mercredi 30 septembre 2009

Cas de divorce

Hier, en début d'après-midi, je rencontre l'ex-mari d'une amie en allant chez mon dentiste.
- Tu vas bien?
- Bof, je vais chez le dentiste.
- Ah, moi aussi!
Courte discussion, je ne vois que ses dents pendant qu'il parle, il sourit souvent et je me dis que je rêve. Les restes de son déjeuner bien incrustés entre chaque dent, les gencives enflammées.
- Bon, je te laisse, faut que j'y aille. Tu passes chez toi avant ton rendez-vous? (Je me dis que ce n'est pas possible qu'il ne se lave pas les dents avant son rendez-vous).
- Non non, j'y vais maintenant!
- Ciao... je ne t'embrasse pas, je suis enrhumée. (Pas du tout, aucune envie de sentir son haleine).

Comment est-ce possible? Son dentiste va avoir du boulot...

mardi 29 septembre 2009

Pause

Mon amour,

Tu ne m'as jamais parlé de ta vie "d'avant" ton divorce et j'ai respecté ton silence. Je ne sais pratiquement rien de cette vie avant notre rencontre en 1977. Je n'ai pu qu'essayer d'en découvrir des bribes, souvent noires.
Je n'ai su que le bonheur de vivre que je t'avais redonné pendant nos dix années de vie partagée.
Ta palette avait retrouvé les rouges flamboyants, les jaunes solaires, les bleus profonds et toutes ces couleurs éclatantes éclaboussaient tes toiles d'un désir de vivre renaissant.
Tu es parti trop tôt mais tu m'as laissé dans le coeur le courage de vivre, la force qui était en toi et l'amour. L'amour que j'ai encore envie de partager - et qui parfois illumine ma vie - et sans lequel je ne peux vivre pleinement.

Une vie dans une boîte 4.

GALERIE
KATIA GRANOFF

13 quai de Conti - Paris 6è

exposition

C.


________
DU 29 AVRIL

AU 23 MAI
__________

1975
Dans la presse.

"C. : Peintures"
à la Galerie Katia Granoff 6 Quai de Conti

C. fait sa première exposition parisienne à l'ombre de l'Académie Française, et à des années-lumières de tout académisme. C'est l'émotion à l'état pur. L'émotion traduite en vibrations.

Depuis 1970 il vit à Paris et depuis toujours sans doute, il vit dans un univers qu'il a construit, mais qu'il a laissé traverser par le malheur. Avant d'émerger, il s'est "colleté" avec la mort. Il lui a arraché son "autoportrait" d'un beige boueux où toutes les couleurs du monde sont venues mourir. Il a encore peint pendant ce combat une série de squelettes de plus en plus précis, aux ossements traités dans une pâte épaisse et saillante. Au bout de ce tunnel, il est arrivé devant un squelette plus mort que les autres qu'il a enfermé dans un placard. S'il était anglais je verrais là un lapsus freudien extraordinaire.

A quelle rupture affective totale a pu correspondre cette descente aux enfers? Je ne le sais. mais on émerge dans une nouvelle lumière. des camaïeux de bleus éblouissants, des spirales de nuit qui s'enroulent et tourbillonnent autour d'on ne sait quelles lueurs retrouvées. La toile que je préfère : "Aube orientale", est un nocturne troué de couleurs exotiques violentes, une forêt obscure traversée d'oiseaux de feu.

C. ne semble se rattacher à aucune école. Il prend des risques et peint sans porte-drapeau. Il jette avec force ses problèmes sur la toile et se bat avec les tourbillons de feu ou de nuit qui l'entraînent. Parfois le rythme s'apaise en une large symphonie d'où la mélodie a disparu.

(Le Chirurgien-Dentiste de France - 25 juin 1975)


EXPOSITIONS
Galerie Katia Granoff, 13 Quai de Conti - Paris 6è.

C.

Depuis quinze ans qu'il peint, C. , 38 ans n'a encore jamais permis d'exposition importante de ses oeuvres.

Il est pourtant "accroché" dans les appartements d'un monde relativement clos de connaisseurs, écrivains, hommes politiques, vedettes du spectacle...

Katia Granoff accueille sa première grande exposition du 29 avril au 23 mai, où il présente ses quarante dernières créations.

Difficile de rester insensible au jeu passionné et sincère des couleurs, de la matière et du relief qui éclairent et animent ses toiles. Un conseil : allez-y l'après-midi. Le peintre sera présent à la galerie et vous pourrez parler avec lui.

Philippe Ramond - Le Point

Une vie dans une boîte 3.

GALERIE 65
Tableaux Modernes

Cannes
65, Croisette
Tel. 38.15.33 Ce jeudi (?) 1965



Cher monsieur et Ami,

Je reviens de Paris et Monsieur Chambry me raconte votre accident de voiture.
Je suis vraiment désolée pour vous et votre femme. Je n'ai pas encore vu vos toiles. Il paraît qu'elles sont superbes.
Inclus un chèque de 1000 F à valoir.
Les temps sont vachement durs.

Faites mes amitiés ... (je n'ai pas la suite)




Professeur Raymond Vilain
Chirurgien des Hôpitaux
17, Avenue Montaigne
Paris VIIIè
Elysées 67-57 Le 5 février 1968



Monsieur le Docteur Chambaud

Cher Ami,

C. est mon peintre préféré et en voyant sa dernière production, j'ai pensé que l'air, le soleil et la mer pourraient entrer dans ton horizon quotidien. J'aimerais que tu choisisses une des toiles qu'il t'amène.
Si cette période douce et claire ne te satisfaisait pas actuellement, il reviendrait dans quelque temps avec autre chose.
Ne te crois donc absolument pas obligé de choisir maintenant si tu n'as pas le choc.

Avec ma gratitude. Toutes mes amitiés.
Raymond.

Une vie dans une boîte 2.

GALERIE HENQUEZ
Arts et Peintures
96 rue de Rennes
Paris VIè
LIT. 60-07 Le 15 octobre 1965





Cher Monsieur,


Bien reçu votre petit mot, la galerie a ouvert le 15 septembre et la saison ne reprend activement que depuis ce début d'octobre, c'est la raison pour laquelle j'ai tardé à vous répondre afin d'avoir des échos de vos toiles; je pensais également vendre une de vos petites toiles et vous l'annoncer mais le client n'est pas encore revenu, j'espère que cela se réalisera bientôt.

