mercredi 29 août 2012

Trois ans déjà

"Une nuit, en juin 1944, j'ai tenté de conjurer la mort avec des mots. Je détache quelques-une de ces notes, telles que je les pris au courant de la plume :
"J'étais couchée dans mon lit, le ventre collé entre le matelas, les genoux et les pieds enfoncés dans la terre. Dans la nuit, le silence s'était changé en un bruit de feuillage et d'eau, un grand bruit d'enfance. La mort se refermait sur moi. Encore un peu de patience, et j'allais glisser de l'autre côté du monde, dans la région qui ne reflète jamais la lumière. J'existerais seule, loin des autres, dans cette pure existence qui est peut-être l'exact envers de la mort et que je ne connais guère que dans mes rêves : en vain je la cherche parfois dans le désert des montagnes et des plateaux; la solitude n'est jamais achevée dès qu'on garde les yeux ouverts. J'allais fuir, le long d'une dimension mystérieuse, qui déferait ma vie et me ferait toucher à ma pure présence; et peut-être au bout rencontrerais-je la mort, le rêve de mort que chaque fois je prends pour une vérité définitive, me laissant glisser avec une espèce d'abandon au fond du néant tandis qu'une voix crie : "Cette fois, c'est pour de bon, il n'y aura pas de réveil." Et quelqu'un demeure et dit : "Je suis morte", et, rêvant de la mort qu'un vivant peut rêver, dans cet instant miraculeux la vie atteint l'extrême pureté de ma présence nue. Il ne se passe guère de semaine que je ne joue à ce jeu d'angoisse et de certitude. Mais cette nuit, mon corps repoussait l'abandon du sommeil, refusant de se livrer même en rêve à la mort, fût-ce pour la renier, refusant de dormir; et il n'y avait en moi aucune angoisse, car ce refus avait tant de violence que la mort perdait son importance : le temps s'abolissait, l'existence s'affirmait sans recours aux autres ni à l'avenir. Mais cette flamme exigeait un aliment; un instant, elle a brûlé des souvenirs, et des phrases qui se formaient dans ma gorge suffisaient à exalter mon coeur; la vie se gonflait, elle me pressait : mais comment vivre dans la nuit de cette chambre, au milieu d'une ville verrouillée? J'ai allumé et, couchée dans mon lit, j'ai écrit ces lignes. J'ai écrit le début de ce livre qui est mon  recours suprême contre la mort, ce livre que j'ai tant souhaité écrire : le travail de toutes ces années n'a peut-être été destiné qu'à me donner l'audace et le prétexte de l'écrire.""

Pages 617 - 618.

Simone de Beauvoir, in La Force de l'âge, Gallimard, 1960.


Je
29 août 2009 - 29 août 2012
1111 (ce chiffre mériterait qu'on s'(y) arrête) billets!

Un petit break devrait s'imposer.

mardi 28 août 2012

Vivre au jour le jour...

"L'avenir est sombre" me disait un ami ce matin. Il prêchait une convaincue. Pour ne pas sombrer tout de suite, grande décision : aller déjeuner en ville. Je m'assois près d'une tablée familiale  : un jeune couple avec une petite fille et l'autre couple, les parents et grand-parents, tous en admiration devant l'enfant, fort jolie. Ils étaient sympathiques. Après avoir passé leur commande, le "grand" père s'est levé pour m'apporter l'ardoise des plats du jour en me disant avec un sourire : "je ne suis pas de la maison mais je fais le service". Je l'ai remercié joyeusement, il avait dû remarquer que je tentais de lire l'ardoise affichée près de la porte, trop loin pour que je puisse la déchiffrer.  Au cours du repas, je restais discrète, évidemment, mais ils se retournaient tous régulièrement vers moi comme s'ils voulaient me faire participer à leur joie d'être là, car ils avaient vraiment l'air d'être heureux, ce qui n'est pas toujours le cas des gens attablés dans les restaurants; d'ailleurs mes quatre voisins de gauche (deux couples), des touristes, étaient beaucoup moins avenants que ceux d'en face, ils avaient l'air épuisés ou plutôt, las. De mon côté, j'essayais - sans difficulté - de faire en sorte que ma solitude ne paraisse pas pesante. C'était étrange cette communication qui passait entre moi et l'autre famille, par les regards, dans le silence seulement troublé par les éclats de rire de la poupée.

Mon déjeuner fut une bonne idée pour présager d'un avenir moins sombre. Il fallait se motiver et vivre au jour le jour... un présent sans avenir.

Je quittais le petit restaurant en les saluant et passais devant le Jardin de la Retraite que j'avais visité pour la première fois dimanche, sous un ciel laiteux. Une jolie découverte, exotique.











"Situé à l'intérieur des remparts de l'ancienne ville fortifiée, ce jardin d'environ un demi hectare clos de murs est à la fois intime et varié dans ses points de vue en raison de sa configuration en paliers.

