jeudi 30 septembre 2010

***

22 h. Je ris. Je rentre du théâtre et j'avais trois messages de "lecteurs-amis" absolument identiques, enfin presque, ils voulaient dire la même chose : n'ouvrez pas les commentaires!
Soit! Je peux avouer maintenant que je ne l'aurais pas fait.

Sinon, je ne ris plus du tout (triste nouvelle) mais j'ai passé une merveilleuse soirée, j'y reviendrai...

L'adoration

Je m'interroge de savoir pourquoi certains blogs ouvrent les commentaires et de n'y découvrir jamais aucun commentaire. A quoi bon les ouvrir?
Quel effet cela fait d'ouvrir les commentaires et de n'avoir aucun commentaire?
Je vais peut-être faire le test prochainement... pour... 48 heures???

Il est 15 h 30. Un coup d'oeil dans ma bibliothèque sur des ouvrages qui furent des découvertes littéraires lorsque j'étais jeune fille. Je sors celui-ci - seuls déjà m'intéressaient les autobiographies, les correspondances, les essais - L'adoration de Jacques Borel. J'ouvre une page au hasard sur ce chapitre :

"La jeune fille du train. Mon audace et ma confusion".

"Nous roulâmes, quand la nuit fut venue, dans une obscurité totale, et le silence se fit bientôt dans le compartiment. Je n'avais, sur le quai de Mâcon, osé aucun geste, mais l'obscurité me donnait du courage. Le désir d'embrasser Simone, de toucher sa peau, de la caresser, me mettait la tête en feu; j'hésitais, toutefois, et j'avais l'impression que mon coeur battait à se rompre, qu'une émotion folle creusait un grand trou dans ma poitrine. Simone somnolait peut-être, de toute façon elle n'oserait rien dire. Ses genoux, dans l'étroit espace entre les deux banquettes, touchaient presque les miens; j'en approchai ma main avec précaution; ils étaient légèrement entrouverts et je glissai ma main entre eux; ils ne se resserrèrent pas; nous étions en été et Simone ne portait pas de bas; j'avançais ma main et je sentis, à toucher sa peau, comme une décharge électrique pleine de douceur.
[...]
[...]
[...]
Je me levai et, enjambant les jambes étendues des autres voyageurs, ou me cognant contre des genoux repliés, je gagnai le couloir que j'arpentai de long en large pendant un bon moment avant d'ouvrir une fenêtre et de m'y pencher, à me laisser battre la tête par le vent frais, comme pour achever de me délivrer de la touffeur et de l'inquiétude du désir. Je pensais, avec un mélange de doute encore, que, si Simone s'était délibérément prêtée à mes caresses et en avait été émue comme je l'avais été moi-même, elle viendrait peut-être me rejoindre dans le couloir; mais, elle n'en fit rien et je regagnai ma place au bout d'une heure ou deux. Simone devait dormir, et je n'osai plus la toucher. Déjà même, je n'arrivais plus à comprendre comment j'avais osé ces gestes, qu'il me semblait que je ne saurais plus prendre sur moi de refaire.

Page 83. Editions Gallimard, collection Le chemin, 1965. (Prix Goncourt 1965).

Pour en savoir plus sur l'auteur, un bel hommage rendu à cet écrivain ici.

mercredi 29 septembre 2010

La carte et le territoire

Encore quelques mots sur Michel Houellebecq ou plutôt ces extraits, parce que vraiment, pour se détendre… c’est excellent ! Enfin, personnellement cela me fait rire aux éclats… à chacun son humour, j’adhère à celui de Houellebecq. La fin est plus sérieuse, disons qu’elle va vers ses interrogations sur la vieillesse, la mort, qui sont aussi ses sujets de prédilection, avec plus de sérénité que dans ses précédents romans. Mais ce soir j'ai le coeur à rire (à chaque jour suffit sa peine;o))

"Ils vécurent plusieurs semaines de bonheur (ce n’était pas, ce ne pouvait plus être le bonheur exacerbé, fébrile des jeunes, il n’était plus question pour eux au cours d’un week-end de s’exploser la tête ni de déchirer grave ; c’était déjà – mais ils étaient encore en âge de s’amuser – la préparation à ce bonheur épicurien, paisible, raffiné sans snobisme, que la société occidentale propose aux représentants de ses classes moyennes-élevées en milieu de vie). Ils s’habituèrent à ce ton théâtral que prennent les serveurs des établissements primo-étoilés pour annoncer la composition des amuse-bouche et autres « mises en appétit » ; à cette manière aussi, élastique et déclamatoire, dont ils s’exclamaient : « Excellente continuation, messieurs dames ! » à chaque changement de plat, et qui rappelait à chaque fois à Jed ce « Bonne célébration ! » que leur avait lancé un jeune prêtre, grassouillet et probablement socialiste, alors qu’ils entraient sous le coup d’une impulsion irraisonnée, Geneviève et lui, dans l’église Notre-Dame-des-Champs, au moment de la messe du dimanche matin, juste après avoir fait l’amour dans le studio qu’elle occupait alors boulevard du Montparnasse . Plusieurs fois par la suite il avait repensé à ce prêtre, physiquement il ressemblait à François Hollande, mais contrairement au leader politique il s’était fait eunuque pour Dieu."

Pages 98-99.

A un galeriste qui veut le représenter dans ses locaux, Jed répond :

- Mais je ne sais pas du tout ce que je vais faire. Je ne sais même pas si je vais continuer dans l’art en général.
- Vous ne comprenez pas… » dit patiemment Franz. « Ce n’est pas une forme d’art particulière, une manière qui m’intéresse, c’est une personnalité, un regard posé sur le geste artistique, sur sa situation dans la société. Si vous veniez demain avec une simple feuille de papier, arrachée d’un cahier à spirales, sur laquelle vous auriez écrit : "Je ne sais même pas si je vais continuer dans l’art en général", j’exposerais sans hésiter cette feuille. Et, pourtant, je ne suis pas un intellectuel ; mais vous m’intéressez
.