De toute façon vos gouaches suscitent de l'intérêt, quant à vos petites toiles elles plaisent bien.


J'ai plaisir à constater que vous vous organisez bien dans votre nouvelle demeure et que le travail marche bien, tous mes voeux de continuation.


Recevez, Cher Monsieur, l'assurance de mes meilleurs sentiments.



La directrice
R. Henquez


Monsieur
17-23 rue
Paris XVè







GALERIE HENQUEZ
Arts et Peintures
96 rue de Rennes
Paris XVè
LIT. 60-07 Le 16 décembre 1965





Cher Monsieur,


Quelques brefs échos de l'exposition. Monsieur De Ricci est venu, nous avons parlé de votre évolution et de votre participation au Prix Pacquement; j'attends la visite de Monsieur Lévèque pour une critique dans l'Information, et surtout pour m'entretenir avec lui. Demain j'envoie un mot à Monsieur Cogniat pour Le Figaro. Il est un peu dommage que vous ne soyez pas à Paris, sinon je vous aurais envoyé contacter d'autres critiques. De toute façon nous aurons des critiques intéressantes et des points de contacts pour vos réalisations futures.


Recevez Cher Monsieur l'assurance de mes meilleurs sentiments et mon plus sympathique souvenir à Madame C.*



La directrice
R. Henquez

Monsieur
17-23 rue
Paris XVè


* Madame C. était sa première épouse.

Une vie dans une boîte 1.






Un press book artisanal d'un artiste, illustre inconnu.



MINISTERE D’ETAT
Affaires Culturelles


Le Chef de Cabinet 3 rue de Valois, Paris 1er


Cher Monsieur,

Monsieur André MALRAUX a bien reçu votre lettre toute récente et me charge d’y répondre.

Il regrette de ne pouvoir vous donner satisfaction mais il ne va jamais visiter d’expositions dans les galeries privées, quel que soit leur intérêt, afin de ne pas créer un précédent qui l’obligerait moralement à ne pouvoir refuser toutes les autres invitations qu’on ne manquerait pas de lui envoyer

J’ai transmis de la part du ministre votre lettre à la Direction de la Création Artistique, 53 rue Saint-Dominique, qui, elle, envoie souvent un représentant visiter les galeries.

Je vous prie d’agréer, cher Monsieur, l’expression de ma considération la plus distinguée.

M. Brandin


Monsieur
17-23 rue
Paris 15è 1er décembre 1965




MINISTERE DES
Affaires Culturelles


Direction générale
des Arts et des Lettres
Création artistique 53 rue Saint-Dominique, Paris 7è


Monsieur,

Vous avez appelé l’attention de Monsieur le Ministre d’Etat chargé des Affaires Culturelles sur les travaux que vous avez entrepris, et exprimé le désir de recevoir sa visite.

Je ne puis que vous inviter à entrer en relations avec Monsieur François BRET Conseiller Artistique.

Veuillez agréer, Monsieur, l’assurance de ma considération distinguée.
Pr. Le Ministre et par délégation
Le Chargé de mission
pour la Création Artistique

B. ANTHONIOZ


Monsieur
17-23 rue
Paris 15è 27 décembre 1965









lundi 28 septembre 2009

dimanche 27 septembre 2009

La vie est si belle


J'étais arrivée avant elle et m'étais attablée pour garder une table au bord de l'eau.
Je savourais la lumière de ce midi d'automne aux couleurs de l'été et la douceur de l'instant.
J'étais seule et j'étais bien.

Je l'aperçois au loin qui me cherche, je lui fais signe. Je la vois s'approcher fine silhouette, éthérée, presque transparente, le pas mal assuré, les lèvres serrées, le regard baissé, fermé, derrière ses lunettes noires; le visage de la tourmente, celui des mauvais jours. Que d'efforts avait-elle dû faire pour sortir de chez elle et affronter le monde.
Elle m'embrasse et me dit : c'est la première fois que je viens ici.
30 ans qu'elle vit ici dans cette magnifique région et elle ne connaît pas ce joli port. Je suis stupéfaite.
Elle me dit : toi tu as le courage de sortir seule, de te balader seule, d'aller prendre un verre seule, moi pas. Alors je ne sors pas.
Eh oui! Je suis une courageuse... qui aime trop la vie pour ne pas avoir envie d'en profiter, même seule.
Elle enlève ses lunettes noires et je vois son regard sombre. Je n'ai qu'une idée : y voir une étincelle et l'éclat d'un sourire sur ses lèvres. J'oublie que j'étais venue justement pour occulter ma solitude, pour me faire plaisir, égoïstement.
Elle commence à regarder autour d'elle, elle pose son sac qu'elle tenait serrée contre elle. Comme c'est beau, j'ai bien fait de venir dit-elle et je vois son visage se détendre.
Nous pouvions passer la commande.
Elle regarde la carte d'un air crispé, je devinais ses pensées : je n'ai pas faim, je ne veux pas grossir dit son petit corps que je vois dépérir de mois en mois.
Je fais mon choix, elle prend la même chose. Gagné!
Pendant que nous déjeunions je la regarde, étonnée, elle semble savourer son plat autant que je savoure le mien. Un chien n'aurait rien eu à lécher de nos assiettes, c'était succulent. J'éclate de rire, elle sourit, enfin.
Café pour profiter encore un peu de cette terrasse puis nous partons faire une balade le long de la côte. Chaleur estivale, une petite crique m'attire, nous descendons par un chemin escarpé, j'enlève mes chaussures, je roule mon pantalon et je marche dans l'eau. Trop bon. Je lui dis de venir mais elle reste assise sur son rocher, son sac serré contre elle, le regard à nouveau perdu dans un ailleurs où je n'ai pas d'entrée. Pour faire diversion je lui tends mon appareil de photo et lui demande de me prendre!

J'étais quand même heureuse, j'avais réussi à voir un sourire sur son visage, à la voir manger avec appétit et je lui avais fait découvrir ce petit port où elle aura peut-être envie de revenir.
La vie est si belle, elle m'a donné envie de la croquer, à pleine dents.