Ancien jardin d'un monastère, il servait aussi bien de promenade que de cimetière. Son exposition plein sud et son sol calcaire permet l'acclimatation d'espèces végétales relativement frileuses comme les palmiers (dont un exemplaire très poussant de Brahea edulis), les plantes originaires d'Amérique, du Chili, de Nouvelle-Zélande, d'Afrique du Sud, de Chine ou simplement du pourtour méditerranéen.

La difficulté d'acclimater des plantes de terrain sec en Bretagne est contournée par la plantation sur de grandes fosses drainantes qui évitent la stagnation de l'eau pendant une période de froid qui est le facteur limitant pour ce type de plantes.

Superficie : 5800 m²"

lundi 27 août 2012

Lectures pour tous, nostalgie...


Henry Miller à propos de "Big Sur et les oranges de Jérôme Bosch"
Lectures pour tous - 06/05/1959 - 09min40s
 
"Pierre DESGRAUPES accueille Henry MILLER pour sa première interview sur une chaine de télévision que celle-ci soit française ou américaine. Henry MILLER, qui s'exprime en français, vient présenter son livre "Big Sur et les oranges de Jérome Bosch". Il parle de sa vie à Big Sur. Il sait maintenant qu'à côté des livres, il y a la nature, Dieu, la bonté... Il apprécie le silence, la paix et aimerait passer son temps à respirer, méditer, vivre simplement, ne plus lutter, ne plus se sentir obligé de faire quelque chose, d'écrire. Il justifie l'obscénité de ses livres comme étant naturelle, la pratique sexuelle entrant naturellement dans sa vie. Il estime avoir déjà beaucoup payé pour cela."

dimanche 26 août 2012

***

Je crois que je suis arrivée au bout... du rouleau.

samedi 25 août 2012

Hermann Hesse


Hermann Hesse en 1927, Photo Gret Widmann.
50e anniversaire de sa mort le 9 août 1962.
Prix Nobel de littérature en 1946, qu'il obtint en grande partie pour


Maison de Hermann Hesse à Gaienhoffen.
Ce pourrait être Rosshalde... sur le lac de Constance

Rosshalde, c'est le nom du domaine, quelque part en Allemagne, où vivent un peintre de grand talent, Johann Veraguth, son épouse Adèle et leur petit garçon Pierre, avant la Première Guerre mondiale. La nature y est somptueuse et la vaste maison est une de ces demeures de famille synonymes, pour le cœur de beaucoup, de souvenirs précieux. Mais ici la réalité est tout autre : l'enfant, sensible et fragile, devient une source de conflit entre ses parents, qui ne communiquent plus et se déchirent. Victime de la haine des adultes, il tombe gravement malade. Ce drame va déterminer en grande partie le destin de Johann, l'obligeant à poser un regard lucide sur sa vie, à renoncer aux mirages de la jeunesse avec dans les mains son unique bien : sa valeur d'artiste. Rosshalde reste en marge de l'œuvre de Hesse par un style inhabituel : un ton glacé qui sert merveilleusement bien le sujet du livre, l'incommunicabilité entre les êtres. Il questionne la valeur de l'engagement de l'artiste, le malheur en tant que fondement de l'acte créateur.

4e de couverture


Je viens de terminer ce livre. Je n'ai pas trouvé que le style fut si différent des autres ouvrages que j'aie pu lire de cet auteur. On y retrouve la nature qu'il aime tant, l'incommunicabilité, l'amitié, les tourments de la création, dans un style peut-être plus facile d'accès que celui du Loup des steppes par exemple. De très belles pages sur les relations - difficiles, toujours cette incommunicabilité - entre le père (peintre) qui ne sait pas - ne peut pas - déconnecter de sa concentration artistique quand son fils vient le voir dans son atelier alors que celui-ci vient y chercher de l'affection, de l'amour. Cet amour que le père ne saura lui prodiguer que lorsque son enfant tombera malade, malade du manque d'amour. Comment le petit Pierre pourrait-il comprendre qu'un artiste en pleine création ne peut pas être dérangé.

