mercredi 29 juin 2011

Montagne


"Depuis Rousseau, suivi par les romantiques, on a une vision spirituelle de la montagne. Elle élève l’âme. Plus l’altitude augmente, plus les pensées se dématérialisent."
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Journal : escapade. Le retour!

Jeudi 2 juin 2011. Ascension.

Réveil à 7 heures après une nuit d’un sommeil de plomb ! Je descends tout de suite prendre mon petit déj. ! Personne à cette heure dans la salle, il est trop tôt pour un jour férié...


De retour dans ma chambre un dernier regard rapide sur le lac qui s’est calmé, sur Lausanne… la vue est bien dégagée. Me revient une fois encore un texte lu à la médiathèque, sur la rive d’Evian vue de la Suisse :

« C’est cette autre rive du lac, et elle est juste en face de nous, mais on ne peut dire qu’elle soit fixe. Cette rive est une rive mobile, et tantôt elle est toute proche, tantôt éloignée de nous. C’est une rive mal attachée et à une corde trop longue, de sorte qu’elle se déplace sans cesse, venant en avant, allant en arrière, par des avancements, des retirements continuels, - parce qu’elle s’ennuie peut-être, alors elle se met en route pour venir nous faire visite, puis tout à coup la fierté ou la timidité la retient en chemin.
Elle montre des fois jusqu’à ses toits et aux façades de ses maisons, ses moindres coins de prés, ses plus petits champs, ses routes, ses sentiers, ses châtaigniers comme des boules, c’est quand elle est poussée vers nous ; - certaines autres fois elle n’apparaît plus que toute refusée, se repliant à elle-même et dans le fond de la distance dont elle prend les vêtements, se voilant d’un voile bleu.
C’est selon son humeur, c’est selon le temps qu’il va faire (quand elle s’éloigne, c’est le beau temps ; quand elle se rapproche, c’est le mauvais) ; - c’est selon son humeur, selon qu’elle est triste ou non, qu’elle est sauvage ce jour-là ou qu’elle se sente au contraire, comme il arrive, certaines autres fois, le cœur apprivoisé… »

Extrait de Fragment du lac (rebaptisé La Traversée)
C.F. Ramuz, in Salutation paysanne, éditions Grasset, 1929.

Je quitte l’hôtel à 8 h 20, je me paume un peu en sortant d’Evian pour retrouver l’autoroute, je compte m’arrêter vers Paris pour passer la nuit mais il est 13 h 15 lorsque j’approche de la capitale, je trouve qu’il est trop tôt pour m’arrêter, je poursuis ma route, Chartres, Le Mans, allez je vais jusqu’à Rennes. Je suis crevée, je ne vois plus clair, il est 19 h 15. J’appelle mon frère, c’est ma belle-sœur qui décroche ; je leur dis que je suis sur la route et à une heure et demie de chez eux ; ils m’attendront… je suis folle d’avoir fait tant de kilomètres d’une seule traite ; 1050 kilomètres, seule, alors que je m’étais imposée de n’en faire que 800 ; je sais que ce n’est pas sérieux, je ne le ferai plus. J’arrive épuisée chez eux à 20 h 50 !!!! 12 heures que je suis sur la route. J’ai le vertige mais pas question de m’apitoyer en voyant mon frère, le visage creusé, d’une autre fatigue que la mienne. J’ai envie de le prendre dans mes bras, mais dans la famille on n’aime pas les élans trop expansifs, on a sa pudeur. Je l’embrasse, je le regarde dans les yeux, il a l’air content de me voir. Ma belle-sœur m’a préparé un encas très rafraîchissant, ils ont déjà dîné, c’est vrai, il est tard.
Cette étape n’était prévue que le lendemain, rapidement, le temps de prendre un café. Je leur offre de la confiture de cassis artisanale achetée à Chamonix et à ma belle-sœur, qui est une grande lectrice de romans, j’offre (ce n'était pas prévu) les deux livres achetés pour l’amie de Lausanne que je n’ai pu rencontrer. Tout est bien qui finit bien. Je garderai pour moi le livre que j’avais acheté pour mon ami Suisse, déniché chez un bouquiniste, édition épuisée, l’ouvrage est beau avec des photos sur l’art du thé en Chine. Je n'ai pas pu le voir, il eut fallu que je reste une journée de plus et l'hôtel était complet. Je n’offre toujours que des livres que j’aimerais garder mais là c’est avec nostalgie que je le feuilletterai. J'inventerai une jolie histoire en me disant que c'est lui qui me l'a offert.