"Rien n'est plus tragique que de rencontrer un individu à bout de souffle, perdu dans le labyrinthe de la vie."
Martin Luther King


samedi 26 septembre 2009

***

Oh quelle joie! A la tombée de la nuit j'ai vu des chauve-souris dansant au-dessus de ma terrasse.
C'est un des petits bonheurs qui me manquait de ma vie à la campagne (avec le cri de la chouette) et voilà qu'en ville elles viennent me rendre visite. Leur chorégraphie m'enchante. Peut-être ont-elles leur nid dans les combles du Prieuré?
Ne manque plus que d'entendre la nuit le chant d'une chouette sur le clocher de l'église!
Les vieilles pierres à portée de vue sont ma récompense.

La porte de L'enfer

Auguste Rodin se reflète devant la porte de L'Enfer

Détails


La voix intérieure



La porte de L'Enfer est inspirée de la Divine Comédie de Dante dont Auguste Rodin était un grand admirateur. Il a écarté les deux tiers du poème de Dante pour ne s'intéresser qu'à la partie la plus sombre, L'Enfer.

Ayant redécouvert récemment cette oeuvre au Musée Rodin, sans bien la comprendre, je m'attarde aujourd'hui en recherches sur sa signification.

On y retrouve Le Penseur qui n'est autre que Dante lui-même, La Douleur, Je suis belle.
Ugolin et le nouveau Paolo et Francesca, plus conformes au texte de Dante, ont désormais remplacé Le Baiser.
Il avait pris l'habitude de supprimer de ses oeuvres tout ce qui paraissait superflu, et ainsi qu'il venait de le faire pour La Voix intérieure, sans bras, il avait pris le parti de retirer de sa Porte tout ce qui la rendait trop immédiatement compréhensible.

Je ne peux aller à Paris sans aller au Musée Rodin et au Jardin du Luxembourg. Ce sont mes promenades favorites et pourtant je ne me suis jamais penchée vraiment sur leur histoire. Leur beauté suffit à me combler. Pourtant, une connaissance plus appronfondie aide à mieux comprendre ce que les artistes ont mis de leur fureur dans leurs oeuvres.

Aujourd'hui j'aimerai voir La porte du Paradis de Lorenzo Ghiberti à Florence, pour éclabousser d'or mes pensées si sombres. Le soleil n'y suffit plus et j'ai perdu la clef de mon paradis.

vendredi 25 septembre 2009

Je vous aime

Un dimanche d'ennui j'entre au Musée des Beaux Arts pour voir l'expo de Yves Elléouët.
Je regarde la photo du peintre à l'entrée de la salle, un visage "habité". Je lis sa biographie.
J'avance et je sens mon coeur battre, mes joues rosir, incroyable ce tableau : comme j'aimerais avoir un amour à qui l'envoyer.
Je n'ai qu'une idée, le photographier mais... je n'ai pas mon appareil.
Je venais d'arriver, je retourne à l'accueil, je demande à quelle heure ferme le musée, je prétexte un message sur mon portable qui m'oblige à m'absenter une bonne demi heure et le préposé à la billetterie me donne son accord pour valider mon billet.
J'étais venue à pieds! Quinze minutes au pas de course pour retourner chez moi, prendre mon appareil. Je prends ma voiture pour retourner au musée, un quart d'heure pour trouver une place pour me garer!
J'arrive, il me laisse passer, la queue avait grossie! Flûte, je vais avoir du mal à le photographier.
Je rentre dans la salle, du monde devant ce tableau, du monde partout. Bon, poursuivons l'expo, j'attendrai s'il le faut la fermeture. J'aime beaucoup ses aquarelles. Je traîne.
Çà y est, la salle se vide peu à peu, je retourne vers le tableau, clic clac, deux photos, sans flash.
J'ai ma photo dans l'appareil. Je poursuis ma visite de l'expo en rêvant qu'un jour je l'enverrai à quelqu'un.

En vitrine une carte postale est exposée :
Petite Aube,
J'aimerai tant que tu sois près de moi, on respire ici et il y a un grand soleil et un bon vent. Je t'ai déjà trouvé des cadeaux.
Je suis dans ton oreille, à te dire jour et nuit,
Je t'aime.
Yves.


Pub!


Je me suis dit que si je voulais que ce Journal reflète l'époque dans laquelle je vis, je me devais d'y insérer ce petit monument.

L'inaccessible étoile

En direct de l'ENS, rue d'Ulm ce matin.
"L'EN continue d'engendrer des philosophes, c'est-à-dire des insolents".
Vive l'insolence.

De l'amour.

"La relation amoureuse peut-être se réduisait à ce déséquilibre :
dès lors qu'on voulait quelque chose, dès lors qu'on attendait, on avait perdu.
Frustration, supplice de tantale..."
http://www.youtube.com/watch?v=yKY-GTy_PFE

A quoi sert la philosophie?
"
. D'abord vivre, ensuite philosopher.
. Décider avant de délibérer.
. Elle sert à entrer dans le savoir, pour transformer notre vie devant ce qui l'ébranle.
. La philosophie ne change rien, sinon la vie de celui qui n'en sort plus une fois
qu'elle est entrée.
. La philosophie c'est une façon de converser avec la mort et de se sentir libre."

Une belle journée

Cette nuit, insomnie. J'ai relu quelques uns de mes cahiers intimes.
C'est incroyable, les années ne m'apportent aucune maturité.

Parfois j'envie les femmes de mon âge qui ont définitivement tiré un trait sur la possibilité de tomber amoureuse. La passion à n'importe quel âge çà rend fou, dépendant.

Le croissant de lune a laissé place ce matin à un ciel d'une pureté inouïe, le clown triste a mis son nez rouge, la journée va être lumineuse, sportive, 4 heures dans la nature pour tout oublier.

jeudi 24 septembre 2009

***

Je regarde le ciel et contemple le croissant de lune - seule lumière dans mon coeur sombre - comme le sourcil d'un clown triste.

"Il n'avait pas voulu la même chose qu'elle au même moment, ce qui est la clef de bien des échecs amoureux".

Les blogs

Je n'ai pas référencé tous ceux que je lis.

Il est assez aisé de deviner l'âge ou la génération de ceux, celles qui écrivent. Je suis agréablement surprise par la qualité de certains blogs. Particulièrement par la qualité d'écriture de certaines jeunes filles, jeunes femmes.

