’est comme ça.

Philippe Sollers

Mon journal du mois
Le Journal du dimanche n°3489 du dimanche 30 janvier 2012.


Anonymous

Tout se passant de plus en plus sur le Net, ces terroristes d’un nouveau genre m’intriguent, au point que je me demande parfois si je ne suis pas l’un des leurs. Ils peuvent se manifester n’importe où, n’ont aucune structure établie, c’est tout le monde et n’importe qui, jeunes, anciens, hackers professionnels, amateurs. Ils sortent parfois au grand jour, avec des masques reproduisant le visage d’un catholique anglais du début du XVIIe siècle, membre de la Conspiration des poudres, qui voulait faire exploser Westminster. Ils ne sont pas violents, ils ne font pas de politique, leur seule revendication est la libre circulation des données (ce que ne peut que redouter tout pouvoir existant). Ils disent des choses étranges : « Vous êtes. Je suis. Chacun est. » Ou bien : « Nous sommes Anonymous, nous sommes légion, nous ne pardonnons pas, nous n’oublions pas. Unis comme un seul, indivisibles, redoutez-nous. » Ou encore : « Anonymous peut être un monstre horrible, insensible et indifférent. » On comprend que les dictateurs s’énervent, et que toutes les polices soient sur les dents. Moralité : l’anarchisme est toujours vivant, la preuve.


Franc

Cette fois, c’est fini : les billets imprimés en francs ne sont plus échangeables à la Banque de France. Une queue interminable, le dernier jour, se pressait devant les guichets. Les collectionneurs prennent le relais. J’apprends que le Debussy (avec un peu de mer sur la gauche) est très rare et très recherché. Ces billets, on s’en souvient, étaient une impressionnante collection de visages en couleurs, avec une majorité de grands écrivains. Je revois ainsi Victor Hugo, Racine, Corneille, Molière (500 francs), et l’un de mes préférés, Quentin de La Tour (50 francs). Je rêve encore du Delacroix (100 francs) reproduisant un tableau qu’il vaut mieux oublier, La liberté guidant le peuple. J’avoue avoir eu un faible pour Montesquieu (200 francs), et, plus intimement, pour Pascal (500 francs). Le Cézanne, tardif (100 francs), aura été l’avant-dernier billet en peinture (il serait très surpris, Cézanne, de savoir qu’une version de ses Joueurs de cartes a été achetée, à prix d’or, par le Qatar). Avant d’entrer au Panthéon, Marie Curie a été la première femme à valoir 500 francs, et à clore ainsi, de façon atomique et féministe, cette liste fantastique renvoyée au cimetière de l’histoire. Marie Curie, à 500 francs, a pris la place de Pascal (j’en ai gardé trois, leur prix de collection va monter sous peu). Le billet inoubliable est quand même celui de Voltaire (10 francs seulement, mais quelle allure !). Ah, si l’euro coule, rendez-nous Voltaire! L’association Voltaire à Ferney vient de fêter le 250e anniversaire de ce lieu rendu célèbre par la présence de ce dérangeur universel. Je reçois ainsi la plus belle récompense de ma vie : une carte de membre d’honneur. Le 22 juillet 1761, Voltaire écrit à Mme du Deffand cette phrase extraordinaire : « Quand je vous aurai bien répété que la vie est un enfant qu’il faut bercer jusqu’à ce qu’il s’endorme, j’aurai dit tout ce que je sais. »

Philippe Sollers

Mon journal du mois
Le Journal du Dimanche n°3399 du dimanche 4 mars 2012.










Pour les frappés du crabe

Je découvrais cet encart dans le JDD :

"Oubliez les bonnes manières! Au Crabe Marteau, on se noue une grosse serviette rouge autour du cou. On choisit les produits de la pêche (saint-jacques de la rade de Brest, ormeaux de Molène...) ou directement la star du lieu : le crabe servi entier, entre 800 et 1 kg. En cette période, l'araignée lui vole la vedette.
On passe commande. Et on attend. Ce soir-là, un peu longtemps! Sur chaque table : un marteau. Très vite, dans tous les coins, ça cogne, ça tire, ça casse. On s'acharne sur une pince avant de tremper la char ferme ettendre dans un pot de mayo. On finit toujours par arriver à bout de son tourteau. Et ça met tout le monde de belle humeur. C'est un excellent remède contre les disputes. On vient casser du crabe plutôt que de fracasser sa vaisselle! A la fin, on sent bien le tourteau, d'accord, mais ça défoule."