Je passe la matinée avec eux. Nous regardons mes photos sur l’ordinateur, mon frère connaît Chamonix, il en garde un souvenir merveilleux, ravivé par mes photos.
Je les quitte après le déjeuner.

Plus que une heure et quart de route. Youpi !!!!

Z’étaient chouettes mes vacances !

Fin.

mardi 28 juin 2011

Journal : escapade (suite)

Mercredi 1er juin 2011.

Ma nuit fut au rythme des mouvements du lac, agitée.
Réveil tôt donc sur un ciel gris et un lac de plus en plus furieux ! Bigre, impossible d’envisager de prendre le bateau pour me rendre à Lausanne, j’ai le mal de mer.
J’appelle mon amie-blogueuse et laisse un message sur son répondeur. Elle doit travailler ce matin.
C’est mon dernier jour à Evian, je ne vais tout de même pas rester toute la journée à l’hôtel !
Bon, réfléchissons. Je peux éventuellement aller à Lausanne en voiture, une heure et quart de route me dit l’hôtelier. Demain je reprends la route et j’ai l’intention de faire 800 kilomètres dans la journée ; il faut peut-être que je n’en fasse pas trop aujourd’hui.
Après un bon petit déj. puis un café serré en fin de matinée en lisant la presse régionale (Le Dauphiné Libéré), il est déjà midi et je n’ai pas eu de réponse de l’amie Lausannoise. Je la rappelle et laisse un nouveau message. Je me décide à aller jusqu’à Montreux et de là peut-être jusqu’à Martigny pour voir une expo à la Fondation Gianadda.
C’est vraiment fou, vingt cinq ans plus tard, évidemment rien n’a changé le long du lac et j’ai l’impression d’avoir fait cette route la veille jusqu’à Saint Gingolph. A la frontière je ralentis, j’ouvre ma fenêtre, les douaniers me saluent en me faisant signe de passer.
J’arrive à Montreux, là pour le coup j’ai l’impression que la circulation est plus compliquée, beaucoup de voitures, je voudrais me garer, mais où et, de plus je n’ai pas de monnaie suisse pour payer les parcmètres. Je trouve une place, sauvée, c’est gratuit jusqu’à 14 heures.
Promenade le long du lac carrément calme ici ; étonnant. Je suis sur la Riviera suisse ! Le ciel lui est à peu près celui d’Evian.





Mon amie m’appelle. Je lui redis ce que contenait mon message : c’était la tempête à Evian et j’ai craint le mal de mer. Je suis à Montreux, ne voulez-vous pas venir jusqu’ici en voiture ? Pas de voiture et pas le temps de prendre le train ce que je comprends. Moi j’ai la flegme de pousser jusqu’à Lausanne et puis, d’après son emploi du temps, nous n’aurions le temps de nous voir que cinq minutes. Dommage, j’y pensais beaucoup à cette rencontre, c’est la faute au temps dans tous les sens du terme. Bye bye, à bientôt sur la Toile. Elle a une jolie voix et un accent charmant, pas suisse du tout :)

Je prends mes dernières photos, plus de batterie sur mon appareil !






Plénitude 1985 de André Ramseyer – 1914

Cette sculpture me fait penser à celles de Bernar Venet qui expose ses spirales d’acier à Versailles en ce moment. Après Koons et Murakami, Versailles (Jean-Jacques Aillagon) poursuit cette démarche d’exposer des œuvres contemporaines mettant en opposition une architecture moderne avec le classicisme du Château de Versailles, ce qui est encore sujet à polémiques!


Les courbes de mes sculptures contrasteront avec la géométrie angulaire des jardins tandis qu’elles accompagneront les contours circulaires du bassin d’Apollon et du Grand Canal. 
Bernar Venet.

On le sait, j’aime que l’architecture classique de Versailles soit bousculée par des œuvres abstraites ou loufoques. Je suis pour à cent pour cent!

Je n’ai pas envie de déjeuner à Montreux, je grignote deux galettes bretonnes dans ma voiture et je décide d’aller à Vevey. Je me souviens de cette route avec toi mon aimé ; nous nous régalions de ce paysage où nous apercevions des champs de vignes à perte de vue. Je passe devant le château de Chillon, que j’ai déjà visité. Quand je suis sur cette route, je pense toujours à Charlie Chaplin, enterré près de Vevey ; bientôt un musée lui sera consacré. En attendant on peut parcourir le livre numérique (photos somptueuses) qui donne un bel aperçu de ce que sera ce musée. Une bonne occasion de revenir en Suisse en 2013 et… peut-être avant, je l’espère.