"Le peintre avait déjà oublié la visite qui l'avait dérangé. Son regard impitoyable comparait la surface peinte à l'image vivante qui s'était créée, dès sa première inspiration, au fond de sa pensée. La lumière agissait sur lui comme une symphonie. Il percevait en elle des flots d'harmonie qui se déversaient en gerbes, puis se regroupaient, se heurtaient à des obstacles, se laissaient absorber, mais resurgissaient triomphants, invincibles, dès que la toile leur offrait une surface favorable. Capricieuse lumière qui, avec une sûreté de touche infinie, savait choisir sans se tromper les couleurs dignes de la retenir! Toujours indivise, malgré sa dispersion en rayons par milliers, elle demeurait, au sortir d'errances aventureuses, fidèle aux lois inexorables qui la régissaient depuis sa naissance.
Le peintre aspirait avec une sorte de volupté l'atmosphère d'austérité sans laquelle l'art ne peut s'épanouir. Il retrouvait le goût âpre qu'apporte au créateur sa joie suprême, celle qui le pousse à se livrer à la réalisation de son oeuvre, entièrement, sans réserve, jusqu'à l'anéantissement. Bien qu'enchaîné à sa tâche, il se sentait en pleine liberté, car la liberté qui, d'essence sacrée, procure le suprême bonheur, ne consiste pas à s'abandonner aux caprices d'une imagination désordonnée, mais à maintenir dans de strictes limites les revendications excessives du Moi. Si l'artiste, en de rares instants, a conscience d'avoir atteint son accomplissement, c'est en ascète, au prix d'une obéissance absolue aux impératifs de la vérité.
Il offrait, ce peintre si maître de lui, une image paradoxale et attristante de l'humanité - mais n'en est-il pas ainsi de toute destinée? En effet, il ne pouvait admettre de travailler autrement que pour servir la vérité, sans aucune concession. Il posait comme condition première une concentration extrême de sa lucidité, doublée d'une logique implacable. Il fermait la porte de son atelier aux intrus qui s'appellent la fantaisie, l'amateurisme et l'à peu près. or, cet homme, intransigeant plus qu'aucun autre quand il s'agissait de son art, faisait, au contraire, sur le plan de la vie quotidienne, figure de piètre dilettante. Dans la course au bonheur, il arrivait bon dernier. Jamais il n'aurait permis qu'on exposât de lui un panneau ou une toile qu'il n'eût pas jugés réussis. Mais sa propre existence était-elle le reflet d'une réussite? Ces jours, ces années qu'il venait de vivre n'étaient qu'une suite d'échecs pesants, un boulet qu'il fallait traîner. Il avait tenté d'aimer et de vivre; il n'y était point parvenu.
Pages 135 - 136 - 137

"Veraguth parcourut à pas lents l'atelier, puis la chambre à coucher. Il sortit, longea les rives du lac, puis s'engagea dans les allées du parc. Il avait fait des centaines de fois des promenades de ce genre, mais aujourd'hui, tout avait un visage nouveau. Partout, il croyait entendre l'écho de la solitude. L'haleine du vent était froide, elle agitait, sur son passage, un feuillage qui déjà se teintait d'or et elle chassait les troupeaux de nuages ouatés qui, à mi-chemin entre le ciel et la terre, annonçaient de la pluie. Le peintre frissonna; cette fraîcheur imprévue le pénétrait. Il n'y avait désormais, à Rosshalde, personne dont il dût prendre soin ou dont la présence exigeât de lui certaines marques d'égards. [...] ... jamais il n'avait réussi à franchir le seuil au-delà duquel, dans le jardin d'amour, fleurissent les roses de la vie. Jamais il n'avait rencontré ni vécu un amour qui se fût imposé à lui avec toute son exigence - jamais encore avant ces derniers jours. C'est au chevet de son enfant [...] qu'il avait, beaucoup trop tard, hélas! compris ce qu'est un amour véritable. Pour la première fois, il avait oublié ses propres problèmes, il avait enfin dépassé les limites de son moi. Cette épreuve resterait pour toujours la grande aventure de sa vie, le pauvre trésor qu'il garderait pour lui seul."
Pages 277 - 278 - 279.

Hermann Hesse, in Rosshalde, éditions Calmann-Lévy, 2005.


Pour la première fois, une rétrospective présente à Berne l'oeuvre picturale de l'un des auteurs de langue allemande les plus lus dans le monde. Une facette essentielle pour comprendre l’évolution de Hesse en tant qu’individu, sa conception de l’art et son oeuvre littéraire.

Vision de rêve, décembre 1917, gouache

Arbre, maisons, 1922, aquarelle et graphite

Arbre, maisons, 1922, aquarelle et

vendredi 24 août 2012

***

Mon sourire du jour :

"Nul jamais ne voulut la marier mais, aujourd’hui bien vieille, elle se rend chaque jour au cimetière avec une balayette et un arrosoir et, parmi les veuves affairées, penchée sur une tombe choisie au hasard, elle goûte enfin aux joies de la vie de couple."

Eric Chevillard, L'autofictif




jeudi 23 août 2012

***

Crise cardiaque. Il avait 67 ans.
" Un malaise violent l'a terrassé dans son hamac".
Mon rêve.
Je n'ai pas de hamac!
Je cours en acheter.

Ecologie urbaine

La dernière fois que je l'ai vue c'était sur mon parking, l'an dernier. Hier c'était sur ma terrasse! J'étais en train de couper les branches mortes de mon Polygala, je l'ai bien amputé le pauvre - après la sécheresse et le gel de cet hiver il est bien mal en point -, quand elle est arrivée comme une flèche. J'ai tenté de la suivre, maladroitement!


Abeille charpentière dite aussi Bourdon noir ou Bourdon bleu.