Pour ma part je suis très influencée par mes lectures, amoureuse invétérée de la littérature, des correspondances, des journaux intimes alors que j'aie le sentiment que ces jeunes femmes ne subissent pas d'influence littéraire; elles écrivent avec leurs yeux, leur ventre, leur coeur, leur poésie. Peut-être me trompé-je? Je parle ici de celles qui me touchent. Elles n'ont même pas 30 ans, et déjà du talent.

Qualité de l'écriture... ma plus belle découverte fut celle d'un jeune homme il y a trois ans.
Et puis, il y a quelques mois, un heureux hasard a dirigé mes recherches vers un blog magnifique. L'auteur a-t-il ou avait-il des muses pour l'inspirer car ses textes sont d'une rare beauté.
Je voudrai les avoir dans ma bibliothèque.

La blogosphère est immense et je suis sûre qu'il y a des trésors à découvrir mais je reste une adepte de la lecture papier. Il m'arrive parfois de laisser un commentaire quand un post me plaît ou m'interpelle mais je déteste (et détesterais) que le blogueur intervienne. J'aime garder le mystère de l'inconnu(e).

D.M.

Tant de mots, tant de paroles,
et tout ça pourquoi,
puisqu'il manque un regard,
puisqu'il manque une main,
puisqu'il manque une vie...

...

J'écris, afin que mes mots, ce murmure de l'âme, se posent sur vos lèvres, depuis que mon regard a écouté la belle mélodie de vos esprits.
Une page de poésie par jour, pour conjurer les convulsions de ce monde...

...

En amour, me plaisent la faiblesse, l'atermoiement,
l'envie de tout un être quand gît le sentiment du rien,
le sentiment de la perte sans avoir eu l'étreinte,
la chaleur, l'empreinte.
En amour me plaît d'être un fou, un vaurien, l'escarbille qui court après le feu.
En amour me plaisent les définitions qui contredisent le verbe aimer, l'ensorcèlent, l'insultent,
puis le font régner.
En amour me plaît d'arriver et de partir.
En amour me plaît la clandestinité, le coeur débarqué sans bagages,
les mains, les regards qui font naufrage
En amour, plus que tout, j'aime aimer.

Extraits du Journal d'un ami.

Mustapha

Le ministre de l'immigration et de l'identité nationale doit me recevoir dans son majestueux bureau. Brice Hortefeux arrive, me tend la main, sourit et lâche : "Vous avez vos papiers ?"

A plusieurs reprises, arrivant pour suivre un procès pour le journal, je me suis vu demander : "Vous êtes le prévenu ?" par l'huissier ou le gendarme en faction devant la porte du tribunal.

A quoi bon me présenter comme journaliste au Monde, on ne me croit pas. Certains n'hésitent pas à appeler le siège pour signaler qu'"un Mustapha se fait passer pour un journaliste du Monde !"

Je pensais que ma "qualité" de journaliste au Monde allait enfin me préserver de mes principaux "défauts" : être un Arabe, avoir la peau trop basanée, être un musulman. Je croyais que ma carte de presse allait me protéger des "crochets" balancés par des gens obsédés par les origines et les apparences.

(Extrait de l'article de Mustapha Kessous paru dans Le Monde d'hier).

...
Il y a quelques années, vivant à la campagne, j'avais fait nettoyer (karchériser si ce mot n'avait aujourd'hui un sens si détestable) la façade de ma maison par un démarcheur qui me demandait un prix raisonnable. Le travail fut soigneusement fait, les plantes sauvegardées. Cet homme était bien aimable, souriant, poli. Je lui ai offert un café après qu'il eut terminé et nous avons parlé de son pays, le Maroc, et de Fès sa ville natale.
Lorsqu'il fut parti, je regardai avec satisfaction ma façade devenue lumineuse. Une paysanne qui rentrait d'avoir mené ses vaches au pré s'arrêta et me dit : c'est le "bougnoule" qui t'a fait çà? J'étais incapable de répondre, j'avais une boule au ventre; j'ai fui, je suis rentrée dans ma maison. Je n'allais pas lui cracher à la figure. Le silence est le plus grand des mépris.

Plus récemment, la semaine dernière je séjournais chez des amis. Nous prenions le petit déjeuner avant d'attaquer une journée difficile. Le matin au réveil j'ai envie de douceur. Je tartine mon pain, le goûte et je dis à la maîtresse de maison : ton pain est vraiment bon. Et quelqu'un autour de la table de renchérir : oui, vraiment. Elle répond : oui ce boulanger est extra, c'est pour çà que je le prends là (le pain) et je m'en fous que ce soit un arabe.
Là, je n'ai pas pu me taire. Je connaissais déjà sa répulsion pour tout ce qui n'est pas "blanc". Je lui dis : je trouve choquant ce que tu dis, c'est du racisme. J'avais le coeur qui battait, je ne sais pas trouver d'arguments pour défendre ce qui devrait être indéfendable. Mais la journée commençait mal. Je ne raconte pas la suite. Ce fut le début de mes vertiges.

mercredi 23 septembre 2009

Eaux profondes

Je découvre parfois des auteurs contemporains avec un certain plaisir mais je reviens toujours à mes auteurs favoris, avec un plaisir certain.
Là, je vais replonger dans des eaux profondes avec Virginia Woolf. Si profondes que parfois la remontée est difficile.
Quand je vois son visage sur la photo de mon livre, je ne peux m'empêcher de la voir s'avancer vers cet étang, les poches remplies de lourdes pierres, et s'enfoncer dans les eaux profondes, à jamais.

Une relation particulière

J'aimerais voir mon O.R.L quand je suis en pleine forme. Il a tellement de charme (ma soeur ne le trouve pas beau), je le trouve beau; juste aller le voir, pour le plaisir et pour plaisanter.
Il y a quatre ans quand il m'a fait hospitaliser en urgence, c'était le soleil de mes journées quand il faisait ses visites : le matin, avec les internes, le soir, tout seul, il restait bavarder avec moi me demandant ce que je lisais, ma table de chevet était remplie de livres.
Le week-end, il venait me voir en tenue de ville; plus de blouse blanche. Là, ce n'était plus mon soleil, c'était le ciel tout entier.
Il a un accent chantant, un sourire moqueur.
Un matin, lors d'une visite avec les internes, il a vu mon désarroi; aucune amélioration malgré la cortisone. Il fallait que je patiente encore. Il s'est approché de moi, paternellement, et a caressé ma joue avec son doigt, pour rassurer l'enfant que je redevenais.