Page 112.

"Le plafond nuageux arriva très vite, et avec lui ce rien qui caractérise un voyage aérien au-dessus du plafond nuageux. Brièvement, à mi-parcours, il aperçut la surface gigantesque et ridée de la mer, comme une peau de vieux en phase terminale."Page 133.

"En attendant sur les bancs du petit aéroport le départ du vol, Jed ouvrit le mode d’emploi de l’appareil photo qu’il avait acheté la veille à la FNAC. Le Nikon D3x qu’il utilisait d’ordinaire pour les clichés préparatoires à ses portraits lui était apparu trop imposant, trop professionnel. Houellebecq avait la réputation de nourrir une haine bien ancrée à l’encontre des photographes ; il avait senti qu’un appareil plus ludique, plus familial serait mieux approprié.
[…]
Le modèle Samsung ZRT-AV2 combinait, selon l’introduction du manuel, les innovations technologiques les plus ingénieuses […]
[…]
… Jed feuilleta rapidement, cherchant juste à repérer les informations essentielles. Il était visible qu’un optimisme raisonné, ample et fédérateur, avait présidé à la conception du produit. […] Au lieu par exemple des programmes « FEU D’ARTIFICE », « PLAGE », « BEBE1 » et « BEBE2 » proposés par l’appareil en mode scène, on aurait parfaitement pu rencontrer « ENTERREMENT », « JOUR DE PLUIE », « VIEILLARD1 » et « VIEILLARD2".


Pages 161-163.

Je sais, on ne devrait jamais donner à lire des extraits d’une œuvre qui, sortis de leur contexte, ne donnent qu’une idée fausse de ce qu’a voulu exprimer l’auteur et ici, dans cet ouvrage, il y a bien sûr autre chose que ces clichés, ces « portraits » qui ne manquent pas de piquants, de drôlerie, de modernité même. Le luxe est présent dans ce livre, en filigrane, comme une de ces choses que l’écrivain côtoie avec un certain dégoût, une répugnance et un certain plaisir ironique. Au début du roman Jed travaille sur un tableau qu’il titre : « Damien Hirst et Jeff Koons se partageant le marché de l’art ». Quelle trouvaille ! Comment ne pas aimer Michel Houellebecq qui parvient à se moquer du monde contemporain (et de lui-même) avec talent et intelligence.

Sur la 4è de couverture on peut lire :
" L’art, l’argent, l’amour, le rapport au père, la mort, le travail, la France devenue un paradis touristique sont quelques-uns des thèmes de ce roman, résolument classique et ouvertement moderne". Un bon résumé.

Michel Houellebecq, La carte et le territoire, éditions Flammarion, 2010.

mardi 28 septembre 2010

Fichu journal

Ce matin j'ai relu quelques-uns de mes billets du début. Je me trouvais plus inspirée et je me demandais une fois de plus si je n'allais pas trop me répéter à vouloir poursuivre, surtout quand je parle de moi. Il faudrait que j'arrive à parler d'eux, mes parents, je n'y arrive pas. Tout était trop doux, trop bon avec eux, aucune tourmente. Peut-être y parviendrais-je, un jour, plus tard.

Cet après-midi j'étais à la recherche de deux livres à offrir, l'un pour mon frère, l'autre pour sa femme. Aucun des deux n'ont les mêmes goûts que moi et j'étais confrontée à un dilemme : choisir un livre que je n'aurais pas vraiment envie de lire mais qui leur plaira ou choisir un livre qui leur plaira mais me plairait aussi. Cette dernière option sera la mienne. J'y retournerai vendredi faire ce choix chez le libraire, et je trouverai. Je dois les voir dimanche.

En cherchant quelques idées dans les revues littéraires, je tombe sur Anaïs Nin! Je parcourais justement à la librairie quelques pages de son journal qui, bien entendu, m'intéresse. Je n'ai lu que sa Correspondance passionnée avec Henry Miller.

"J'aimerais une vie avec beaucoup d'aventures"
Anaïs Nin, interviewée par Jean Chalon et Bernard Pivot en 1974, a commencé son journal dès l'âge de 10 ans. "Comme pour le journal d'un bateau, on voit sa direction, on voit si sa vie devient étroite".
Dans cette vidéo de l'INA elle évoque également dans un français parfait ses rapports avec les artistes comme Henry Miller et Antonin Artaud.

Je lis aussi cet article dans le Magazine Littéraire :

Les grands lecteurs
De nos jours ce n’est pas l’absence de Grands Écrivains (dont Dominique Noguez a dressé, jadis, un portrait acide) qui m’inquiète, c’est la disparition recherchée, voulue, je dirais presque planifiée du Grand Lecteur. Qu’est-ce qu’un grand lecteur ? Sans doute une personne pour qui le livre n’est pas un ornement de table basse ou le Goncourt offert pour les fêtes à la belle famille parce que l’on a épuisé toutes les idées de cadeaux. Mais il faut bien dépasser cette définition étriquée. Le grand lecteur ne se limite pas au nombre d’ouvrages ouverts. D’ailleurs,le livre ne se donne pas si on le parcourt. Le grand lecteur est celui qui sait «s’abandonner totalement à lui,esprit comme corps, esprit plongeant dans les pages comme la tête ». J’emprunte cette définition à l’essai de Charles Dantzig, Pourquoi lire* ?, qui soutient, avec talent, que la lecture est «soeur de la littérature».


Bernard Pivot a écrit un article dans le JDD sur le livre de Charles Dantzig et j'aime bien cette phrase : "Lire ne sert à rien". Ça ne sert à rien, mais c'est indispensable, c'est nécessaire, c'est vital.
Un jour j'ai demandé à ma mère pourquoi il ne fallait pas mettre les coudes sur la table. Elle m'a répondu "Parce que". Pourquoi lire? Parce que.

Je tombe aussi sur cet article : Littérature et Internet, mais là il faudra que je revienne dessus pour le lire avec attention, je ne sais pas lire rapidement, je dois prendre mon temps.