L'accompagnement radiophonique n'est guère champêtre!

mercredi 22 août 2012

mardi 21 août 2012

... et je venais peut-être pour me chercher moi-même



Rembrandt, derniers Autoportraits 1669.

"Les cheveux blancs, la graisse et les rides. Un regard las et navré. [...]
Rembrandt va mourir.
Une fois encore Rembrandt va au miroir..."

"... et je venais peut-être
Pour me chercher moi-même et pour me reconnaître.
Qu'ai-je trouvé? Je vois la mort peinte..."
(Jean Racine, Bérénice, Acte V Scène VI)

Rembrandt est mort le 4 octobre 1669.

"Je regardai le dernier autoportrait de Rembrandt : laid et brisé, affreux et désespéré; et si merveilleusement peint. Et soudain je compris : être capable de se regarder soi-même disparaître dans le miroir - ne plus rien voir - et se peindre comme le "néant", la négation de l'homme. Quel miracle et quel symbole."
(Oskar Kokoschka, entretien télévisé, RFA)

Textes tirés de l'ouvrage de Pascal Bonafoux,
Rembrandt, Autoportrait, éd. Skira

J'époussetais mes étagères de bibliothèque cet après-midi, entre quelques mails où je conversais avec un ami d'une "Fenêtre sur mer" et, une fois encore, ce visage, ce regard si intense m'ont donné envie d'entrer dans l'ouvrage,  de m'attarder sur l'artiste dans son atelier et sur ses derniers autoportraits (ci-dessus). Émotion.


lundi 20 août 2012

De, la mélancolie...

"... c'est un désespoir qu'a pas les moyens..."





... c'est une balade le long de la rivière
pour oublier qu'on a le coeur sombre...


...c'est s'attarder sur ce canard sur son radeau
quand vous partez à la dérive...


... c'est aller manger des moules/frites aux Cariatides un lundi
pour vérifier que vous êtes en vie....

... c'est écouter au retour Duffy, pour se laisser bercer
quand vous voudriez faire une cure de sommeil...

... c'est s'apercevoir en cliquant sur Duffy
que "de la mélancolie à la désespérance"
il n'y a qu'un pas... de danse.

dimanche 19 août 2012

Voyage intérieur, Expérience intérieure

Vendredi soir.

Je voyais un lac et des icebergs dans le ciel...



Samedi soir.

Ni lac, ni icebergs dans le ciel.







J'ai fermé les yeux... j'ai vu la mer Adriatique.
Ça ne me faisait pas rêver. Je préférais mon ciel.
J'apprenais à me satisfaire de ce qui devait être permanent, mon quotidien,
laissant au domaine du rêve, l'éphémère, les voyages.

Dimanche.

Je regarde ma bibliothèque. Je prends le livre V des Oeuvres Complètes de Georges Bataille, La Somme Athéologique. Je lis quelques pages de L'expérience intérieure :

"Détente. Traversé l'église Saint-Roch. Devant l'image du soleil, géante, dorée, nuageuse, un mouvement de gaîté, d'humeur enfantine et de ravissement.
[...]
Mes amis m'évitent. Je fais peur, non pour mes cris mais je ne peux laisser personne en paix. - Je simplifie : n'ai-je pas donné souvent de bons prétextes?
[...]
Ma conduite avec mes amis est motivée : chaque être est, je crois, incapable à lui seul, d'aller au bout de l'être. S'il essaie, il se noie dans un "particulier" qui n'a de sens que pour lui. Or il n'est pas de sens pour un seul : l'être seul rejetterait de lui-même le "particulier" s'il le voyait tel (si je veux que ma vie ait un sens pour moi, il faut qu'elle en ait pour autrui; personne n'oserait donner à la vie un sens que lui seul apercevrait, auquel la vie entière, sauf en lui-même, échapperait). A l'extrême du possible, il est vrai, c'est le non-sens... [...] Mais je n'atteins pas l'extrême à moi seul et réellement je ne puis croire l'extrême atteint, car jamais je n'y demeure. [...] Je ne puis un instant cesser de me provoquer moi-même à l'extrême et ne puis faire de différence entre moi-même et ceux des autres avec lesquels je désire communiquer.
[...]
[...]
Ce que signifie le désir d'être heureux : la souffrance et le désir d'échapper. Quand je souffre (par exemple : hier, rhumatisme, froid et surtout angoisse ayant lu des passages de Cent vingt journées), je m'attache à de petits bonheurs. La nostalgie du salut répondit peut-être à l'accroissement de la souffrance (ou plutôt à l'incapacité de la supporter). L'idée de salut, je crois, vient à celui que désagrège la souffrance. Celui qui la domine, au contraire, a besoin d'être brisé, de s'engager dans la déchirure.
[...]
[...)
J'ai compris que j'évitais le projet d'une expérience intérieure et je me contentais d'être à sa merci. J'ai un désir assoiffé, sa nécessité s'impose à moi, sans que j'aie rien décidé.
[...]
J'en arrive à cette position : l'expérience intérieure est le contraire de l'action. Rien de plus.