Le Crabe Marteau
16 rue des Acacias (17e)
Fermé le dimanche.
01 44 09 85 59
Crabe-pommes de terre : 25 euros.

En lisant cet article, je me disais que depuis bien longtemps c'est ainsi que je prépare mes tourteaux et araignées, en cassant les pinces avec un marteau et en découpant au préalable le corps charnu avant de les présenter à mes invités. Ainsi, ils n'ont pas à se débattre avec une pince à crabe ou un casse noisettes qui demande une force de titan pour arriver à casser les pinces au risque de déraper ou d'en éclabousser la tablée!

Nolwen Leroy au Crabe Marteau à Paris.
Pour voir la vidéo, ici.

Maintenant, ce que propose le Crabe Marteau peut être amusant pour l'ambiance et la bonne humeur! Pas question d'y aller en solo.
Je découvre que l'origine de ce restaurant se trouve à Brest, j'aurais dû m'en douter. Ce serait une bonne idée d'y aller casser la croûte:)) avec des amis de passage. Prévoir de se vêtir d'un t-shirt et d'un vieux pull lavables en machine, voire d'une vareuse de marin!

"Ce concept créé en 2004 est basé sur le crabe pêché sur nos côtes et livré toutes les nuits au restaurant. La bête pèse entre 800g et 1 kg , elle est accompagnée de différentes sauces, de pommes de terre bio de Guipavas et de pain élaboré pour le "crabe-marteau". Frais , bon, ludique et consommé à notre manière, il contribue à créer des ambiances chaleureuses. "


Et chante-t-on Si j'avais un marteau pour casser le crabe en rythme?

mercredi 7 mars 2012

"Je hais les femmes elles me portent sur les nerfs"

Dans Micro Fiction j’entendais ce midi des textes de Dorothy Parker tirés d’un recueil de poèmes : Hymnes à la haine.



Elle y écrit son mépris, sa haine pour tout ce qui l’entoure, les hommes, les femmes, les livres, les actrices, les épouses, rien ni personne ne sont épargnés.
Je voulais en savoir plus sur cette femme, écrivain, dont je n’ai rien lu.


Dorothy Parker 1893 - 1967

Sur les traces de Dorothy Parker… retrouvée à Manhattan

Dans les années 1920, le “Cercle vicieux”, réuni à l'hôtel Algonquin, régnait sur la vie intellectuelle et mondaine new-yorkaise. L'écrivaine* et chroniqueuse Dorothy Parker n'y était pas la moins caustique.

Sur la 44e rue, côté ouest, nul édifice ne lui conteste la vedette. On ne peut pas dire pourtant que le bâtiment soit spectaculaire. Treize étages, une élégante et discrète façade de brique et de stuc de style American Renaissance, encadrée par de sages alignements de bow windows : rien n'attire vraiment le regard vers cet immeuble new-yorkais plutôt moins imposant que ses voisins, tapi entre les Ve et VIe avenues, au milieu d'une rue plongée dans l'ombre et perpétuellement encombrée de taxis. Qu'importe, l'hôtel Algonquin n'a pas besoin de se faire remarquer pour exister – son passé, sa réputation parlent pour lui. A quelques mètres, sur le même trottoir, un autre établissement hôtelier lui a brièvement fait de l'ombre ce printemps : il s'agit du Sofitel et son fronton doré, théâtre des prémices de l'affaire Strauss-Kahn, mais dont l'éphémère vedettariat n'a pas déplacé longtemps les foules.

Soyons francs : l'Algonquin, lui non plus, n'est pas assailli par les badauds en ce chaud jour de mai. Dans le lobby aux boiseries sombres, on ne croise que les clients de l'hôtel, nul curieux. Dans le restaurant, personne. Il s'agit pourtant d'un haut lieu de mémoire, de pèlerinage possible, pour les amoureux de la littérature en général, et les membres de l'aimable secte des admirateurs de Dorothy Parker (1893-1967) en particulier. Nombreux furent en fait, depuis plus d'un siècle – l'hôtel a ouvert ses portes en 1902 –, les artistes, les hommes et femmes de lettres à fréquenter l'établissement. Gertrude Stein, Sinclair Lewis, Sartre et Beauvoir, notamment, y sont descendus de temps à autre. Dans les premières décennies du XXe siècle, on y croisait Mary Pickford, John Barrymore et Douglas Fairbanks, ou encore Lillian Gish venue prendre le thé avec James Agee et Charles Laughton. On dit aussi que c'est à Algonquin qu'en 1949 William Faulkner mûrit et écrivit son discours de réception du prix Nobel de littérature.