Et je dis : pourquoi écrire son journal? Pour voir si ma vie devient étroite! (dixit Anaïs Nin).

Alors aujourd'hui je trouve que ma vie s'élargit, et c'est bien. Un peu fouillis tout de même mon journal.

*Grasset.

22 h 45. Je viens de recevoir son mail, mon Bezo mon petit Bezo chéri, ma petite soeur qui va mal. Je l'appelle aussitôt mais au téléphone on ne peut pas prendre l'autre dans ses bras pour la consoler. Elle pleure. Je lui dis : pleure mon Bezo, tu vas voir ça va te faire du bien, tu vas bien dormir. Et je lui dis : moi quand je pleure beaucoup dans la journée (ça m'arrive souvent ces derniers jours) je dors bien, d'épuisement. Elle me dit, la voix tremblante, en pleurant : mais moi je n'aime pas pleurer et je n'aime pas qu'on m'appelle quand je suis triste parce que je pleure. Ô mon petit coeur, ma petite soeur chérie, mon petit Bezo d'amour, comme je n'aime pas non plus t'entendre pleurer, car je sais que là, tu n'en peux vraiment plus, car je sais que tu ne pleures jamais.
Et voilà qu'elle craque parce qu'elle est fatiguée qu'elle travaille la nuit qu'elle est infirmière qu'elle a accroché le rétroviseur d'un type en voiture et qu'il l'a traité de meurtrière et qu'elle en a assez que tout va mal et que mon beau-frère ne peut même pas la consoler parce que lui il déprime complètement, pour de bon, PARCE QUE CHEZ FRANCE TEL C'EST INVIVABLE!

Je me sentais à peu près bien ce soir, c'est fichu là. Vais pas dormir moi non plus mais je m'en fiche, moi je ne bosse pas, j'ai tout mon temps pour récupérer mais elle à l'hosto, lui chez F.T. il faut qu'ils soient performants, votre santé, ils s'en foutent! Oh comme je trouve futile tout ce que j'ai écrit avant de recevoir ce mail. Tant pis, je le laisse.

Golf sur bitume


SESSION STREETGOLF 28/09/2010 à 20h00 Session publique
Le mardi 28 septembre, Le 19ème Trou vous donne rendez-vous au métro Bonne Nouvelle à 20h, après le boulot, pour se changer les idées et casser la routine.
Nous vous attendons pour une petite balade, tout en jouant au streetgolf, dans les rues de Paris avec vos potes, vos copines, vos collègues, un coup à boire et surtout votre bonne humeur !!
Contactez Mathieu

Quelques coups de golf à moindre coût!

" Une poubelle, une affiche, un panneau de signalisation, un bac à fleurs (hum!), qu'importe la cible pourvu qu'on ait le virus du streetgolf."
JDD, 26 septembre 2010.

Parisiens : ce soir rangez vos bacs à fleurs, fermez vos volets, portez un casque, ça va swinguer! avec des balles molles, mais tout de même, gaffe!

Le streetgolf a démarré en 2003 et semble faire son chemin... sans dégâts.
Si c'est une façon de faire sortir ce sport de son snobisme, j'applaudis très fort!


lundi 27 septembre 2010

Ce soir encore, je le relis, je me relie

"Mais combien de fois avions-nous fait l'amour pour la dernière fois? Je ne sais pas, souvent. Souvent... J'avais refermé la porte derrière moi, et je regardais Marie avancer dans la chambre en titubant de fatigue, son manteau de cuir noir et son pull sur un bras, son chemisier blanc qui sortait de son pantalon - c'était là le détail troublant que je remarquerais jusqu'à ce qu'elle enlève son chemisier, et alors il n'y aurait plus que son visage serré très fort entre mes mains, ses tempes chaudes entre mes paumes recourbées -, Marie tombant de sommeil dans la chambre et pleurant au ralenti ses larmes insatiables, et je songeais que nous allions quand même finir par faire l'amour cette nuit, et que ce serait déchirant."

Jean-Philippe Toussaint, Faire l'amour.

Mais combien de fois vais-je relire ce livre, acheté, puis que l'on m'a offert sans savoir combien j'aimais cet auteur, ce qui m'a d'autant plus bouleversée.

Certes, pour grand public, avisé

Je viens de terminer La carte et le territoire de Michel Houellebecq.
J'ai souvent ri, je n'ai pas retrouvé le Houellebecq que j'avais aimé dans les précédents romans. Ce dernier est bien plus facile à lire, trop facile, voire trop agréable. Il est devenu trop sage.
Plaisir de le lire tout de même, avec quelques moments forts.

J'ai trouvé ici, une analyse critique détaillée qui explique avec une clarté que je ne saurais exprimer, tout ce que j'ai ressenti. Avec un bémol pour le mot "pitrerie", je dirais : drôlerie, entre humour et dérision.

Mais l'humour, l'ironie, la dérision ne sont-ce pas des sujets de réflexion sur le monde? Tout de même, après lecture de La carte et et le territoire, je trouve aujourd'hui que Finkielkraut fut bien complaisant lors de son entretien avec Houellebecq dans Répliques.

Je ne m'attendais pas à rire, cela m'a peut-être déstabilisée dans ma lecture? Je ne la regrette pas.

Je ne sais plus dans quelle émission le journaliste lui demandait ce qu'il pensait du Goncourt sur lequel se jette le grand public, il répondit, à peu près ceci : si les gens n'achètent qu'un seul livre, le Goncourt, ils lisent au moins un livre.

Romantisme

Je suis trop romantique. Le romantisme et la mélancolie sont ancrés en moi. Deux mots qui ont souvent menés ceux qui en furent "atteints", à la folie, à la mort, à une courte vie. Les romantiques doivent "brûler pour être".


Un lied de Robert Schumann
sur un poème de Aldebert von Chamiso
L'amour et la vie d'une femme

"Depuis que je l'ai vu, je suis aveugle au monde.
Où qu'erre mon regard, je ne puis voir que lui..."