Crédit photo : Bercar pour Google Earth

J’arrive à Vevey,

Crédit photo : Cardega pour Google Earth

je reste au bord du lac, pas envie de faire un repas mais juste prendre un encas. Le hasard est parfois bienheureux, je découvre un restaurant qui s’appelle Le Littéraire ! Je m’assois sur la terrasse, sans soleil, mais il ne pleut pas et il fait bon. Dommage que je n’aie plus de batterie pour prendre des photos. J’avoue que la spécialité du chef m’aurait bien tentée :

Pomme de terre littéraire. 19,00
Grosse pomme de terre farcie au jambon, fromage, cornichons
et sauce yogourt servie avec une salade de saison

mais je ne sais pas convertir les francs suisses en euros. Là, je me demande si ça ne fait pas cher la patate ! Hum ! Je me renseigne, ils prennent les euros en espèces, mais je vais me contenter d’un feuilleté tomates-mozarella avec un thé.

Je pense soudain que je ne dois pas être si loin de l’endroit où habite un autre ami-blogueur, à vrai dire je n’en sais rien ; j’aurais peut-être dû solliciter une rencontre ? Je crois qu’il m’aurait intimidée mais nous aurions eu un sujet pour combler les silences, le golf ! On se laisse aller à écrire des commentaires en toute liberté mais est-on vraiment à l’aise lorsque l’on concrétise le virtuel ?

Mon encas arrive, l’endroit est agréable, manque un petit sourire de la serveuse. Je ne m’attarde pas, finalement je n’étais si loin de Lausanne. Je m’arrête dans une boutique en voyant des couteaux suisses en vitrine ; c’est du chocolat, miam, j’en achète un.



J'ai vraiment envie de revenir à Vevey et d'y passer plus de temps que celui d'un déjeuner sur le pouce.
Je repars vers Martigny, il n’est que 14 h 30, cela me laisse le temps d’arriver tranquillement et de voir la très belle exposition de Renoir à Szafran. Evidemment, une promenade dans le parc de la Fondation s’impose et, je m’attarde sur une sculpture de Jean Arp,

Jean Arp, Roue oriflamme

encore des cercles en acier et, surprise, Bernar Venet est aussi présent. Dommage que je ne puisse prendre de photos, fichue batterie, car le parc offre une belle vue sur les montagnes. Je me dis que je reviendrai l’année prochaine, sous un ciel moins gris, il faut y passer la journée pour tout voir : le musée gallo-romain, le musée de l’automobile etc. Il est temps de rentrer.

Le lac est toujours agité à Evian.
Mes vacances sont finies. Je vais rentrer la tête pleine d’images, de sons, de lumières, de souvenirs ; j’étais partie un peu angoissée à Chamonix, Evian n’était pas programmé, et tout fut magique.
Je recharge quelques minutes la batterie de mon appareil de photo.
Je filme une dernière fois le lac de ma chambre.



"Il pleut
Sur le jardin, sur le rivage
Et si j'ai de l'eau dans les yeux
C'est qu'il me pleut
Sur le visage."


(A suivre)


samedi 25 juin 2011

Journal : escapade (suite)

Mardi 31 mai 2011.

Réveil matinal ; j’espère voir le soleil en ouvrant les volets mais c’est sous un ciel gris que je découvre le lac ce matin. Le vent s’est un peu apaisé mais il pleut, une bruine qui doit bien mouiller. Flûte, je ne suis là que pour deux jours encore, quel dommage; c’est la semaine de l’Ascension et l’hôtel est complet à partir de jeudi, je ne peux donc prolonger. Le wi-fi sensé fonctionner et être gratuit ne marche pas. Je décide d’aller ce matin à l’Office du Tourisme pour voir s’il y a une expo intéressante en ce moment. Pas de chance, celle-ci au Palais Lumière : Splendeurs des collections du prince de Liechtenstein, Brueghel, Rubens, Rembrandt... démarre samedi. Sinon, j’ai noté un numéro de téléphone pour aller faire une balade d’une heure en bateau en fin d’après-midi si le temps le permet : rendez-vous au ponton du Casino à 17 heures.