Pages 54 à 59.

Le choix de ce livre dans ma bibliothèque n'était pas le fait du hasard.  Je n'avais pas attendu de lire ces pages pour sentir que j'étais dans une phase de profonde mélancolie. Pas irrémédiable cependant puisque, refermant l'ouvrage, j'écoutais Des Papous dans la tête et, j'étais encore capable d'éclater de rire en entendant cette phrase :

"Dans les Mémoires d'Outre-Tombe, tout n'est pas réussi."!


samedi 18 août 2012

Instantané

Je suis parcourue de délicieux frissons en écoutant Charles Sigel parler de Françoise Sagan. Sigel dans ses émissions sait dévoiler l'essentiel de ses "personnalités". Je pourrais même parler de la grâce de Sigel... Une belle émission entrecoupée de choix musicaux qui rajoutent à cette sensation de sérieuse légèreté d'un langage simple pour dire l'essentiel.

"Depuis qu'elle a quitté cette terre, énormément de biographies ont fleuri. Je suppose qu'elle aurait trouvé cela très ennuyeux ou très farce (des mots à elle). Ce qui n'était pas très ennuyeux (le pire des défauts pour elle), elle le trouvait très amusant ou très gai. Sa mélancolie avait la courtoisie d'être gaie. Un désespoir mezzo voce."
Charles Sigel.

Françoise Sagan écrit à propos de Jean-Paul Sartre, devenu aveugle à la fin de sa vie, qu'elle accompagnait à La Closerie des Lilas* :

"J'aimai le tenir par la main et qu'il me tînt par l'esprit".

La présentation de l'émission en quelques mots bien choisis :

"Si Montaigne, Matisse, Rimbaud, Nerval ou Colette étaient musique, quelle musique seraient-ils? Pour les auditeurs de l’Humeur vagabonde, Charles Sigel s’adonne avec un incroyable talent de conteur au jeu du portrait chinois.
Éclectique et forcément subjective, sérieuse mais avec légèreté, l’émission vous fera découvrir bien des choses sur le personnage auquel elle s’intéresse."

* Je me souviens en juin 2008, je n'avais pas encore commencé ce blog, je m'étais offert un séjour à Paris à l'Hôtel Beauvoir, sur le Boulevard de Port Royal extrêmement bruyant. Je m'étais fixé un objectif : marcher sur ses pas dans Paris. Ma chambre, au dernier étage, donnait  sur la Closerie des Lilas et à droite je surplombais le Jardin du Luxembourg. J'oubliais le bruit pour ne savourer que le lieu. Le soir je contemplais du balcon les lumières du célèbre café, une après-midi j'y suis allée prendre un thé et une très bonne tarte aux framboises faite d'une pâte feuilletée très fine et légère. Douceurs à la note salée. C'est durant ce séjour que j'ai rencontré Micheline Presle, au Luxembourg. Jolis souvenirs...


La Closerie des Lilas, dans la lumière bleutée (photo floue)

L'entrée du Luxembourg, côté Port Royal

jeudi 16 août 2012

Achevés!

Mes apéros de l'été avec Michel Onfray sur France Culture sont des plus joyeux!

Les ai-je bien descendus était la formule que j'avais trouvé adéquate l'autre jour et ce soir je peux dire qu'il les a achevés!

Mais comment peut-on être aussi péremptoire?
C'était vraiment comique cette conférence, où d'ailleurs je n'ai rien appris car il faut être ignare pour n'avoir jamais su ou compris que Simone de Beauvoir était bisexuelle. Pfff! Et alors, c'est grave Professeur Onfray?
Les "morceaux choisis" par le philosophe dans la Correspondance Sartre/Beauvoir étaient  épatants.
Exemple : quand Sartre rompt avec Dolorès, Beauvoir est à Chicago avec Nelson (son amour contingente - rires) et elle lui écrit :
« Vous avez très très bien fait pour Dolorès, il y en a marre que les gens nous fassent chier. A bientôt mon cher amour » (Lettres à Sartre, 397).

Ah quel bon début de soirée, mes zygomatiques ont bien travaillé. J'ai faim!

A réécouter ici ou à lire là, ça vaut un film comique!

Bon, il n'empêche j'adore écouter Michel Onfray. Mais enfin, il faudrait ensuite qu'il fasse  : "Les contre-histoires des contre-histoires de la philosophie".


Simone de Beauvoir et son amie Zaza (Elizabeth Lacoin)
Septembre 1928

"Le fait est que je suis une femme écrivain : une femme écrivain, ce n'est pas une femme d'intérieur qui écrit mais quelqu'un dont toute l'existence est commandée par l'écriture. Cette vie en vaut bien une autre.
Elle a ses raisons, son ordre, ses fins auxquels il faut ne rien comprendre pour la juger extravagante."

Simone de Beauvoir in, La Force des choses, 1963.

mercredi 15 août 2012

L'imprévu

14 h.