Allons, ressaisis-toi. Tu vis au XXIè siècle et tu n'es ni poète, ni musicienne, ni écrivain... et tu es trop vieille pour mourir jeune. Il est trop tard maintenant, tu dois aller jusqu'aut bout...

dimanche 26 septembre 2010

Dans la toile coincée, la plume bat de l'aile


Je regardais la terrasse par la fenêtre ce matin et je vis cette plume d'oiseau - ce duvet - capturée dans la toile d'araignée. Le vent soufflait et je me mis à l'observer, au point que je vis l'aile d'un oiseau virevoltant au rythme de la Norma de Bellini que j'écoutais au même moment. L'idée me vint de la filmer...

samedi 25 septembre 2010

Marie Bashkirtseff

Je crois n’avoir encore jamais parlé d’elle ici, enfin je ne sais plus... et la recherche « par mots » n’existe pas sur blogger ! Si, il y a cette phrase d’elle dans ma mise en page…
J’y pense parce que hier, je l’ai mise en fond d’écran. Il fallait que je trouve une image qui remplaçât le précédent fond d’écran, lequel commençait à trop me chambouler dès que j’allumais ou fermais les fenêtres… de mon ordinateur. Mais supprimer une image ne supprime pas nos pensées. Sûrement pas, je crois même pouvoir dire : au contraire.
Donc, en fond d’écran depuis hier : Marie Bashkirtseff.


Autoportrait à la palette


Je n'ai pas encore lu son Journal seulement de nombreux extraits - mais cela fait partie de mes projets de lecture. Mon Dieu que de projets.
Maupassant (Acte Sud 2001) il faut absolument que je la lise aussi quand ce livre sera réédité car épuisé actuellement !
Tout ce que je sais sur elle, je l’ai lu ici et là, c’est pourquoi oui, je me dois de découvrir son œuvre en profondeur, d’autant que sa vie fut si courte, elle est morte à 26 ans. Sa peinture mérite qu'on s'y attarde.

"À la date du lundi 3 juillet 1876, on peut lire : "Ce pauvre journal qui contient toutes ces aspirations vers la lumière, tous ces élans qui seraient estimés comme des élans d’un génie emprisonné, si la fin était couronnée par le succès, et qui seront regardés comme le délire vaniteux d’une créature banale, si je moisis éternellement ! Me marier et avoir des enfants ! Mais chaque blanchisseuse peut en faire autant. A moins de trouver un homme civilisé et éclairé ou faible et amoureux. Mais qu’est-ce que je veux ? Oh ! vous le savez bien. Je veux la gloire ! Ce n’est pas ce journal qui me la donnera. Ce journal ne sera publié qu’après ma mort, car j’y suis trop nue pour me montrer de mon vivant. D’ailleurs, il ne serait que le complément d’une vie illustre."

Et sa correspondance avec 

The Meeting
The Studio

En écrivant cela je suis presque sûre d’en avoir parlé, à propos de son autoportrait à la palette qui me fait penser à cet autoportrait de Elizabeth-Louise Vigée-Le Brun que j’aime aussi avoir parfois en fond d’écran.

Elizabeth-Louise Vigée-Le brun, Autoportrait au chapeau de paille



Intéressant cet article de l’Express même si je m’éloigne de mon sujet.

Voilà, c’est idiot de vouloir changer mon fond d’écran dont le sujet m’accompagne depuis des semaines, des mois déjà, c’est ce fond d’écran là que j’ai dans la tête, dans le cœur, de toute façon. Je me demande ce que signifie de vouloir le remplacer par cet Autoportrait à la palette… ce visage qui se regarde - avec mélancolie? - dans un miroir, est-ce moi… qu’elle regarde ? est-ce lui qui me regarde ?
Tout cela est bien léger pour parler de Marie Bashkirtseff et cette phrase résume bien ce que je ressens d'elle en ayant parcouru quelques notes de son journal :
 
"Il me semble que personne n'aime autant que moi : arts, musique, peinture, livres, monde, robes, luxe, bruit, calme, rire, tristesse, mélancolie, blague, amour, froid, soleil..., j'adore et j'admire tout."
"Je n'ai jamais pu dire le mot amant et voilà la première fois que je l'écris ".

***

Est-ce d'avoir été trop heureuse ces derniers temps?
Est-ce d'avoir trop ri - et même pleuré - de tout, de rien?
Est-ce d'être devenue insouciante, d'avoir oublié que le monde allait mal?
Est-ce d'avoir senti la vie trop belle, trop légère?

Qu'aujourd'hui tout cela me semble sorti d'un rêve et que ce matin, les pieds sur terre, je suis à nouveau mélancolique?

vendredi 24 septembre 2010

Se ménager


Non mais franchement, je crois que je vais rester couchée si je suis à la lettre la prescription que m'a fait le toubib aujourd'hui!
1. Se ménager!! Oui oui, c'est écrit sur l'ordonnance! Le pharmacien a eu un fou-rire.
(Ménagez-vous eut été plus joli).
- Euh, que voulez-vous dire docteur?
- Pas de marche, ne pas rester assise trop longtemps (donc pas d'ordi), pas de piétinement (non mais! je n'ai jamais eu l'intention de me mettre à la danse bretonne = durcir le sol de terre battue d'une maison neuve en tapant des pieds), pas de travaux ménagers (vais finir par acheter un robot ménager!)...
- Un petit neuf trous peut-être pour m'aérer?
- Surtout pas! Ménagez-vous pendant dix jours si vous voulez des résultats!
- Et pas de... Non rien... Ce n'est pas une partie de plaisir ces instructions et ce n'est pas demain que je vais aller en Gironde. Pfff!

Et dire qu'il y en a qui vont devoir bosser jusqu'à 67 ans! C'est un scandale.

jeudi 23 septembre 2010

L'écriture et sa gestation

Au retour donc, en attendant la navette, à l’abri de la pluie, je lisais ce texte que je ressentais avec acuité sur le processus de l’écriture et sa mise en condition nécessaire à l'écrivain.