Je me dirige alors vers la médiathèque qui se trouve derrière le Palais Lumière pour me connecter sur Internet et faire quelques recherches. J’en profite pour envoyer un mail à une amie (virtuelle) blogueuse qui vit à Lausanne pour essayer d’organiser une rencontre. Je lui donne mon numéro de téléphone. Rendez-vous est pris pour le lendemain à l’arrivée du bateau à Ouchy ; j’espère que le beau temps sera revenu. Cette jeune femme aime la littérature et les arts en général, nous devrions avoir des choses à nous dire.

Il est temps que j’aille déjeuner, je n’ai pas très faim, le petit déjeuner était copieux à l’hôtel, je me balade un peu sous la pluie en me disant que j’ai eu de la chance d’avoir un temps estival à Chamonix et une belle journée hier. Et puis la pluie il en fallait, tout le monde l’attendait impatiemment après ces mois de sécheresse ; j’espère qu’il pleut en Bretagne car mes plantes doivent souffrir.
Les photos n’ont plus la belle lumière d’hier, la Dent d’Oche est recouverte de nuages, la vue est complètement bouchée de tous côtés.




Je déniche une crêperie, ça ira très bien puisque ce soir je vais dîner copieusement à l’hôtel. Heureuse trouvaille, les propriétaires sont de vrais Bretons de l’île de Bréhat et c’est la première fois que je mange d’aussi bonnes crêpes en dehors de la Bretagne; je ne manque pas de le leur dire.

Le temps se dégrade vraiment, j’avais envie d’aller à Martigny mais rouler sous la pluie ne m’encourage pas. Je reste à Evian. Je me mets à la recherche d’une librairie, une vraie; je me renseigne, sans succès. Puis j’en déniche enfin une. Je me demande ce que je pourrais offrir à l’amie blogueuse, qu’elle n’aurait pas lu ! Pas évident, je sais qu’elle aime les romans. Je tombe sur La Ballade de l’impossible de Murakami que je suis en train de lire et je trouve que c’est un très beau roman. Il date déjà et peut-être ne l’a-t-elle pas lu. Je le prends. Puis ce titre de Nancy Huston m’attire : Les variations Goldberg ; c’est le premier roman de l’auteur publié en 1981. Je lis la 4è de couv. qui me donne envie de le lire :

" Si tu invitais trente personnes chez toi, des êtres que tu as aimés et que tu aimes, pour t'écouter jouer au clavecin, pendant une heure et demie, " Les Variations Goldberg " de Bach, et si ce concert se déroulait comme un songe d'une nuit d'été, c'est-à-dire si toi, Liliane, tu parvenais à faire vibrer ces trente personnes comme autant de Variations, chacune à un diapason différent - (il te faudrait pour cela osciller entre le souvenir et la spéculation ; il te faudrait surtout maîtriser tes peurs) - peut-être alors tous tes fragments de musiques s'animeraient-ils enfin dans une même coulée, et cela s'appellerait " Les Variations Goldberg, romance ".

Je le prends. Hop, paquet cadeau! Deux paquets me demande la libraire ? Non les deux dans le même !

Finalement le temps passe vite, j’ai passé presque une heure dans cette librairie. Le temps ne me permet pas d'aller faire cette promenade en bateau comme je l'espérais. Je retourne à l’hôtel prendre un thé dans le salon cosy et, bien installée dans un vieux fauteuil club, je termine La Ballade de l’impossible. Je suis pensive, un peu mélancolique, ce livre m’émeut vraiment. Je n’ai aucune envie maintenant d’aller voir le film tiré de ce roman, je veux garder les images des personnages que je me suis inventés en le lisant, leur beauté, leur tendresse, leur poésie, leur sensualité. Je pense à un ami Suisse que je ne verrai pas…

Le dîner, à l’intérieur bien sûr, est savoureux et la salle chaleureuse. Ce soir je prends une demi bouteille de Sancerre ; je demande au serveur si on pourra me garder le reste pour demain ; c’est OK !



Je trouve la carafe d’eau très jolie, je la ramènerai bien en souvenir, mais bon, gardons les souvenirs dans la tête, c’est beaucoup mieux. Je ris en lisant le carton; effectivement les deux labradors du propriétaire sont un peu gras! J'apprécie la qualité du service, les couverts en argent, les beaux verres; l'hôtel mérite ses trois étoiles malgré l'étroitesse de la chambre! Je suis repue, je mange trop depuis que je suis en vacances; je n'ai aucune envie de me priver. Je pourrais me passer de fromage  mais puisque c'est fromage ET dessert au menu, pourquoi me priver d'autant que le choix est très généreux et appétissant!