15 août. Saint Marie. Bonne fête maman chérie.
La ville est endormie.
J'ai éteint la radio, pas envie de musique.
Étreinte du silence.
Je suis broyée.

15 h.

Je décide d'aller au centre ville, le silence que j'aime tant m'oppresse aujourd'hui. Chemin faisant, je dévie de mon parcours pour éviter les touristes, nombreux. Le vent décoiffe depuis cette nuit, ce matin des pluies torrentielles m'ont réveillée à 5 heures, j'avais laissé les fenêtres ouvertes.
J'arrive au centre ville et je prends une ruelle qui grimpe vers la Place de la Tourbie. J'ai une belle vue sur la rivière et sur un barrage(?). Je lève les yeux et j'aperçois un appartement en haut de la falaise avec une terrasse; la vue doit être superbe de cet endroit. A ce moment-là, j'emprunte un sentier et j'enregistre ma promenade pendant quelques minutes. Le vent secoue mon appareil, ma tête se vide un peu, je découvre des lieux que je ne connaissais pas, ma curiosité pend le dessus sur le spleen (voir première vidéo).
Je découvre un bâtiment : Goût de Luxe, L'espace des épicuriens (clin d'oeil à Michel Onfray)! "Et si le vrai luxe c'était d'être libre".



Puis je redescends vers le centre ville tranquillement, empruntant des ruelles charmantes sans croiser un touriste, c'est le pied! Je marche depuis déjà une heure quinze. Trente minutes plus tard, après m'être attardée à contempler l'enceinte du Collège de la Tour d'Auvergne, magnifique, je traverses des vieux quartiers historiques, apaisants, le vieux Quimper regorge de lieux magiques (seconde vidéo, en photos).

17 h.

J'arrive Place au Beurre, fini le calme, le silence, les touristes en famille prennent d'assaut les terrasses des crêperies. Je fais une halte dans l'une d'elle, j'hésite entre déguster une crêpe à l'intérieur qui a un petit supplément d'âme et la terrasse plus insignifiante mais j'opte pour la terrasse pour me mêler au monde des vivants... et je revis. Je commande une crêpe au beurre et une bolée de cidre. J'observe les gens attablés : un mélange de touristes et de gens du cru, reconnaissables. Je feuillette le ELLE que j'achète une fois par an, en été. Je l'abandonne rapidement... La crêpe était très moyenne, le cidre était bon.
Vingt minutes suffisent pour me reposer et rentrer en flânant le long des quais. La rivière est à marée haute, le vent continue de souffler, le bateau L'Imprévu gîte, l'eau fait des vagues, le vague à l'âme qui m'oppressait ce matin a disparu.


mardi 14 août 2012

Escargots ravageurs

Je voulais en avoir le coeur net! J'avais remarqué depuis quelque temps que des escargots étaient scotchés aux murs en piteux état de ma terrasse et j'observais que les plaques de peintures grignotées s'agrandissaient!

Ce soir il y avait trois escargots et j'avais l'impression qu'il boulottaient vraiment la peinture. Je les ai photographiés et j'ai vérifié aussitôt via Google si les escargots aimaient la peinture? Eh bien oui, j'en étais sûre!




"Les escargots apprécient la peinture. Des façades ravalées sont aussitôt dévorées par les gastéropodes bretons."

Les habitants du grand Ouest se désolaient depuis une dizaine d'années de voir la peinture de leurs façades fraîchement rénovées partir par plaques. Ils tiennent le coupable: un escargot friand des peintures de ravalement, si l'on en croit une étude de deux scientifiques rennaises.

Lancées à la fin des années 80, les peintures acryliques réticulables ont été largement utilisées pour la réfection des extérieurs, du fait de leur imperméabilité. Mais rapidement, en Bretagne, dans les Pays de la Loire et en Normandie, des trous gros comme des pièces de 20 centimes sont apparus sur la peinture des façades nouvellement traitées.

Un couple mécontent a porté l'affaire devant le tribunal de Saint-Malo, qui lui a donné raison, en novembre dernier, condamnant le peintre à verser 92 000 F aux plaignants. «J'ai expliqué que les escargots mangeaient la peinture mais on m'a pris pour un farfelu», se souvient André Couacault, qui a fait appel du jugement.

Pourtant, une spécialiste des gastéropodes à l'université de Rennes I, Maryvonne Charrier, décide avec Martine Le Coz-Bouhnik, géologue, de placer des petits-gris, l'escargot de la région bretonne, en présence de 14 marques de peintures et de persil, une herbe très prisée des gastéropodes. L'étude, menée sur quatre mois, confirme que les escargots délaissent le persil et dévorent 12 des 14 peintures. A cent, ils peuvent consommer 4,78 kg par an de la marque la plus appréciée.

Le principal critère de choix du petit-gris semble être la teneur des peintures en calcium, dont l'escargot se sert pour fabriquer sa coquille et dont les sols bretons sont avares.