« Quand j’écris […] j’ai ma propre méthode de discipline, d’hygiène et de mise en condition. En font partie les pièces de travail ou les séjours de travail, qui sont exclusivement dévolus à la création. La chambre qui appartient à des étrangers et ne contient que mes instruments de travail devient le cadre, le boîtier, l’étui du monde en devenir, je n’y mange pas, je n’y bavarde pas, il n’y a pas de tableaux au mur, pas de visites, pas de flirts, rien ; les esprits doivent y demeurer en paix, tout doit (pouvoir) rester tel quel sur la table pendant la nuit, et quand je reprends le travail le lendemain, je dois retrouver tout comme je l’ai laissé à "l’heure de la sortie". Et chez moi, le soir, j’observe une rigoureuse discipline, je ne bois pas, je ne sors pas vraiment, je ne me laisse pas aller. Il faut que pendant mon sommeil ait lieu ce beau remue-ménage, que la chose naissante puisse replonger dans le subconscient ou le semi-conscient avant d’être, si tout va bien, miraculeusement ramenée à la surface le lendemain.
C’est ce que décrit Virginia Woolf dans La Tour penchée : le travail sur la machine à écrire n’est que la partie de l’acte créateur, l’essentiel est cette gestation, dont relève également la maturation par le sommeil, une technique que d’ailleurs je pratique même de jour, de façon très ciblée, quand je suis vraiment lancé. Et elle passe encore par d’autres objets rituels, comme le papier, toujours le même, déjà utilisé au verso, un papier brouillon vendu en blocs, oui, et puis les mallettes et autres tabernacles, les tables, table de repasseuse, table de tailleur – chez Schiller c’étaient les pommes pourries.
Et à la fin la chambre redevient vide, car inutile, et la chose écrite glisse hors de son étui. »


Paul Nizon, Le livret de l’amour, Journal 1973-1979 – pages 257 – 258.

En attendant la navette

Au garage, pour la révision des trois ans !
J’attends la navette qui va me ramener en ville… si les manifs ne bloquent pas le passage !

Je lis cet article "Les temps fort de la toile" :
"La vidéo McDo, une vie de gros.
Aux Etats-Unis, un groupe de médecins a décidé de frapper fort, avec ce clip publicitaire anti-McDo. Devant sa veuve éplorée, gît à la morgue le cadavre d’un homme corpulent, un hamburger dans la main… La suite est dans le commentaire : « Cholestérol, trop de pression artérielle, crise cardiaque. Ce soir, mangez végétarien… »."
Bof, elle ne frappe pas assez fort cette pub !

Plus loin je lis :
"L’ère des robots ménagers" ! Bientôt plus besoin de passer l’aspirateur, tout sera télécommandé ! Les gros(ses) vont devenir obèses, ça c’est sûr.

Encore plu loin, cette pub :
ICI, j’ai trouvé mon POINT G !
Comme Léa et Paul,
Venez trouver votre point G en Gironde.






(Martine peut emmener lapin en Gironde, le plein de plaisirs) Tsss!


J'aurai dû prendre un livre avec moi. Je ne pensais pas attendre la navette si longtemps.

Tiens, la voilà, elle arrive au rond-point, c’est un conducteur, très girond !

Au retour, je prendrai un livre.

mercredi 22 septembre 2010

L'automate

Certains aiment le son d'autres pas, on peut donc maintenant, mettre le son ou pas pour lire ces billets;o). C'est intéressant d'ailleurs cette idée d'arrêter le son. Sans la gnossienne de Satie, je pense que la lecture en est différente, peut-être moins mélancolique? plus acérée? plus brutale? moins enveloppée, c'est sûr.

Ce fut une journée d'une douceur exquise : douceur de l'air, de la température, de la lumière, et des mots... Le long des quais, de l'autre côté, je voyais un homme qui faisait un travail de titan; il débroussaillait la falaise du mont Frugy





Ils devaient être plusieurs - mais je ne les voyais pas - à faire ce travail car j'entendais le bruit infernal des scies et tronçonneuses.

Dans les rues du centre-ville, l'ambiance était calme, les touristes partis la ville retrouvait son charme. Au coin d'une rue près de la cathédrale, cette "statue" humaine. J'ai hésité à la photographier; je l'ai fait.


Je la trouvais un peu bouleversante dans son rôle d'automate. J'ai mis deux pièces dans sa petite boîte, alors elle a bougé et souri


puis elle m'a remercié en mettant la main sur son coeur.


Elle s'est assise ensuite pour mettre la monnaie qui était dans sa boîte dans son petit sac. Je me suis approchée d'elle, je m'en voulais de l'avoir prise en photos et je lui ai parlé. Elle était très fine, on aurait dit une porcelaine; je lui ai demandé si ça l'avait gêné que je la prenne en photos, elle m'a dit non; je lui ai demandé combien de temps elle tenait sans bouger et elle m'a répondu : aussi longtemps qu'on ne me prend pas en photo et elle a ri. Elle m'a touchée. J'ai remis une pièce dans sa boîte.

Je suis allée prendre un thé puis je suis rentrée, pensive. Mais de bonnes nouvelles m'attendaient.

Je regardais en fin d'après-midi le soleil pénétrer dans cette toile, à travers les petits carreaux de la fenêtre, mettant la lumière sur un morceau du tableau


et chose étonnante, je découvrais des couleurs que l'on ne devinait pas sans la regarder à la loupe, comme si, le soleil transperçait la toile à la manière de la réflectographie infrarouge. Elle est d'un rouge vif, violent, traversé de signes noirs comme une calligraphie dessinée par des oiseaux. Son titre : Signes et retour.