Je me sens merveilleusement bien, si bien que je vais prendre un café. Il me sera offert par la maison.
A Chamonix j'étais dans un hôtel où il y avait des tables d'hôtes pour partager les repas avec d'autres clients; c'était plus ou moins agréable, selon les tablées. Un soir j'étais à une table où il y avait un golfeur; il m'avait aperçu le jour où j'étais allée réserver un départ; du coup il jugea bon de parler de golf pendant tout le repas, il ne faisait que cela à Chamonix, jouer au golf; il parlait tout seul et tout le monde s'ennuyait à l'écouter. Les autres jours j'ai évité sa table et j'avoue avoir partagé d'intéressantes conversations aux repas. Me retrouver seule au restaurant des hôtels me fut souvent pénible, pourtant ici, je me sens vraiment bien. Allez savoir pourquoi. Peut-être parce que j'aime de temps en temps me faire servir à table, que je ne suis pas une adepte des buffets où chacun se sert, voire s'empiffre, que je savoure voluptueusement les mets que l'on m'apporte, le vin que l'on me sert et, que je choisis. Buffet et vin à volonté, ce n'est vraiment pas ma tasse de thé!

(A suivre)

jeudi 23 juin 2011

Journal : escapade (suite)

Je me disais ce matin qu'il n'était pas certain que j'eusse écrit de la même manière ce journal si je l'avais fait sur le vif. Le recul me permet de savourer ces moments avec encore plus de sérénité, quelques tensions ayant été apaisées depuis.

Lundi 30 mai 2011.

Suite donc de cette première journée très jouissive à Evian. Après mon "pèlerinage" sur les hauteurs de la ville, je rejoins mon hôtel, je défais une fois de plus une valise, le reste des bagages est resté dans le coffre de ma voiture. Difficile de se mouvoir dans cette chambre (pour deux!!!). Je ne m'y attarde pas, j'ai envie d'aller me prélasser sur les chaises longues, la fatigue commence à se faire sentir. Je descends donc et je fais quelques photos de l'hôtel.
Les tables sur la terrasse ombragée sont déjà dressées pour le dîner.





J'entends les vaguelettes qui s'échouent sur le mur, je me remplis les yeux de cette vue sur le Léman, j'entends la sirène du bateau qui fait la traversée Evian/Lausanne, je me réjouis déjà de le prendre mercredi, enfin, je l'espère de tout mon coeur.



Je pousse un soupir de bien être, j'ai pris un livre que je n'ouvre pas, la contemplation ne saurait être interrompue par la lecture. Le garçon apporte des consommations aux clients qui sont sur le ponton, je lui fais signe et lui commande un apéritif sans alcool; il me propose leur cocktail du jour. Il ne me manque plus rien. Après le Mont-Blanc, le lac Léman. Ô douce solitude, tu me remplis de joie... il y a tant de pensées qui m'accompagnent.


L'eau est paraît-il à 21°. S'il fait aussi beau et chaud demain j'irai me baigner. Une heure plus tard je remonte dans ma chambre et cette fois je regarde longuement le lac, les bateaux, le ponton vu d'en haut, en face la rive Suisse, un peu plus loin sur la gauche des gens se baignent, il est 19 heures.





Repos, douche, je descends dîner, il est 20 heures, je suis étonnée de voir que presque toutes les tables sont occupées, beaucoup de pensionnaires de l'hôtel mais quelques clients de l'extérieur aussi. Le menu me plaît, ce soir je ne prends pas de vin, je suis fatiguée, par la route et par les émotions. Goûtons l'eau d'Evian!
Soudain le vent se lève et quelques gouttes commencent à tomber. Tout le monde se regarde, on tient bon. Puis, ce sont les nappes qui claquent, s'envolent, les verres qui tombent! Tous aux abris! Ça met de l'ambiance, on nous installe dans la terrasse vitrée. L'orage gronde et la pluie tombe drue. L'atmosphère s'est rafraîchie en quelques minutes. Tant mieux, la chaleur était étouffante dans la chambre.
Il est 21 h 30 et je regarde le lac devenu noir et le ciel percé d'éclaircies, je le trouve somptueux.