Aujourd'hui, à son cabinet, il était moins relaxe mais toujours aussi attentif; il se veut rassurant et après les tests je lui ai dit :
- ne me racontez pas d'histoires, je suis allée sur Internet et j'ai tous les symptômes de....
j'ai vu son sourire moqueur. Il regardait les résultats du test et il me dit :
- c'est bien.
- c'est bien les résultats ou c'est bien d'aller sur Internet?
- c'est bien d'aller sur Internet,
et il a ri!
J'ai toujours un peu le coeur battant quand je vais le voir.
Je pense que nous avons une relation particulière.

mardi 22 septembre 2009

Vertiges

Qu'est-ce qui peut nous donner le vertige? Cette sensation de perdre l'équilibre est angoissante et n'a rien à voir avec ce qu'on nomme le vertige de l'amour.
Est-ce parce que j'ai toujours eu peur du vide que j'ai un imaginaire débordant pour le remplir? Et si, confronté au réel, cet imaginaire me donnait le vertige en prenant conscience que je ne maîtrise plus rien. Je ressens avec acuité ma fragilité.

Depuis mon retour de Paris je suis dans un état vertigineux. Trop d'émotions en peu de temps.

Et si c'était vous qui aviez bousculé ces cristaux dans mes oreilles, en me renversant, en me bouleversant, en me chamboulant?
Il ne vous reste plus qu'une chose à faire : me renverser, dans l'autre sens, pour que tout se remette en place;-)

L'été indien


Audrey Hepburn



- C'est pour une coupe?
- Oui.
Je passe au shampooing, elle défait ma tresse... regarde la couleur...
- On fait une couleur? (Je lis dans ses pensées : çà vous rajeunirait, tsss!)
- Non.
Je ferme les yeux, elle me masse, c'est bon. Ce serait encore meilleur sans Fun Radio. Rinçage...
- Çà va la température?
- Plus froid s'il vous plaît.
Elle enroule mes longs cheveux dans une serviette sèche, je m'installe face au miroir embellissant.
- Je dégrade un peu pour avoir du volume?
- Non.
- Un petit effilage?
- Non.
- Bon, je coupe dix centimètres au carré alors.
- Oui, mais seulement trois centimètres.
Je vois sa déception dans son regard : pas de coloration, pas de dégradé, pas d'effilage, pfff! Qu'elle reste avec sa tresse argentée.
Hop hop hop, trois coups de ciseaux, trois minutes. Parfait.
- Je fais un brushing?
- Non merci.
Séchage vite fait entre ses doigts?
- Je refais une tresse?
- Oui s'il vous plaît.
- Un peu de laque?
- Non merci.
Parfait! Je sors, me regarde dans la vitrine, je suis la même qu'en rentrant. Ouf!
C'est l'été indien, j'ai envie de danser.

lundi 21 septembre 2009

Quand tu m'hébergeais

Je n'avais pas besoin de réveil pour savoir qu'il était temps que je me lève.
J'ai encore cette musique, ce tintamarre dans les oreilles. Dès potron-minet je devais subir RTL sur ton petit transistor au son grésillant, les infos, les pubs, "les grosses têtes", "la valise", les pronostics des courses. Ah oui, les courses de chevaux c'était ton dada! Dès 7 heures du matin, tu étais clope au bec, l'oreille collée à ton transistor, tes petites cartes pour le PMU et tu cochais avec ta pointeuse (?) les chevaux de ton tiercé. Je reconnais que tu avais du flair et que tes outsiders étaient souvent à l'arrivée. Tu étais fière de tes gains : machine à laver, nouveau téléviseur, manteau d'astrakan et j'en passe. Je n'oublie pas que pour mes vingt ans tu m'as offert Jacques Brel à l'Olympia...
Le nez dans mon bol de thé, j'aurais tout envoyé valdinguer mais pendant ce temps-là nous nous taisions, c'était çà de gagné. Au réveil j'aspirais au silence du tête à tête ou à de la musique douce en solo.
A 7 h 30 tu étais déjà prête pour aller bosser ma courageuse. Ton mari, mon oncle, t'avait abandonnée pour une jeunette, moche, mais elle aimait la grande musique comme tu disais. Toi, la parigote qui aimait les guinguettes, les cibiches, les courses hippiques, les tarots, les apéros, la vie quoi.
Un jour il t'a dit : j'ai fait une mésalliance. Et j'étais là. Je t'ai vu blanchir et pleurer pour la première fois. Tes jolis yeux de Mongole bigoudène parisienne ne riaient plus et là, j'aurais voulu mettre RTL à fond.
J'étais prête à écouter "la valise", "les grosses têtes", les pronostics en te prenant dans mes bras.
Tu m'as tant donné.

dimanche 20 septembre 2009

Du train

En traversant la Beauce plate et monotone je trouvais quelque intérêt à ces éoliennes.
Elles m'ont sortie de ma torpeur.

J'ai repris la lecture de mon livre et j'ai eu envie de caresser d'un doigt ces mots qui me remplissaient de douceur :
"Elle avait huit ans. Elle accompagnait son père dans l'épicerie où je travaillais pendant un été. Lui était un Arabe au regard doux et timide, vieilli prématurément par le travail en usine. Sa petite fille lui servait de traductrice, adoucissant ses déplacements dans un monde dont il ne connaissait pas la langue. Il y avait sur le visage de l'enfant tant d'intelligence et de bonté que son sourire, quand je lui ai rendu la monnaie, est aussitôt rentré en moi, s'ajoutant aux lumières qui, avec le temps, se déposent dans mon coeur comme une poussière d'or..."
Christian Bobin, Ressusciter.


Une phrase de cet auteur vaut souvent un livre entier. Chaque phrase est une caresse.

Mes petits bonheurs

Elles.

Elles ont la fraîcheur de mes vingt ans et sont mon bain de jouvence.
Elles sont belles et en plus, elles écrivent.
Il n'existe pas de beauté plus réjouissante.

La douceur de vivre

Lui.