C'était encore un jeu d'ombre et de lumière.

mardi 21 septembre 2010

Voyage au wagon-bar

Lundi 13 septembre.
J’étais encore à Paris quand j’avais écrit ceci. Rien n’est à supprimer.
La matinée a vite passée, un dernier café au bout de la rue Montorgueil cette fois, près du Forum, porte Saint Eustache, au soleil, le cœur un peu nostalgique d’être toujours si solitaire. Puis il fallait remettre les affaires éparpillées dans la valise, laisser le studio propre, faire quelques photos de cet endroit, déjeuner sur le pouce, tout cela en ne pensant qu’à…mes chers ami(e)s, mais aussi à celui avec qui j’avais passé une chaleureuse après-midi dans les rues du Marais, je pensais à tout cela en grignotant mes nems, mon poulet sauce piquante avec le riz cantonnais achetés rue Montorgueil, mais je pensais je pensais je pensais à… Bref, l’heure est arrivée de quitter les lieux, je dis au propriétaire que tout était parfait et, que je reviendrai bientôt… le taxi que j’avais réservé était en bas, à l’heure, pour m’emmener à la gare.
Il était 15 h et c’était déjà le bordel rue Réaumur, c’est pour cela que j’avais pris de l’avance pour aller à la gare. C’était fou ces embouteillages mais ils faisaient partie, avec le bruit, de cette immersion; puis nous avons réussi à traverser la rue Réaumur, au forcing et j’ai pu regarder à travers la vitre le Carrousel du Louvre, la Cour Carrée avec la Pyramide, j’avais comme une envie de revenir en arrière huit jours plus tôt et de me remplir de ce que je n'avais pas eu le temps de voir - et de le revoir - plus longtemps et puis et puis et puis…
Je demande au chauffeur de me déposer porte Oceane (une pensée pour Oceania, dès que je vois ce nom je pense à elle maintenant. Près de chez moi, l'hôtel Oceania...), je suis en avance et je ne veux pas qu’il me dépose au départ des grandes lignes, c’est kafkaïen ! J’ai le temps d’aller boire un thé, ailleurs que dans la gare. J’ai hâte maintenant de retrouver mon sweet home.

Dans le train, plus tard, je fais le bilan de ces jours passés, positif, malgré un rendez-vous manqué tout de même ou malencontreusement rapide.
J’étais en première, les prix maintenant sont devenus attrcatifs avec les prem’s et autres formules. Une place en « duo » avec une femme au visage fermé et au corps gras en face de moi. Elle allonge ses jambes, nos pieds se touchent, je ne sens rien d’aimable dans son regard, j’écarte les miens. Une demi heure que le train est parti et une odeur insupportable se dégage près de moi, je ne sais d’où elle vient, ça pue carrément des pieds, oui en première ça fouette! (comme disait ma mère qui me faisait rire quand elle disait ce mot). Il est 12 h 30, j’ai une petite faim, je ne vais pas manger ma quiche avec cette odeur dans le nez ! Je prends mon sac et je vais au wagon-bar. Je commande un café et je m’installe délicatement en face d’un type qui sommeille, la seule place, en duo, dans ce wagon. Il ouvre un œil et me sourit. Zut, je ne voulais pas qu’il se réveille. Il a deux fossettes de chaque côté de la bouche, un beau visage, il ressemble à William Holden avec les cheveux de Brad Pitt !. Je mange ma quiche, il est discret et détourne son regard. Ce wagon est bien aéré, il y a peu de monde au bar, pas de mauvaise odeur, je suis bien mieux ici, c’est un wagon de seconde classe, je m’en fiche, je vais rester là, ma place de première est juste dans la wagon attenant.
Je regarde le ciel plus beau qu’à l’aller.




"William" téléphone à son fils, apparemment c’est un grand voyageur, il lui dit :
- Je suis dans le train, je suis en France, je dors à Rennes et demain je remonte à Paris pour prendre l’avion pour Moscou. Mais oui, je vais te donner de l’argent de poche. Tu es gentil avec ta mère hein ! (Il lui a dit trois fois cette phrase).
Trop mignon cet homme qui demande à son fils d’être gentil avec sa mère, douce attention pour sa femme. Il descend effectivement à Rennes et me souhaite un bon voyage avec son beau sourire. Je m’installe à sa place, dans le sens de la marche. Le train se vide à Rennes. Je crois que je ne vais plus voyager en première, mais en seconde dans le wagon-bar, c’est impeccable. Je n’arrive pas à lire, trop de souvenirs de ces derniers jours. Je suis heureuse. La nuit tombe, je vois une femme dans la vitre…


Quand retournerais-je à Paris ?

lundi 20 septembre 2010

Un square, une fontaine, des cloches, suis-je à Paris?

Dimanche 12 septembre.
Départ demain après-midi, c’est donc presque le dernier jour. Et, pour cet avant-dernier jour, je fais ma balade du matin rue Montorgueil, je vais boire mon café serré sur la terrasse Au rocher de Cancale.


J'ai pris cette photo en mars 2010 lors de mon précédent séjour. Ce ne sont pas les terrasses de cafés qui manquent dans cette rue. Pourquoi ai-je choisi celle-là ? Pour Cancale je crois mais aussi pour le côté vieillot de sa façade, charmante mais qui aurait besoin d’être rénovée. En me renseignant sur Internet aujourd’hui je me dis que j’aurais dû aller à l’intérieur, voire, au premier étage, pour découvrir les panneaux de Gavarni qui subsistent encore. Je ne savais pas que ce café avait une histoire aussi intéressante ! En une semaine j’ai déjà mes habitudes, je dirai même ma place sur cette terrasse.La rue est très animée et ce dimanche encore plus que les autres jours. J’ai décidé de déjeuner dans le studio et je fais quelques courses chez l’italien ; il faut faire la queue.

Il est midi quand j'arrive dans le studio et, je me demande soudain si je suis chez moi ou à Paris! La rue si animée et bruyante dans la semaine est presque d'un calme provincial.


Dernier après-midi, il fait trop beau pour aller voir une expo, j’ai rendez-vous à 16 h avec ma beauté à la fontaine Saint Michel. J’en profite pour flâner une nouvelle fois dans ce quartier avant notre rendez-vous ; une visite à l’église , Saint-Julien-Le-Pauvre



puis dans le square René Viviani


d’où j’ai une très belle vue sur Notre Dame.