Le patron de l'hôtel ferme les parasols, j'écoute la pluie, le tonnerre, quelques éclairs zèbrent le ciel.
Ce ne sont que les prémices de la tempête.


"Plus j'avance vers Evian et plus j'entre dans l'orage. Le fond du lac, du côté de Villeneuve, est d'une couleur ardoise où tout se confond; les montagnes, l'eau, le ciel et la rive; et de là progressent vers nous de lourdes nuées bleues qui sont en tromperie à l'oeil : on dirait un azur profond, mais il fait sombre et c'est l'orage; c'est la Dent d'Oche enveloppée, c'est une ombre compacte sur tout le côté savoyard, tandis que là-bas Lausanne, encore claire, luit, avec son rivage bas."
Charles Ferdinand Ramuz, in Un coin de Savoie, 1909.

(A suivre)

mercredi 22 juin 2011

Journal : escapade (suite)

C’est difficile de relater les choses après coup. D’où l’intérêt du journal au quotidien, mais j’avais d’autres occupations plus importantes que celle de tenir mon journal pendant ces vacances. En même temps, cela prolonge un peu celles-ci de se les remémorer.

Lundi 30 mai 2011.

Je suis donc sur la route qui me mène à Evian, je sais que les souvenirs vont ressurgir même si je n’y suis pas retournée depuis plus de vingt ans. Toutes ces villes ont peu changé si l’on reste en bordure du lac, seules de nombreuses constructions nouvelles vers l’intérieur. J’ai l’impression de tout reconnaître quand je passe à Thonon, Sciez, Ripaille, Amphion-les-Bains… Evian, youpi !
J’arrive à midi, je vais directement à l’hôtel pour confirmer ma présence. J’espère ne pas être déçue ; par Internet on ne sait jamais ! Incroyable, je me souviens maintenant de ce petit hôtel sur la route.
Je me présente pour m’assurer que la réservation est bien notée, je pense repartir sans déposer mes bagages mais la réceptionniste me dit que la chambre est prête. J'y vais donc tout de suite car je suis impatiente de voir la vue sur le lac.
Elle est vraiment petite, le lit prend toute la place, la salle-de-bains confortable, la décoration kitch mais cela m’est bien égal car le reste est parfait ! J’y suis enfin sur le bord du lac, je prendrai des photos plus tard, j’ai envie d’aller me balader le long du lac.
Je m’installe sur un banc, il est 13 heures et je dévore les mini-sandwiches que je m’étais préparée au petit déjeuner au buffet de l’hôtel de Chamonix. Mmmm ! que je me sens bien. Il fait beau, moins chaud qu’à Chamonix, le lac est calme ; j’aperçois Lausanne et je pense à l’ami que j’espère voir avant de repartir.