(Source Télérama, pour lire la suite…)

* La féminisation des mots masculins m’écorche la vue et l’ouïe ! C’est détestable.


Algonquin Roundtable cartoon by Al Hirschfeld

Court extrait (1'49) à écouter ici pour un aperçu du style de ses poèmes "concentré de mauvais foi venimeuse" (dixit Télérama).
"Quelle teigneuse, cette Dorothy Parker ! Ecrivain, critique littéraire et théâtrale, la caustique Américaine (1893-1967) n’épargnait personne dans ses écrits cruels. Ses poèmes publiés dans “Vanity Fair” sont pour la première fois réunis en français dans “Hymnes à la haine” (Phoebus Libretto), un recueil dont Christine Ferniot nous lit un extrait."

Micro Fiction, écouter ci-dessous  son poème sur la famille et les raseurs qui m'a fait tendre l'oreille particulièrement!




"Je hais les Femmes : Elles me portent sur les nerfs.
Il y a les Femmes d'Intérieur...
Ce sont les pires
Chaque instant est ficelé de Bonheur,
Elles respirent avec méthode
Et pour l'éternité se hâtent à grand pas vers la maison
Où il faut surveiller le dîner...
Il y a aussi les douces
Qui disent avec un tendre sourire « l'argent ne fait pas le bonheur »
Et ne cessent de me faire admirer leur robe
En me confiant : « je l'ai faite moi-même »...
Et vont épluchant les pages féminines des magazines,
Toujours à essayer de nouvelles recettes...
Ah, que je les hais, ces sortes de femmes !
Et puis il y a les Petites Fleurs Sensibles [...]
Et puis, il y a celles qui ont toujours des Ennuis [...]
Et puis, il y a les Madame-Je-Sais-Tout [...]"

=0=0=0=

Je hais les Hommes :
Ils ont le don de m’irriter.
[...] Et puis il y a les Monsieur Muscle…
Vrais Spécimens de l’Homme des Cavernes…
Tout ce qu’ils mangent, ils le mangent cru,
Font trempette dans des bains d’eau glacée,
Laissent tâter leurs biceps à la ronde,
Parlent haut
En n’usant que des termes anglo-saxons du genre bref,
Ne cessent d’ouvrir les fenêtres
Et de donner des tapes dans le dos des gens
En leur disant qu’ils ont besoin de faire de l’exercice … [...]



lundi 5 mars 2012

"Tout ce que je vois est toujours à la lisière de mes vues"

Et pour compléter les expos photos, toujours en Suisse,
(pour les voyageurs ou les lecteurs Suisses)
celle-ci : Les Grands Centièmes à Carouge,
du 3 mars au 6 mai 2012.

"Les grands centièmes rappellent les fractions de seconde qui sont non seulement les temps très courts de l’obturation photographique, mais surtout les instants furtifs où la vie bascule. C’est le temps du clin d’oeil, de la rencontre, de l’accident. D’autre part, les grands 100es seraient, après les 40es rugissants, les 50es hurlants et les 60es mugissants, la latitude inatteignable, bien au-delà des pôles, aux 90es parallèles. C’est, perdu dans l’espace, le parallèle de la rêverie, de la mélancolie. C’est l’éphémère infiniment dilaté, quand on n’est plus vraiment quelque part, mais précisément entre deux."
(Source Mamco


photographe : Alan Humerose, c'est splendide!

© Alan Humerose
© Alan Humerose
© Alan Humerose

dimanche 4 mars 2012

Derrière le rideau du photomaton

Quand mes dimanches sont mortels je glane ici ou là des informations sur la Toile entre quelques instants de lecture du livre en cours.
Je découvre qu'en ce moment se tient à Lausanne une exposition consacrée au "Photomaton" dans un musée dédié à la photographie : Derrière le rideau - L'esthétique photomaton.