Un joli square à l’ombre de l’église et nous voilà au calme à deux pas de la rue de la Huchette beaucoup plus bruyante.
Il n’est pas de Paris sans amoureux, sans lecteurs dans les lieux ombragés.



Je m’attarde sur cet arbre impressionnant, majestueux ! Un arbre vénérable, l'un des plus vieux de Paris : le Robinier (Robinia pseudo acacia) 15 m de haut et 3,50 m de circonférence!





Il y a vraiment des havres de paix dans Paris.

Bientôt 16 heures, je retourne à la fontaine Saint Michel, un sms m’annonce : je suis là ! Je réponds : moi aussi et je la vois regardant son téléphone avec un sourire, ma perle dorée. Nous nous dirigeons vers le Tea Caddy. C’est elle la parisienne et c’est moi la provinciale (enfin, ex parisienne) qui lui fait découvrir ce lieu so british ! A vrai dire, je connais ce quartier comme ma poche ayant travaillé deux ans rue Saint-Jacques. Retour en métro, nous démarrons ensemble puis elle descend à Châtelet. Le métro redémarre, je la suis dans la foule… ce n’est qu’un au revoir ma jolie… Moi je rentre prendre une douche et repars chez le peintre et sa muse qui m’ont invité pour une douce soirée.
(Là, j'ai mis le paquet pour les photos;o))
A suivre...

***

10 h. Miracle! Raphaël Enthoven consacre la semaine des Nouveaux Chemins à l'art contemporain. Il m'a toujours semblé tellement réfractaire à cet art, je suis curieuse de voir, ou plutôt d'entendre ce qu'il va pouvoir dire pour permettre de mieux comprendre cet art qui, il est vrai demande avant tout une définition. Ce matin il ne pouvait évidemment pas passer à côté des "oeuvres" (il a eu du mal à pronocer ce mot;o)) de Takashi Murakami.

11 h. Petit tour d'horizon sur les blogs.

dimanche 19 septembre 2010

Une vraie girouette

Samedi 11 septembre.
Voir ici… j’ai eu un grand moment de spleen et éprouvé le besoin de me libérer sur mon blog/journal. Je suis allée dans un cyber café et j’ai écrit, des mots de tourmente, puis je les ai effacés… le lundi.
Je m’étais réveillée dans une grande mélancolie ; je me sentais inutile, je sentais que ma vie allait se poursuivre, toujours, avec un manque, manque de je-ne-sais-quoi, que j’étais incapable de définir, mais qui se manifestait par une boule dans la gorge et la peur au ventre. Je venais d’écouter Michel Houellebecq avec Finkielkraut, ce n’était pas cela qui m’avait désespérée, je trouvais même les propos de Houellebecq réconfortants ; il y avait comme une tendre mélancolie dans ce qu’il expliquait, une nouvelle philosophie, une acceptation de l’irrémédiable, dont je me sentais proche. Oui cela me réconfortait mais ne m’a pas empêché de me sentir inutile. Je suis sortie de ce cyber café désemparée mais je savais que mon désarroi n’allait pas durer car j’allais passer l’après-midi avec mes plus chers amis. Je me suis ressaisie avant d’aller les voir. Je savais qu’ils allaient me prendre dans leurs bras, comme à chaque fois, et que j’aurais une vraie raison de pleurer, de joie.

Elle, m’attendait sur son banc, devant l’atelier, dans son petit jardin qu’elle a réussi à composer avec quelques plantes. Elle avait l’air d’une madone, habillée de noir - comme toujours, elle n’a jamais porté de vêtements d’une autre couleur – ses longs cheveux enroulés en natte, comme une couronne, elle s’est levée la muse, et j’ai vu son sourire et ses yeux s’illuminer en me voyant. Je me suis jetée dans ses bras, j’ai fermé les yeux, je n’ai pas pleuré. On est rentrées dans l’atelier et je lui ai dit :
- Michel n’est pas là ?
- Mais si bien sûr, il se fait beau pour toi.
- Oui, pardonnez-moi, je suis un peu en avance.
- Mais non, au contraire, nous t’attendions.
Et Michel était dans l’escalier pour nous rejoindre, chemise impeccable et son petit gilet et sa courte barbe… et…. et… et… tout lui magnifique, portant haut ses 82 ans, c’est moi qui l’ai serré dans mes bras, il sentait bon le frais, toujours la même eau de toilette. Il m’a dit :
- Comme tu sens bon.
- Toi aussi.
Et on a ri… et on a pris de nos nouvelles… et on a parlé de toi… et… et… et… les heures ont passé trop vite, mais je les ai revus le lendemain soir, pour un dîner, comme « avant » quand j’habitais l’atelier d’à côté et qu’ils m’invitaient à partager leur frugal repas quand tu n’étais plus là, et leur chaleur valait toutes les plus riches nourritures. Et puis, cet atelier, bien trop petit pour contenir les œuvres qui s’y amoncelaient mais tellement chaleureux, je m’y sentais comme dans un nid, au chaud, en sécurité.

Lorsque je repris le métro, je m’en voulais d’avoir eu ce spleen le matin ; je trouvais soudain la vie belle, je leur avais parlé de ma vie de solitaire mais parsemée parfois de vibrations amoureuses, sans m’attarder sur le sujet. Elle, me disait : vis ta vie pleinement, vis les moments présents, ceux-là seuls comptent. J’étais heureuse, oui. Malheureuse le matin, heureuse le soir, une vraie girouette !

A suivre...

samedi 18 septembre 2010

Ô mon Paris

Vendredi 10 septembre.
Matinée rue Montorgueil, il fait un temps superbe et chaud, un café en terrasse à l’angle de la rue côté Saint Eustache. Il fait tellement bon que je vais rester déjeuner d’une omelette-salade et puis, de ce côté-là, pas de circulation, l’endroit est relativement calme.