L’envie me prend d’aller jeter un coup d’œil à l’hôtel où nous séjournions chaque année en septembre, euh, chaque année j’exagère un peu là ; nous y sommes allés trois années de suite et j’y suis retournée toute seule une année pour jouer au golf ! C’est vrai que la pente est sérieuse pour arriver là-haut, je suis en voiture mais il existe un funiculaire si l’on est à pieds. L’arrivée dans le parc est imposante et n'a pas changée, mon coeur bat très fort, j'ai les joues en feu; je passe devant l’entrée de l’hôtel sans complexe et je vais garer ma petite mimi-cracra dans le parking privé à côté de… hum… je ne dirai pas la marque… disons que ça ressemble au rocher ferrari, hi hi ! Un coup d’œil dans le miroir de mon pare-soleil, j’ai l’air un peu décoiffé, tant pis et puis j’ai un jean-bermuda et des Converse, ouille! Mais non, pas de complexes me dis-je intérieurement : tu as de la classe comme ça, tsss ! Et hop ! je rentre dans l’hôtel, je passe devant la réception, le concierge me sourit, sûr il me prend pour une cliente, je suis sauvée. Mon cœur bat la chamade, je suis dans le salon qui ressemble à Versailles où nous aimions écouter le pianiste; c'était agréablement désuet. Rien n’a changé même si c’est un peu rénové. Je vais tout de suite sur la terrasse et je suis chavirée, par la vue, par les souvenirs qui me submergent. L’hôtel semble très calme, peu de clients à la piscine, trois jeunes hommes prennent une consommation sur la terrasse. Je revois comme dans un rêve, Frédéric Mitterrand sur la terrasse du restaurant près de la piscine avec une bande de jeunes. C'était sans doute vers 1980, il y avait Julie Jezequel. Ils s'amusaient comme des fous... Je retourne dans le salon et je vais au Tony’s bar. T., cher Tony., le bar porte toujours votre prénom mais vous n’êtes plus là, depuis le temps… c’était quand déjà la dernière fois que je vous ai vu préparer mon cocktail ? 1987 !!! Je m’adresse au nouveau barman, je lui dis que je ne réside pas à l’hôtel mais que j’aimerais prendre un thé vert et une pâtisserie sur la terrasse. Très aimablement il m’invite à choisir une « gourmandise estivale » (c’est ce qui sera marqué sur la facture qui sera à la hauteur de l’établissement, aïe ! Quand on aime on ne compte pas !) sous la cloche de verre de la desserte. Je choisis un macaron au chocolat (il m'en apportera deux), puis je vais m’installer sur la terrasse. L’instant est divin. Pourtant, curieusement, je ne me verrais plus passer une semaine ici. Trop de luxe tue le luxe, enfin, je veux dire, tue la volupté. Si si ! L’espace d’un tea-time est délicieux et suffit à mon bonheur. Au prix de mes gourmandises estivales je me dis que je peux profiter d’une longue promenade dans le parc. Il n’y a personne, et c’est vraiment très beau. Pas un chat donc ! mais un petit chien qui doit appartenir à une cliente ; il me suivra pendant ma promenade. Hé, tu me vois de là-haut mon ange gardien ? Comme tu dois rire…
En repartant je passe devant le concierge et je m’arrête pour bavarder avec lui. Je lui parle de G. (l’ancien concierge « clefs d’or »), il me dit qu’il l’a remplacé il y a déjà dix sept ans, je lui dis que j’ai de beaux souvenirs ici et que je me suis permise de faire une longue promenade dans le parc, il me dit que je suis la bienvenue et que je peux revenir quand je veux. Ce que j'aime par-dessus tout dans ces endroits-là, c'est que le client est roi et choyé.






Bon, il fallait que je fasse ce pèlerinage, c’est fait, passons à autre chose.

Il est 18 heures. Je rentre dans mon petit hôtel trop mignon, rien à voir avec celui que je viens de quitter.

(A suivre)

mardi 21 juin 2011

De Sade au saut de vache, sans transition

Matinée.
Coup d'oeil sur le ciel : légère éclaircie!
France Cul(ture) : semaine sur le marquis de Sade dans les NCC, ce matin analyse de La philosophie dans le boudoir! Réécoute ici quand les enfants seront couchés!
Lecture de textes : carré blanc.
Puis, je fais une recherche sur un concours d'architecture en Suisse et le hasard m'amène sur cette vidéo. Hum! Nous restons dans la philosophie puisque cette jeune cow-girl est licenciée en philosophie. Elle s'intéresse aux vaches et à leur dressage.
Les chemins de la philosophie ne sont pas "impénétrables":)

lundi 20 juin 2011

***

Il serait temps que j'apprenne à maîtriser mes émotions, à ne pas me laisser submerger par mes sentiments, à ne pas répondre sur le champ quand je suis atteinte alors que je sais que je vais regretter mes décisions et ne plus pouvoir revenir en arrière.
Je suis une femme mûre qui n'a aucune maturité.
Désespérante.

Et lui ce soir qui m'appelle : mon coeur bat la chamade, la peur m'étreint, je ne sais que l'écouter, une boule dans la gorge :
- "Je suis passé maintenant du stade de malade à celui de grand malade."
Une toux déchirante l'empêche de parler.
- "Excuse-moi" me dit-il.
Tsss! T'excuser, c'est un comble pensais-je.
Ô mon frangin, si je pouvais te donner mes globules blancs mais ça n'existe pas la transfusion de globules blancs... pour que tu vives encore un peu.
Je rentrai à l'instant où il m'appelait d'une réunion sans intérêt où un type a sorti cette phrase :
"c'est comme la sécu, on paie pour ceux qui ont un cancer". Je n'ai pas eu la force de réagir et de lui dire : shame on you.

Oui, désespérante je suis, d'immaturité, de futilité de m'attarder sur mes sentiments.
Et pourtant, demain je poursuivrai le Journal de mon escapade.

dimanche 19 juin 2011

Journal : escapade (suite)

Samedi 28 mai 2011.