(Source Libération/AFP)

J'ai repris des photos une demi heure plus tard 22 h 15, il y en avait deux de plus!




Et hop! Je les pris et jetés délicatement de l'autre côté. Non mais!


J'avais envisagé de repeindre ces murs miteux, il va falloir que je trouve une peinture sans calcium, ils auraient pu donner la marque des deux sur quatorze qui ont été dédaignées par les escargots!





lundi 13 août 2012

Perspective

Photos du jour.

(Cliquer pour agrandir)










"Je ne vois que la photographie qui puisse, autant que le baiser, faire surgir de ce que nous croyons une chose à aspect défini les cent autres choses qu’elle est tout aussi bien, puisque chacune est relative à une perspective non moins légitime."

Lee Friedlander

dimanche 12 août 2012

Je mène une vie qui me ressemble

Vu hier soir Le grand voyage de la vie avec l'excellent Bruno Ganz.
Belles réflexions sur la vie, la mort. J'ai aimé la relation complice, spirituelle du fils qui accompagne son père en fin de vie. Ce film ne m'a pas apaisée, loin s'en faut. Parvenir à faire le vide en soi, autour de soi par la méditation.
Une magnifique fin de vie, entouré des siens...
Oui, on meurt comme on a vécu...
Paroles du père à son fils :
"Ta vie n'appartient qu'à toi, tu dois faire ce que tu veux. [...] Tu dois faire en sorte de mener une vie qui te ressemble."
"La nature rien ne l'atteint, rien ne l'ébranle, pourquoi ne pas apprendre d'elle."

"Installé dans sa maison des collines de Toscane avec son petit gompa tibétain au fond du jardin, Terzani se prépare à son dernier voyage avec sa famille. Il s'entretient avec son fils Folco de tous les sujets qui lui tiennent à coeur : son parcours atypique, ses voyages, ses engagements, l'état du monde, la politique, les religions, les philosophies d'Extrême-Orient, les valeurs morales qui devraient motiver les êtres humains."



"Je vais très bien. Je suis dans une merveilleuse disposition de l’âme. Tout ce que je vois, en attendant ma fin, ferme le cercle. Tu sais, il y avait un célèbre maître zen à qui on demanda un jour : “Quel est le sens de tout cela ?” Et le maître zen prit un pinceau chinois, le plongea dans l’encre et dessina un cercle. J’ai moi aussi ce rêve. C’est beau, non ? Fermer le cercle."

"Quel est le sens de tout cela?". La réponse est peut-être celle que j'ai entendue ce matin au sujet de nos interrogations :
"La question est plus importante que la réponse". Je peux donc continuer de me poser la question pesante qui signe mon réveil chaque matin : Combien de temps encore...?
Et pour en rajouter une couche j'écoute en ce moment les Savanturiers, la mort... encore.

Tête de Henri IV.
Crédit Photo P. Charlier, Médecin légiste, paléopathologiste.

"Les patients de Philippe Charlier ont rendu leur dernier soupir hier, la semaine dernière … il y a des siècles, ou même plusieurs millénaires."

Mais oui, c'est l'été, il paraît qu'il faut se changer les idées.


vendredi 10 août 2012

Dire NON... à TOUT

Jeudi 9 août.
10 h.

J'écoute "Le cinéma de l'humeur" de Charles Sigel, il parle de Pasolini toute cette semaine sur Espace 2.


Pier Paolo Pasolini (1922-1975), écrivain et cinéaste italien. Paris, 1962. [AFP/Roger-Viollet]

Terminé hier La plage de Scheveningen. J'ai lu ici ou là quelques critiques de cet ouvrage, toutes élogieuses, "le meilleur roman" de Paul Gadenne. Oui, sans doute, une introspection sans concession sur le Bien et le Mal, un style "impeccable" comme dirait M. Onfray mais j'ose le dire, je n'ai pas éprouvé l'enthousiasme qui m'avait animé en lisant La rue profonde. Pourtant j'ai admiré de nombreuses pages de l'ouvrage, l'écriture, le style atteignent la perfection. J'en lirai donc un autre de cet auteur pour retrouver, peut-être, l'exaltation de ma première lecture. La plus belle analyse est ici.

"Paris 1944. Guillaume Arnoult recherche, après quatre ans de guerre, les traces d'Irène. Il la retrouve au moment où il apprend la condamnation à mort d'Hersent, journaliste politique, qu'il a connu familièrement pendant ses années de jeunesse...
Avant de rejoindre une unité combattante comme correspondant de guerre, il passe avec Irène une longue nuit au bord d'une plage du Nord. Ce n'est pas la plage de Scheveningen, mais la mer est là, près d'eux, dont la rumeur accompagne leurs angoisses, leurs souvenirs et l'obsession, surtout, du meurtre et de la trahison...
On ne refait pas le passé, mais après cette nuit-là, peut-être Guillaume et Irène sauront-ils mieux "où est la vie, et ce qui vaut la peine d'être vécu"."
4e de couverture.