La vie indigne

A l'extérieur, le paradis, un parc magnifique, un bâtiment majestueux et pas une âme.
A l'intérieur, l'enfer, peuplé de corps désarticulés, déambulants, les yeux hagards de la démence.

La vie vive

Propos sur la vie, la mort, le suicide... et la joie de vivre.

Dès que ce sera insupportable à vivre, je peux me tuer.
La mort est l'ultime ligne des choses, chacun d'entre nous doit pouvoir, comme un trésor, comme un viatique, avoir cette possibilité de se conserver en vie à cette limite; et la vie en est encore plus heureuse sous ce jour.
Cette possibilité là, cette dignité du suicide doit être remise en valeur plutôt que de la refuser.
La vie je ne la veux ni courte ni longue; je préfère qu'elle soit un état surgissant et naissant, perpétuellement.
La vie est une intensité. Le temps est une mesure.
Il ne faut pas souhaiter une longue vie aux hommes, car la vie longue n'est pas la vie vive.
Il faut que la vie soit vivante.
On peut être grave et joyeux, il y a des joies graves et profondes, il y a une joyeuseté en compagnie de la solitude et de la mort.

En écoutant et en regardant Pascal Quignard parler ainsi, son beau visage empreint de sérénité, j'éprouvais et ressentais du bonheur; bonheur de vivre et espérance de pouvoir un jour faire l'ultime choix... "dès que ce sera insupportable".

Propos sur la lecture.

Le lecteur doit vouloir perdre son identité et accepter d'être bouleversé pour que les habitudes du quotidien soient chamboulées.
Comme une vague en reflux... une page qui raconte quelque chose qu'on ne veut surtout pas trouver.
Il ne faut pas que tout le monde lise. Il y a un péril à lire; la lecture expose à un péril.
Lire est une aventure, je ne crois pas que les choses soient pour tout le monde sans cesse.
La lecture est pour certains.
Pour moi elle est vitale.

Pascal Quignard interviewé par François Busnel (La grande librairie) à propos de son livre, La barque silencieuse.

J'ai toujours trouvé dans les livres ce que je cherchais.

mardi 15 septembre 2009

J-2

"Il me semble te voir déjà quand nous irons plus loin sur l'échelle de l'amour et que toutes les folies ouvriront leurs écluses pour nous entraîner au courant de la passion...".
Guillaume Apollinaire, Lettres à Lou.

lundi 14 septembre 2009

Hypertension

Mes forces m'abandonnent au moment où je vais en avoir le plus besoin.
A vouloir tout prévoir je me dissous.
Quand je la verrai, je sais que rien ne passera comme je l'avais prévu.
Je suis sous tension, hypertendue.

Pour vous, je voudrai tant garder mes forces.
Cette peur, ce bonheur de vous retrouver...

dimanche 13 septembre 2009

Rêve

J'ai marché cette nuit le long des ganivelles d'une dune inconnue.
Un orage a éclaté et m'a foudroyée.
Je me suis réveillée brûlante.

samedi 12 septembre 2009

Doute

Si je ne vous écrivais pas,
seriez-VOUS en manque?
Réclameriez-VOUS mes mots?

Willy Ronis

"1999 - Estelle - Paris"
Willy Ronis
N. O. - Qu'est-ce qu'un beau nu pour vous?

W. Ronis. - C'est difficile à dire parce que, dans la prise de vue, il y a une grande part d'instinct. J'ai eu de la chance, je ne suis jamais tombé sur des modèles qui me désespéraient, dont je ne tirais rien. J'ai toujours trouvé des jeunes filles, des jeunes femmes qui étaient à leur aise avec moi, qui se laissaient photographier pour le plaisir, certaines dans l'espoir d'avoir une ou deux photographies d'elles, que je leur donnais, bien entendu. La beauté du corps féminin m'a toujours impressionné. Dans un beau nu, le corps se suffit.

Willy Ronis vient de mourir à 99 ans! Cela fait vingt ans aujourd'hui que maman est morte; j'avais oublié la date. Pas besoin de date pour la commémorer, mes pensées suffisent.

Difficile de faire un choix parmi ses photos éblouissantes.
J'aime aussi beaucoup le "Petit Parisien" à la baguette.

J'ai choisi ce nu parce qu'il est très beau et éveille mon imaginaire : elle lit nue. Pose-t-elle son livre pour mieux savourer le passage qu'elle vient de lire? Ou pense-t-elle à son amant qui vient de la quitter et n'arrive-t-elle plus à se concentrer sur sa lecture?

Lire aussi Willy Ronis et Sollers.

Maîtrise de soi

Rester moi-même, sans masque, être sincère jusqu'au bout.
Écrire ici ce qui vient de moi, même si c'est sans talent. Ne pas piocher dans des textes de belles phrases, des réflexions judicieuses et me les approprier pour paraître cultivée, intelligente.
Oser le manque de diplomatie et fuir les faux-culs.
Ne voir désormais que les gens que j'aime (çà me laisse beaucoup de temps personnel) et fuir les ennuyeux.
Ne jamais me forcer à rien, juste satisfaire mes envies, sans nuire à personne, et rester en accord avec ce que je suis.
Rester à l'écoute d'autrui, dans le silence.

Et le plus difficile : ne plus vouloir plaire à quiconque, sauf à moi-même, ne plus être dans la séduction et accepter humblement de n'être que ce que je suis.

Parviendrai-je, à rester maître de moi?

vendredi 11 septembre 2009

Le songe d'une nuit d'été

Où la folie de l'amour mêle le sublime et le grotesque avec la figure de l'âme.

Helena :
l'amour est un enfant
parce que dans son choix il se leurre souvent.

Et quand, amoureuse de Dimitrius qui la traite de chienne, elle réplique :

Je suis votre épagneul
Plus vous me battez
Plus je me couche à vos pieds.
Traitez-moi seulement comme votre épagneul,
Repoussez-moi, frappez-moi, méprisez-moi, abandonnez-moi.
Seulement permettez-moi, toute indigne que je suis, de vous suivre.
Quelle place plus humble puis-je mendier dans votre amour?
Une place pourtant que j'estime hautement,
Que d'être traitée comme vous traitez votre chien.