Dernier jour pour aller à la Mer de Glace. Il fait beau, je profite de la matinée pour faire des achats dans Chamonix. Puisque je voyage en voiture je n'ai pas de problème de poids et de bagages pour ramener quelques cadeaux. J'avoue que je serais bien tentée par des fromages et des saucissons très appétissants mais mes vacances ne sont pas terminées et la température élevée ne me permet pas de garder ces nourritures dans le coffre de ma voiture. Ce seront donc cadeaux moins périssables.

A 14 heures je me dirige vers la gare pour aller prendre le petit train qui va à Montenvers.



Aujourd'hui, le petit train n'est plus à vapeur ni à crémaillères mais électrique
et il fait un bruit d'enfer!


"La Mer de Glace est un glacier de vallée de 12 km qui se trouve au versant nord
du Mont Blanc et recouvre un territoire d’environ 32 km2, allant de 4000 à 1500 m
d’altitude. Elle est ainsi le glacier le plus grand et le plus long des Alpes occidentales.
Lors du Petit âge glaciaire la Mer de Glace croissait plus ou moins de manière continue
en s’étendant jusqu’en bas, près de Chamonix à 1000 m. Le caractère intéressant
du paysage et son accessibilité facile ont toujours fait du glacier un objet de recherche
par excellence, attirant savants, artistes et touristes. Cela a mené à une grande quantité
de matériel historique qui permet un bon témoignage de la Mer de Glace."

Nous sommes arrivés, le train se vide pour être rempli illico par des touristes qui redescendent dans la vallée! Le trafic est incessant.


La vue est magnifique même si, il faut le reconnaître, la Mer de Glace a bien fondue!
Je visite la Galerie des Cristaux qui présente l'histoire des cristalliers. Il y a de très belles pièces.
Malheureusement la Grotte de glace est fermée.
Puis, je me balade sur le site en faisant un arrêt rêveur devant Le Grand Hôtel du Montenvers, bâtisse sombre. Il n'empêche qu'il doit être merveilleux d'y passer une nuit pour voir le coucher du soleil de près et, surtout, se réveiller avec cette vue éblouissante.
L'hôtel est complet! Je me promets de venir y passer une nuit si je reviens l'année prochaine.







Je me fais prendre en photo ici par un touriste mauricien qui est avec son petit garçon.
En échange, je les prends tous les deux avec son appareil.

“Entre les quatre ou cinq cents glaciers que l’on compte dans la chaîne des Alpes, il seroit difficile
d’en trouver un plus intéressant que celui des Bois [Mer de Glace]. […] les glaces descendent,
pareilles à un grand fleuve dont les ondes auroient été suspendues tout d’un coup par une force
inconnue. […] L’arcade de glace qui se forme à l’embouchure du glacier […] est une des principales
merveilles de la vallée de Chamonix. […] Rien n’est plus frappant que le contraste des morceaux de
glace écroulés, d’une blancheur pareille à celle de la neige, avec la couleur transparente du plus beau
bleu foncé et d’aigue-marine de cette grotte enchantée.”
Samuel Birmann (1793–1847) in “Souvenirs de la vallée de Chamonix”, 1826

On peut voir ici la Mer de Glace vue par le peintre et graveur Marc-Théodore Bourrit en 1773.
Et ci-dessous par Jean-Antoine Linck, information sur cette oeuvre ici :

Masterpiece of glacier and landscape representation showing the Mer de Glace in 1799 seen from le Chapeau by Jean-Antoine Linck. Note the perfect scenery with foreground and background. The picture must have been taken from the cave-like position where the old Chapeau had been (“Vue prise de la voûte nommée le Chapeau, du glacier des Bois et des Aiguilles du Charmoz”; signed down right “J.-A. Linck 99”; oil on canvas; 39 x 50 cm.
© Musées d’Art et d’Histoire de Chambéry).

Dimanche 29 mai 2011.

Je me repose dans le parc de l'hôtel puis à la piscine pour un dernier bain.
Le soir je range mes vêtements dans mes bagages, la tête pleine d'images. Je prends une dernière photo vue de ma chambre, la nuit; on dirait que la montagne éclaire le ciel!



Puis je prends ma douche en écoutant - le coeur plein de rêves - sur mon ordinateur, un des CD que j'avais emportés... (Extraits).



Lundi 30 mai 2011.

Il est 10 heures, les bagages sont dans le coffre, je quitte Chamonix sous un soleil déjà brûlant.
Direction Genève/Evian!
Ah oui! Chamonix se prononce sans x:)