L’après-midi, je vais à Saint Germain, sans but précis. Ah si, aller voir les sacs Upla rue Saint Benoît, juste pour le plaisir des yeux, vite assouvi par les prix (et dire qu'avant mon déménagement j'en ai donné un - même pas démodé, ils sont indémodables - au Secours Populaire, tsss!). Passage obligé d’abord à L’écume des pages. Ensuite je flâne dans les petites rues en passant par la Place Furstenberg et, je m’arrête dans quelques galeries, rue de Seine. Je découvre que dans le quartier c’est la 9ème édition de Parcours des mondes, une manifestation dédiée aux arts premiers, il semble même que de nombreuses galeries inaugurent l’ouverture de cette manifestation : je comprends pourquoi il y a foule sur les trottoirs, des visiteurs sans doute invités et triés sur le volet, un verre de champagne à la main. Ce n’est pas vraiment le meilleur moment pour s’attarder sur les œuvres. Je préfère donc poursuivre ma balade, j’arrive à La Palette ; souvenirs mon Amour, nous aimions y prendre un verre, il y a.... très très très longtemps!




J’aimais leurs murs foisonnants de tableaux. J’ai l’impression que cet endroit a bien changé, avec sa terrasse qui, à l’époque, n’existait pas ou du moins était plus réduite, et est devenu un lieu branché. Nostalgie.
En face, dans une galerie, cette amusante ? (hideuse) « sculpture » !


Je pense en la voyant à Takashi Murakami dont les œuvres sèment la zizanie en ce moment à Versailles. Apparemment c’est une affaire de gros sous, je n’entrerai pas dans la polémique mais j’aime que des œuvres fassent un peu « tâche » dans des lieux sacrés. Certaines de Murakami ci-dessous ne me déplaisent pas, pour le fun, ayant découvert les mangas assez récemment.





... Notre Dame la magnifique derrière la librairie Shakespeare, je joue vraiment la touriste provinciale à Paris !



Impossible aussi de ne pas aller me lécher les babines au Tea Caddy de leurs merveilleux scones, où je dois retrouver une amie dimanche. Tant pis, deux fois valent mieux qu'une quand c'est trop bon.



Il est temps que je rentre pour prendre une douche et reposer mes gambettes, une soirée de retrouvailles avec mes ami(e)s se profile… qui risque de se prolonger...
A suivre...

vendredi 17 septembre 2010

***

22 h. Je sens qu'il s'éloigne, mon coeur se serre.

Il n'y a pas que des langoustines royales, le PQ aussi

Jeudi 9 septembre.
J’avais le cœur léger. Le soir je devais revoir" la femme de mon ancien boss" et quelques unes de ses amies. Ce fut une belle soirée, dans un superbe appartement dans le 8ème, standing de luxe, repas princier : langoustines royales (je n’en avais vues de ce gabarit – mais jamais mangées - qu’à la criée du Guilvinec ! ce port devenu célèbre avec ce gratiné "casse-toi pauv' c..) et saumon fumé en entrée suivi d’un loup en papillotte avec des petits légumes, le tout venant évidemment de chez l'un des meilleurs poissonniers de Paris. Elles étaient toutes les quatre au régime Dukan, hyperprotéiné ! Pas de pain. Dessert : du fromage blanc light avec du faux sucre. Pfff ! J’avais oublié ces années à l’agence où j’avais évolué dans un monde où l’argent semblait se gagner sans lever le petit doigt et pas à la sueur de son front. Je savais ce que signifiait la gauche caviar en ce temps-là. Le clou de ma soirée c’est lorsque je suis allée aux toilettes avant de quitter l’appartement : la salle de bains était d’un luxe inouï et le papier cul, je n’en avais jamais vu de pareil ; ce n’était plus du papier cul double triple ou quadruple épaisseur mais carrément l’épaisseur d’une couche !!! Un vrai molleton, absolument dingue ce PQ. Je me suis demandé où elle faisait (ou plutôt se faisait livrer) ses courses. Fauchon et Hermès ne vendent pas de papier cul ? Durant le repas, le sujet principal fut le régime Dukan et ses effets. Mortel ! Ensuite on s’est affalées dans les canapés moelleux et on a regardé (elles ont regardé, moi j’éclatais de rire) sur l’écran plat géant au mur, l’émission sur TF1, de cuisine, Master chef qu’elles avaient déjà suivie la semaine précédente. Non ce n’est pas une blague. Je riais de les voir regarder l'écran avec un sérieux qui me stupéfiait autant que le sérieux des chefs donnant des notes. C’était dramatique et je me demandais (répétition;o)) comment pouvait-on se prendre de passion pour toutes ces c….ries !
Bref, malgré tout j’étais heureuse d’avoir revu "la femme de mon boss" qui est une vraie beauté au naturel et sans maquillage (je ne l’avais pas vue depuis dix ans), d’entendre son rire lumineux que j'ai toujours aimé, de la retrouver avec son charme indéniable. Après tout, elle profite de sa chance - celle d'une classe aisée - avec générosité la partageant avec ses amies ; c’est elle qui avait amené langoustines, saumon et loup. Une des amies m’a ramené, tard, en voiture à mon studio.
Oui, j’ai passé une futile soirée délicieuse ; je me sens bien loin de ce monde aujourd’hui, nonobstant ma capacité d’adaptation.

L’après-midi je m'étais promenée, sans but, dans Paris, en restant dans « mon » quartier, celui où je logeais.




Je dus m’abriter à deux reprises de pluies torrentielles mais brèves. J'en profitais pour rentrer voir une exposition sur l'Europe en 160 caricatures, au CWB (Centre de Wallonie-Bruxelles) en face du Centre Pompidou.


(Cliquer ensuite sur progamme du centre)




Ce que j'aime dans Paris c'est découvrir toujours quelque endroit inattendu qui attire l'oeil et donne envie d'aller voir plus avant. Impossible de s'ennuyer.
Je rentrais assez tôt pour me détendre dans le studio avant de reprendre le métro juqu'à la Concorde où "la femme de mon boss" m'avait donné rendez-vous devant le Crillon pour m'emmener en voiture à notre soirée.

A suivre...