"Lorsque les premières cabines de photomaton furent installées à Paris en 1928, les surréalistes en firent un usage intensif et compulsif. En quelques minutes, et pour une somme modique, la machine leur offrait, dans le domaine du portrait, une expérience similaire à celle de l’écriture automatique. Depuis, des générations d’artistes ont été fascinées par le principe du photomaton. De Andy Warhol à Arnulf Rainer, en passant par Thomas Ruff, Cindy Sherman, ou Gillian Wearing, ils sont nombreux à s’être emparés du photomaton pour jouer avec leur identité, raconter des histoires, ou faire des mondes."

Et voilà que mon projet de refaire une escapade au bord du Léman commence à me chatouiller en voyant ce  bâtiment avec ses jardins donnant sur le lac.


Crédit photo, Yves André

Vue sur le lac depuis les jardins du Musée de l'Elysée.
Crédit photo Jacques Lauber 

Parmi les nombreux surréalistes exposés, Yves Tanguy me fait mourir de rire, voir ici.



J'avais d'ailleurs acheté lors d'une exposition il y a quelques années au Musée des beaux-Arts, un petit livret qui regroupait ses photomatons. En faisant défiler les pages rapidement on voit les grimaces en action. Qui n'a jamais fait le clown, le fou, derrière le rideau d'un photomaton?  Je me souviens de nous deux, toi tirant la langue, moi riant comme une bienheureuse, nos deux visages rapprochés, au photomaton du métro Boucicaut, cela faisait deux mois que nous nous étions rencontrés. Je les ai toujours quelque part ces photos rigolotes. Si je les retrouve, je les "photoshoperais" et les publierais...
Je les ai retrouvées. Mais ce qui ressurgit 35 ans plus tard est si vivace que je les garde pour moi**.






Exposition à Lausanne jusqu'au 20 mai 2012.

** Ajout du 9.10.2012

Photomaton 21.03.1977

vendredi 2 mars 2012

***

Après deux journées très printanières,
le ciel était couvert et l'atmosphère humide.
J'attendais des nouvelles qui n'arrivaient pas.
Je savais que ce serait une journée morne.
Il fallait que je bouge, que je me mêle au monde du dehors.
Je suis rentrée au XXI, je me suis installée à l'intérieur au fond de la salle,
j'ai commandé un chocolat,

Terrasse du XXI, photo du 29.01.2011.

j'étais entourée de lycéens, de filles, de garçons.
Ils avaient l'air joyeux, se montraient leurs photos sur leur smartphone.
 Je me sentais mieux que dans ce salon de thé samedi dernier.
Je posais mon journal un instant en buvant mon chocolat
 et regardais une très jeune fille.
Elle avait une natte et des cheveux épais qui frisottaient,
(je me revoyais... presque un demi siècle plus tôt)
elle portait une petite veste claire, cintrée,
sur un chemisier blanc,
et sirotait sa grenadine à l'eau avec une paille.
Je pensais que ces jeunes étaient des enfants
de "bonnes familles" comme on dit.
En sortant j'ai pris ces photos.


René-Théophile-Hyacinthe Laënnec* veille...

 ... sur ce joli dos qui ne craint pas le petit vent frisquet.
Pour être belle il faut souffrir...

Celle-ci a de la réserve de calories (0_0)
La vie est injuste.

* Statue de Laënnec par Eugène-Louis Lequesne.
(Photos Wikipédia et Insecula pour Le faune dansant)


Parmi les œuvres de Lequesne les plus connues du grand public, il faut placer au premier rang la statue géante de la vierge et de l’enfant Jésus — la Bonne Mère — qui surplombe à Marseille le campanile de la basilique Notre-Dame-de-la-Garde


En second viennent les deux groupes monumentaux de bronze de la renommée retenant Pégase qui ornent, en arrière de terrasse de la façade sud, la toiture en pignon de la scène de l’Opéra de Paris, de part et d’autre du groupe central d’Aimé Millet. Le musée d’Orsay possède les maquettes en plâtre de Lequesne.


Lequesne, durant son séjour à Rome, avait eu l’occasion de copier diverses œuvres antiques, dont le faune Barberini. Le faune dansant du Luxembourg s’inspire à l’origine du faune dansant de Pompéi, conservé au musée de Naples, mais n’en est pas moins dépourvu d’originalité.