"Mais de même qu'il n'arrivait pas à accorder cette image d'Hersent écrivain, ou celle d'Hersent amoureux, avec celle d'Hersent condamné à mort, pas davantage il ne les pouvait accorder avec celle d'Hersent antisémite, entraîné par une logique abusive, par un rationalisme  monstrueux. Non, il lui était impossible de rapporter ces images à un même homme. Ce qu'il aurait fallu, se disait-il, c'était supprimer le mauvais Hersent, et garder le bon, comme il aurait fallu garder la bonne Allemagne et supprimer la mauvaise, - chose difficile après tout quand on sait que les bons allemands et les mauvais sont souvent les mêmes. Pourtant l'imperfection des châtiments ne venait-elle pas de cette difficulté même de supprimer un être tout en le laissant vivre?"
Pages 141 - 142.

J'étais heureuse de l'avoir lu jusqu'au bout, pas seulement pour l'extrait ci-dessous, jouissif; je retrouvais là, le Gadenne qui m'avait fait jubiler!

"Ils étaient enfin arrivés, elle et lui, à se loger dans un compartiment, mais ils eurent bientôt à le regretter. S'il leur était agréable de s'asseoir autrement que sur des valises, il l'était moins de contempler leurs compagnons de voyage. Sans aucun doute ils étaient sur la bonne terre de France : des papiers gras étalés sur les genoux, leurs voisins jouaient du couteau, mastiquaient, se curaient les dents avec bruit. Cela donnait à Guillaume une nouvelle définition du Français : le Français est celui qui sait qu'un quart d'heure sans manger pourrait être mortel. Où ces gens avaient-ils trouvé ces oeufs, ces viandes, ce beurre dont on manquait depuis tant d'années? Le train était devenu en France un des lieux où les campagnes dégorgeaient leurs richesses. Les cris des coqs sur la terre enneigée, les appels rouillés des cloches venaient expirer là, sur ces banquettes tachées, parmi les claquements de langue, dans l'odeur de ces gens repliés sur eux-mêmes, digérant sur le lieu où ils avaient dormi, toutes fenêtres fermées, car le courant d'air est ce qu'on craint le plus après la faim. Tout cela dans un silence lugubre, où Guillaume et Irène sentaient leur âme devenir lourde dans leurs corps. Guillaume avait dans son sac quelques biscuits de chien et trois pommes, mais Irène prétendit, comme toujours, qu'elle ne pouvair rien avaler. Un homme gonflé de tartines, de beurre et de saucisson descendit, et ils poussèrent un soupir d'aise. Une grosse dame vint prendre sa place, munie d'un chat et d'une fillette qu'elle installa sur ses genoux. Un dialogue insipide s'éleva entre la grand-mère obèse et la fillette, qui ne devait prendre fin qu'avec leur séjour dans le train. Les demandes et les réponses étaient faites à voix haute, voix insolites au milieu du silence général, mais la sottise aime à parler haut. Aux questions fastidieuses de l'enfant, il était répondu avec une complaisance prolixe; ou bien l'on répétait la question sans y répondre, quand cela soulevait trop de problèmes; bientôt, se sentant de force, les voisins s'en mêlèrent, de sorte que l'infantilisme gagna peu à peu tout le compartiment. L'enfant ravie de son succès se mit alors à bécoter les chairs flasques qui s'offraient à elle sur le visage de la grand-mère. Guillaume se tournait avec sympathie vers le chat dont les yeux brillaient d'un calme mépris. Finalement, jugeant ce spectacle impossible, il consulta Irène du regard, et ils allèrent reprendre leur place dans le couloir."
Pages 305 - 306.

Paul Gadenne, in La plage de Scheveningen, Gallimard, collection L'imaginaire, 2009.

19 h.
J'ai retenu ce soir (cf.  Michel Onfray) :
"Albert Camus, nietzschéen de gauche."

Et aussi, (cf. A. Camus) :
 "Puisqu'on ne peut pas tout approuver, dire oui à tout au bien comme au mal, alors il faut dire non à tout" (L'Homme Révolté).  Il m'a convaincu.

"La fin du Bien et du Mal absolu n'empêchent pas un bon et un mauvais relatifs".
(On s'approche du thème de Paul Gadenne ci-dessus).

"Le suicide, seul problème philosophique...
A quoi bon vivre puisqu'il faut mourir...
Camus cherche à comprendre pourquoi il faut vivre une vie absurde?"
Mais aussi, a contrario :
" Noces montre une façon d’être au monde dans laquelle la partie se vit comme une jubilation d’être fragment du tout".
Camus, épicurien  :
« Il n’y a pas de honte à être heureux. Mais aujourd’hui l’imbécile est roi, et j’appelle imbécile celui qui a peur de jouir ».

C'était captivant cette conférence. Toujours sur France Culture. Et à lire ici.