Le discours sur l'amour, sur le fait de tomber amoureux, n'est pas anodin. Çà arrive à tout le monde. Recevoir une fleur sur les yeux ("le suc d'amour, cette petite fleur d'occident, les vierges l'appellent : pensée d'amour"), devenir aveugle et folle, et idiote par amour, c'est poétique mais très effrayant.

Je veux bien être follement amoureuse mais pas comme une folle hein!
Masochisme et hystérie, très peu pour moi.
De la douceur, rien que de la douceur.
Sweet love.

«C'est à l'endroit où l'eau est la plus profonde qu'elle est le plus calme.»
Shakespeare, Le songe d'une nuit d'été.

jeudi 10 septembre 2009

***

Je me souviens de son regard intense quand elle m'a dit : promets-moi de m'aider à mourir. Promets-moi de ne jamais me laisser vivre indignement si je ne suis plus qu'un corps sans chair, qu'un regard dans le vide, qu'un cerveau déboussolé.
Je l'ai embrassé en riant, je lui ai dit de se taire.
Elle ne riait pas, elle a répété : promets-moi ma chérie.
Je l'ai serré dans mes bras et je lui ai promis.

Nous rentrions du Village Suisse, elle était venue m'aider à porter le lourd tapis d'Iran que je venais d'acheter; une petite folie. Le matin nous étions allées voir sa soeur, ma mère, en fin de vie, atteinte de la maladie d'Alzheimer. En repartant, nous étions toutes les deux atteintes dans nos coeurs, nous nous sentions impuissantes. Une révolte sourdait en nous.

Je me souviens du jour où nous avons pris le train toutes les deux, en catastrophe. Nous allions à l'enterrement de mon père. Nous sommes allées prendre un café au wagon-bar. Voyant mon désarroi elle m'a raconté une histoire, et j'ai éclaté de rire. J'avais honte. Elle m'a dit : mais non ma chérie, tu as encore le droit de rire.

Bientôt je vais te libérer, je te promets.

Pour le moment

Ai-je confiance en lui, au point d'occulter ses admiratrices?

Oh mon Dieu, je le redis : je voudrais être incomparable.

Ici, pas de commentaires. Pour le moment. D'ailleurs, je n'existe pas. JE est une autre. JE est une ombre. JE n'a pas envie de vagabonder. Pour le moment.

Solitude, mon amour.

Au demeurant, j'ai passé une délicieuse après-midi.

mercredi 9 septembre 2009

Ventrée litttéraire

L'indigestion n'est pas loin. A quel(le) critique se fier? Faut-il lire des valeurs sûres? Cela dépend de ce qu'on entend par valeur. Les plus médiatisés sont peut-être "bankable" mais pour autant pas les plus talentueux. Pour ma part, je n'ai plus faim quand je vois un buffet trop garni.
Y a-t-il encore des lecteurs... de livres?

Une information révèle que 40% des jeunes français n'ont jamais lu un livre jusqu'au bout.
"La faute en revient à Internet qui permet de survoler n'importe quel sujet sans jamais vraiment l'étudier. Il ne faut pas compter non plus sur la télévision qui, avec des centaines de chaînes, ne permet plus de fixer son attention. Selon des neurologues, cette situation ne serait pas sans conséquence sur la structure cérébrale de nos contemporains".

Cet après-midi la librairie était pleine... de livres et de clients! Nous sommes mercredi, c'est la rentrée. Au rayon Philosophie on serrait des coudes, le vendeur (libraire?) était débordé par les commandes des élèves-étudiants. Des jeunes français. Je ne suis plus potache et je devais faire un peu tâche!
Au buffet des nouveautés, quelques bourgeoises, beaucoup de retraitées, plus de femmes que d'hommes, qui achètent, particulièrement les livres garnis d'un bandeau rouge. Les vieux les liront-ils jusqu'au bout?
J'ai cherché vaillamment quelques auteurs que j'aime dans le rayon Littérature, sans succès. Nous pouvons vous les commander me dit le libraire. Non merci. J'aime sortir d'une librairie avec un livre et je préfère me rabattre sur un folio et m'éloigner du buffet garni. Je suis partie avec Le festin de Babette de Karen Blixen sous le bras.

J'ai la nostalgie de L'écume des pages, j'y trouvais toujours ce que je cherchais ou j'y faisais de merveilleuses découvertes.

mardi 8 septembre 2009

La Fleur de Sel




Promenade solitaire le long des quais, dans la douceur d'une chaude fin de journée.
Les étudiantes se détendent les pieds dans l'eau.
Je pense à vous. Que faites-vous ? Etes-vous près d'elle? L'embrassez-vous en arrivant chez vous... d'un baiser sur la joue... sur les lèvres? Vous êtes si doux. L'aidez-vous à préparer le dîner? Vous précipitez-vous sur votre ordinateur pour lire mes mails? Allez-vous prendre une douche? ou faire quelques longueurs à la piscine?
Me croirez-vous si je vous dis que je suis heureuse que vous ayez une vie qui est votre jardin secret? Je veux que vous la préserviez - elle (eux) -, cette vie. Moi je franchis la dernière étape et ce que vous m'offrez, c'est précieux, infiniment plus précieux... que la Fleur de Sel.

Je ne sais rien de vous et je vous aime. N'est-ce pas insensé?

Là, ce soir, en me baladant le long de ces quais, je ne me posais pas de questions. Non, je me voyais avec vous, votre main sur ma nuque, la mienne dans la poche arrière de votre jean, nous bécotant, nous enlaçant en riant... de bonheur, du bonheur d'être ensemble.

***

Je vais bientôt revoir mon quartier parisien. Les souvenirs vont affluer. Je ne m'empêcherai pas de passer devant l'atelier, ton atelier, le mien, pendant17 ans. Le nouveau locataire est toujours là quand je passe voir nos anciens voisins. Un jour, il m'a invité à rentrer dans l'atelier, en attendant le retour des voisins. Je suis restée sur le pas de la porte, je n'ai pas pu rentrer, tu n'étais plus là mais je t'ai vu, à droite, devant ton chevalet imposant, brossant la toile en cours, ta palette anarchique sur le billot de boucher, rouge sang, la couleur que tu travaillais. Tu reculais, tu avançais, un va et vient incessant, dressant le bras, la main vers la toile, le regard précis. Nulle couche n'annulait les précédentes. J'ai senti la térébenthine, j'ai respiré ta présence et je suis partie, en m'excusant, les yeux brillants.

lundi 7 septembre 2009

La mélancolie

Ce mot est souvent compris comme synonyme de la tristesse. Pourtant, elle est pour moi une version du plaisir d'exister, comme la musique qui permet d'épancher notre façon d'être au monde, de le sublimer. Entre mélancolie et folie, le fil est ténu. Le mélancolique et le fou ont en commun leur lucidité.
Ces "choses" qui attisent notre esprit, nos pensées, nos vibrations, ne peuvent être négatives si nous parvenons à en définir les limites.

Kant affirmait déjà dans ses Observations sur les sentiments du beau et du sublime la supériorité du tempérament mélancolique sur tous les autres, car lui seul possède, au plus haut point, le sentiment du sublime : « La nuit est sublime, le jour est beau. Ceux qui possèdent le sentiment du sublime sont portés aux sentiments élevés de l'amitié, de l'éternité, du mépris du monde, par le silence d'une nuit d'été, lorsque les tremblantes lueurs des étoiles traversent la nuit brune et que la lune solitaire paraît à l'horizon. »

samedi 5 septembre 2009

Inexprimable amour

Je n'avais rien compris.
Son "ai-je jamais aimé" voulait dire : ai-je jamais été aimé?
Il voulait dire : aimez-moi!
Il voulait dire : je vous aime, moi non plus.

"Vouloir écrire l'amour, c'est affronter le gâchis du langage : cette région d'affolement où le langage est à la fois trop et trop peu, excessif (par l'expansion illimitée du moi, par la submersion émotive) et pauvre (par les codes sur quoi l'amour le rabat et l'aplatit).
(...)
Savoir qu'on n'écrit pas pour l'autre, savoir que je vais écrire ne me feront jamais aimer de qui j'aime, savoir que l'écriture ne compense rien, ne sublime rien, qu'elle est précisément là où tu n'es pas - c'est le commencement de l'écriture."

Roland Barthes, Fragments d'un discours amoureux.


mercredi 2 septembre 2009

Journal

Je n'écris ici que pour Lui et pour Vous.
L'un est mort, l'autre vit.
Chaque amour a sa propre histoire.
La seule qui ne change pas, c'est la mienne. Mes histoires sont éphémères : 10 ans... 1 an... quelques mois... des ruptures, mais aucun échec personnel.
Chaque vie est un roman.

Rite

Je viens d'assister à ma messe quotidienne avec Les nouveaux chemins de la connaissance.
Deviendrai-je un jour plus sage grâce à la philosophie? Vais-je cesser d'être rebelle après avoir entendu qu'"il n'est de pire conformiste que celui qui se dit rebelle"?
Doit-on dire que la philosophie c'est l'amour de la sagesse ou que la philosophie c'est la sagesse de l'amour?

Je crois que je vais réécouter les Beatles : Let it be
http://www.youtube.com/watch?v=YBPFvp750sc

***

Souvent je montais sur ses pieds,
il me serrait dans ses bras et il marchait.
Mon corps suivait son corps, mes pieds bougeaient au rythme des siens.
Je sentais sa veine battre dans son cou.
Il me soulevait, j'étais bien, nous riions, nous ne faisions qu'un.

Envie d'aimer, de rire, d'être sur d'autres pieds.

J-X

J'ai toujours aimé compter les jours qui me séparent d'un bonheur annoncé, de retrouvailles avec un être aimé.

Tendresse

Et si le mot le plus puissant était l'amour, l'amour au-delà du matériel, filial, national?
L'amour qui jette un bassin de lumière.
L'amour sans besoin de préempter les torts.

(Extrait du poème de l'investiture de Barack Obama d'Elisabeth Alexander)
(Photo Callie Shelle, USA, Aurora pour le Time)
Et si vieillir c'était parfois rajeunir?

Les années font fi des tabous, plus le temps raccourcit et plus les interdits s'envolent.
Se laisser enfin aller, ne plus freiner ses envies, foin de "moraline" (toxine de la morale selon Nietzsche).
Laisser la morale et l'élan vital s'entrechoquer.
Se préserver des regrets, s'attacher au plaisir de vivre, sans entrave.

Et si c'était cela devenir philosophe?

Nuit

Sous un ciel d'encre et de nuages anthracites, ma nuit fut lumineusement foudroyante et étoilée.
Quelques réflexions retenues d'une interview de Raphaël Enthoven.

. La joie c'est l'aptitude à aimer la vie malgré elle. Elle n'est ni dans le regret ni dans l'espoir mais dans le goût du présent.
"Soit l'ami du présent qui passe, le bonheur te sera donné par surcroît". (Clément Rosset)

. J'aime travailler parce que çà me repose.
. Le vrai privilégié c'est celui qui sait pourquoi il se lève le matin.

. Quand tout s'explique on ne comprend plus rien.
. On explique des choses générales et on comprend des choses singulières.
. On comprend d'une façon indicible, dans le silence - comme pour une déclaration d'amour, quand les mots nous manquent.
. Le silence n'est pas l'absence de bruit mais l'absence de paroles. Ce deuil qu'il faut faire dans ce monde bavard.

. Philosopher c'est inviter les gens à penser contre eux-mêmes donc à respecter - à aller vers - l'autre .

"Philosopher c'est apprendre à mourir". (Montaigne).

Mes réflexions :

. Dire "JE" est-ce exprimer mon individualité? L'individu est un être qui se distingue du tout et qui ne peut être comparé à personne.

Incertitude

VOUS m'aviez dit que vous m'aimiez. C'était pour moi une certitude, je le sentais, je le savais.

"Ai-je jamais aimé?" Cette phrase assassine m'a anéantie.

Je vais revoir mes certitudes, mes sens, mon savoir.

mardi 1 septembre 2009

J'aime cette heure de la journée où l'agitation de la ville commence à s'éteindre.
Je commence alors à m'animer, la soirée va être longue et douce.

Calme et volupté.

Mes pensées vont vers LUI.

Je me mets à inventer des rapprochements, des amours pas impossibles.

Il faut aimer le temps que cela dure, il faut aimer le temps de l'instant.
En matière d'amour, seul l'étourdissement doit battre la mesure.
L'économie vaut pour une mort certaine.
Je ne dirai jamais à l'homme que j'aime : je t'estime.